Sur la démondialisation

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Matrok » 22 Nov 2011, 22:40

:07:
Je remonte ce fil juste pour dire que dans son meeting de Vaulx-en-Velin ce soir, Nathalie Arthaud a été très percutante contre ces idées de "démondialisation" de protectionnisme, (re-)mis à la mode par Montebourg et Mélanchon... Cela sera peut-être en ligne bientôt sur le site de LO.
Matrok
 
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Message par Matrok » 24 Nov 2011, 14:50

(Matrok @ mardi 22 novembre 2011 à 21:40 a écrit :dans son meeting de Vaulx-en-Velin ce soir, Nathalie Arthaud a été très percutante contre ces idées de "démondialisation"

Voila, c'est en ligne. La partie sur la démondialisation est vers 15 min. 55 avant la fin.

Je prends sous la dictée, vous verrez qu'on est en plein dans le sujet "réponse aux arguments réactionnaires" :
(Nathalie Artaud @ Vaulx-en-Velin, le 22 novembre 2011 a écrit :Quant à ceux qui brandissent la "démondialisation" ou le "protectionnisme" comme des solutions, ils nous racontent des histoires. S'il s'agit de dénoncer les capitalistes qui ferment des entreprises pour en ouvrir (ou pas d'ailleurs) dans un autre pays ou une autre région, pourquoi ne pas dénoncer les responsables directs ? Les licencieurs, les capitalistes eux-mêmes qui suppriment des emplois pour accroître leurs profits ? Pourquoi montrer du doigt les travailleurs à l'autre bout de la planète, qui sont nos frères ? Ce n'est pas des travailleurs chinois, indiens ou autres dont il faut se protéger. C'est des capitalistes, c'est de leur rapacité, c'est de leurs diktats. La concurrence internationale, dont il faudrait se protéger, est organisée par nos propres capitalistes, qui sont parmi les premiers profiteurs de l'exploitation à l'échelle mondiale ; et on retrouve d'ailleurs les mêmes multinationales d'un bout à l'autre de la planète. Alors, dire ou faire entendre que la démondialisation est possible et souhaitable, est une stupidité. Tout est mondialisé : le savoir, les techniques, les capitaux, les idées. La production est mondialisée. Les moyens de transport, les moyens de communication sont plus développés que jamais ; et la planète est devenue un village, et c'est heureux, car nous ne sommes qu'une seule et même humanité habitant sur la même Terre.

Karl Marx avait compris, dès les années 1840 (alors que la mondialisation n'en était qu'à ses débuts), que l'humanité allait être fondue dans un sort commun, et que plus un seul problème ne pourrait trouver de solution à une échelle nationale. Et bien à sa suite, nous pensons que les travailleurs du monde entier ont les mêmes patrons à combattre, et les mêmes chaînes à arracher. Et nous sommes convaincus que l'économie débarrassée du capitalisme sera organisée à l'échelle du monde ; qu'elle sera basée sur la mondialisation, c'est à dire sur la mise en commun de ce qu'il y a de meilleur à l'échelle du monde. La démondialisation est la version moderne de la propagande nationaliste qui était il y a peu le terrain de prédilection de l'extrême droite. Que ces idées soient aussi véhiculées à gauche ne change rien au fait que c'est un poison pour les exploités. Dans cette période de crise, il n'est d'ailleurs pas impossible que les États capitalistes en viennent eux-mêmes à remettre en cause les accords commerciaux ou financiers internationaux. Nous allons peut-être revivre une phase de remontée du protectionnisme. Mais souvenons-nous : la dernière fois que les grandes puissances ont effectué ce genre de repli protectionniste, c'était à la suite de la crise des années 1930, et cela a mené à la seconde guerre mondiale. Alors personne ne peut dire où nous mènera la crise actuelle du capitalisme. Mais ce qui est certain, c'est que pour la classe ouvrière, il n'y aura d'issue qu'à travers des luttes pour défendre ses intérêts propres et qu'à travers la conscience d'être à l'échelle du monde une seule et même classe exploitée.
Matrok
 
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Message par Ian » 25 Nov 2011, 19:40

Très bien résumé! :smile:
Ian
 
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Message par Sinoue » 07 Déc 2011, 22:22

L'Inde suspend son projet d'ouvrir le secteur de la distribution aux entreprises étrangères
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 07.12.11 | 10h53 • Mis à jour le 07.12.11 | 10h54

La réforme proposée par le gouvernement indien aurait dû permettre à des groupes étrangers tels que Wal-Mart, Carrefour ou Tesco de prendre une participation de 51 % dans des coentreprises de supermarchés.AFP/FINDLAY KEMBER

L'Inde a décidé mercredi 7 décembre de suspendre l'ouverture de la grande distribution aux multinationales étrangères, un revirement majeur dû au tollé de la classe politique et des petits commerçants hostiles à une réforme censée révolutionner le mode de consommation du pays. Attendu depuis des années par les géants mondiaux tels que Carrefour, Wal-Mart ou Tesco, le projet avait été annoncé en fanfare le 24 novembre, sans que le gouvernement ne le soumette au Parlement.
"La décision d'autoriser les investissements directs étrangers à hauteur de 51 % dans le commerce de détail multimarques est suspendue jusqu'à ce qu'un consensus soit atteint au travers de consultations avec les différentes parties", a déclaré au Parlement le ministre des finances, Pranab Mukherjee. Cette décision visant à libéraliser un secteur juteux évalué à 470 milliards de dollars (350 milliards d'euros) par an – appelé à croître au vu de la croissance de ce pays émergent – avait provoqué un tollé de l'opposition et au sein de la coalition gouvernementale dirigée par le premier ministre Manmohan Singh. Sous les huées, les travaux du Parlement ont été suspendus.



