Informations Ouvrières

Message par Front Unique » 14 Jan 2012, 22:50

Informations Ouvrières N° 182, du 12 au 18 janvier 2012

On n’y touche pas !

L’emploi est au cœur de tous les discours.

Campagne électorale oblige, il n’y a, paraît-il, pas de sujet qui préoccupe davantage nos candidats et « grands » responsables politiques.

S’agirait-il d’interdire les 6 800 suppressions d’emplois à PSA, de réquisitionner le site de Petroplus, de garantir l’emploi des salariés de SeaFrance ?

Vous n’y êtes pas.

Pour « gagner la bataille de l’emploi », il faut... développer la compétitivité des entreprises.

Et, pour cela, abaisser le coût du travail.

La « reprise » (partielle, et pour combien de temps ?) de l’industrie automobile aux Etats-Unis est donnée en exemple.

Rappelons qu’au préalable, le syndicat UAW de General Motors (GM) avait accepté le licenciement de 21 000 salariés, la remise en cause des régimes d’assurance maladie et de retraite, le versement de 20 milliards de dollars de la caisse de retraite pour recapitaliser l’entreprise, et le renoncement à 10 milliards de dollars dus par le patron à la caisse de retraite gérée par le syndicat !

Mais ce qui aux Etats-Unis se négocie entreprise par entreprise constitue en France une seule et unique institution ouvrière: la Sécurité sociale.

La Sécu « ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal » aurait dit La Fontaine.

Depuis l’instauration de la CSG, plus de 200 milliards d’euros prélevés sur la Sécurité sociale ont été offerts en exonérations aux patrons.

Pour la seule année 2009: 30 milliards d’euros d’exonérations, bien plus que le prétendu déficit.

Mais les capitalistes veulent aller plus loin.

Madame Parisot revendique de récupérer 80 milliards d’euros sur le salaire différé qui appartient aux travailleurs.

C’est l’objectif du projet de loi Sarkozy qui prétend transférer le financement de la Sécurité sociale sur l’impôt.

Transfert qui permettrait au gouvernement de réduire la Sécu à peau de chagrin et d’utiliser cet argent à d’autres fins.

Il s’agit donc bien de confisquer ce qui appartient à la classe ouvrière: son salaire différé.

Ici, les travailleurs sont,malheureusement, confrontés à un problème majeur: le consensus général, parmi ceux qui se réclament des intérêts des travailleurs, pour accepter ce tour de passe-passe.

En tête de ce consensus, le Parti socialiste se dit opposé à la TVA sociale mais propose de transférer une partie de son financement sur l’impôt.

Président (PS) de la Cour des comptes, Didier Migaud appelle à « un redressement rapide des comptes publics » et dénonce les dépenses de Sécurité sociale qui « représentent 46 % des dépenses publiques et ne peuvent plus être financées à crédit ».

Qu’on arrête de vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes !

La Sécurité sociale ne relève pas de la « dépense publique ».

C’est du salaire différé, propriété de la classe ouvrière, c’est en ces termes qu’elle a été arrachée en 1945.

La seule attitude conforme aux intérêts des travailleurs serait que ceux qui prétendent parler en leur nom reviennent à ce qui était naguère la position commune du mouvement ouvrier: la Sécu nous appartient, c’est celle de 1945, c’est notre salaire différé, on n’y touche pas (1) !

Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI


(1) A propos d’emplois: combien de dizaines de milliers immédiatement créés à la Sécurité sociale, dans les hôpitaux, les centres de santé et de PMI, dès lors que l’on rétablit la Sécu sur ses bases, celles du salaire différé et de la solidarité ouvrière ?

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Message par Front Unique » 26 Jan 2012, 00:51

Informations Ouvrières N° 183, du 19 au 25 janvier 2012

Avec le POI, pour la rupture

L’abaissement de la notation de la France par Standard and Poor’s est une décision politique.

Par ce biais, le capital financier nord-américain accentue sa pression dislocatrice.

Pression dislocatrice sur l’Union européenne, accusée de ne pas dégager, via la BCE (et du fait du refus de Merkel) des moyens suffisants pour garantir le paiement des intérêts des dettes « souveraines » aux capitalistes et spéculateurs.

