En lisant un peu d’histoire de la Grèce contemporaine sur wikipedia… on s’aperçoit que dès son « indépendance », « indépendance de l’Empire ottoman », comme le dirent très vite les puissances « protectrices » européennes de la Grèce, cette indépendance ne fut que formelle.
Les premières luttes d’indépendance commencent en 1821. Jusqu’en 1825, les armées indépendantistes grecques avancent et prennent le contrôle du Péloponnèse, de l’Attique, de la Théssalie et de quelques îles en mer Egée. La Russie apporte au début une aide discrète, mais la Sainte Alliance entre les puissances victorieuses de Napoléon, et de ce qu’il restait de la révolution française en Europe se refusent encore au moindre changement dans l’équilibre politique européen, et encore plus elles craignent une nouvelle irruption des classes populaires sur la scène politique en Europe. L’Empire Ottoman achemine des renforts à partir de 1825, puis fait intervenir Mehmet Ali, le Pacha d’Egypte, à l’époque quasiment indépendant de l’Empire Ottoman contre les indépendantistes grecs. Ces derniers reculent inexorablement, jusqu’à ne plus contrôler que quelques localités. En 1827, France, Grande-Bretagne et Russie se décident à intervenir, l’emportent face aux Ottomans, et l’indépendance grecque sera finalement leur « œuvre » en 1829. Les voici en position de force, jusques à imposer la forme du régime grec et le personnage dirigeant : cela sera la monarchie (absolue…) et un certain Othon, second fils de Louis Ier Bavière…. Voici la dynastie des rois de Grèce installée… Othon arrivera en Grèce à bord d’un navire de guerre britannique. Le régime sera nommé par les grecs « xenocratie »….
a écrit :Othon gouverna d'abord de façon autoritaire, instaurant une monarchie absolue de droit divin, et refusant d'accorder la constitution promise. Le pays fut malgré tout modernisé : réorganisation (voire organisation tout court) de l'administration, de la justice, d'une armée régulière, de l'Église et de l'enseignement (création de la première université de Grèce (1837)). Cette politique était facilitée par les prêts nombreux et importants que les Puissances Protectrices accordaient à la Grèce. Ces prêts, ainsi que l'intervention directe des Ambassades dans la vie politique (création de partis politiques dits parti français, parti anglais ou parti russe), faisaient que la Grèce était surtout gouvernée depuis Londres, Paris ou Saint-Pétersbourg. Mais, si les Puissances Protectrices avaient su se mettre d'accord pour aider à l'indépendance de la Grèce, elles divergeaient quant à la direction à lui faire prendre ensuite. Surtout, la Russie cherchait à utiliser la Grèce dans sa tentative de démantèlement de l'Empire ottoman (visant à garantir à la Russie un accès aux mers chaudes), alors que le Royaume-Uni voulait maintenir l'intégrité de celui-ci (au moins jusqu'au moment où il serait prêt à le remplacer).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l...Xe_si%C3%A8clesEn 1831, la Grèce entre en guerre contre les Ottomans aux côtés de ce même Mehmet Ali. Cette guerre, suivie d’une seconde quelques années plus tard, épuise tellement l’Egypte qu’elle finira par tomber sous le contrôle britannique. Dans l’intervalle, la Grèce passe sous tutelle économique des puissances européennes pour le remboursement de sa dette (« modernisation » après l’indépendance, financement de la guerre), déjà…
Un autre épisode révélateur : celui de l’entrée en guerre de la Grèce durant la première mondiale.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ce_da...Guerre_mondiale La monarchie mise en place au XIXe est toujours en place, et le roi, Constantin Ier, bien que pour la neutralité, semble plus proche d’un Guillaume II. Mais voilà, son premier ministre, Elefthérios Venizélos, lui, est plus clairement pour l’Entente… La crise politique traîne, enfle, jusque à la défaite de l’Entente dans les Dardanelles (les Détroits), à Galipoli, en 1915… Il faut alors une nouvelle tête de pont dans les Balkans, ce sera Thessalonique, en Grèce. L’Entente va donc pousser Venizélos à affronter le roi, jusqu’à la scission du pays (le Grand Schisme), le roi tenant Athènes, Vénizelos Thessalonique sous la protection des troupes anglo-françaises. Le roi devra abdiquer, la Grèce entre en guerre, côté Entente.
Il y aura ensuite le partage de l’Empire Ottoman entre grandes puissances, et France et Grande-Bretagne qui poussent la Grèce à la guerre contre la jeune Turquie, avec des promesses territoriales à la clé. La Grèce en sort vaincue, exsangue, et les grecs de Turquie doivent fuir et se réfugier en Grèce. Pour la Grèce, la première guerre mondiale aura duré de 1912, avec la première guerre balkanique, jusqu’en 1923, fin de la guerre prolongée avec la Turquie.
Le fil au début voulait répondre aux arguments réactionnaires contre les grecs. Peut-être l’histoire du pays pourra y contribuer. Ce bref résumé, issu simplement de lectures récentes, est sans doute incomplet ou approximatif… Des copains connaissent des textes d’un Marx, d’un Lénine ou d’un Trotsky sur la Grèce ?