Sur la démondialisation

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par luc marchauciel » 22 Juin 2011, 14:19

Je sais pas si vous avez vu, si ça dépasse le petit monde des altermondialistes/antilibéraux, mais il y a depuis quelques semaines un débat autour de la notion de "démondialisation". Cette idée est par exemple portée dans le PS par Montebourg, qui en a fait son label afin de se donner des airs de "plus à gauche que les autres". L'idée centrale du truc est qu'il faudrait défendre clairement un recours au protectionnisme, pour protéger le droit social d'un pays comme la France contre la concurrence de, disons par exemple la Chine. Il s'agit pour les tenants de ce discours de présenter la mondialisation comme un certain nombre de régles visant à... déréguler, et il faudrait donc en quelques sortes faire tourner la roue de la mondialisation à l'envers, pour "démondialiser". Et eventuellement sortir de l'euro [un des seuls trucs un peu pratiques et progressistes qu'ont réussi à faire les bourgeoisies européennes avec leur "Union" pas très unie]

Il me semble qu'il s'agit là d'une sacré régression, qui même pue un peu de la gueule. Quoique l'on pense de ce courant, la mouvance altermondialiste avait au moins eu le mérite de se revendiquer clairement de l'internationalisme en réussissant à évacuer l'étiquette d'"antimondialiste" qu'on lui avait collée.
Mais là, tout ce discours un peu rance m'apparaît comme une résurgence du "produisons français" cher aux staliniens des années 70, et qui, tout comme le bla bla décroissant sur le "relocalisation", sert largement de marchepied à Marine Le Pen dans ce que sa stratégie politique a de spécifique (donner un vernis social à son nationalisme xénophobe). Le Pen l'a d'ailleurs déclaré elle-même en disant : "«Notre projet prévoit de nous réarmer face à la mondialisation, nous inspirant sur ce point des travaux de l'économiste Jacques Sapir sur la démondialisation et la sortie de l'euro.» [Sapir est un économiste du Front de Gauche qui vient de sortir un livre intituté "La démondialisation"]

Heureusement, et c'est à mon avis tout à leur honneur, un certain nombre d'économistes liés à Attac ont réagi et dénoncé cette dérive "démondialiste" dans un texte intitulé "La démondialisation, un concept superficiel et simpliste" :

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invi...uperficiel-et-s


On peut prolonger cette lecture par des tribunes publiées à titre individuel âr certains de ces signataires venus d'Attac, comme Jean-Michel Harribey, "La démondialisation heureuse ?" :

http://alternatives-economiques.fr/blogs/h...egues/#_ftnref9


ou (plus percutant) Pierre Khalfa :
Les impasses de la démondialisation :
http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khal...emondialisation

Au-delà du côté "enculage de mouches entre théoriciens" qu'on peut éventuellement trouver à ce débat, il y a là quelque chose de symptomatique je crois dans la manière dont certaines fractions de la "gauche de la gauche" sont (re ?)gagnées par des idées assez réacs.
D'ailleurs, j'avais failli mettre ce billet dans la rubrique "Des réponses aux arguments réactionnaires".
luc marchauciel
 
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Message par lavana » 24 Juin 2011, 07:29

(Luc Marchauciel a écrit :Au-delà du côté "enculage de mouches entre théoriciens" qu'on peut éventuellement trouver à ce débat


C'est très bien dit. Je ne sais pas si ce "débat" aura le même succès que celui sur la Taxe Tobin mais souhaitons leur bon vent..

Pour sourire un peu une note de bas de page qui vaut son pesant de cacahuètes.

Mais à part ça,





(Harribey a écrit : J. Sapir, « Oui la démondialisation est bien notre avenir », juin 2011. Les autres textes de J. Sapir sont référencés dans mes articles rappelés ci-dessous. À leur lecture, le lecteur comprendra que les insultes « menteur », « économiste amateur », « auteurs qui finiront dans les poubelles de l’histoire » (on se souvient que cette dernière formule fut employée par Trotski, peu de temps après qu’il eut massacré en 1921 les ouvriers et marins de Cronstadt et épuré le parti bolchevik), ne méritent aucune réponse autre que l’essai de rigueur la plus grande possible.
lavana
 
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Message par lavana » 24 Juin 2011, 09:23

Remarque importante.

