Henri Krasucki

[artza]

Secrétaire général de la centrale syndicale traditionnelle et la plus importante du pays de 1982 à 1991, Krasucki incarna pendant 10 ans ce syndicalisme de gouvernement, de collaboration de classe, accompagnant pas à pas la politique anti-ouvrière des gouvernements Mitterrand.

La CGT paya le prix fort, 1 220 000 (60,5%) adhérents de moins.

Les travailleurs eux virent leur salaire bloqué et redécouvrirent un chômage massif, durable.

L'extrême-droite fut de retour atteignant des scores électoraux inconnus depuis le poujadisme.

La bourgeoisie et ses médias ne furent pas reconnaissants.
Krasucki y fut brocardé Crabe-Zucki pour le Bêbête show, alcoolique demeuré à la goutte-au-nez pour Plantu le dessinateur du monde. Un Bourvil triste.

Une journaliste du Figaro osera une question fleurant bon la xénophobie:" Français depuis 1947, vous critiquez souvent la politique de votre pays ?".

Krasucki Henoch est né en Pologne dans une famille juive pauvre et communiste.

Arrivé à Paris dans un quartier ouvrier à l'âge de 4 ans il devient Henri.

Bon élève à l'école sous l'influence de ses parents il fréquente le patronage laïque de la Bellevilloise une coopérative ouvrière, un club sportif ouvrier juif puis les Jeunesses communistes dont il devient vite un des responsables parisiens pour la jeunesse juive.

Interrompant ses études faute d'argent il est apprenti mécanicien de précision. Il découvre l'opéra, la musique classique. Toute sa vie il sera un mélomane averti.

Arrive la guerre, l'interdiction du PC, l'occupation allemande, les lois antisémites, les premières rafles.

Responsable des JC juifs parisiens, il est en charge de pressentir des jeunes aptes à la lutte armée dans les FTP. Il a à peine plus de 20 ans.

Arrêté, torturé, déporté à Auschwitz puis à Buchenwald.

Voilà, comment un jeune ouvrier, combatif, déterminé, dévoué animé d'un idéal libérateur devint un "lieutenant ouvrier" de la bourgeoisie.

Voilà ce que raconte cette bio complaisante et parfois silencieuse. La force de la vérité c'est qu'on peut lire entre les lignes.

Aux éditions du Cherche-midi.