BARTA il y a 60 ans

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par clavez » 23 Sep 2003, 17:32

Daisy,
Pourrais-tu m'expliquer ce qu'est la continuité idéologique. Pour les anthropologues de l'école de Levy Strauss, les liens de parenté sont la grande affaire, mais pour les marxistes?
Chez Cannon, pour qui la continuité historique est primordiale, la continuité sert à prouver que les chefs sont légitimes: comme dirigeant d'une part et comme permanent de l'autre.
Je me suis demander pourquoi, dans son livre, Hardy utilise parle tant de la préhistoire de LO. Je crois, après d'autre lectures concernant les année 50, que le propos est de montrer que LO est autant historique que les courants issus de l'explosion de la IV° internationale. Le but était de montrer que LO n'était pas, finallement un groupe produit par les années 70, mais un vrai courant historique.
clavez
 
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Message par clavez » 24 Sep 2003, 18:42

si j'ai bien compris mon histoire de LO, l'épisode qui me semble fondateur est la grève de renult de 1947. La rupture de Barta d'avec le POI, je crois, ne crée rien en termes de lutte des classes réelles.
Mais, Daisy, la référence à Barta rompt la continuité de Lo avec le trotskysme historique et officiel. Tu le dis toi même. La continuité historique préssupose un lien continu et vivant de dirigeants liant le parti, l'orga, avec l'expérience russe.
Enfin, l'argument est bureaucratique comme je l'ai dit. et de toute façon ça ne prouverait rien quand à la valeur du parti réel actuel (cf par exemple le SWP américain).
Pour Lo, la référence à Barta n'établit qu'une continuité avec les Haidoucs et les chardons du barragan, mais marque bien, comme tu le fais, une rupture avec le courrant officiel. C'est précisément ce que j'aime le mieux dans LO.
clavez
 
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Message par com_71 » 25 Sep 2003, 00:12

CITATION (clavez @ mercredi 24 septembre 2003, 19:42)si j'ai bien compris mon histoire de LO, l'épisode qui me semble fondateur est la grève de renult de 1947. La rupture de Barta d'avec le POI, je crois, ne crée rien en termes de lutte des classes réelles.
Mais, Daisy, la référence à Barta rompt la continuité de Lo avec le trotskysme historique et officiel. Tu le dis toi même. La continuité historique préssupose un lien continu et vivant de dirigeants liant le parti, l'orga, avec l'expérience russe.
Enfin, l'argument est bureaucratique comme je l'ai dit. et de toute façon ça ne prouverait rien quand à la valeur du parti réel actuel (cf par exemple le SWP américain).
Pour Lo, la référence à Barta n'établit qu'une continuité avec les Haidoucs et les chardons du barragan, mais marque bien, comme tu le fais, une rupture avec le courrant officiel. C'est précisément ce que j'aime le mieux dans LO.[/quote]
Pas du tout. A la suite du refus de la majorité des trotskystes français, à la veille de la guerre, de militer dans le PSOP, Trotsky désavoue l'ensemble du mouvement en France. Il n'y a donc, formellement, pas de trotskysme officiel en France.

Je n'ai pas les sources sous la main mais Healy exposait ces faits, fin des années 60, dans un article de Fourth International "Under a stolen flag" (Il visait Frank, bien sur)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par stef » 25 Sep 2003, 08:31

1/ La position des groupes (CCI, POI) trotskystes se réclamant de la IV° Internationale a fait l'object d'une critique serrée dans La Vérité spéciale "40° anniversaire de la IV° Internationale" (1978) - article de J.-J. Marie. (donc il y a 25 ans...)
Je rappelle quand même que quelles que soient leurs incontestables erreurs (inévitable si on tient compte qu'avec l'effondrement de la "vieille" direction, ces groupes étaient dirigés par des gamins), ils ne s'en sont pas moins situés sur le terrain de l'internationalisme prolétarien - par exemple en publiant "Arbeiter und Soldat" à destination des soldats de la Wehrmacht. Les morts, les déportés de ces organisations suffisent à rappeler à chacun qu'un minimum de précaution est nécessaire par rapport à cette question.