J'ai jeté un coup d'oeil rapide sur l'article de Sapir et je découvre cette affirmation.

a écrit :188 – Sapir: Oui, la démondialisation est bien notre avenir

Ici, nos chers auteurs assument deux rôles pour le prix d’un. Il y a tout d’abord celui de Basile, dans l’Air de la Calomnie, mais la musique de Mozart en moins.


Alors là, je voudrais pas dire... mais l'air de la calomnie... c'est Rossini.

Il confond le Barbier de Séville et les Noces de Figaro.


Peut-on faire confiance à un économiste ?
Si c'est moi qui me trompe c'est moins grave.
lavana
 
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Message par lavana » 24 Juin 2011, 14:25

Puisque ça n'intéresse personne je continue...

D'abord "les autres y sont méchants."


(Harribey a écrit :- Sur la forme de la discussion : je préfère de loin le persiflage élégant d’un Lordon aux insultes grossières d’un Sapir et je ne mets pas les deux formes sur le même plan. Cependant, ou bien notre article collectif ne vaut rien et alors l’énergie qu’ils ont déployée est inutilement gaspillée, ou bien il mérite discussion et alors il faut que nos contradicteurs et ceux qui les approuvent débarrassent leurs commentaires, quand c’est le cas, des propos indignes quand ils visent non les idées mais les personnes. Ils y gagneront en courtoisie, en concision et peut-être en pertinence.




Pis moi (Harribey) je suis pas un gros bourrin, je réfléchis :
(Harribey a écrit :Sur la construction progressive d’une position politique : pour tous ceux qui s’intéressent à ces questions politico-socio-économiques complexes, il est évident que l’adoption d’une position ne peut être que progressive, tâtonnante, parfois avec des avancées, parfois avec des reculs, souvent avec des infléchissements. Ainsi, ma propre position est toujours en construction.
lavana
 
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Message par logan » 16 Août 2011, 19:59

Sarkozy s'est dit à plusieurs reprises favorable à la taxe tobin, et meme devant l'ONU !

On remarquera au passage à quel point ATTAC est radical puisque son principal cheval de bataille a été défendu devant la communauté internationale par le serviteur des capitalistes le plus décomplexé de la 5e république.

On peut imaginer que Sarkozy soit également favorable à la "démondialisation" qui est juste le nom buzzitique du protectionnisme.
logan
 
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Message par meichler » 16 Août 2011, 23:00

Il peut d'ailleurs ne même pas s'agir d'une politique, mais de la simple adaptation aux tensions entre les différentes puissances capitalistes, que les développements prévisibles de "la crise" ne vont pas manquer de chauffer à blanc, autrement dit les tendances à la dislocation du marché mondial. Tout cela, comme toujours, au compte de l'alignement de tous dans les plis du drapeau tricolore, au service de notre propre impérialisme.
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

(Baruch SPINOZA)
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Message par Crockette » 23 Août 2011, 13:31

de toute façon je suis contre le libéralisme qui n'est ni plus ni moins qu'une variante du capitalisme, ce courant philosophique, économique ne permet que deux choses :
1mettre en concurrence mondiale les salariés les uns avec les autres...
2 permettre aux capitalistes de bouger leurs fonds et leurs machines de production sans entrave...


donc tout communiste qui se respecte sans être un stalinien s edoit de combattre ce libéralisme car il appartient au capitalisme ! et il ne sert que l'intéret des riches...

là où ça se comlique : c'est que le FN comme des intellos de droite (zemmour, emmanuel todt, l'ancien ministre borloo etc) sont eux aussi contre ce libéralisme...

pour faire court
les communistes doivent être pour la mondialisation, mais celle des travailleurs en unifiant leurs luttes, et leurs droits sociaux..(mais ça c'est pas gagné car quand vous voyez comme les syndicats patrons/salariés en france ont réussi à morceller le droit des travailleurs en fonction de leur secteur, de leur métier, des accords de branche, des conventions collectives du statut public ou privé etc.)

