manifestation en mémoire du massacre de Sétif

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par sylvestre » 09 Mai 2012, 14:43

(com_71 @ mercredi 9 mai 2012 à 03:15 a écrit : Je crois que participer à cette manifestation, sur un appel inspiré par le communautarisme de groupes qui ne se placent pas sur le terrain de la classe ouvrière, serait, pour Lutte Ouvrière, aller vers un affrontement pas souhaitable dans les circonstances présentes.
Un affrontement avec qui ?
sylvestre
 
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Message par yannalan » 09 Mai 2012, 15:27

a écrit :Quand aux "indigènes" pour la plupart fonctionnaires ou vacataires de l'Education nationale, parfait "français", si il n'y avait eu qu'eux l'Algérie serait encore française.


Vu l'âge moyen, ils n'étaient pas nés à l'époque, et étant nés en France, ben oui, ils sont français et ben non, ils n'ont pas fait la guerre d'Algérie. Simplement ils se considèrent discriminés.
Et s'il n'y avait eu que les révolutionnaires, l'Algérie serait encore française. Quant à la proportion de gens de l'EN, je connais d'autres orgas où il y en a un certain nombre.
On peut avoir de très bonnes raisons de ne pas les apprécier, pas la peine d'en chercher de mauvaises.
yannalan
 
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Message par luc marchauciel » 09 Mai 2012, 18:07

J'ai retrouvé un texte publié en 2005 par dirigeants de la LCR qui critiquaient le processus qui a donné naissance aux Indigènes de la République. Je ne dirais plus excactement les choses comme ça, mais il y a des trucs sensés là-dedans qui ont été oubliés en cours de route par l'actuel NPA

a écrit :


Quand la raison s’affole

par BENSAÏD Daniel, JOHSUA Samuel, VACHETTA Roseline



Il est regrettable que l’ethnicisme parasite le débat pourtant salutaire contre le colonialisme.



Des vents mauvais soufflent, parfois en tempête, sur l’altermondialisme, le mouvement antiraciste, le mouvement féministe, les partis de gauche, en France notamment. Nous voilà sommés de faire le tri entre les victimes du racisme, de décider d’un « ennemi principal » en face duquel un mouchoir pudique devrait être jeté sur des principes les plus fondamentaux de notre combat. Une guerre civile froide s’anime ainsi au sein de ces forces de gauche. La raison s’affole et perd ses bases, au profit de l’invective et de la mise au pied du mur. Eux ou nous.

Il n’existe pas de balance pour peser la révolte qui nous saisit devant ces élèves juifs agressés parce que juifs ou devant les attaques inqualifiables, en pleine rue, contre des femmes voilées du seul fait de leur voile. Cela doit être dénoncé haut et fort, sans se laisser intimider par le reproche de « faire le jeu » de « l’ennemi principal ». Dans la confusion qui gagne, il est décisif de continuer à défendre les distinctions capitales entre islamisme et islam, entre antisionisme et antisémitisme.

La laïcité que nous défendons ne nous empêche nullement de reconnaître l’évidence des discriminations à l’égard de la religion musulmane, de plus en plus souvent attaquée comme intrinsèquement plus perverse que les autres. Le fondamentalisme du cardinal Ratzinger et de Jean Paul II, celui de George Bush ne sont manifestement pas traités avec la même vigueur que tel fondamentalisme, dès qu’il se réclame de l’islam. Si la gauche ne parvient pas à combattre ces injustices, l’avenir sera sombre. Car cela se combine avec le racisme, les discriminations, les exclusions dont sont victimes des catégories entières de la population au sein de notre société, en raison de leur origine nationale (réelle, revendiquée ou attribuée).

Au-delà des discours sur l’égalité républicaine, l’égalité des droits n’est toujours pas la réalité de la situation vécue par des millions de femmes et d’hommes issus de l’immigration. L’échec des mouvements liés à la « Marche pour l’égalité » des années 80, la violence des politiques libérales de ces mêmes années, la destructuration de la classe ouvrière qui s’est ensuivie ont bloqué, dans une mesure certaine, les processus de solidarité entre populations de diverses origines. Le racisme continue ses ravages, au point, pour certaines de ces populations, d’empêcher la mise en oeuvre légitime du droit à l’exercice du culte musulman. Il est parfaitement normal et utile que des parties de la population qui s’estiment discriminées se mobilisent avec notre soutien pour contester cette situation.

