travail forcé des Roms

Dans le monde...

Message par abounouwas » 02 Oct 2011, 19:07

a écrit :Le travail obligatoire pour les Roms hongrois est devenu réalité

Ils sont désormais une réalité: presque un mois déjà que les travaux forcés pour les chômeurs ont démarré en Hongrie. En avril 2010, la droite nationaliste et son leader, Viktor Orbán, remportaient une large victoire au Parlement en reprenant à leur compte une partie des thèmes de l’extrême-droite. Le 1er septembre 2011, entrait en vigueur un programme obligeant les prestataires de minimas sociaux à travailler sur des chantiers publics.

    La Hongrie ne donnera plus d’avantages à ceux qui sont en mesure de travailler, alors qu’il y a tant de travail à accomplir",

déclarait Viktor Orbán en juin dernier. Il a au moins le mérite de tenir ses promesses.

Mais quelles promesses! Mille chômeurs sont pour l’instant réquisitionnés pour participer à des travaux d’aménagement, sous peine d’être privés de leurs allocations. Ils sont répartis sur six lieux, de véritables "labos-test" avant l’extension du dispositif à des centaines de milliers de personnes dans les prochains mois. La Commission européenne a déclaré le 20 septembre ignorer l’existence de tels travaux.
"Outils du XIXème siècle"

Et pourtant… Sandor Szöke, qui dirige le "Mouvement des droits civiques hongrois", s’est rendu à plusieurs reprises sur le chantier de Gyönggyöspata, au nord-est du pays. Il témoigne:

    Avant d’arriver sur le lieu de travail, les personnes doivent parcourir environ 7,5 km. Elles enchaînent dix heures de travail sur la journée. Elles nettoient un terrain boisé en vue de la construction de résidences pour la classe aisée. Les outils semblent tout droit sortis du XIXème siècle: on travaille à la faucille ! Il n’y a rien à disposition : pas d’eau, pas de toilettes, pas d’abri contre le soleil, pas de protection contre les guêpes… C’est humiliant. Le dirigeant du chantier, du parti d’extrême-droite Jobbik, n’a pas hésité à brusquer une dame de 58 ans à demi-paralysée pour qu’elle aille plus vite. La paye est de 180 euros bruts mensuels, pour un travail qui aurait pu être fini en une après-midi par des tracteurs."

Camps de travail pour Roms?

Si le lieu de travail est à plus de 35 km, les travailleurs pourraient, alors, être obligés de dormir sur place dans des containers transformant alors, bel et bien, les chantiers en camps de travail.

A l’annonce du programme en juillet, le quotidien allemand Die Tageszeitung estimait:

    Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre que cette mesure vise principalement les Roms".

En effet, près de 50 % des Roms, faiblement qualifiés et discriminés à l’embauche, seraient sans emploi. Nombre de familles vivent ainsi de l’aide sociale. Szandor Szöke a pu le vérifier à Gyönggyöspata:

    Sur les quarante travailleurs du chantier, 39 sont des Roms. En réalité, les Hongrois 'de souche' ont trouvé des justificatifs pour échapper à ce travail forcé. Ce que ne peuvent évidemment pas faire les Roms."

Ce n’est pas un hasard si le village de Gyönggyöspata est en pointe de la nouvelle politique. En avril dernier, une milice formée par le parti d’extrême-droite Jobbik avait défilé pour intimider les Roms et affirmer sa politique sécuritaire. Une démonstration de force qui a manifestement plu à la population puisque le Jobbik a gagné les élections municipales il y a un mois et demi.
Le peuple hongrois sans réaction

    La dernière fois qu’un programme visait un groupe racial, c’était dans le début des années 1940 !",

s’insurge Sandor Szöke. Des propos qui peuvent sembler alarmistes, mais qui trouvent un écho dans certains détails du programme. En effet, le gouvernement  projette à terme d’encadrer les travaux forcés par des anciens de la Police et de l'Armée. A Gyönggyöspata, le parti Jobbik met peu à peu en place une gendarmerie,  un corps disparu en 1945 qui traîne une sinistre réputation... C’est cette gendarmerie qui mettait les juifs dans les wagons en partance pour les camps de concentration pendant la Seconde guerre mondiale ; elle encore qui sévissait lors de la dictature communiste. Mais le plus étonnant de l’affaire reste l’absence de réaction du peuple hongrois. Sandor Szöke explique:

    Le populisme du gouvernement se nourrit de l’ignorance de la population, et inversement. La Hongrie n’a pas suffisamment travaillé sur son Histoire, donc celle-ci se répète. De 5 000 à 25 000 militants, tout au plus, s’affichent ouvertement contre ce programme. Le problème principal tient au fait qu’il n’y a pas d’opposition, pas d’alternative politique valable. Le Parti socialiste hongrois, le MSZDP, est vieillissant. Ses membres ne proposent plus rien, ils s’entredéchirent dans des luttes internes. De l’autre côté de l’échiquier, on trouve le Jobbik, crypto-fasciste et antiparlementaire… Enfin, la presse est muselée par les lois récentes instituant une pseudo-déontologie que doivent respecter les médias sous peine d’être sanctionnés financièrement."

Main d’œuvre bon marché pour les Chinois

Il se pourrait que la persécution d’une minorité ne soit pas la seule motivation du gouvernement. Le Tageszeitung soulignait en juillet que

    ce n’est pas un hasard si l’annonce de ces mesures intervient après la visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao en Hongrie. La grande puissance asiatique veut racheter la dette hongroise mais aussi investir dans l’industrie et les projets d’infrastructures du pays".

Les bénéficiaires d’allocations pourraient ainsi constituer une main-d’œuvre bon marché. D’autant que les perspectives économiques sont menaçantes, avec la récente baisse de la monnaie hongroise face à l’euro. D'un côté, Viktor Orbán n’a de cesse de vilipender les banques pour leur rôle dans la crise que traverse le pays. De l'autre, il innove avec une solution que peu d’économistes suggéraient jusque-là: mettre les Roms au travail à plein temps.


Source URL: http://fr.myeurop.info/2011/09/26/le-trava...nu-realite-3418

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[5] http://www.euractiv.com/socialeurope/hunga...ork-news-507804
[6] http://www.youtube.com/watch?v=flmURL3ZNyY
[7] http://fr.myeurop.info/2011/01/29/chroniqu...-hongroise-1266
[8] http://www.daily-bourse.fr/hongrie-orban-v...02.5v8ce2mu.php
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Message par abounouwas » 02 Oct 2011, 19:13

a écrit :La Hongrie face à ses milices d'extrême-droite

Le Parlement Hongrois, largement dominé par le Fidesz, parti de droite conservateur, a finalement été contraint de voter, début mai, une loi pour tenter d'enrayer les violences anti-Roms. Cette loi criminalise les milices d'extrême-droite que qualifiés de "délinquants en uniforme".
Montée de l'extrême-droite

La question des milices a brusquement resurgi début mars quand la "Magyar Nemzeti Garda" (Garde Nationale Hongroise) a investi le village de Gyöngyöspata dans le Nord Est de la Hongrie. Le 26 avril, une rixe entre les miliciens et les villageois a eu lieu, faisant 4 blessés dont 1 grave.

Cette région près des frontières slovaque et ukrainienne est depuis longtemps rongée par la pauvreté qui touche de plein fouet la communauté rom, plus nombreuse ici qu'ailleurs dans le pays. Or, cette extrême pauvreté à laquelle une partie de la population hongroise est confrontée est du pain béni pour le parti xénophobe Jobbik pour les Roms sont, bien évidemment, des voleurs et des fainéants .

En avril 2010, il avait fait une entrée spectaculaire au Parlement Hongrois, devenant la troisième force du pays, juste derrière le MSZP (Parti Socialiste Hongrois au pouvoir de 2002 à 2008).
Un racisme décomplexé

Depuis le début des années 2000, l'extrême-droite se renforce lentement mais régulièrement en Hongrie. Le Fidesz, parti du Premier ministre Viktor Orban, qui dans les années 1990 était un parti de centre-droit considéré comme libéral, a effectué un revirement radical, devenant un parti nationaliste ultra-conservateur flirtant avec l'extrême-droite. Le Fidesz insuffle dans la société hongroise des idées nationalistes et ultra conservatrices tout en profitant politiquement du glissement à droite du pays.

En 2006, la Hongrie plongeait dans une longue crise politique et économique. La révélation d'un discours interne au MSZP de Ferenc Gyurcsàny, Premier ministre socialiste de 2004 à 2009, dans lequel il admettait avoir menti à la nation et reconnaissait l'état catastrophique des finances du pays provoqua une longue série de manifestations et d'émeutes d'extrême-droite.