les intellos de la droite conservatrice et nationaliste, quelques uns du PS, du pCF, (ils sont minoritaires), sont contre le libéralisme car ils se rendent compte que la france va se retrouver perdante perdante à ce petit jeu du "qui est le plus compétitif sur le parché mondial" ..il suffit de regarder l'état pitoyable de l'industrie britannique et française...aujourd'hui...ce qui va surement arriver bientot aux espagnols et aux italiens...quand aux allemands je sais pas...
le droit des travailleurs ne les préocuppent que très peu...ds leur anti-libéralisme, c'est pluot une envie, de défendre la gloire et la puissance économique passée (celle des années 60) de la france...
Crockette
 

Message par luc marchauciel » 29 Août 2011, 17:08

En grande partie dans le cadre de ce thème, je signale une contribution de Michel Husson sur le site de Contretemps, qui est parfois un peu difficile d'accès mais très utile sur certains points très précis du débat.

http://www.contretemps.eu/interventions/pr...ermondialisme-0

Je la recopie pas, parce que c'est long et surtout appuyé sur des documents, mais voici l'en tête qui précise l'objectif du papier :

a écrit :
Ce texte[1] propose une critique du protectionnisme présenté comme alternative au libre-échangisme. Il part du principe que le débat sur les alternatives à la mondialisation capitaliste est mal posé chaque fois qu’on cherche à l’enfermer dans le dilemme « libre-échange ou protectionnisme ». Il est tout à fait possible en effet de critiquer certaines propositions protectionnistes sans pour autant se faire l’avocat du libre-échange. C’est même un préalable à la recherche de voies alternatives.
luc marchauciel
 
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Message par Oel » 01 Sep 2011, 17:48

a écrit :Et eventuellement sortir de l'euro [un des seuls trucs un peu pratiques et progressistes qu'ont réussi à faire les bourgeoisies européennes avec leur "Union" pas très unie


??? On pourrait lancer un débat dessus mais moi en tout cas j'en doute
Enfin maintenant certains parlent même de monnaie unique mondiale...

a écrit :pour faire court
les communistes doivent être pour la mondialisation, mais celle des travailleurs en unifiant leurs luttes, et leurs droits sociaux..(mais ça c'est pas gagné car quand vous voyez comme les syndicats patrons/salariés en france ont réussi à morceller le droit des travailleurs en fonction de leur secteur, de leur métier, des accords de branche, des conventions collectives du statut public ou privé etc.)

Je pense que parler d'internationalisme évite les confusions

________
Sinon, il est normal qu'en temps de crise où les Etats veulent protéger leur borugeoisie nationale, le protectionnisme et la démondialisation fasse fureur. A l'extreme droite, je crois Carl Lang (PDF, droite du FN) s'est aussi emparé du terme "démondialisation" :halalala:
Oel
 
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Message par Sinoue » 24 Oct 2011, 15:02

Je poste ce texte du "monde" qui est en droite ligne avec le sujet, malgré le fait qu'il répète des choses que chaque personne qui suit l'actualité économique connait deja. En outre il propose des solutions de "sortie de crise" plus inédites (quoique) telles que la TVA sociale, la renationalisation d'EDF, l'abolition des 35 heures et les eurobonds. Justement, quelqu'un pourrait-il expliquer ce qu'est un eurobond?

Aussi j'ai pas mal entendu des gens prédire que l'éclatement de la zone euro pourrait survenir dès cette semaine, à voir. Bonne lecture

a écrit :La crise financière actuelle a l'étrange parfum des années trente
Point de vue | LEMONDE.FR | 24.10.11 | 13h43  •  Mis à jour le 24.10.11 | 13h49

par Frédéric Salat- Baroux, ancien secrétaire général de la présidence de la République de 2005 à 2007

Quand des personnalités aussi inconciliables que Arnaud Montebourg, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon soufflent sur les mêmes braises, c'est qu'un mal profond est à l'œuvre. Au thème ravageur du pacifisme, durant l'entre-deux-guerres a succédé celui du protectionnisme. Mais- toutes proportions gardées bien sûr- le danger est le même, la peur d'affronter la réalité : hier la guerre inévitable contre l'Allemagne nazie; aujourd'hui la guerre industrielle. Que de similitudes sur la nature du sel que ces tribuns jettent sur les plaies d'une société en souffrance : des solutions qui donnent l'illusion que l'on pourra s'en sortir sans se battre : la ligne Maginot hier, les droits de douane ou la sortie de l'Euro aujourd'hui ; des boucs émissaires : la finance dite cosmopolite à l'époque, les banques depuis 2008; le mise en cause de la légitimité du régime : les attaques contre la République dans les années 1930, le thème de la VIe République actuellement. Et bien sûr le thème du "tous pourris, tous corrompus".
Cette nouvelle vague de populisme est d'autant plus dangereuse qu'elle prend ses racines dans une triple crise.