Des manifestations et des grèves de petits commerçants, inquiets pour la survie de leurs échoppes face aux hypermarchés, ont été organisées dans plusieurs grandes villes. L'ouverture d'un magasin de gros Carrefour à Jaipur avait aussi été perturbée par une manifestation de membres du parti conservateur hindou Bharatiya Janata Party (BJP).

12 MILLIONS DE PETITES ÉCHOPPES TRADITIONNELLES

On compte en Inde plus de 12 millions de "kiranas", ces petites échoppes traditionnelles où s'empilent du sol au plafond boîtes de conserves en tous genres, qui font vivre plus de 25 millions de commerçants.

Selon un récent sondage de l'Association indienne des chambres de commerce et d'industrie (Assocham) réalisé auprès de 2 000 personnes dans dix grandes villes, 80 % des propriétaires de petites échoppes se disent opposés à l'arrivée des grandes chaînes étrangères. Elles sont déjà présentes en Inde en tant que grossistes, mais elles ne peuvent vendre directement aux consommateurs de ce pays de 1,2 milliard d'habitants. La décision de suspendre ce projet, dont l'annonce avait été saluée par les géants mondiaux du secteur et même par l'administration américaine, porte un coup majeur à l'image du gouvernement de centre-gauche, selon des analystes.

Les partisans de la libéralisation du commerce de détail font valoir la création de millions d'emplois, la perspective d'une amélioration de la chaîne d'approvisionnement, d'une réduction des prix alimentaires et d'une baisse de l'inflation, qui flirte avec les 10 %. L'entrée de plain-pied des grands groupes étrangers dans le secteur pourrait en outre, argumentent-ils, moderniser les techniques de stockage et les méthodes de transport, réduire le problème chronique du gâchis alimentaire et garantir une meilleure chaîne du froid.
Sinoue
 
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Message par luc marchauciel » 30 Jan 2012, 19:20

Vous avez lu le papier de la LdC de ce mois-ci sur en gros "mondiaisation et démondialisation" ?

http://www.lutte-ouvriere.org/documents/ar...alisation-et-le

C'est excellent, vraiment excellent
luc marchauciel
 
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Message par Sinoue » 17 Mars 2012, 08:40

a écrit :Pourquoi le protectionnisme progresse dans le monde
Le Monde.fr | 16.03.2012 à 18h18 • Mis à jour le 16.03.2012 à 18h23

Par Anna Villechenon

Alors que le protectionnisme revient au cœur des discours politiques en France depuis l'entrée en campagne des candidats à la présidentielle, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est inquiétée, lors de sa dernière conférence interministérielle à la mi-décembre, de la montée des barrières douanières depuis le début de la crise financière en 2008. Selon l'OMC, le nombre de mesures protectionnistes initiées en 2011 s'élève à 340, contre 220 en 2010.

De son côté, l'organisme suisse Global trade alert (GTA) - qui recense l'ensemble des mesures commerciales dans le monde - avertissait, dans un rapport publié en novembre 2011, que trois mesures protectionnistes sont prises pour une mesure libéralisante depuis juillet 2011, et que les tensions commerciales ont atteint leur plus haut niveau depuis le "pic" de 2009.

UNE PERTE POTENTIELLE DE 800 MILLIARDS DE DOLLARS

Il n'en fallait pas plus pour que le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, appelle les membres de l'organisation à "restaurer un climat de confiance", qui est selon lui "une partie de la solution à la crise actuelle". Reprenant l'inusable métaphore de la tempête protectionniste, il prévenait que si d'"importantes mesures protectionnistes" étaient mises en place, elles pourraient coûter 800 milliards de dollars à l'économie mondiale.

Il s'agit pour l'OMC d'éviter une redite de la Grande Dépression des années 1930, qui avait vu le commerce mondial se contracter dangereusement sous l'effet des barrières douanières, jusqu'à dissoudre les liens économiques entre des pays repliés sur eux-mêmes. Or cette dissolution n'est pas étrangère à l'entrée en guerre de 1939.

D'où l'idée, en 1947, de négocier un accord international sur les tarifs douaniers et le commerce (General agreement on tariffs and trade, GATT), qui a abouti en 1995 à la création de l'OMC, dont le rôle est d'arbitrer les relations commerciales tout en limitant le protectionnisme. Mais la libéralisation des échanges est loin d'être un processus linéaire, et quand un pays se trouve en difficulté économique, les acquis sont la plupart du temps remis en cause. 