Antisémite, raciste, homophobe, cléricaliste, le tout jeune parti Jobbik a profité de ces tensions et est rapidement devenu un parti très en vue en Hongrie.

Les Jobbik au lendemain des élections hongroises en avril 2010

Alors que Budapest était régulièrement en proie à des émeutes d'extrême-droite, les Jobbik ont créé en août 2007 une milice, la Magyar Garda, la Garde Hongroise. Offciellement, cette milice n'était nullement le bras armé des Jobbik, mais était présentée comme une association dont le but aurait été purement civique, pour aider les autorités en cas de catastrophe naturelle par exemple. Bien sûr, personne n'a été dupe, ni les sympathisants, ni les détracteurs de cette milice.

Rapidement la Magyar Garda a commencé à organiser des défilés, à Budapest mais aussi dans les campagnes, en vue d'effrayer la population rome. Paralèllement à ces agissements, le racisme contre les roms s'affiche de plus en plus ouvertement. Entre 2008 et 2009 un commando d'extrême-droite a assassiné dans une série d'attaques six Roms dont un enfant, instaurant un vrai climat de terreur dans la communauté. Les responsables de ces meurtres, actuellement en procès, ne font ni parti des Jobbik ni de la Magyar Garda, mais partagent leur haine viscérale envers les Roms.

En juillet 2009, malgré la dissolution de la milice, des militants d'extrême-droite s'étaient présentés en public avec son uniforme, et ce sans que l'Etat n' intervienne.
Multiplication des milices

Les législatives d'avril 2010 vont changer la donne pour l'extrême-droite. Le Parti Socialiste Hongrois, principal ennemi de la droite est laminé. Le Fidesz et les Jobbik se retrouvent donc face à face.

La politique très conservatrice et nationaliste que le Fidesz met en oeuvre au gouvernement (loi permettant aux minorités hongroises hors de Hongrie d'optenir la nationalité hongroise, loi liberticide contre les médias, nouvelle Constitution ultra conservatrice...) laisse peu de marge de manoeuvre au Jobbik.
Le Jobbik attend son heure

Condamnés à attendre un éventuel échec du gouvernement actuel et un désenchantement de l'électorat de droite, les Jobbik essaient de se placer comme "vraie alternative patriotique". Leur discours raciste envers les Roms est particulièrement bien perçu dans l'opinion publique et ils espèrent bientôt profiter de l'exaspération provoquée par la politique violemment anti-sociale du Fidesz.

En attendant, la nébuleuse d'extrême-droite, derrière laquelle tout le monde reconnait la main des Jobbik, multiplie les provocations contre les Roms. Pour contourner l'interdiction de la Magyar Garda, elle a créé de toutes pièces de nouvelles milices avec de nouveaux noms. Fin avril la situation a dégénéré en rixe entre les miliciens et la population rom. La police, quant à elle, se contente d'observer, laissant la population rom seule et vulnérable face à des personnes qui, maintenant, proclament ouvertement vouloir créer un "klu-klux-klan hongrois" avec pour cible les Roms.
De beaux jours pour la xénophobie

Entre un gouvernement qui ne veut pas donner l'impression de défendre les Roms, une police plus que complaisante envers les milices et souvent accusée d'être elle même très fortement xénophobe, l'interdiction votée par le Parlement suffira t-elle a assurer la sécurité des Roms? En Hongrie, beaucoup en doutent.



Source URL: http://fr.myeurop.info/2011/05/27/la-hongr...eme-droite-2381

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Message par abounouwas » 02 Oct 2011, 19:14

un cliché de ces miliciens

et un reportage ici


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Message par Vania » 02 Oct 2011, 20:00

a écrit :loi permettant aux minorités hongroises hors de Hongrie d'optenir la nationalité hongroise


J'ai lu la même chose concernant la Roumanie et les populations d'origine roumaine disséminées un peu partout en Europe centrale et orientale (Hongrie, Moldavie, Ukraine...). Dans une région où les frontières sont artificielles, ont été fixées par l'impérialisme lors des traités de Versailles et ont largement taillé dans la chair des peuples, dans un contexte de crise aigüe, ces politiques symétriques sèment les germes de biens des conflits. Alors que l'avenir est au contraire à unifier le continent et les peuples qui le composent, le capitalisme en crise les balkanise.