Une crise industrielle d'abord, qui sonne le glas de la domination sans partage de l'Occident. Au tournant des années 1990, et malgré la résistance des peuples, la décision a été prise de délocaliser une part grandissante de la production industrielle vers la Chine et les pays émergents. Ivres de notre sentiment de puissance, nous pensions nous assurer ainsi des profits maximum et les prix les plus bas. Aux pays ateliers, croyait-on, les productions de base, à nous les technologies innovantes. Comme toutes les entreprises monstrueuses l'objectif a été atteint au-delà de toutes espérances : en vingt ans l'Occident a perdu sa primauté industrielle. Les capitaux ont afflué vers la Chine, l'Inde ou le Brésil. Ces pays, engagés dans une course sans merci à l'innovation, se posent désormais en maîtres de l'économie mondiale. L'Occident est retranché sur ses ultimes bastions (les technologies de l'information de la côte ouest américaine et l'industrie mécanique allemande), sous morphine de la dette et des déficits mais surtout sans capacité de sursaut moral, car gangréné par la montée d'inégalités au terrible relent d'Ancien Régime. Comme dans les années 1930, nous n'avons pas vu monter les périls, nous avons sous-estimé la volonté de puissance de nos concurrents et nous arrivons épuisés, arrogants et mal préparés pour la bataille essentielle de ce début du XXIe siècle, celle de la prééminence industrielle.

Dans un Occident qui perd pied, l'Europe y ajoute une deuxième crise liée à l'ambigüité des principes sur lesquels elle s'est construite. Nous n'avons jamais tranché entre la logique fédérale des Etats-Unis d'Europe et celle d'une zone de coopération entre nations souveraines. Sans avoir clarifié ce dilemme, la création de l'euro a été dictée par une volonté politique : ancrer l'Allemagne dans l'Europe après la réunification. On a cru qu'il était possible de concilier fédéralisme monétaire et maintien d'une souveraineté budgétaire, à peine tempérée par des critères de convergence, presque immédiatement non respectés. La phrase d'Helmut Kohl, au moment de la création de l'Euro, illustre cette logique : "la décision est prise. C'est une question de guerre et de paix. Et c'est à vous financiers et économistes de la faire fonctionner". Rétrospectivement, on mesure les raisons de la réticence des Français à ratifier le Traité de Maastricht. La politique monétaire d'inspiration allemande, conduite par la BCE (euro fort ou plutôt cher et lutte contre l'inflation) a laminé le modèle industriel des pays du Sud (Italie, Espagne) fondé sur des dévaluations compétitives.

L'Allemagne, qui a imposé ses règles, se trouve confrontée au piège de l'euro : puisque les pays affaiblis par sa politique monétaire ne peuvent plus honorer leurs dettes, c'est d'abord à elle de les garantir, ce qui révolte son peuple qui depuis dix ans a accompli un immense effort de redressement de sa compétitivité. De sommets en sommets, on gagne du temps mais on ne décide rien, faute d'intérêts convergents et de leadership. Mais le compte à rebours de l'explosion de l'euro est lancé, car la BCE ne pourra pas continuer à jouer les pompiers et cela d'autant que se profile en 2012 pour l'Italie un mur de plus de 200 mds d'euros de dettes à refinancer.

Comme dans une tragédie grecque, les effets de la troisième crise, celle de 2008 ont créé une situation de non retour. Les Etats se sont précipités dans des plans de sauvetage et de relance économique, qui ont porté les déficits et la dette à des niveaux probablement jamais atteints en temps de paix. Vue des peuples, la situation est intolérable : aucune leçon n'a été tirée de la crise pas même le retour à la séparation entre les banques de dépôts et les banques d'investissement (une proposition présentée comme révolutionnaire par Arnaud Montebourg mais qui n'est jamais que le retour au Glass Steagall Act américain des années 1930 ou à la loi française de 1945 abrogée…en 1984). En revanche, c'est aux peuples que la note est présentée à travers des plans d'austérité et de hausse des impôts d'une grande violence.