2/ Lénine a caractérisé la II° Internationale comme "passée définitivement du coté de l'ordre bourgeois" en août 1914. Je n'ai jamais rien lu de tel pour la IV de la part de Barta puis Hardy. Ce simple élément fait que l'analogie utilisée par Daisy me semble erronée.

3/ Que la section française de la IV avant-guerre n'ait pas été des plus solides (elle était née en marge du mouvement ouvrier) pour toute une série de raisons historiques et sociales est incontestable. Que Trotsky en ait été convaincu est tout aussi incontestable. Il n'empêche que Trotsky construisait la IV° Internationale, qui ne réduisait pas au POI (SWP, belges....), et elle seule. Notamment je ne sais pas ce que signifie le "désaveu" de cette section - surtout propagé à la sauce Healy. Com sera bien gentil de nous pointer le texte de Trotsky correpondant - chacun pourra lire. En attendant je continuerai à vivre en pensant qu'il existe des organisations membres de la IV et d'autres qui ne le sont pas.

4/ En fait, il me semble bien que ce qui a poussé Barta à rompre est la conviction qu'un cadre aussi faible (socialement, politiquement) que le POI interdisait de penser qu'il puisse croitre et se transformer en réel parti. Ca se discute (Moréno a fait pareil mais lui a au moins fourni un travail théorique pour clarifier les question en cause du point de vue programmatique). En tout cas, ça impliquait quand même de tirer au clair ses rapports avec l'organisation trotskyste mondiale - la IV.
En fait, soyons sérieux 30 secondes. Le problème est que tout ceci masquait une série de désaccords programmatiques avec la IV° Internationale de Trotsky - notamment mais pas seulement sur la question du gouvernement ouvrier (voir la LDC n°54, la correspondance Barta-N. Trotsky, etc., le SDR).

5/ Quant au fait que Barta incarnerait en tant que tel la continuité avec l'expérience russe, là aussi, restons sérieux....

6/ La simple lecture des oeuvres de Trotsky permet de voir que ce n'est pas sur des questions "théoriques" que les crises de la section française d'avant-guerre ont eu lieu mais sur des questions éminemment pratiques :
- quelle intervention dans les syndicats ?,
- chercher ou pas des raccourcis pour construire le POR ?
- entrer ou pas dans la SFIO, le PSOP ?
- Défense de l'URSS ou pas ?
Ces crises ont eu un effet ravageur notamment à cause de la faiblesse de sa direction, de la composition sociologique de la section, etc... Souvent en dernière analyse elles reflètaient des pressions sociales. Mais ces discussions n'avaient en tant que telles rien d'illégitimes.

7/ L'objet de ce post n'est pas de défendre une Internationale effectivement extraordinairement faible et hétérogène. Il est d'essayer de réordonner les questions à partir des questions de programme. On sait en effet que les traits typiques de la petite bourgeoisie ne se résument pas à l'amour des "grandes" discussions. Il y a aussi le mépris de la discussion politique au nom de "la pratique" - ce qu'on appelle l'économisme avec son corrolaire inévitable : l'empirisme.
stef
 
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Message par pelon » 25 Sep 2003, 10:15

Très rapidement, disons que, bien entendu, avant guerre, le problème de Trotsky a souvent été pratique. LT estimait qu'il ne suffit pas d'être d'accord sur le programme, il fallait se retrousser les manches et la nature petite bourgeoise des directions trotskystes (ce qui était compréhensible dans cette période de défaites de la classe ouvrière) était un sacré frein.
Pendant la guerre, il n'y avait plus LT avec sa compétence et son expérience iremplaçables. Disons que le mérite de Barta aura été, entre autres, de publier "la lutte contre la 2ème guerre impérialiste mondiale" qui défendait l'honneur, en France, de la 4ème internationale et d'avoir eu une politique qui fut la seule à ne pouvoir être contestée.
D'accord avec Stef sur le fait que la jeunesse, le manque d'expérience, de ce qui restait, après les arrestations ou les départs à l'étranger, des dirigeants de la 4 en France, a beaucoup compté. Barta n'était pas vieux non plus mais effectivement plus expérimenté.
Nos n'avons toujours, malgré nos critiques politiques des différents groupes (CCI, POI..), su reconnaître le courage de ces camarades. Même avant guerre, compte tenu de ce qu'était le mouvement stalinien, être trotskyte représentait un gros risque.
pelon
 
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