Je suis taxé sinon de mentir, au moins de relayer des mensonges antinucléaires.
Je vais, chiffre par chiffre, indiquer mes sources. Je m'excuse par avance pour la longueur de ma réponse, et le côté quelque peu fastidieux d'une telle "guerre des chiffres". Mais cela me paraît indispensable pour que chacun puisse juger où se situe le mensonge.
Canardos dit :
a écrit :Non désolé on peut discuter des effets de Tchernobyl mais un réacteur n'est pas une bombe atomique et la le chiffre que tu evoques une explosion de 2 à 3 megatonnes ce n'est plus une bombe atomique mais une bombe H.
tu ne trouveras pas un seul article de physicien expliquant qu'une telle explosion aurait été possible quelque soit le scenario retenu...
Ta dernière phrase est fausse.
Vassili Nesterenko, à ma connaissance est un physicien, qui fut notamment directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie.
Voici ici l’extrait du contenu d’une lettre (certes une lettre n’a pas valeur d’article scientifique) rédigée en 2005 à l’attention d’un journaliste et d’une physicienne :
a écrit :Les 28-29 avril 1986 les collaborateurs du département de la physique des réacteurs de l'Institut de l'énergie atomique de l'Académie des sciences de Biélorussie ont fait des calculs qui montrèrent que 1300-1400 kg du mélange uranium+graphite+eau constituaient une masse critique et une explosion atomique d'une puissance de 3 à 5 Mégatonnes pouvait se produire. [C'est 200 à 330 fois la puissance de l'explosion d'Hiroshima] Une explosion d'une telle puissance pouvait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 km de rayon (englobant la ville de Minsk) et toute l'Europe pouvait se trouver victime d'une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible.
L’intégralité de la lettre est disponible ici :
http://www.dissident-media.org/infonucleai...nesterenko.htmlJe résume en deux phrases ce que j’en ai compris.
Pour éteindre l’incendie après la catastrophe, les autorités ont projeté dans le brasier des sacs de sable. Ce faisant, sous l’effet de la chaleur du magma en fusion sous les sacs, la dalle de béton de la centrale nucléaire située sous le réacteur, sur laquelle reposaient les particules radioactives a fondu et si elles étaient entrées en contact avec l’eau des nappes phréatiques, l’explosion de 3 à 5 mégatonnes dont parle Nesterenko aurait eu lieu. La probabilité d’une telle explosion était de 5 à 10% d’après les mêmes sources. Même si l’on peut juger ces probabilités faibles, le pire scénario ne n'est donc pas produit.
Wikipédia raconte cela sans doute mieux que moi :
a écrit : Cependant, le réacteur est toujours actif et la dalle de béton qui le soutient menace de se fissurer. Plus grave, l'eau déversée par les pompiers pour éteindre l'incendie a noyé les sous-structures, menaçant ainsi l'intégrité et le pilotage des 3 autres réacteurs de la centrale. Le Professeur Vassili Nesterenko, éminent scientifique nucléaire russe, diagnostique que si le cœur en fusion atteint la nappe d'eau accumulée par l'intervention des pompiers, une explosion de vapeur est susceptible de se produire et de disséminer des éléments radioactifs à une très grande distance. En effet, la fusion du combustible et des structures métalliques a formé un corium sur le plancher situé sous le réacteur. L'évacuation de la population est recommandée et une nouvelle équipe de pompiers envoyée pour évacuer cette eau en ouvrant les vannes de vidange de la piscine de suppression située sous le plancher de la cavité du réacteur. Ceux-ci travailleront toujours sans protection et y laisseront leur vie.
Sous le cœur du réacteur en fusion, la dalle de béton menace de fondre. Au cours de la seconde quinzaine de mai, on fait appel à environ 400 mineurs des mines des environs de Moscou et du bassin houiller du Donbass pour creuser un tunnel de 167 mètres de long menant sous le réacteur afin d'y construire une salle. Un serpentin de refroidissement à l'azote doit y être installé pour refroidir la dalle de béton du réacteur. Les mineurs se relaient 24 heures sur 24 dans des conditions très difficiles dues à la température élevée et au niveau très important de radiation (Le débit de dose à la sortie du tunnel est d’environ 200 röntgen par heure. La radioactivité dans le tunnel lui-même est élevée quoique non fatale à court terme, mais la chaleur rend le travail difficile). Le circuit de refroidissement ne fut jamais installé et finalement remplacé par du béton pour ralentir et arrêter la descente du cœur fondu.
