Les traces laissées par un tel mouvement

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par jeug » 29 Oct 2010, 16:25

Je ne sais pas sur quoi va déboucher le mouvement en cours contre la réforme des retraites, mais que pensez-vous qu’il peut avoir changé dans les mentalités ?
Plus précisément, j’ai vu autour de moi des salariés dont je ne saurais dire si leur participation au mouvement les a transformés mais du moins qui ont montré un autre visage que celui qu’on leur connaissait jusque là.
Ca c’est pour des personnes que je connais.
Mais même au-delà de ça, je me dis : pour tous ceux qui ont participé aux manif, quel peut être l’effet sur leur comportement ultérieur ? Chacun réalise, à un degré plus ou moins grand, la force (potentielle, certes) que représente une telle quantité de gens en mouvement. Dans quelle mesure est-ce que ça imprègne (fortement ou non, durablement ou non, etc.) les esprits ?
Dans ces manif, on peut avoir des discussions politiques à une cadence impossible sinon. Je sais bien que c’est du fait de la population que l’on y rencontre ainsi que du contexte favorable, de l’actualité des luttes, etc. Mais c’est aussi, il me semble, du fait de l’ambiance créée. Les manif, c’est un peu le lieu d’un concentré du quotidien en négatif.
Du fait des slogans entendus, souvent tous plus justes les uns que les autres, qui font paraître d’un coup si ridicules les discours entendus tous les soirs à la télé.
Du fait de l’atmosphère de solidarité qui tranche tant avec ce qu’on connaît majoritairement dans les rapports au quotidien.
Du fait de l’ambiance festive et populaire ; là non plus y a pas photos avec la vie en entreprise dans la plupart des cas.
Bref.
Quand on a participé régulièrement à ces manif, est-ce qu’on accepte ensuite facilement de rentrer dans le rang de la morosité en attendant que la vie s’écoule ?

Je ne parle pas, là, bien sûr, des traces laissées sur ceux qui sont entrés plus durement dans la lutte.
jeug
 
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Message par Matrok » 29 Oct 2010, 17:13

J'aurais bien quelques idées de réponses mais aussi une question : pourquoi en Tribune Libre ? :33:

Le sujet a été déplacé dans "politique française"
Matrok
 
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Message par Matrok » 29 Oct 2010, 18:06

[quote=" (Matrok @ vendredi 29 octobre 2010 à 17:13"]
Le sujet a été déplacé dans "politique française"
Ah ben zut alors, me v'la piégé maintenant, je dois répondre à jeug :-P

Je n'ai pas une vision aussi optimiste que jeug. Sur le coup, surtout au début du mouvement, les manifs tranchaient en effet avec la morosité et la résignation ambiante. Mais là, avec la reprise du travail dans les raffineries, les chiffres divisés par deux à la dernière manif, la peur des casseurs qui s'est installée chez les lycéens (en tout cas à Lyon), je crains vraiment que celle du 6 novembre soit un baroud d'honneur, et que rien n'ait été obtenu finalement. Et dans ce cas, la conclusion que pas mal de gens risquent d'en tirer, je l'ai déjà lue et entendue par-ci par-là, et pas de la part de gens de droite mais de gens qui étaient à fond dans le mouvement : c'est que "ça ne sert à rien de manifester, ni de se mettre en grève, il n'y a que les élections qui comptent".
Matrok
 
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Message par jeug » 29 Oct 2010, 18:57

On n'est pas en désaccord : Ce n'est pas de ça que je parle. J'ai certainement mal formulé.
Je ne fais pas de pronostic sur la suite, ni sur l'atteinte du moral.
Je parle d'évolution dans la manière d'envisager sa vie, certaines valeurs, sa relation aux autres (donc le rapport de force, bien sûr); d'avoir pris goût à une attitude active dans la contestation, tout simplement.
D'avoir envisagé un temps un autre possible, même s'il ne devait pas s'avérer, est-ce que ça ne laisse pas de traces, indépendamment de l'issue immédiate ?
jeug
 
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Message par zebuloncyclone » 31 Oct 2010, 22:38

En ce qui me concerne, je suis dans une petite ville du Gard ou la plus belle manif a été celle du 28. Des gens motivés qui se moquent pas mal du vote de l'assemblée unique. Mon avis est peut-être un peu faussé mais je n'ai senti aucune résignation sur ales. Cela dit le PCF est encore fort ici et les élus que l'on croise au marché ou au bistrot insistent sur les "nouvelles formes
d'actions" que doit adopter le mouvement. C'est a dire arrêter toute grève et entretenir le dégout de l'actuel gouvernement jusqu'à 2012. Je reconnait que dans la population ce genre d'arguments porte. Mes potes de boulots pensent vraiment qu'on peut continuer la lutte sous d'autres formes. Et pour le coup, il faut sacrement batailler pour expliquer que eux seuls peuvent faire tomber la reforme. On voit quand même que les partis de gouvernements, chacun avec leurs armes ont du poids. Ceci dit , pour avoir vécu ce mouvement dans une petite région je peux dire qu'aujourd'hui encore la majorité des gens que je côtoie sont d'accords sur l'importance de la grève comme moyen d'action ce qui n'était pas gagné, qu'ils ne croient pas au discours du ps : ils ne veulent pas de reforme ! Et enfin certain peu nombreux, mais c'est nouveau, sont sceptique à l'égard du rôle des centrales syndicales. Si nous (ici, "je") ne sommes pas trop cons on devrait offrir a cette minorité critique une perspective politique. Sinon, effectivement c'est un découragement improductif qui les guette... Et nous avec.
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Message par com_71 » 31 Oct 2010, 22:46