Sur la condition des Roms en Hongrie, la récente vague d'émeutes anti-roms qui a secoué la Bulgarie rappelle combien ces populations sont de plus en plus en danger dans toute l'Europe centrale, et combien aussi la politique de la France qui les traque sur propre territoire se rend complice de tous les pogromistes d'Europe centrale et orientale.
Vania
 
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Message par bennie » 03 Oct 2011, 18:49

Je viens de lire un earticle de la derniere LDC, Il y a vingt ans - Le début de la dislocation tragique de la Yougoslavie

Tout ce nationalisme, ces boucs émissaires en Hongrie, et ailleurs en temps de crise économique grave, ça fait froid dans le dos. On sait où tout ça peut mener!
bennie
 
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Message par abounouwas » 04 Oct 2011, 10:46

a écrit :Une vague d'émeutes anti-Roms secoue la Bulgarie
LEMONDE.FR | 28.09.11 | 16h55  •  Mis à jour le 28.09.11 | 17h04

Des émeutes d'une ampleur inédite s'étendent soir après soir à toute la Roumanie depuis vendredi 24 septembre, ponctuées de slogans racistes contre la communauté rom. Elles font suite à la mort d'un jeune homme du village de Katunitsa, à 160 km à l'est de Sofia, la capitale bulgare. Angel Petrov, 19 ans, avait été écrasé vendredi par un minibus appartenant à la famille d'un homme accusé d'être un patron de la mafia rom locale.

La police a arrêté 168 personnes armées d'engins explosifs, de couteaux ou de marteaux à viande dans la nuit de mardi à mercredi, a signalé le ministère de l'intérieur. Quelque 2 200 personnes, essentiellement des jeunes, ont participé à ces manifestations depuis dimanche dans 14 villes différentes, dont la capitale Sofia.

Ils dénoncent le chômage dans le pays le plus pauvre de l'Union européenne et l'incapacité des autorités à poursuivre le crime organisé, régulièrement dénoncée par Bruxelles.

LE "TSAR KIRO"

Le premier ministre bulgare, M. Boyko Borisov, et son principal rival politique, le président Georgi S. Parvanov, ont visité ensemble lundi le village de 2 300 habitants où est mort Angel Petrov, 19 ans. Les émeutiers y ont brûlé des maisons, des voitures appartenant à la famille du chef de clan Kiril Rachkov, surnommé "le Tsar gitan", qu'ils accusent de harcèlement mafieux. Ils demandaient aux autorités de "déporter" la famille hors du village.

Les villageois accusent Kiril Rachkov de produire illégalement de l'alcool, de proxénétisme et trafic d'êtres humains, et de diriger un réseau de mendicité. Selon la police, qui protégeait et surveillait Kiril Rachkov depuis vendredi, le "Roi Kiro" a été arrêté mercredi à Sofia et inculpé de menace de mort.

CORRUPTION

Kiril Rachkov, 69 ans, a été condamné à sept reprises à l'époque communiste pour transactions d'or et échange illégal avec l'étranger. Il avait bénéficié d'une amnistie en 1990 et depuis aucune enquête judiciaire contre lui n'a abouti.

En 1998, il avait fondé un parti visant à faciliter l'entrée des Roms dans la vie politique et économique de la Bulgarie. La minorité rom compte quelque 700 000 membres dans le pays et représente 9 % de la population.

La Bulgarie, classée au deuxième rang des pays les plus corrompus de l'Union européenne, peine à afficher des résultats tangibles dans la lutte contre les pots-de-vin et le crime organisé malgré les pressions de Bruxelles.
Le Monde.fr




Une foule observe l'incendie d'une maison du chef de clan rom Kiril Rashkov, dans le village de Katunitsa, en Roumanie, le 24 septembre.AFP/NIKOLAY DOYCHINOV




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Message par Vania » 05 Oct 2011, 19:12

Sur la Bulgarie, encore.

a écrit :La question rom ressurgit en Bulgarie

Alors que la Bulgarie est en campagne électorale, de vives tensions avec la communauté Rom (10% de la population) inquiètent l'ONU. Mais le malaise dépasse les questions ethniques, selon les spécialistes. Explications.

En pleine campagne électorale, la tension est à son comble en Bulgarie entre la communauté Rom et une partie de la population. 

Tout a commencé par un fait divers: l'assassinat présumé, le 23 septembre, à Katounitsa, près de Plovdiv, d'un jeune Bulgare par des proches d'un potentat local rom, Kiril Rachkov, surnommé le "tsar Kiro", qui règne en maître depuis 20 ans sur le village.

