par Front Unique » 18 Août 2010, 22:27
Informations Ouvrières N° 111, semaine du 19 au 25 Août 2010
L'EDITORIAL de Daniel GLUCKSTEIN
Une inquiétante dérive : comment y répondre ?
La Courneuve, 21 juillet: une femme traînée à terre avec son bébé par des policiers expulsant des familles entières de la barre Balzac.
Montreuil, 14 août: des familles de Roms expulsées, les forces de l’ordre triant entre les hommes arrêtés d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre.
Ces images ont fait le tour du monde entier.
Pendant ce temps, la loi se prépare, qui menace de remettre en cause la nationalité française pour des citoyens d’origine étrangère naturalisés.
Cette surenchère démagogique, qui désigne l’étranger, le « sans-papiers », le Français d’origine étrangère comme responsable de tous les maux, cache mal la panique qui saisit les sommets de l’Etat.
Car enfin…
Qui est responsable de la situation quand il manque plusieurs millions de logements, quand le taux de chômage des moins de 25 ans dépasse les 50 % dans les quartiers populaires, quand 260 000 emplois industriels sont détruits en cette seule dernière année ?
Les responsables de cette situation —qui est la racine sociale profonde d’une insécurité généralisée—, ce sont ceux qui, aux sommets du gouvernement et des multinationales, imposent les plans de désindustrialisation, suppriment un emploi sur deux dans la fonction publique, ferment les centres de Sécurité sociale, les lits dans les hôpitaux, les classes dans les écoles.
Responsables —et nul autre— ceux qui sacrifient tout aux exigences du « renflouement de l’euro » et des grandes banques avides de récupérer les centaines de milliards partis en fumée dans la spéculation.
Ceux-là sont responsables de la dégradation sociale généralisée.
Ce sont les mêmes qui, assaillis par les affaires nées de la décomposition de leur régime, confrontés à la résistance croissante contre leurs plans destructeurs, montent cette cabale contre la composante d’origine immigrée de la classe ouvrière de notre pays.
Et derrière cette composante, c’est n’importe quel secteur de la jeunesse ou de la classe ouvrière qui peut voir, demain, ses droits et garanties piétinés et livrés à l’arbitraire et la répression.
La dérive en cours inquiète, à juste titre, travailleurs et démocrates.
Comment y répondre ?
Des personnalités (1) appellent à manifester le 4 septembre contre la « démarche » du gouvernement.
Elles se prononcent pour « le nécessaire respect de l’ordre public », invitent le gouvernement à cesser de « fouler aux pieds la Constitution » et de « mettre en péril la paix civile ».
Est-ce vraiment de cette manière que l’on va s’opposer à la dérive en cours ?
La Constitution de la Ve République ?
Insérée dans l’Union européenne, elle est le cadre qui organise la destruction massive des emplois, des services publics et des droits ouvriers et démocratiques.
Défendre la Constitution permettrait de bloquer l’offensive contre la démocratie ?
On est en droit d’en douter.
L’intention du gouvernement est de diviser la classe ouvrière et la jeunesse.
Le meilleur moyen de lui couper l’herbe sous le pied, n’est-ce pas de forger l’unité de la classe ouvrière et de la jeunesse, toutes origines confondues, contre les mesures antidémocratiques en préparation, comme pour imposer, sur le terrain même de la lutte de classe, la défense et la reconquête de tous les droits ?
Et pour commencer: l’unité de la classe ouvrière et de la jeunesse pour imposer le retrait de la contre-réforme des retraites, par la grève interprofessionnelle, le 7 septembre prochain.
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI
(1) Parmi lesquelles les principaux responsables du Parti