Les attaques des marchés (perte du triple A américain, baisse des bourses, défiance vis à vis de la dette des pays du sud) ne sont pas spéculatives mais politiques. Elles sanctionnent l'absence de stratégie crédible et coordonnée de sortie de crise. Entrant étonnement en résonnance avec le mouvement des indignés ou celui d'"Occupy Wall Street", tout cela annonce une sanction électorale à l'échelle mondiale alors que se profilent les élections en France, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Espagne et en Italie.

La campagne présidentielle qui s'ouvre ne doit conduire à flatter ce populisme qui a désormais trouvé avec l'anti-mondialisation son corpus idéologique, au risque de créer pour demain toutes les conditions d'un embrasement social. Aucune expérience d'économie fermée ne s'est traduite dans l'histoire par une société prospère. Qui peut croire que nos voisins européens nous suivront dans cette voie alors que l'Allemagne et la Scandinavie ont prouvé que l'on peut se remettre au premier plan d'une économie mondialisée en s'en donnant les moyens. Peut-on raisonnablement imaginer une solution purement française alors que des millions de salariés travaillent pour l'exportation et que nous n'avons aucun ressort puissant de croissance (ni rattrapage économique en perspective, ni boom démographique, ni percée technologique). Dans le même temps, les vainqueurs d'aujourd'hui comme la Chine rencontrent des tensions salariales et sont déjà confrontés à de lourds problèmes liés au vieillissement et au poids de la dette intérieure.

Il n'est pas question non plus de sombrer dans l'angélisme de l'économie de marché qui, par essence, profiterait à tous. Comme en d'autres temps, il faut faire le choix de se rassembler, de s'armer face aux nouveaux défis du monde et de remettre en cause des tabous de droite comme de gauche.

Les dirigeants qui auront réussi à se sauver ou ceux qui prendront les commandes seront, en effet, confrontés à des difficultés jamais vues depuis la seconde guerre mondiale. En France, nous ne redresserons pas nos comptes publics sans une réforme fiscale qui permettra une plus grande justice mais, ne nous mentons pas, se traduira par un alourdissement des prélèvements sur les Français.

Nous ne pourrons pas non plus fermer les yeux sur l'impasse des 35 heures, qui nous conduit à financer de manière permanente par du déficit et de la dette (au moins 15 milliards d'euros par an), le coût pour les entreprises d'une réforme vieille de près de 15 ans et qui a raté son objectif de création d'emplois. Nous ne résorberons le déficit de l'assurance-maladie et ne répondrons aux problèmes de la dépendance qu'en travaillant plus pour cotiser plus.

De même, nous ne remettrons d'aplomb notre appareil productif qu'en restaurant le rôle de l'Etat comme acteur du développement industriel, par l'instauration d'une TVA sociale, qui est une forme offensive de rééquilibrage des conditions du commerce mondial, ou en nous posant la question du recentrage de EDF sur une activité strictement nationale, afin de garantir à nos entreprises le prix de l'énergie le plus bas, voire et si cela est nécessaire pour atteindre cet objectif en décidant de sa renationalisation à 100%.

Dans le domaine européen, des révisions radicales s'imposent aussi. Nous ne sortirons pas de la crise de l'Euro par des mesures techniques mais par le choix de l'achèvement de la construction européenne. Il ne peut pas exister de monnaie unique sans convergence budgétaire et, à terme, fiscale, c'est-à-dire sans fédéralisme économique. Alors, il sera possible de mettre en place les instruments de sortie de crise que sont les Eurobonds. L'Europe doit aussi se donner les moyens du défi industriel et notamment faire de sa politique monétaire et de son droit de la concurrence des instruments de croissance et de conquête de marchés.

Plutôt que de sombrer dans cette forme masquée de défaitisme que symbolise le thème du protectionnisme, remettons dans notre vocabulaire politique ces mots forgés par le Conseil National de la Résistance à la Libération : Union nationale, ambition industrielle, effort.
Sinoue
 
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