Un minibus transportant certains de ses petits-fils avait renversé la veille un jeune homme, en conflit avec eux, le tuant sur le coup. Les villageois ont soupçonné un acte prémédité et ont attaqué la résidence du patriarche.

Au départ, "les protestations à Katounitsa n'avaient rien de racistes", selon Mihaïl Ivanov, chercheur spécialisé dans les rapports ethniques et religieux. "Les habitants - tant des Bulgares que des Roms - protestaient contre un despote local intouchable pour la justice"

Slogans nazis

Mais l'incident a vite dégénéré et les préjugés séculaires contre les Roms ont repris le dessus: des supporteurs de deux clubs de football de la ville voisine, Plovdiv, la 2e de Bulgarie, sont venus manifester au village en scandant des slogans nazis anti-Roms. Ils ont mis le feu à trois maisons vides de la famille Rachkov.

Depuis lors, des manifestations, organisées via des réseaux sociaux sur internet, ont lieu quotidiennement en Bulgarie. Et à trois semaines des élections présidentielle et municipales du 23 octobre, 2000 militants du parti nationaliste Ataka (16 députés) ont manifesté près de la présidence de la République à Sofia le 1er octobre "contre l'impunité des Roms". Ataka, a en outre demandé le rétablissement de la peine de mort annulée en 1990, "pour combattre la criminalité tzigane". 

Dans le centre de Plovdiv, aucun Rom n'osait s'hasarder dimanche, alors que plusieurs milliers de jeunes Bulgares, brandissant le drapeau national, manifestaient pour réclamer que la justice s'applique vis-à-vis des nouveaux riches, toute ethnie confondue.

Incurie des politiques

Car pour plusieurs analystes, sous les tensions ethniques perce le ras-le-bol de l'inefficacité de la justice et des instances politiques - vivement critiquées par l'Union européenne. "La révolte est sociale, pas ethnique. Le problème se situe entre la pauvreté injuste et la richesse inexpliquée", estime Antonina Jeliazkova, présidente du Centre d'études des minorités à Sofia. 

Des "rois" roms autoproclamés, leaders corrompus des ghettos, qui marchandent leur capital de voix

Un point de vue partagé par l'anthropologue bulgare Antonina Jeliazkova qui s'exprime dans le journal bulgare Trud traduit par Presseurop. "Les partis politiques ont perverti les plus pauvres et les marginaux dans la société en les initiant au commerce de voix électorales. C'est ce qui a donné naissance à ces "rois" roms autoproclamés, leaders corrompus des ghettos (...) Le soit disant "tsar Kiro" devrait depuis longtemps croupir en prison pour des crimes allant de la fabrication d'alcool frelaté jusqu'à la traite de femmes et d'enfants. Mais ce n'est pas le cas, parce qu'il dispose de ressources considérables, d'argent pour payer en cash les policiers, hommes politiques et magistrats, mais aussi d'un capital de voix de plusieurs milliers d'âmes", précise Antonina Jeliazkova.

Inquiétude à l'ONU

Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a toutefois dénoncé mardi ces violences contre les Roms, une communauté estimée entre 700 000 et 800 000 personnes sur une population totale de 7,9 millions d'habitants par le Conseil de l'Europe. Le porte-parole du Haut commissariat de l'ONU, Ruppert Colville a jugé "irresponsable qu'une communauté entière soit punie pour un délit commis par un individu". Il a demandé "aux dirigeants politiques de prendre une position ferme contre le discours de haine et de s'assurer que les policiers continuent d'être déployés en nombre suffisant pour protéger les quartiers Roms de menaces de représailles et de harcèlement". 

Le message semble avoir été entendu: Le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a qualifié mardi à Prague de "problème purement criminel" la mort du jeune Bulgare à l'origine des tensions. Et le 1er octobre, le chef de l'Etat Gueorgui Parvanov a lancé un appel à la classe politique et aux médias pour "mettre fin à un langage de haine extrémiste". Le patriarche Maxim, chef de l'influente église orthodoxe, a lancé un appel identique la semaine dernière.

Le "tsar Kiro" en détention

En attendant, Kiril Rashkov -qui n'avait jamais été inquiété par la justice depuis la fin du communisme- a été arrêté le 28 septembre pour menace de mort à l'encontre de deux membres de la famille de la victime. "La juge Maria Peicheva a souligné que la justice disposait de toutes les preuves nécessaires pour que Kiril Rashkov reste en prison", rapporte le Sofia echo traduit par Le Courrier des Balkans. Reste à savoir si cette promesse de justice sera tenue, et si cela suffira à désamorcer la flambée de racisme dans le pays.


