a écrit :Nathalie Arthaud : « je vais populariser un programme de luttes »
Elle va porter les idées de Lutte ouvrière pour la présidentielle du 22 avril. Elle est en meeting le 13 janvier à Saint-Denis. Rencontre avec celle qui sera la seule candidate à se revendiquer du communisme.
Le JSD :Vous êtes professeur au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers, on se rencontre dans votre local à Pantin et vous êtes conseillère municipale à Vaulx-en-Velin… Quel regard portez-vous sur la banlieue ?
Nathalie Arthaud :J’ai toujours habité dans les quartiers populaires, sauf petite car je viens de la Drôme rurale. Ces quartiers, près de Paris ou de Lyon, j’y suis parmi les miens. Beaucoup de femmes et d’hommes se sentent écartés dans ces banlieues. Certains ne se sentent pas autorisés à être acteurs de la société tellement ils sont rejetés de tous les côtés, notamment du monde du travail. Le chômage, c’est ce qui marginalise et isole vraiment. S’il y a un fléau à combattre, c’est vraiment celui là !
Le JSD
ans ces quartiers, il y a de nombreux jeunes et je n’ai pas le sentiment que beaucoup adhérent aux idées radicales que vous et d’autres défendent…
Nathalie Arthaud :En même temps, on les voit aussi en première ligne lors des grèves. C’est le cas à PSA Aulnay où ils sont déterminés à se battre jusqu’au bout. Je suis aussi allée à l’aéroport de Roissy soutenir la grève des agents de sécurité : ces salariés combattifs auraient pu être certains de mes anciens élèves. Les mêmes qui se sentent loin de la politique ont une capacité de réaction quand ils sont bafoués. La dépolitisation remonte à loin, à une certaine démoralisation, à un sentiment de trahison laissé par la gauche au gouvernement.
Le JSD :Vous évoquiez à l’instant PSA. Pensez-vous toujours que la direction du groupe veut, à terme, fermer le site d’Aulnay ?
Nathalie Arthaud :Oui. Tout montre que la direction a décidé d’en finir avec cette usine qu’elle vide petit à petit. Cette situation ne se justifie absolument pas : le groupe a réalisé plus d’un milliard de bénéfices l’année dernière et la direction se vante d’avoir onze milliards de cash ! Il y aurait de quoi, dans ce cas précis, imposer l’interdiction de licenciements, obliger à répartir le travail entre les différents sites. D’autant qu’ici, en Seine-Saint-Denis, PSA constitue la dernière usine de cette taille. Rien n’oblige à licencier, sauf la volonté d’assurer à la famille Peugeot toujours plus de dividendes.
Le JSD :Lutte ouvrière explique qu’il ne faut pas attendre grand-chose des élections, que les travailleurs doivent compter sur les luttes. Pourtant, une fois encore, vous êtes à la présidentielle. Ce n’est pas contradictoire ?
Nathalie Arthaud :Je ne dis pas que les élections ne servent à rien, sinon je ne me présenterais pas. J’affirme par contre que les travailleurs ne peuvent pas changer leur sort à travers les élections. Aucun d’entre eux ne pense d’ailleurs qu’en votant bien en mai 2012, il n’y aura plus de bas salaire, ils ne seront plus sur un siège éjectable. Pour conquérir de nouveaux droits, pour changer notre sort, on ne peut pas compter sur les élections. Elles permettent juste de dire, par exemple, que le vrai pouvoir est exercé par les marchés financiers, les possédants, les capitalistes et non par les hommes politiques de droite ou de gauche qui s’accommodent d’une société dirigée par ces puissances là. Je suis candidate pour populariser un programme de luttes auprès de millions de travailleurs. C’est utile de faire entendre une voix communiste – je serai la seule dans ce cas – et important au regard de la faillite de l’économie capitaliste. Je vais lever ce drapeau dans cette élection.
Recueillis par Dominique Sanchez
Meeting vendredi 13 janvier à la bourse du travail (rues Génin et Bobby-Sands) à 20h, avec également la participation de Jean-Pierre Mercier.