(NEIL @ jeudi 10 février 2011 à 22:15 a écrit : (MajnûnLayla @ jeudi 10 février 2011 à 21:56 a écrit : mouvement d'armement du prolétariat/désarmement des flics à ce jour.
Bref les conséquences politiques du rétablissement du capitalisme en Russie ne sont pas effacées par miracle, même si le fait que la révolution s'engage réellement au Maghreb et au Moyen-Orient constitue un développement majeur.
Ce n'est pas la première fois que tu utilise cet argument...Peux tu développer ?
Je veux simplement dire ceci:
_ d'une part c'est extrêmement significatif et enthousiasmant pour nous tous je suppose de constater que la perspective de la révolution revient à l'ordre du jour (sous les coups de boutoir de la crise du capitalisme)
_ d'autre part ne se passe pas ce qui se passait, même à niveau suffisant, lors des révolutions antérieures (par exemple au Portugal ou en Iran, ont existé des tendances à l'armement du prolétariat et au démantèlement de l'appareil d'Etat bourgeois, même si cela n'est pas allé jusqu'à son terme)
Bref ce qui se passe en Tunisie et en Egypte nous repose des questions auxquelles on n'avait plus l'habitude d'être confrontés (auxquelles, de mon vivant, je n'ai jamais été confronté jusqu'à aujourd'hui), mais dans le même temps les reculs politiques du prolétariat depuis vingt ans ne sont pas effacés comme par magie: la question de la prise du pouvoir par le prolétariat, de la destruction de l'Etat bourgeois restent des tabous profondément ancrés.
Les jeunes tunisiens saccagent des commissariats, ils réapprennent (et nous réapprennent) à dire "dégage" aux gouvernements bourgeois, certains peut-être commencent à développer un regard critique sur l'armée, mais on est encore loin d'être à la hauteur de ce qui serait nécessaire pour en finir avec le régime de Ben Ali.
La police, l'armée, les institutions restent fondamentalement celles de la dictature. Au moindre reflux du prolétariat ils n'hésiteront pas à reprendre leurs vieilles habitudes, d'autant plus qu'avec la crise ce sera "eux" ou "nous".
Bon, en fait j'étends à l'Egypte ce que je constate en Tunisie et je m'excuse de cette parenthèse, mais il me semble que pour des révolutionnaires cerner ces limites est important, autant que se réjouir des pas de géant déjà franchis par les masses et des leçons politiques précieuses qu'elles nous donnent.