Canada, des lois spéciales anti-grèves

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Message par Vania » 01 Juin 2012, 19:56

Si l'on parle un peu ici de la loi 78 votée pour mettre fin au mouvement étudiant au Québec, la presse française ne dit pas en revanche que cela se fait aussi à l'échelle du Canada, du gouvernement fédéral, pour mettre fin à des grèves ouvrières. Cela s'est fait récemment contre des grèves touchant Air Canada ou les postes canadiennes. Vient tout juste d'être votée une loi de ce type contre les travailleurs de la compagnie ferroviaire Canadian Pacific, en grève depuis la semaine passée. Cette compagnie compte 4800 ouvriers, rallie la côte Pacifique à l'Atlantique, desservant aussi au passage la région industrielle de Chicago et la région de New-York, de l'autre côté de la frontière. Ayant abandonné le transport voyageur à la fin des années 70, elle ne s'occupe plus que de transport de marchandises.

a écrit :Publié le 23 mai 2012 à 11h05 | Mis à jour le 23 mai 2012 à 16h35

Grève au CP: Ottawa pourrait adopter une loi spéciale

(Ottawa) Le gouvernement Harper brandit la menace d'une loi spéciale pour mettre fin à la grève qui paralyse le Canadien Pacifique depuis tôt mercredi matin. Mais il souhaite avant tout un règlement négocié au conflit de travail.

La ministre du Travail, Lisa Raitt, calcule que le conflit de travail pourrait coûter un demi-milliard par semaine à l'économie canadienne s'il perdure. Il pourrait aussi provoquer des milliers de pertes d'emplois.

Elle exhorte donc le CP et ses employés à négocier ferme pour accoucher d'une nouvelle convention collective. Faute de quoi, elle présentera une loi pour forcer le retour au travail.

«Nous voulons nous assurer que les parties fassent leur possible pour s'entendre, mais qu'elles comprennent aussi que si elles sont incapables de conclure une entente, nous aurons la possibilité d'intervenir», a dit Mme Raitt.

La ministre n'a pas précisé quand elle compte légiférer. Elle craint qu'une grève prolongée n'affecte d'autres industries comme celles de l'automobile, du charbon et de la potasse, qui dépendent du CP pour transporter leur marchandise.

La Chambre des communes est en relâche cette semaine. Un projet de loi pourrait être déposé aussi tôt que lundi.

Les partis d'opposition ont critiqué la prise de position de la ministre, mercredi, mais le syndicat qui représente les quelque 4500 travailleurs en grève ne s'en fait pas outre mesure.

«On a vu ça de manière plutôt positive dans la mesure où Mme Raitt veut que les parties continuent à négocier », affirme le porte-parole des Teamsters, Stéphane Lacroix.

M. Lacroix souligne que la sortie de la ministre Raitt force aussi la direction du CP à redoubler d'ardeur afin de négocier une entente. Jusqu'ici, dit-il, les pourparlers vont toujours bon train.

«Le CP respecte l'annonce le la ministre du Travail et coopérera avec toute décision qui sera prise par le gouvernement», a pour sa part indiqué la porte-parole du Canadien Pacifique, Breanne Feigel.

Le transporteur ferroviaire se dit prêt à se soumettre à un arbitrage pour éviter que la grève se prolonge.

Le gouvernement Harper n'a pas hésité à légiférer, ces derniers mois, pour mettre fin à des conflits de travail à Postes Canada et à Air Canada.

Le Nouveau Parti démocratique s'insurge contre le recours «systématique» aux lois spéciales pour empêcher des grèves et des lock-out.

«Des relations de travail fonctionnent bien quand il y a un rapport de forces équilibré entre les parties, estime le critique du NPD en matière de Travail, Alexandre Boulerice. En menaçant d'une loi spéciale de retour au travail, ils viennent d'enlever la pression sur la partie patronale de négocier de bonne foi.»