Pression dislocatrice sur la France, sommée d’aller jusqu’au bout du démantèlement des « rigidités du marché du travail », c’est-à-dire de la destruction des garanties collectives de la classe ouvrière: Code du travail, conventions collectives, statuts et surtout, régimes de protection sociale.

Cette décision de Standard and Poor’s, déclare Fillon, rend le « rendez-vous du sommet social plus pertinent que jamais ».

Il en fixe l’objectif: « Prendre une mesure significative sur la baisse du coût du travail », et le point de départ: « Baisser le coût du travail en réformant le financement de la Sécurité sociale ».

On peut difficilement imaginer une situation où la ligne de partage entre les classes serait plus claire.

En toute logique, quiconque veut s’opposer à la politique du gouvernement devrait s’engager sur la voie de la rupture avec les diktats des fonds de pension, des agences de notation et des institutions de la troïka (Union européenne-FMI-Banque centrale européenne).

Au lieu de quoi, François Hollande considère comme prioritaire « de nous désendetter » et promet, en cas d’élection, que « les premiers mois seront consacrés au redressement, au rétablissement des comptes publics ».

Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon dénonce les « diktats » des politiques européennes, ce en quoi il a parfaitement raison.

Mais c’est pour demander: « La Banque centrale européenne doit prêter directement aux Etats », tandis que l’Humanité propose de « requérir de la BCE une création monétaire ».

Comme si la BCE n’avait pas été constituée par le traité de Maastricht dans l’objectif de faire baisser le coût du travail au nom de la stabilité de l’euro !

Plus que jamais, la situation se résume à une alternative: ou bien l’austérité, ou bien la lutte contre l’austérité.

Ou bien rembourser la dette, ou bien l’annuler.

Ou bien l’intégration des organisations syndicales dans les sommets sociaux de Sarkozy ou la « coproduction » des lois revendiquée par Hollande, ou bien l’indépendance des organisations ouvrières défendant les revendications ouvrières.

Pour le dire autrement: ou bien la dictature de la troïka, ou bien la rupture avec le carcan qu’elle veut imposer.

Cette alternative est posée sans attendre l’élection présidentielle.

A leur façon les enseignants, appelés à la grève par leurs organisations syndicales le 31 janvier contre les 13 000 suppressions de postes et le décret sur l’évaluation, répondent: c’est maintenant, c’est tout de suite qu’il s’agit de défendre le statut et les emplois, et au-delà, l’Education nationale dans son ensemble.

Cette question est-elle posée seulement dans l’enseignement ?

Aider, pas à pas, à la réalisation de l’unité pour chacune des revendications, c’est contribuer à la réalisation du mouvement d’ensemble qui, tôt ou tard, balaiera le carcan des politiques imposées par le FMI, l’Union européenne, la Banque centrale européenne.

Là est le sens de l’action des comités du POI, qui, sous toutes les formes, combattent pour la rupture avec l’Union européenne.

Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI
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Message par Front Unique » 26 Jan 2012, 00:59

Informations Ouvrières N° 184, du 26 janvier au 1er février 2012

Espoir et réalité !

« La démocratie sera plus forte que les marchés, plus forte que l’argent... »

Cette proclamation de François Hollande, lors de son meeting du Bourget, beaucoup de citoyens l’auront enregistrée avec l’espoir qu’elle réponde à autre chose qu’une belle phrase de campagne électorale.

Si beaucoup d’indices indiquent qu’un véritable ras-le-bol se développe à l’endroit de l’actuel locataire de l’Elysée, l’interrogation majeure porte sur la continuation de la politique qu’il a instaurée.

Les marchés financiers ont pris le pas sur le politique, imposant leurs lois.

Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer le danger que font peser les marchés sur la démocratie.

« Le seul modèle véritablement européen proposé à la discussion est celui qu’avancent les marchés financiers ! Il faut dire que l’Europe est intoxiquée par la financiarisation, ce dont témoigne l’omniprésence des hommes de la finance dans les lieux de pouvoirs. Aujourd’hui Goldman Sachs a supplanté l’ENA pour ce qui est des élites européennes." (André Orléan, Le Monde, 22 janvier).

