Je ne sais pas sur quoi va déboucher le mouvement en cours contre la réforme des retraites, mais que pensez-vous qu’il peut avoir changé dans les mentalités ?
Plus précisément, j’ai vu autour de moi des salariés dont je ne saurais dire si leur participation au mouvement les a transformés mais du moins qui ont montré un autre visage que celui qu’on leur connaissait jusque là.
Ca c’est pour des personnes que je connais.
Mais même au-delà de ça, je me dis : pour tous ceux qui ont participé aux manif, quel peut être l’effet sur leur comportement ultérieur ? Chacun réalise, à un degré plus ou moins grand, la force (potentielle, certes) que représente une telle quantité de gens en mouvement. Dans quelle mesure est-ce que ça imprègne (fortement ou non, durablement ou non, etc.) les esprits ?
Dans ces manif, on peut avoir des discussions politiques à une cadence impossible sinon. Je sais bien que c’est du fait de la population que l’on y rencontre ainsi que du contexte favorable, de l’actualité des luttes, etc. Mais c’est aussi, il me semble, du fait de l’ambiance créée. Les manif, c’est un peu le lieu d’un concentré du quotidien en négatif.
Du fait des slogans entendus, souvent tous plus justes les uns que les autres, qui font paraître d’un coup si ridicules les discours entendus tous les soirs à la télé.
Du fait de l’atmosphère de solidarité qui tranche tant avec ce qu’on connaît majoritairement dans les rapports au quotidien.
Du fait de l’ambiance festive et populaire ; là non plus y a pas photos avec la vie en entreprise dans la plupart des cas.
Bref.
Quand on a participé régulièrement à ces manif, est-ce qu’on accepte ensuite facilement de rentrer dans le rang de la morosité en attendant que la vie s’écoule ?
Je ne parle pas, là, bien sûr, des traces laissées sur ceux qui sont entrés plus durement dans la lutte.