Mercredi 20 juin 2012
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 205
par Daniel Glückstein,
Secrétaire national du POI.
Et maintenant ?
Au lendemain des législatives, François Hollande et le Parti socialiste contrôlent, apparemment, tous les rouages de l’Etat.
La situation reste néanmoins fragile.
L’ampleur historique de l’abstention — largement majoritaire parmi les jeunes, les ouvriers, les employés — traduit une attente de plus en plus pressante (qu’expriment aussi, d’une autre façon, ceux qui sont allés voter): quels seront les premiers actes concrets de ce gouvernement ?
Dimanche, deux signaux ont été émis qui attirent notre attention.
D’abord, « François Hollande, Angela Merkel, Mario Monti et David Cameron se sont parlés dans la soirée au téléphone en compagnie des présidents du Conseil européen, Hermann Van Rompuy, et de la Commission, José Manuel Barroso.
En substance, tous ont convenu que l’issue du vote (en Grèce — NDR) représentait la meilleure solution possible à la veille d’un sommet du G 20 à Los Cabos (Mexique) où le Vieux Continent devait être mis sous pression en raison de l’aggravation de la crise de la zone euro » (Le Monde).
François Hollande et une majorité de députés socialistes ont-ils été élus pour encourager l’application d’un mémorandum dévastateur pour le peuple grec et rejeté par lui (lire page 4) ?
Certes, il y a la pression du G 20, dirigé par l’administration américaine.
Obama y a pris la parole pour saluer le résultat des élections en Grèce et exiger « que la zone euro travaille en partenariat avec le prochain gouvernement grec pour s’assurer qu’il reste sur la voie des réformes et du maintien ».
Ce que le servile Barroso a immédiatement traduit: « Les Grecs (…) n’ont pas assez avancé en termes de réformes structurelles (…). Nous sommes prêts à voir avec nos amis grecs comment trouver des mesures qui auront un impact immédiat. »
Que l’Union européenne, aux ordres de Washington, veuille aggraver la mise sous tutelle du peuple grec pour lui imposer ses plans destructeurs, c’est dans l’ordre des choses.
Mais Hollande va-t-il se prêter à cette tentative ?
Plus généralement: où devrait être la place d’élus et de partis qui se réclament de la classe ouvrière et de la démocratie ?
Du côté de l’Union européenne qui veut écraser les peuples d’Europe, ou du côté du peuple grec qui rejette le mémorandum ?
Autre signal: le même dimanche soir, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a déclaré vouloir mobiliser « toutes les énergies, toutes les intelligences (…) pour rétablir nos comptes publics », s’adressant en particulier aux « collectivités locales, aux entrepreneurs, aux élus, aux syndicalistes », tous invités à « venir apporter leur concours au redressement du pays ».
Quelques heures plus tard, la direction de PSA confirmait son intention de fermer le site d’Aulnay, menaçant 3 500 emplois directs, et 10 000 avec la sous-traitance.
Rassembler dans un même effort « l’entrepreneur » qui veut fermer l’usine et les travailleurs et leurs organisations qui en exigent le maintien avec tous les emplois ?
Difficile…
Que va faire le gouvernement ?
Va-t-il donner la garantie, par son intervention directe, du maintien du site et de tous les emplois ?
Cela nous ramène à ce qui est au centre de tout: céder aux diktats de l’Union européenne ou y résister, ratifier le traité « Super-Maastricht » TSCG ou s’y refuser ?
La situation appelle la plus grande vigilance des travailleurs et militants ouvriers.
Elle renforce l’urgence de l’unité contre la dictature de la troïka et de l’Union européenne, et contre la ratification du TSCG.