Des mécaniciens, des conducteurs et plusieurs autres employés du CP sont en grève depuis tôt mercredi matin. Les pourparlers achoppent principalement sur les régimes de retraite. La direction dit souhaiter que les travailleurs bénéficient des mêmes conditions que leurs confrères dans les autres sociétés ferroviaires canadiennes.

Le CP est la deuxième société ferroviaire au pays derrière le Canadien National. Elle dessert des producteurs de grain, de charbon, de bois d'oeuvre et d'automobiles.



a écrit :Le service de transport de marchandises a repris au Canadien Pacifique

Publié le 01 juin 2012 à 13h50 | Mis à jour à 13h50

Le transporteur ferroviaire Canadien Pacifique (CP) a indiqué vendredi que ses activités étaient revenues à la normale après l'adoption d'une loi spéciale forçant les grévistes à reprendre le boulot.

Le service de transport de marchandises a repris vers 7 heures vendredi matin.

Le transporteur a ajouté que le retour s'est fait sans problèmes.

Le syndicat qui représentait les 4800 grévistes, la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), avait demandé à ses membres de retourner au travail après l'adoption de la loi spéciale jeudi soir à la Chambre des communes.

Les grévistes - notamment des mécaniciens de locomotive, des chefs de train, des agents de triage et autres - avaient débrayé le 23 mai, forçant le deuxième plus important transporteur ferroviaire au pays à mettre fin au transport de marchandises.

Le Canadien Pacifique a par ailleurs précisé que 2000 employés ont été mis à pied pendant la grève, puisque leurs services n'étaient pas requis pendant le conflit.

La direction du Canadien Pacifique s'attend à ce que le service soit complètement rétabli d'ici 48 heures.

La ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, a toutefois prévenu qu'il faudra plusieurs semaines avant de rattraper complètement le retard. Par exemple, a-t-elle dit, six navires attendent au port de Vancouver pour être chargés de grain canadien destiné aux marchés étrangers et huit autres navires sont en route.

La loi spéciale renvoie le conflit devant un médiateur gouvernemental, qui a 90 jours pour imposer un règlement.


Les liens :

http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-c...oi-speciale.php

http://affaires.lapresse.ca/economie/trans...43_accueil_POS1
Vania
 
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Message par com_71 » 25 Juin 2012, 03:56

(Le Devoir a écrit :Pas de vacances pour la contestation
Grande marche estivale à Montréal et foule record à Québec

Québec a connu hier sa plus grosse manifestation depuis le début du conflit étudiant.


Journée de manifestations hier à Montréal et Québec. Les deux rassemblements dans la continuité du 22 mars ont réuni respectivement jusqu’à 15 000 et 10 000 personnes, façon de montrer que la contestation peut encore se faire entendre en ce début de vacances scolaires.

Au pied du monument à Sir Macdonald, place du Canada à Montréal, des enfants, et leurs parents, s’entraînent au lancer de la boule de papier mâché sur une effigie grandeur nature de Jean Charest, grimé en clown. « Qui veut essayer ? », lance à la cantonade une animatrice chargée des munitions. Le ton est lancé, l’ambiance de cette quatrième grande manifestation du 22 sera résolument estivale et festive pour ce premier jour de l’été et des vacances scolaires, et ce, pour le plus grand bonheur des vendeurs de crème glacée.

À Montréal, alors que la température dépassait allégrement les 30 degrés Celsius, la foule avoisinait les 10000 à 15000 personnes, un résultat plus modeste que lors des précédentes marches du 22. Bien sûr, la mobilisation est moins forte, plus difficile en ce moment. Les étudiants travaillent et retournent dans leurs familles, reconnaît Camille Robert, coporte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), « mais on n’est pas vraiment inquiets, la mobilisation se transforme. Par exemple, les casseroles ont donné naissance à des assemblées de quartier ». Pour sa collègue Jeanne Reynolds, également coporte-parole de la CLASSE, « les manifestations ce n’est pas tout, elles font partie d’un ensemble de tactiques diverses qui se complètent. […] L’été sera peut-être aussi l’occasion de prendre de la distance, du recul, et de revenir avec de nouvelles idées. »



Rassemblement anti-Charest à Québec

À Québec, en revanche, de 5000 à 10 000 personnes ont arpenté les rues du centre-ville pour ce qui fut sans contredit la plus grosse manifestation depuis le début de la crise étudiante. « Aujourd’hui, le 22 juin, on a une mauvaise nouvelle, on est encore là », a lancé à la foule Gabriel Nadeau-Dubois de la CLASSE.