Autre appréciation, celle fournie par Emmanuel Todd (Le Point, 13 décembre 2011): « Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines: ces faux nez camouflent la prise de pouvoir politique, à l’échelle mondiale, par les plus riches (...). Les riches ne se battent pas contre les Etats, ils se battent pour les contrôler encore mieux. Il suffit d’observer le parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements, pour comprendre qu’ils y parviennent. »

Même si nous ne partageons pas nécessairement toutes les positions de leurs auteurs, ces points de vue confortent l’orientation du POI de ne pas s’engager dans la campagne pour l’élection présidentielle.

Cela ne signifie nullement que le parti sera réduit à garder le silence.

Bien au contraire, a répondu le comité fédéral national réuni les 21 et 22 janvier, qui a décidé d’organiser, dans tout le pays, 300 assemblées-débats.

Les aspirations de la population laborieuse peuvent-elles être satisfaites dans le cadre de la poursuite d’une politique de réduction des déficits, de remboursement de la dette, de destruction des emplois, des acquis sociaux et des conquêtes ouvrières, au premier rang desquels figure la Sécu ?

Suffit-il d’une volonté proclamée pour changer de cap et dompter les puissances financières qui exercent leur hégémonique domination ?

Pour le POI, « il s’agit d’œuvrer patiemment, par le libre débat, à jeter les bases de l’unité ouvrière, du front uni des travailleurs et de leurs organisations sur la base des authentiques revendications. Les uns et les autres peuvent avoir, concernant la prochaine élection présidentielle, des points de vue différents. Cela ne doit pas être un obstacle à la réalisation de l’unité dans le combat pour la défense et la reconquête de la démocratie. Le POI ne fait pas de l’acceptation de sa politique le préalable à tout accord. C’est pourquoi nous invitons largement travailleurs, militants et jeunes de toutes tendances à venir poursuivre ce débat dans ses assemblées-débats, à le poursuivre dans les colonnes d’Informations ouvrières, tribune libre de la lutte de classe, hebdomadaire du POI. »

Il y a un monde entre l’espoir et la réalité vécue par les salariés.

Pour convaincre, ne manque-t-il pas d’abord un engagement ferme: la rupture avec les institutions qui imposent la continuité de la même politique réactionnaire, celles de la Ve République, de l’Union européenne, de la BCE, du FMI ?

Claude Jenet
Secrétaire national du POI
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Message par Front Unique » 04 Fév 2012, 02:03

Informations Ouvrières N° 185, du 2 au 8 février 2012

Négociations ?

Aucun travailleur ne s’en étonnera: jusqu’au bout, Sarkozy cherchera à faire son travail de représentant d’un système capitaliste disloqué, et donc à imposer des mesures destructrices au nom de l’abaissement du « coût du travail ».

Le problème n’est pas là.

Le problème, c’est qu’à peine finie l’interview de Sarkozy, Fillon ouvre les prétendues négociations entre « partenaires sociaux » sur la mise au point des accords compétitivité-emploi, entreprise par entreprise.

Rien ne serait plus urgent que de remettre en cause Code du travail, conventions collectives et statuts ?

Le problème, c’est que Martine Aubry déclare qu’allonger la durée du travail et baisser le salaire des travailleurs en contrepartie du maintien de l’emploi « peut être une solution ».

Le problème, c’est que Michel Sapin,autre dirigeant du Parti socialiste, exige plus de temps pour parvenir à cette déréglementation généralisée.

Sapin, Aubry, Hollande sont à la tête d’un parti dont le nom —« socialiste »— évoque l’histoire du mouvement ouvrier.

Or qu’est-ce que le mouvement ouvrier ?

C’est l’histoire du long combat de la classe des exploités pour arracher des droits collectifs, passant du contrat individuel de louage de service au contrat collectif et à la situation actuelle.

Aujourd’hui encore, malgré les coups reçus, l’édifice du Code du travail, des conventions collectives, des statuts et de la hiérarchie des normes fait que chaque travailleur peut s’adosser aux droits collectifs de toute la classe ouvrière, de toute sa branche professionnelle, de tout son secteur et ne pas être soumis aux rapports individuels avec le patron, entreprise par entreprise.

C’est cela que la classe capitaliste n’a jamais accepté.

C’est cela qu’elle veut briser aujourd’hui, au prétexte de la crise.

Ajoutons que les syndicats ouvriers se sont construits comme instruments de l’action collective des salariés, garanties de leurs conquêtes collectives.