Il n’y a aucune difficulté à reconnaître qu’une part de cette réalité tient à un passé colonial français qui ne passe pas. En ce sens, l’Appel pour les assises de l’anticolonialisme postcolonial aurait pu être un cri de colère salutaire. La France est imprégnée d’idéologie, de clichés, de représentations du colonisé qui hantent l’inconscient collectif. Malheureusement, cet appel flirte avec une essentialisation d’une nature coloniale éternelle, au lieu de mettre l’accent sur les contradictions et conflits permettant de déployer autrement les solidarités et les alliances. Il y aurait une sorte d’héritage de l’oppression subie (et, par contrecoup, de la culpabilité des oppresseurs). Contre la volonté des rédacteurs, très probablement, cette invocation du « nom du père » introduit une sorte de droit du sang dans le combat contre les discriminations et rejoint une quête à la mode des origines, qui tend à ethniciser ou à confessionnaliser les conflits politiques. Par un jeu de miroirs, on en viendrait ainsi à une position symétrique à celle de la droite cherchant à occulter la place de l’exploitation et de la justice sociale au profit d’une opposition national-étranger.

Le malaise grandit à la lecture de l’accusation de « fraude » portée par l’appel sur les valeurs de gauche : « Frauduleusement camouflée sous les drapeaux de la laïcité, de citoyenneté et du féminisme, cette offensive réactionnaire s’empare des cerveaux et reconfigure la scène politique... L’idéologie coloniale perdure, transversale aux grands courants d’idées qui composent le champ politique français. » Nous n’oublions certes pas qu’une partie de la gauche a soutenu les expéditions coloniales, mais, sur ces questions comme sur bien d’autres, il y a toujours eu plusieurs gauches : celle de l’Appel des 121 et des porteurs de valises n’était pas celle de Guy Mollet et de Mitterrand.

Nous avons condamné, pour notre part, la loi Chirac sur « les signes ostensibles » comme discriminatoire. Nous n’avons pas renoncé pour autant à voir dans le port du voile un signe d’oppression des femmes. Il y a, à gauche, un débat parfaitement légitime à propos de questions comme la laïcité et sur la signification du voile présenté comme traduction d’une injonction religieuse. Comment admettre le retour de ces pratiques si détestables qui assimilent à l’ennemi (ici, au racisme colonial) ceux et celles qui ne partagent pas l’analyse de l’appel sur cette question ? Peut-on accepter, au nom d’une culpabilité « postcoloniale », de qualifier de féministe un « féminisme islamique » qui mêle les notions d’« être féminin », de « complémentarité » des sexes, de défense de la famille comme base indestructible de la société ? Pris du point de vue de celles qui le portent, le voile revêt de multiples significations, selon que cela découle de la pression de l’environnement ou d’un choix personnel réfléchi. En même temps, la signification sexiste attachée au port du voile ne fait aucun doute. Symboliquement, puisqu’il est toujours revendiqué au nom de la séparation des sexes et de la « pudeur » assumée par les femmes. Mais surtout pratiquement, puisque ces symboles trouvent leur concrétisation dans l’obsession de la virginité, et la division sexuelle figée et inégalitaire des rôles sociaux (la maman ou la putain).

Nous refusons toute limite posée au nom d’une religion à la défense commune de droits qui nous paraissent justes. Mais nous ne cherchons pas à scruter les âmes et à sonder les arrière-pensées supposées : nous voulons unir les exploité(e)s et les dominé(e)s par-delà la croyance religieuse ou l’absence de croyance. Le débat sur les effets actuels de l’héritage colonial est nécessaire et il peut être salutaire, à condition de ne pas commencer par semer une division passionnelle parmi ceux et celles qui sont pratiquement d’accord pour s’opposer à l’occupation impériale de l’Irak, pour soutenir les droits légitimes du peuple palestinien, pour défendre les sans-papiers et s’opposer aux discriminations en matière d’emploi et de logement, pour dénoncer les expéditions coloniales en Françafrique ou pour soutenir les revendications des peuples de départements et territoires d’outre-mer. Ce n’est pourtant pas peu !

Ce rappel élémentaire pour cette partie de la gauche qui est la nôtre, héritière d’une longue tradition anticolonialiste, est-il si extravagant ? Beaucoup de signataires de l’appel pour les assises sont nos amis, des alliés de toujours dans le combat pour l’égalité et contre le racisme, et le resteront. Mais les boussoles sont-elles déréglées à ce point ? A l’heure où les plus grands dangers menacent le monde, la tâche n’est certainement pas d’aviver la confusion au sein des forces progressistes, mais de les renforcer et de les rassembler autour de valeurs partagées, afin de porter une volonté commune d’émancipation.



Article paru dans Libération, édition du 21 mars 2005.