(zebuloncyclone @ dimanche 31 octobre 2010 à 22:38 a écrit : Et enfin certain peu nombreux, mais c'est nouveau, sont sceptique à l'égard du rôle des centrales syndicales.
Sur la base de quels arguments, ou sentiments
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par zebuloncyclone » 31 Oct 2010, 23:04

(com_71 @ dimanche 31 octobre 2010 à 22:46 a écrit :
(zebuloncyclone @ dimanche 31 octobre 2010 à 22:38 a écrit : Et enfin certain peu nombreux, mais c'est nouveau, sont sceptique à l'égard du rôle des centrales syndicales.

Sur la base de quels arguments, ou sentiments

Et bien, par exemple, un délégué CGT du bureau de poste, sympathisant pc ne comprend pas l'attitude de notre (et oui) syndicat. Et il n'est pas le seul. Par exemple, toutes les manifs du coin sont précédée de prise de parole. La seule a être applaudie massivement est la représentante de SUD. Détail me diras-tu, peut-être. Toujours est-il que dans les discussions nombreuses que j'ai ces jours-ci avec les collègues de ma copine (factrice) qui pour la plupart passaient les jours de grève à la pêche mais sont tous syndiqués (FO CGT) et mes potes de boulots (informatique à Nîmes) qui n'avaient jamais vu un gréviste et ont fait 3 jours de grève ce mois-ci, la même incompréhension par rapport a la mollesse des centrales fait débat. Surtout que la CGT a une réputation de fermeté que la plupart n'ont absolument pas ressentit. Note que cela fut aussi le cas en 2003 ou Thibault s'est fait siffler a Marseille. Il n'y a pas lieu d'être ultra optimiste, on peut simplement penser que ce sont des gens avec lesquels Une organisation comme LO (je le répète ici dans ma commune, c'est moi) a des choses a dire. Maintenant, rassure-toi je ne rêve pas sur mon poids militant ou celui de mon parti. Mais si on ne parvient pas a recruter ou discuter quand la classe ouvrière montre un peu les dents, quand pourra-t-on le faire ?

Quand des milliers de gens défilent on se sent quand même plus fort et il est pour le coup plus facile de parler de lutte de classe, et une partie certe limitée des grévistes se pose des questions sur le rôle de ceux qui sont censé les représenter, heureusement !
zebuloncyclone
 
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Message par zebuloncyclone » 31 Oct 2010, 23:36

(com_71 @ dimanche 31 octobre 2010 à 22:46 a écrit :
(zebuloncyclone @ dimanche 31 octobre 2010 à 22:38 a écrit : Et enfin certain peu nombreux, mais c'est nouveau, sont sceptique à l'égard du rôle des centrales syndicales.

Sur la base de quels arguments, ou sentiments

A relire ta question je pense que j'y ai mal répondu. Ceux qui sont les plus critiques à l'égard de la CGT se disent qu'ils ne peuvent pas faire la grève pendant des lustres. C'est surtout vrai à la poste qui est partie quasi a 100% le 13. Ce qu'ils n'ont pas compris c'est le coup des actions décidées boite par boite. La plupart ont fait quelques jours de grève parce que leur délégué avait du poids mais dans la quasi totalité des entreprises du coin le mouvement reposait pour l'essentiel sur la combativité et la bonne volonté du représentant syndical. Imagine la colère de celui dont j'ai parlé quand il s'est senti largué par des gens en qui il avait confiance. Souvent isolé avec peu d'infos de la part des UL. Du coups les gens que je côtoie ne comprennent pas pourquoi les syndicats n'ont pas été clairs en disant au moins il faut faire "CA" (tu remarqueras que je ne parle même pas de grève générale, que je ne reprends pas des mots d'ordre qui ne sont pas forcément signifiant pour tout le monde). Ce qui se retrouve assez souvent c'est un sentiment d'incompréhension, dans meilleur des cas il amène a critiquer les "erreurs" de nos syndicats, dans le pire des cas c'est effectivement plutôt le découragement voire la rancoeur qui dominent. Mais comme je le disais quelques post plus haut, dans mon coin, la plus grosse manif fut la dernière, on a été long a la détente mais du coup le découragement est moins fort qu'à Montpellier par exemple, enfin, pour ce qui est des gens que je connais (à la poste, chez Dell ou IBM, et des petites boites d'informatique)
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