Vouloir les transformer en outils du détricotage de ces droits, c’est menacer leur existence même, et donc la démocratie politique dont ils sont un pilier.

On ne peut appeler négociation le chantage par lequel les patrons pourraient exiger des syndicats qu’ils cassent eux-mêmes les droits collectifs et baissent les salaires, sous peine de licenciements et délocalisations.

Et cela, comme l’expérience le prouve, pour déboucher, au bout du compte, d’abord sur la diminution du salaire, et ensuite sur la perte de l’emploi.

La démocratie, c’est l’indépendance des organisations ouvrières libres d’agir et de négocier.

Alors, comment comprendre qu’à l’annonce de ce véritable coup de force contre les droits ouvriers et la démocratie —coup de force camouflé sous le vocable de « négociation entre partenaires sociaux »— aucune voix ne s’élève pour dénoncer la supercherie et en exiger nettement le retrait ?

Comment comprendre l’alignement des Sapin, Aubry, Hollande sur cette exigence, sinon comme conséquence de leur soumission au carcan antidémocratique de l’Union européenne, de la troïka et du capital financier ?

Ce que veulent les travailleurs — et cela, quelle que soit leur position sur l’élection présidentielle— c’est non seulement chasser Sarkozy, mais en finir avec sa politique.

Donc bloquer tout de suite,maintenant, les plans de régression sociale.

Ni les 13 milliards de cadeaux aux patrons, ni l’augmentation de la TVA,ni les accords compétitivité-emploi: retrait !

Ces questions sont au cœur des 300 assemblées-débats auxquelles les comités du POI vous invitent à participer.

Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI
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Message par Front Unique » 09 Fév 2012, 23:35

Informations Ouvrières N° 186, du 9 au 15 février 2012


Pour les uns, la démocratie serait en danger si Marine Le Pen n’obtenait pas 500 parrainages.

Pour d’autres, le danger serait que les obtenant, elle puisse se présenter.

Qu’en est-il ?

L’Humanité (6 février) consacre deux pages et demie au Front national.

Deux éminents spécialistes y montrent que les positions de ce parti coïncident avec les intérêts des patrons.

Fort juste: le Front national est un courant politique anti-ouvrier et ultra-réactionnaire, ce fait est établi de longue date.

Mais, curieusement, en deux pages et demie, l’Union européenne n’est jamais citée.

Or nombre de ceux qui envisagent de voter Le Pen le font pour exprimer leur colère contre les politiques de destruction dictées par l’Union européenne.

Sur le fond, la candidate du Front national n’a pas la moindre intention de rompre avec celle-ci.

Ses proches amis politiques, arrivés au gouvernement ces dernières années en Autriche, en Italie et en Grèce, se sont vite coulés dans le moule des institutions de Bruxelles.

Elle-même ne revendique rien d’autre que « la renégociation des traités dans le cadre de l’article 50 du traité de l’Union européenne ».

Mais cela ne l’empêche pas, pour les besoins d’une campagne électorale, d’agiter le drapeau de la remise en cause de l’Union européenne.

Dans quel contexte ?

En 2005, l’immense majorité des ouvriers et des employés a voté non à la Constitution européenne.

Malgré cela, il s’est trouvé à l’Assemblée nationale une majorité UMP-PS pour ratifier le texte rejeté par le peuple.

Comment qualifier ce viol de la volonté populaire, sinon d’attentat contre la démocratie ?

Depuis cette date, et chaque jour davantage, la troïka Union européenne-Fonds monétaire international-Banque centrale européenne se dresse comme une dictature imposant ses plans meurtriers.

Que font les grands partis de « gauche » ?

Hollande ne manque aucune occasion de prêter allégeance à l’Union européenne.

Les dirigeants du Parti communiste français se prononcent pour la « victoire de la gauche » (et donc de Hollande) à l’élection présidentielle, tandis que Mélenchon (partisan de la « renégociation des traités ») déclare, ce 5 février, qu’il faut défendre l’euro « point d’appui pour résister au poids du dollar ».

Faut-il chercher ailleurs que dans ce consensus autour de l’Union européenne, ses institutions et sa BCE les causes de ce qui menace la démocratie (et nourrit les sondages favorables à une Le Pen, profitant démagogiquement de l’espace laissé vacant) ?