Le lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/eur...tml#xtor=AL-447

J'avais ouvert un fil sur les dernières émeutes contre la communauté Rom de Bulgarie. Puisqu'il en est question ici, ce fil que j'avais ouvert n'est peut-être plus nécessaire. En revanche, ce fil concernait au début la condition des Roms en Hongrie et l'ouverture de camps de travail obligatoire ; si nous élargissons la discussion à d'autre pays d'Europe centrale, où les situations sont comparables, faut-il en ce cas modifier l'intitulé de ce fil? L'élargir à toute l'Europe centrale?
Vania
 
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Message par Vania » 12 Oct 2011, 18:27

a écrit :Lutte Ouvrière n°2254 du 14 octobre 2011

Pologne : ceux qui prospèrent sur la barbarie

« Viendra le jour où nous réussirons, et où à Varsovie ce sera Budapest », a commenté le dirigeant du Pis, Kaczynski. Visiblement, lui et ses partisans attendent leur heure, celle de la barbarie raciste et de la barbarie tout court, qui a trouvé en Europe centrale bien des lieux où renaître.

C'est le cas en Hongrie, dans les pas du parti Jobbik et de ses pogromes anti-Tsiganes et dans la surenchère nationaliste du gouvernement ; en Bulgarie, derrière ceux qui viennent d'attiser des émeutes anti-Tsiganes, salués par l'extrême droite russe. Ils savent que la différence entre la Pologne et les autres pays d'Europe centrale n'est pas grande, et que de toute façon la crise est là et peut précipiter toutes ces sociétés dans l'abîme. Et ils espèrent qu'avec la même fange qui a permis dans les années trente à tout un monde de tortionnaires et de dictateurs de prospérer, ils pourraient avoir du succès aujourd'hui.

N. M.
Vania
 
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Message par Vania » 03 Nov 2011, 06:00

a écrit :Hongrie : les Roms poussés dehors

Anorak gris et casquette rouge, l’uniforme fourni par la municipalité, Attila Rácz débroussaille à coups de hachette le chemin communal. Il est rom, comme la plupart des 72 employés du programme pilote de travaux publics, projet du gouvernement mis en œuvre à Gyöngyöspata, village dirigé par le parti d’extrême droite Jobbik. Depuis que son fils a été licencié, Attila, 51 ans, a la rage au cœur. «Il n’a jamais manqué un seul jour de travail, sauf une fois pour aller chez le dentiste à cause d’un abcès. Il a fourni un certificat médical à la mairie, mais le papier a disparu… Et il a été licencié. Non seulement il ne touchera plus son salaire de 47 000 forints [150 euros, ndlr], mais la mairie lui supprime le revenu minimum social [95 euros par mois] pendant trois ans ! Il va perdre cette petite aide qui l’aurait aidé à faire vivre sa famille.» Le fils d’Attila est le quatrième à être congédié de la sorte. Le dentiste a refusé de lui délivrer une copie. «C’est devenu difficile de vivre normalement», soupire le jeune homme.

Tensions. Dans ce village, comme dans tout le reste du pays, le Jobbik a réalisé de gros scores aux législatives de 2010 (16,8% à l’échelle nationale), loin derrière le Fidesz, la formation du Premier ministre nationaliste Viktor Orbán, qui colle à l’extrême droite et ses thèmes xénophobes.

Rester ou partir ? Parmi les Roms de Gyöngyöspata, certains ont tranché. En deux mois, une demi-douzaine de familles ont quitté le village, selon l’ONG Mouvement pour les droits civiques. «Il y a quelques jours, un homme est parti avec sa famille au Canada. Il avait été exclu, lui aussi, de ce programme et du droit au revenu minimum», raconte Aladár Horváth, président de l’ONG. Ceux qui ne peuvent s’offrir un billet d’avion «risquent de se retrouver sans abri à Budapest», ajoute-t-il. C’est l’échec du programme d’emplois publics, conçu à la hâte en septembre par le gouvernement pour donner du travail aux Roms.

