(Jacquemart @ vendredi 31 décembre 2010 à 13:15 a écrit : Salut
J'ai une question érudite pour fêter en beauté la nouvelle année.
Je suis tombé ce matin (presque) par hasard sur les théories d'un certain N. Marr, semble-t-il brillant linguiste, dont les théories régnèrent sous le régime stalinien pendant une bonne vingtaine d'années. Marr avait notamment voulu relier les structures grammaticales au développement économique et social, affirmant par exemple que puisque l'humanité avait commencé par privilégier les rapports collectifs, les langues avaient inventé le pluriel bien avant le singulier.
Je flaire qu'à l'époque stalinienne, un matérialisme aussi schématique a dû faire des ravages et s'imposer dans d'autres domaines des sciences humaines. Par exemple, en écrivant des histoires de l'art qui feraient sourire aujourd'hui.
Y a-t-il des forumeurs qui auraient des lumières là-dessus ?
(et bonne année à tout le monde, quoi qu'il en soit !)
a Propos de linguistique je lis ce que Laffargue écrit à ce sujet : rien à voir avec ce schématisme stalinien qui rejoint la dénonciation de la "science bourgeoise" et de "lyssenko" , promu biologiste de "génié" par les stals.;
l A lire de Laffargue :" la langue française avant et après la Révolution et aussi " le déterminisme économique " de Karl Marx où il indique comment , les hommes ont pris conscience de la nécessité du "pluriel" :L'histoire du mot grec ?a???? et de ses dérivés indique les étapes de cette évolution. Il veut dire au singulier esprit, et au
pluriel les mânes, les ombres des morts ; il dérive de da?????, partager, diviser et reproduit l'idée sauvage qui partage, divise
dédouble l'homme en corps solide et esprit aériforme. Homère, Hésiode et Eschyle s'en servent gour désigner les dieux, qui
avant d'habiter l'Olympe avaient comme Jésus séjourné sur la terre. Il revient avec cette signification plusieurs fois dans l'Iliade.Mais l'extension de la numération au-delà du nombre 2 fut un des plus pénibles travaux d'Hercule que se soit
imposée la tête humaine, ainsi que le prouvent le caractère mystique attribué aux dix premiers nombres 2 et les
souvenirs mythologiques et légendaires attachés à certains chiffres : 10 - (sièges de Troie et de Veies, qui durent
juste dix ans) ; 12 (les 12 dieux de l'Olympe, les 12 travaux d'Hercule, les 12 apôtres, etc.) ; 50 (les 50 fils de
Priam, les 50 Danaïdes ; Endymion, d'après Pausanias, rendit Séléné mère de 50 filles ; Actéon chassait avec 50
couples de chiens quand Diane le métamorphos a ; le bateau que construisit Danaûs sur les indications de Minerve
avait 50 rames, ainsi que celui d'Hercule lors de son expédition contre Troie, etc.)
Ces nombres sont autant
d'étapes, où l'esprit humain s'est arrêté afin de se reposer des efforts accom plis pour y parvenir et il les a
marquées de légendes afin d'en préserver le souvenir.
Le sauvage quand il arrive au bout de sa numération, dit beaucoup, pour désigner les objets qui viennent en
surplus et qu'il ne peut compter faute de nombres. Vico remarque que pour les Romains 60, puis 100, puis 1,000
sont des quantités innombrables. Les Hovas de Madagascar disent pour 1,000 le soir, pour 10,000 la nuit, et le
mot tapitrisa, dont ils se servent pour désigner le million, se traduit littéralement par fini de compter : il en était de
même pour nous, mais depuis la guerre de 1870-71, et les trusts américains, c'est le milliard qui marque le terme
de notre numération.
La langue nous montre que l'homme a pris sa main, son pied et ses bras pour unités de longueur ; ce sont
encore ses doigts et ses orteils qui lui servent pour compter. F. Nansen dit que les Esquimaux, avec qui il a vécu
plus d'une année, n'ont pas de nom pour tout chiffre dépassant 5 : ils comptent sur les doigts de la main droite et
ils s'arrêtent quand tous les doigts ont été nommés et touchés ; pour 6 ils prennent la main gauche et disent le
premier doigt de l'autre main, pour 7 le deuxième, ainsi de suite jusqu'à 10, après ils comptent de la mêmes façon
sur leurs orteils et s'arrêtent à 20, le terme de leur numération
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