Ce 6 février, Merkel et Sarkozy accentuent la pression sur le peuple grec (lire page 10).

Leur plan exige notamment une baisse brutale des salaires et des retraites.

Un plan officiellement présenté ainsi: « Les revenus de l’Etat doivent être utilisés d’abord et essentiellement pour le service de la dette, seul le reste pourrait être utilisé pour financer ses dépenses primaires. »

Le sort de la Grèce préfigure celui de notre pays et de tous les pays d’Europe si n’est pas abattue la dictature de la dette et de la troïka, c’est-à-dire du capital financier. En France comme en Grèce, le pire danger pour la démocratie vient de cette dictature et de la soumission à ses plans des dirigeants des organisations issues historiquement du mouvement ouvrier.

La défense et la reconquête de la démocratie passe par la lutte résolue pour chasser la troïka et ses plans, et, au-delà, pour chasser les institutions de l’Union européenne et de la Ve République.

Comment avancer dans cette voie ?

Pour en discuter, le POI vous invite à participer aux assemblées-débats qu’il organise dans tout le pays.

Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI

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Message par Front Unique » 15 Fév 2012, 23:32

Informations Ouvrières N° 187, du 16 au 22 février 2012

La gauche et le dialogue social : attention danger !

Quand Sarkozy a été élu à la précédente présidentielle, Bernard Thibault précisait dans un de ses discours: « Ce n’est pas une raison qui va nous amener à entrer en résistance » !

À la veille de la prochaine élection, le discours est un peu différent: « Vous aurez du mal, monsieur le futur candidat, à trouver dans cette salle et chez ceux qui nous écoutent beaucoup de supporters pour vous aider à rempiler cinq ans de plus à l’Élysée. » (1)

Au meeting du 31 janvier 2012 au Zénith à Paris, Bernard Thibault, s’agissant de la base de remise à plat du dossier des retraites, a précisé que la CGT « n’avait pas de candidat », cela en présence des partis de gauche et de quatre candidats à la présidentielle !

A l’applaudimètre, il a été possible de constater qu’il y a d’importantes « préférences ».

Bref, ce rassemblement aura montré que la direction de la CGT s’est mandatée pour un rôle politique de grande envergure dans une stratégie qui précise ce que peut être et doit être le premier tour, et ce que peut être et devrait être le second tour !

Sur quelles bases s’établit la perspective élective ?

Il semble que Harlem Désir (PS), qui représentait Hollande au meeting de la CGT, y répond dès à présent (au niveau du dossier retraites). « Il y aura une négociation à l’été 2012, dans laquelle le dialogue social devra jouer pleinement son rôle, pour définir des règles selon l’espérance de vie, la pénibilité, les taux de remplacement ainsi que le montant des retraites. Il y a d’autres sujets touchant au financement: faire contribuer les revenus du capital… »

Signalons que ces propos sont rapportés sans commentaire dans L’Humanité qui fait le compte rendu de ce meeting.

La droite a tant de fois été battue !

Les relais se sont succédé !

Partout en Europe les gouvernements socialistes ont pratiqué la politique du capital.

Qu’en sera-t-il dans ces conditions en France ?

Comme en 1981, il est possible que des « avancées » soient obtenues pour « établir un peu de crédibilité au départ ».

Ensuite ?

Nous pouvons nous interroger sur les raisons qui ont conduit Bernard Thibault à jouer le « rabatteur » politique.

Au-delà de cet aspect électoral, il y a lieu de s’inquiéter de ce « dialogue social » revendiqué par Hollande (sans critique du quotidien qui soutient Mélenchon).

Car il s’inscrit dans une stratégie d’intégration des organisations syndicales à l’échelle internationale et vise à associer les syndicats à une nouvelle remise en cause de nos régimes de retraites.

Nous comprenons parfaitement que les militants, les travailleurs qui cherchent une issue aspirent avec force à ce que Sarkozy soit battu !

Cependant, la véritable question est: alternative ou alternance ?

Rupture ou accompagnement ?

L’actualité internationale n’est pas avare d’indications qui nous précisent que l’alternative n’est pas à l’ordre du jour !

A moins que les travailleurs ne s’en mêlent ?

Une chose est sûre: rien ne nous a été donné, à nous les travailleurs.