C’est le Jobbik, parti du maire, qui a choisi de faire de ce village un laboratoire contre la «criminalité tsigane». Il fallait faire retomber la tension, après les événements du printemps. En mars, pendant deux semaines, 200 miliciens avaient patrouillé jour et nuit dans le quartier tsigane, à l’instigation du parti d’extrême droite, terrorisant la population rom sous le regard bienveillant de la police locale. Les patrouilles avaient fini par quitter le village et le gouvernement avait restauré l’ordre public. Le programme pilote avait ensuite été lancé dans quatre communes de la région, dont Gyöngyöspata.

«Toute la politique de l’extrême droite, depuis le défilé des paramilitaires jusqu’à l’attitude actuelle de la municipalité, pousse les Roms vers l’exode. Ce qui se passe à Gyöngyöspata est une forme de nettoyage ethnique», dénonce János Ladányi, professeur de sociologie. Depuis quelques semaines, au moins 50 Roms hongrois atterrissent chaque jour à l’aéroport de Toronto au Canada, qui leur accorde l’asile. Selon la chaîne canadienne Sun News, il en débarque parfois une centaine d’un coup, et les autorités locales font appel à des policiers de réserve pour ouvrir de nouveaux centres d’accueil. Les Roms se disent persécutés «par les skinheads et les néonazis», indique l’administration canadienne.

«Ceux qui ont quitté notre commune sont des usuriers», affirme Oszkár Juhász, maire de Gyöngyöspata, dans une interview à la Télévision suisse romande. Dans son bureau, décoré du fanion du Jobbik et du drapeau iranien - «les Iraniens approuvent notre programme de sécurité publique» - il insiste : «Il y a deux sortes de gens : ceux qui veulent bâtir une communauté et ceux qui la détruisent. Nous, nous sommes d’accord pour œuvrer avec les bâtisseurs, sans distinction de race ou de croyance. Les autres peuvent partir s’ils le désirent.» Pour Sandor Szöke, vice-président du Mouvement pour les droits civiques, l’extrême droite «entend démontrer que les Tsiganes sont différents et qu’on ne peut pas vivre avec eux».

Punition. Certains Roms tentent de s’accrocher, comme Ivan Betti, qui effectue ses huit heures de travail quotidien.«La police vient nous contrôler quatre fois par jour, on n’a plus le droit d’emporter le petit bois à la maison pour se chauffer. On cherche constamment à nous humilier, on ne nous laisse pas en paix. Ce n’est pas un travail, c’est une punition», déclare le jeune Rom. Il se demande combien de temps il résistera.


Le lien : http://www.liberation.fr/monde/01012369057...-pousses-dehors
Vania
 
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Message par Vania » 30 Nov 2011, 20:45

Bien que bref, un article qui fait infiniment plus plaisir à lire que ceux concernant les pogroms anti-roms de cet automne. Retrouver le chemin de la lutte ouvrière en Bulgarie, c'est la seule voie possible pour les classes populaires du pays, quelque soit leur origine, bulgare, turque, rome ou autres.


a écrit :Manifestation en Bulgarie contre la cure d'austérité proposée par le gouvernement

SOFIA (AP) — Des milliers de Bulgares sont descendus dans les rues de Sofia mercredi pour protester contre les mesures d'austérité proposées par le gouvernement qui prévoit notamment de relever d'un an l'âge de départ à la retraite.

Le gouvernement de centre-droit reste cependant ferme dans sa volonté de mettre en oeuvre ces réformes, arguant qu'elles permettront au pays d'échapper aux troubles financiers internationaux.

La Bulgarie, qui a rejoint l'Union européenne en 2007, a survécu à la crise financière sans demander de plan d'aide international grâce à une stricte discipline fiscale.

Selon des dirigeants syndicaux, plus de 20.000 personnes ont participé au rassemblement mercredi devant le Parlement, alors que les parlementaires sont appelés à voter le budget 2012. La manifestation a été organisée sur fond de grève nationale des employés des chemins de fer et d'actions de protestation des agriculteurs et des policiers.

Le gouvernement de Boiko Borisov envisage de relever d'un an l'âge de départ à la retraite à compter de l'an prochain, en vue de réduire le coût croissant de son système de retraite dû au vieillissement de la population et au ralentissement économique. Le départ à la retraite est actuellement fixé à 63 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes. Il compte parmi les plus bas d'Europe, comme l'espérance de vie en Bulgarie.


Le lien : http://fr.news.yahoo.com/manifestation-bul...-143129496.html
Vania
 
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