ça, notamment, ça correspond à ce qui se dégage de l'appel de la manif du 8 mai, ça dit autrement ce que je voulais dire :

a écrit :
Par un jeu de miroirs, on en viendrait ainsi à une position symétrique à celle de la droite cherchant à occulter la place de l’exploitation et de la justice sociale au profit d’une opposition national-étranger.

luc marchauciel
 
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Message par com_71 » 09 Mai 2012, 19:58

(artza @ mercredi 9 mai 2012 à 14:41 a écrit : je ne vois pas en quoi le représentant de la mairie de Paris est légitime de quoi que ce soit.
Ce n'était certainement pas à lui que je pensais, ce n'est d'ailleurs pas une organisation. :roll:
Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il y a une ou plusieurs associations de parents de victimes...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par sylvestre » 10 Mai 2012, 13:39

Par ailleurs sur le plan factuel, il est inexact de décrire cette manifestation comme "structurée autour des Indigènes de la République". Le lieu d'élaboration de la manif était plutôt "Printemps des quartiers" qui regroupe un certain nombre d'organisations, notamment des comités de défense de victimes de la police, ainsi que d'autres groupes actifs sur les questions du racisme, de l'anti-impérialisme, et des quartiers populaires en général.

La liste des organisations signataires : Action Citoy’Aisne

Alliance Noire Citoyenne(ANC) / Brigades Anti-Négrophobie

Alternative Libertaire

Art de la paix

Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)

Campagnes Civiles Internationale Pour la Protection dupeuple Palestinien (CCIPPP)

Collectif des Musulmans de France (CMF)

Coup pour Coup 31

D'ailleurs Nous Sommes D'Ici (DANSDI)

Déchoukaj

Ensemble à Bagnolet

Epices

ETM 31 (Egalité Toulouse Mirail)

Europalestine

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives(FTCR)

Fondation Frantz Fanon

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)

Génération Palestine (GP)

Générations Spontanées contre le racisme et l ’islamophobie

Groupe Frantz Fanon

GUPS (Union Générale des Étudiants de Palestine)

H.I.J.A.B.

Les Indivisibles

Mouvement des Quartiers pour la Justice Sociale (MQJS)

Nouveau Parti Anti-capitaliste (NPA)

Parti des Indigènes de la République (PIR)

Printemps des quartiers

Quartiers Nord Quartiers Forts

Union Juive Française pour la Paix (UJFP)

Uni*T

Sortir du colonialisme

Vies Volées

Zone d’Expression Populaire (ZEP)


Et un article accompagné d'une vidéo sur la manif : http://www.metrofrance.com/paris/contre-ma...;QbrxxXEA7Pe4A/
sylvestre
 
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Message par satanas » 10 Mai 2012, 15:42

a écrit :Et un article accompagné d'une vidéo sur la manif : http://www.metrofrance.com/paris/contre-ma...;QbrxxXEA7Pe4A/


Tu as raison Sylvestre d'avoir mis ça en ligne.
C'est pire encore que je ne l'imaginais .
Que peuvent bien faire des militants d'extrême-gauche (et a fortiori des communistes) dans un pareil carnaval, au son de "ma burka, elle t'emmerde, mon hijjab, il t'emmerde"...

Affligeant.
satanas
 
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Message par luc marchauciel » 10 Mai 2012, 18:07

Pas réussi à voir la vidéo postée par Sylvestre, mais vu celle là :

http://www.dailymotion.com/video/xpilpo_ma...le-racisme_news

Je sais pas si elle couvre toute la manif, mais je suppose que oui.
C'ets vrai que c'est thémariquement et "politiquement" très bigarré, et qu'on a du mal à voir le sens global de la manif.
Il y a des cortèges de sans-pap, quand même (bien que leur revendication de régularisation ne figure pas dans le texte d'appel)
Le NPA a l'air d'avoir un cortège parmi les plus gros de la manif, ce qui donne une idée de la profondeur de la mobilisation des dits "quartiers" organisateurs.
A la fin, il y a un cortège panafricain dans lequel une fille qui porte la banderole a un tee-shirt "Libérez Gbagbo", ce qui est effectivement une revendication importante pour les immigrés, chacun en conviendra.
luc marchauciel
 
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Message par sylvestre » 11 Mai 2012, 11:08

(luc marchauciel @ jeudi 10 mai 2012 à 18:07 a écrit : "Libérez Gbagbo", ce qui est effectivement une revendication importante pour les immigrés, chacun en conviendra.
Oh mon dieu, il y a aussi un drapeau des tigres tamouls :ohmy:

Bon, je sens que je deviens sarcastique, j'arrête.
sylvestre
 
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Message par sylvestre » 11 Mai 2012, 11:12

Ah mais en fait, j'étais en train de me dire "c'est curieux, je ne vois pas quelle partie du parcours c'est, cette vidéo". C'est qu'en fait luc, la vidéo dont tu as donné le lien est celle du 17 mars, organisée à l'appel de D'ailleurs nous sommes d'ici. Effectivement il y avait des gbagbistes qui nous couraient derrière, on a fait ce qu'on a pu pour les semer.
sylvestre
 
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Message par abounouwas » 11 Mai 2012, 12:12

pourquoi les semer ?
abounouwas
 
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