Tout a été acquis par la lutte de classe.

Jean Markun
Secrétaire national du POI


(1) Discours au meeting du Zénith, 31 janvier.
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Message par Front Unique » 22 Fév 2012, 22:09

Informations Ouvrières N° 188, du 23 au 29 février 2012

Bloquer les traités de la honte

C’était en février 1994 à Washington.

Dans le cadre d’une délégation de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples, notre regretté camarade Taffazul Hussain, responsable ouvrier du Bangladesh, interpellait les représentants du FMI en ces termes: « La clause de conditionnalité qui accompagne vos prêts ordonne les plans d’ajustement structurel qui saignent les peuples, piétinent la démocratie, et bafouent la souveraineté des nations disloquées. »

Dix-huit ans plus tard, le traité instaurant le Mécanisme européen de stabilité (MES) a recours aux mêmes termes.

Les « prêts » y sont subordonnés à « une stricte conditionnalité » qui appelle des « plans d’ajustement structurel », tandis que le « conseil des gouverneurs » est doté de tous les pouvoirs: prêter ou ne pas prêter, imposer ses conditions, les renforcer, les durcir... bref, conduire chaque pays d’Europe dans une situation pire que celle de la Grèce aujourd’hui (1).

Entre la manière dont le FMI a procédé dans les années 1970-1980 pour dépecer les nations d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et la manière dont le MES va opérer chez nous, il n’y a finalement que deux différences.

Là où le FMI avait commencé par créer la dette pour étrangler les peuples, le MES ira directement au but, puisque la dette écrase déjà toutes les économies nationales d’Europe.

Et cette fois, c’est au cœur des principales puissances capitalistes (hormis les Etats-Unis) que la machine va frapper.

On ne peut qu’être stupéfaits de constater qu’il se trouve des parlementaires, quels qu’ils soient, pour appuyer la mise en place de ce MES.

Honte au député (UMP) Plagnol qui, rapportant sur ce traité le 14 février devant la commission des affaires étrangères, ose se féliciter de ce que les commissions du Parlement français recevront « une information (…) chaque fois qu’une décision engageant les finances de l’Etat serait prise par le conseil des gouverneurs » !

Peut-on imaginer abdication plus servile de toute forme de souveraineté ?

Honte au député (PS) Caresche qui, ce même 14 février, déclare à la commission des finances de l’Assemblée: « La ratification la semaine prochaine du mécanisme européen de stabilité (MES) sera l’occasion pour le Parlement de jouer un rôle plus important. »

Un rôle ?

Quel rôle, sinon celui de fourrier de la dictature supranationale détruisant toute forme de démocratie, à commencer par la liberté syndicale ?

Et cela, au seul service du capital financier qui exige, au nom de la « réduction du coût du travail », la systématisation des mesures de privatisation, de déréglementation et de destruction des conquêtes et droits ouvriers.

Aucun député, aucun sénateur ne peut prétendre parler au nom de la démocratie s’il ne vote pas contre le MES (et contre le traité TSCG que les chefs d’Etat doivent signer le 1er mars).

A l’initiative du POI, la campagne est engagée qui jette les bases de l’unité entre travailleurs et militants de toutes tendances du mouvement ouvrier sur une exigence: MES et TSCG sont des traités de la honte, ils doivent être balayés !

C’est une question de vie ou de mort pour l’immense majorité de la population.

Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI


(1) « Le plan de sauvetage conclu cette nuit par les ministres des Finances de la zone euro prévoit de renforcer la surveillance de la Grèce et d’imposer une présence permanente de la mission de la Commission européenne sur place » (Les Echos, 21 février). Demain, avec le MES, plus besoin de tractations: le conseil des gouverneurs aura droit de vie et de mort sur tous les peuples !
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Message par Front Unique » 03 Mars 2012, 10:20

Informations Ouvrières N° 189, du 1er au 7 mars 2012

Super-Maastricht ne doit pas passer !

Pour cause de désaccord sur la répartition des charges financières, le sommet des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro a été annulé au dernier moment (lire page 10).

Mais le rendez-vous fixé pour signer le « traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire » (TSCG) a, lui, été maintenu.