L'ARGENTINE, GRANDE CHAMPIONNE

Les pays émergents sont, de loin, les plus friands de dispositifs protectionnistes. L'Argentine se taille la part du lion, avec 192 mesures, selon GTA. Si celles-ci ont fleuri après la crise qu'a traversé le pays en 2002, elles se font plus nombreuses encore depuis le début de la crise financière de 2008.

Dans le viseur de la présidente, Cristina Kirchner : le contrôle des importations. Sa dernière victime ? Le Royaume-Uni, qui a vu, à l'occasion du 30e anniversaire du conflit des Malouines, en février, ses exportations limitées.

Critiquées par les autres pays du Mercosur (Paraguay, Brésil et Uruguay) - qui représentent 25 % des exportations et 31 % des importations argentines -, ces mesures s'inscrivent pourtant dans un mouvement initié fin 2011 par l'alliance sud-américaine elle-même, qui a décidé en décembre d'augmenter temporairement ses taxes d'importation pour les produits provenant de l'extérieur du bloc. De son côté, le Brésil - qui compte 81 mesures protectionnistes - a augmenté sa taxation sur les véhicules importés, surtout ceux qui viennent de pays extérieurs au Mercosur.

Au nom de l'intérêt national, les autres pays émergents cherchent également à se protéger : la Russie (172 mesures recensées) se concentre elle aussi sur son industrie automobile, puisqu'un tiers des véhicules devront être équipés d'un moteur ou d'une transmission fabriqués localement jusqu'en 2020.

La Chine (95 mesures recensées) annonçait quant à elle en décembre la mise en place, pour deux ans, de nouvelles taxes douanières sur certains véhicules américains. D'ailleurs, l'OMC dénonçait en décembre la prolifération des aides "régionales" en faveur de l'automobile, qui atteignent désormais 48 milliards de dollars en cumulé, soit 37 milliards d'euros.

L'Inde (101 mesures recensées) n'est pas en reste puisque, sous la pression populaire, elle a pour le moment renoncé à ouvrir le secteur de la distribution. Début mars, elle a décrété un embargo sur ses exportations de coton (lien "Abonnés"), avant de revenir sur sa décision en raison de l'envolée des cours.

DE LA NÉGOCIATION AU CHANTAGE

Si le protectionnisme reprend de la vigueur avec la crise, les différends commerciaux ont de leur côté diminué... depuis 2008, et ce, contrairement aux précédentes périodes de ralentissement économique. Pascal Lamy indiquait fin février que le nombre d'enquêtes sur les cas de dumping s'est établi à 153 en 2011, contre 213 en 2008.

Tout un symbole, après plus de vingt ans, la "guerre des hormones" entre les Etats-Unis et l'Union européenne vient de prendre fin. Une autre s'apprête toutefois à prendre le relais autour des "terres rares", métaux précieux sur lesquels la Chine a le quasi-monopole, puisqu'elle possède un tiers des réserves accessibles, et plus de 95 % du marché. Les États-Unis, l'Union européenne et le Japon ont d'ores et déjà porté plainte auprès de l'OMC.

Moins nombreux donc, les contentieux n'en sont pas moins durs, et ils frôlent parfois le chantage, comme quand la Chine décide de conditionner son aide à l'Union européenne à l'abandon de deux enquêtes anti-dumping et anti-subventions lancées par cette dernière. Ou prend d'importantes mesures de rétorsion en gelant la commande de 45 Airbus en riposte à la taxe carbone, mise en place par l'Union européenne - et ce, même si celle-ci est bien conforme aux règles édictées par l'OMC.

LES ÉMERGENTS EN LIGNE DE MIRE

Pour autant, malgré la pression nouvelle que les pays émergents mettent sur les pays développés, "le problème du protectionnisme n'est pas uniquement lié à ces pays. C'est particulièrement vrai dans le cas de l'Europe, puisque l'essentiel des échanges commerciaux des pays membres se font au sein de l'Union européenne", explique Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.

"Avec la division internationale du travail, nous ne produisons pratiquement plus dans les secteurs à faible valeur ajoutée, comme le textile, qui demande beaucoup de main-d'œuvre à bas coûts. Nous n'avons donc pas intérêt à prendre des mesures protectionnistes contre la Chine dans le secteur textile, puisque tout ce qu'on y gagnerait, c'est l'augmentation des prix des produits importés que nous n'avons pas intérêt à produire", argumente-t-il.

Avant de relativiser la menace du géant asiatique. "La Chine ne représente que 8 % des importations françaises. De fait, les principaux concurrents et partenaires de la France, ce sont les autres pays de l'UE, qui représentent environ 60 % de nos échanges commerciaux - Allemagne en tête, avec 17 %."

C'est pourquoi, pour M. Plane, "plutôt que d'envisager des barrières douanières aux frontières de l'UE" - comme propose de la faire notamment Nicolas Sarkozy avec un "Buy European Act" calqué sur le modèle américain -, "il serait préférable d'éviter les comportements non-coopératifs existant au sein de l'UE, comme la mise en place de la TVA sociale en France ou la compression des coûts salariaux en Allemagne, mesures qui ont pour objectif de gagner des parts de marché au détriment de ses voisins européens".

Anna Villechenon
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