Les organisateurs avaient donné rendez-vous aux marcheurs à 14 heures. Leur stratégie : profiter de la Fête nationale pour mobiliser un maximum de gens. « On profite de la Saint-Jean-Baptiste et du 22, qui est une espèce de journée symbole, pour se rassembler et dire que ce gouvernement, on n’en veut plus », a résumé le porte-parole Hugo B. Lafrenière.

Dans la foule, les drapeaux du Québec côtoyaient les carrés rouges et les pancartes contre les gaz de schiste, mais les cibles les plus courantes restaient Jean Charest et le maire de Québec, Régis Labeaume. Le règlement que ce dernier a fait voter cette semaine pour encadrer les manifestations n’est en effet pas passé inaperçu.

À Montréal, c’est à 15 heures que les manifestants ont entamé leur marche le long du boulevard René-Lévesque. Le chanteur Yann Perreau, qui prenait part à sa quinzième manifestation, s’est dit heureux de voir le mouvement continuer. « C’est normal que la fréquentation baisse après tout ce temps, mais ça ne veut pas dire qu’on est moins enragés, moins indignés. […] Maintenant, il va y avoir le défilé de la Fête nationale un peu partout au Québec, et c’est là que les silencieux vont sortir. »

À 16 h 30, après avoir remonté l’avenue du Parc, les manifestants ont fait halte au parc Jeanne-Mance. C’est ensuite un cortège réduit à plusieurs milliers de personnes qui a repris sa route le long de l’avenue Mont-Royal. Après plusieurs barrages pour empêcher les manifestants de descendre vers le sud, le Service de police de la Ville de Montréal a finalement déclaré la fin de la manifestation peu après 18 heures.



Itinéraire connu à Québec

À Québec, malgré quelques épisodes de tension avec les policiers en fin de parcours, la manifestation s’est terminée sans incidents vers 18 h 30.

Les tensions sont apparues quand certains manifestants ont bifurqué du trajet prévu dans le quartier Saint-Roch. Cette semaine, certains militants avaient dénoncé la décision des organisateurs de donner l’itinéraire à la police. « Pour rassembler, faire une mobilisation large, il faut donner le trajet », s’est défendu M. Lafrenière. « On a composé avec les partenaires qu’on avait. Les syndicats, les partis politiques, c’est tous des partenaires qui exigent qu’on donne le trajet. Nous, on juge que c’est plus important qu’il y ait beaucoup de personnes qui viennent que le fameux débat du trajet.»

Le Parti québécois, Option nationale et Québec solidaire ont tous participé à l’événement. La Fédération des travailleurs du Québec et la Centrale des syndicats nationaux avaient aussi lancé un appel à la mobilisation auprès de leurs membres. Enfin, les leaders des principales associations étudiantes, à l’exception de la FEUQ, étaient également présents.

À Montréal, la présence inhabituelle de deux associations de collecte de fonds a permis de mettre en lumière un aspect peu connu de la contestation. En effet, après 130 jours de contestation, c’est désormais le volet financier qui pâtit de la longévité du conflit, comme en témoignait la présence, hier, des organismes Je donne à nous et les bénévoles qui recueillaient des « Juri Dons » pour la Clinique juridique Juripop.

« La grève est longue et elle génère des coûts énormes pour la location des autobus qui transportent les gens vers les manifestations, la contestation de la loi 78 et la responsabilité de la CLASSE de venir en aide aux personnes dans leurs actions juridiques », a rappelé Camille Robert.

Isabelle Porter , Valérian Mazataud , Raphaël Dallaire-Ferland  23 juin 2012  Québec
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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