On lira dans ce journal quelques illustrations de ce « super Maastricht » dont le seul objet est d’imposer les pires mesures anti-ouvrières en piétinant ce qui reste de démocratie et de souveraineté des nations.

Signé à Bruxelles le 2 mars, ce traité TSCG devra encore être ratifié dans chaque pays. En France, ce sera après les élections présidentielle et législatives. Cette ratification doit être empêchée.

Au cours du débat au Sénat, le 28 février, sur la ratification du traité MES (qui est le premier acte de la ratification du traité TSCG), le sénateur Yung a déclaré, au nom du groupe PS: « Le traité TSCG veut inscrire la “règle d’or” budgétaire dans la Constitution, c’est pour nous inacceptable. » Au nom du même groupe, son collègue Leconte a dit: « Le traité TSCG promet à tous les pays en difficulté l’application des mesures du MES dans des conditions identiques à la Grèce aujourd’hui. »

Si les mots ont un sens, le groupe PS, majoritaire au Sénat, ne devait-il pas bloquer la ratification du MES ? Pourquoi avoir permis, par son abstention, que le MES soit adopté par une minorité de sénateurs ? S’agit-il de permettre à un futur gouvernement, quel qu’il soit, de se déclarer prisonnier de ce carcan et de ce fait obligé d’appliquer son contenu anti-ouvrier ?

Un tel calcul serait à courte vue. Vouloir imposer en France les mesures destructrices que l’Union européenne inflige au peuple grec, c’est conduire le pays à l’explosion.

Pourtant défenseur du capital financier, l’éditorialiste du journal Les Echos ne s’y trompe pas, qui écrit ce 28 février: « La tension sociale est forte et risque de le devenir plus encore. Sans doute pas demain mercredi: organisée par la très institutionnelle Confédération européenne des syndicats, la “grève européenne contre l’austérité” aura un succès limité. Mais les signes de la tension sont nombreux.

Les Grecs ont défilé à maintes reprises, parfois dans la violence, pour refuser la rigueur extrême qui leur est imposée. Les Espagnols sont descendus dans la rue par centaines de milliers la semaine dernière. (...) Des millions d’hommes et de femmes perdent leur emploi, y compris des fonctionnaires. D’autres subissent des pertes majeures de salaire. D’autres encore voient leur pension de retraite se réduire comme peau de chagrin. Symétriquement, les hausses de TVA poussent les prix à la hausse. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la révolte gronde. Deux économistes (...) ont regardé ce qui s’est passé lors des épisodes de rigueur budgétaire dans 26 pays d’Europe pendant près d’un siècle.

Quand la dépense publique baisse de 1 %, la probabilité de voir des troubles sociaux éclater (grève générale, manifestation antigouvernement, émeutes, voire assassinats politiques) est un tiers plus élevée qu’en temps d’expansion budgétaire. Quand la baisse atteint 5 %, cette probabilité double. »

Rien, absolument rien, n’est aujourd’hui plus important que de bloquer le traité TSCG. C’est pour y contribuer que le POI engage toutes ses forces dans cette campagne de masse pour aider à réaliser l’unité sur cet objectif. Super-Maastricht ne doit pas passer !

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Message par com_71 » 03 Mars 2012, 11:37

(IO a écrit :Un tel calcul serait à courte vue. Vouloir imposer en France les mesures destructrices que l’Union européenne inflige au peuple grec, c’est conduire le pays à l’explosion.


LO, elle, souhaite une explosion sociale.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Oel » 03 Mars 2012, 18:59

Une députée de parti "communiste" grec (connu pour être les supplétifs des flics) a aussi mis en garde contre "la guerre civile"

quelques remarques sur les articles sur le MES

"Quel rôle, sinon celui de fourrier de la dictature supranationale détruisant toute forme de démocratie, à commencer par la liberté syndicale ?"
C'est vraiment du confusionnisme souverainiste... Ce n'est pas l'UE qui à elle seule détruit toute forme de démocratie, surtout qu'elle le ferait car c'est une "institution supranationale"...

"On ne peut qu’être stupéfaits de constater qu’il se trouve des parlementaires, quels qu’ils soient, pour appuyer la mise en place de ce MES."
Je ne comprends pas bien pourquoi être stupéfait, pourquoi ? Au contraire moi je trouve ça certes déplorable mais parfaitement normal...
Oel
 
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