Concernant maintenant les chiffres officiels de la catastrophe. L’OMS est liée de manière contractuelle à l’AIEA. En 2005, lorsque l’AIEA publie ses chiffres (4 000 morts), l’OMS les reprend ce qui provoque un tollé auprès des associations de défense de l’environnement qui vont jusqu’à parler (ce qui me paraît excessif) de négationnisme. Toujours est-il que sous cette pression, sans expliquer scientifiquement pourquoi, l’OMS s’appuie désormais sur un autre rapport intitulé "Estimates of the cancer burden in Europe from radioactive fallout from the Chernobyl Accident", mené par le CIRC.
Ce revirement est raconté ici sur le site de TF1 :
http://lci.tf1.fr/science/2006-04/000-dece...ms-4894394.html Sur le nombre de liquidateurs qui seraient décédés maintenant.
Selon Viatcheslav Grichine, président de l'Union Tchernobyl (la principale association de liquidateurs) sur 600 000 liquidateurs : « 25 000 sont morts et 70 000 restés handicapés en Russie, en Ukraine les chiffres sont proches, et en Biélorussie 10 000 sont morts et 25 000 handicapés», ce qui fait un total de 60 000 morts (10% des 600 000 liquidateurs) et 165 000 handicapés ».
Ces chiffres divergent de ceux que j’ai fournis mais restent dans le même ordre d’idée.
Je n’ai pas trouvé de sources sur internet qui reprenait les chiffres que j’avais donné.
Par contre, j’ai lu un peu de tout sur le sujet, 10 000 morts, 20 000 invalides, etc…
J’ai notamment lu qu’en 2001, lors de la conférence de l’OMS à Kiev, le ministre de la santé estimait à 30% la part d’invalides parmi les liquidateurs. Le médecin chef de la fédération russe a lui déclaré pour sa part que : "Plus de 200.000 Russes ont été engagés dans les travaux de liquidation. Selon le Registre officiel, 50.000 sont invalides et 15.000 déjà morts."
La difficulté consiste bien évidemment dans la capacité à estimer si les décès et les handicaps sont directement dus à la catastrophe nucléaire. Ces chiffres, je pense, ne peuvent être donné avec grande précision, pour cette raison, à laquelle s’ajoute le fait que le recensement précis des liquidateurs n’est pas précis (certaines parlent de 500 000, d’autres 600 000, d’autres encore de 700 000). Quoiqu’il en soit, ce qui importe, c’est l’ordre de grandeur.
Je vais poser une série de questions :
1. Pourquoi une association de liquidateurs mentirait-elle sur le nombre de décès et de maladies graves des siens ? Les chiffres qu’elle avance ne sont-ils pas facilement vérifiables (s’il y a 165 000 liquidateurs reconnus officiellement comme handicapé, cela doit pouvoir se vérifier).
2. S’il s’agit d’un mensonge de l’association, pourquoi mentirait-elle dans de telles proportions par rapport à l’OMS ?
3. Pourquoi les autorités russes et ukrainiennes reprendraient-elles les mensonges de cette association ?
Je pense que le gouffre entre les chiffres de l’OMS et les autres s’explique par la capacité de démontrer scientifiquement au cas par cas que les décès et les invalidités sont directement imputables à Tchernobyl. J’imagine que dans beaucoup de cas, pratiquement, cette capacité est limitée et c’est pourquoi l’OMS s’en tient à des chiffres très faibles.
J’ai ensuite parlé de 300 000 enfants en Biélorussie qui souffriraient des conséquences de la contamination dans les territoires où les aliments ont été fortement irradiés. Ce chiffre est inexact si je m’appuie sur ce qui est avancé par le Belrad (Institut indépendant biélorusse de protection radiologique) qui a été fondé par Nesterenko. Sur 300 000 enfants testés, 85% d’entre eux présentent des taux anormaux de césium 137 dans le corps soit un peu plus de 250 000.
Selon l'UNICEF, les "désordres sanitaires" ont globalement augmenté dans en Russie, Ukraine et Biélorussie de 43% pour les problèmes d'organes nerveux et sensoriels, et de 62% pour les désordres osseux, musculaires et ceux des tissus conjonctifs. Aurengo, dans son rapport, indique que le nombre de naissance a été pratiquement divisé par 2 en Ukraine et en Biélorussie en l’espace de 15 ans. Il explique cela comme une cause indirecte, liée au traumatisme de la catastrophe, et non comme une conséquence directe des radiations.
Ce point consistait à dire que les conséquences de Tchernobyl avait aussi des effets présents aujourd'hui et pas seulement passés. J'espère que tout le monde sera d'accord là-dessus. C'est en ce sens que je trouve idiot de figer le bilan de Tchernobyl (quelque qu'il soit).
Enfin, 8 millions de personnes vivraient sur les territoires contaminés pour la seule Ukraine. Aurengo parle dans son rapport de 7 millions de personnes pour l’Ukraine et la Biélorussie. J’avoue avoir ici la flemme de pinailler, l’essentiel n’est pas là : cette population se chiffre en millions et nous sommes tous d'accord.