(la presse canadienne 20 mars 2010 a écrit :Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent à Montréal
PAR ANNIE MATHIEU
MONTRÉAL - Une véritable marée verte a déferlé dans le centre-ville de Montréal, samedi, alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé pour dénoncer la lenteur des négociations dans les secteurs public et parapublic à quelques jours de l'échéance des conventions collectives.
Abordant la couleur de l'espoir et probablement pour faire un clin d'oeil en ce premier jour du printemps, les membres du front commun intersyndical composé des trois plus importantes centrales syndicales de la province avaient donné rendez-vous en début d'après-midi aux manifestants à la Place du Canada, à l'angle des rues Peel et René-Lévesque.
Le bruyant défilé s'est mis en route, après un retard de plusieurs minutes, en direction des bureaux du premier ministre Jean Charest situé au coin des rues McGill et Sherbrooke.
Tout sourires, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, le président de la FTQ, Michel Arsenault et la porte-parole du SISP, Dominique Verreault, ont ouvert la marche, suivis d'une foule impressionnante de personnes qui scandaient des slogans.
Dénonçant tour à tour l'attitude du gouvernement qui "met en péril les services publics", les représentants syndicaux ont néanmoins dit qu'ils accueillaient favorablement l'appel à un blitz des négociations fait vendredi par la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay.
"Oui, on va être aux tables des négociations, mais en même temps il va falloir plus", a affirmé Claudette Carbonneau, qui a indiqué qu'il fallait mettre le cap sur le 31 mars - date d'échéance des négociations-mais surtout, "sur des conventions collectives négociées et satisfaisantes".
Elle a aussi souligné que les employés des secteurs public et parapublic sont "au bout du rouleau" et qu'il "entendent se faire respecter".
De son côté, Michel Arsenault, a répété à plusieurs reprises que les services publics étaient en péril en raison du départ des travailleurs compétents vers le secteur privé. "Si on veut maintenir et améliorer les services, il faut payer les salaires que cela nécessite", a expliqué M. Arsenault, qui s'est par ailleurs dit ému de voir autant de gens présents au rassemblement.
La porte-parole du SISP, Dominique Verreault, a pour sa part été plus vindicative, accusant le gouvernement de faire de mauvais choix budgétaires. Elle a par ailleurs renchéri en affirmant qu'à son avis, l'Etat fait tout pour que les listes d'attente s'allongent dans les hôpitaux, qu'il n'y ait pas d'accessibilité aux services, que les personnes âgées n'aient pas de soins de santé à domicile, le tout afin d'en faire profiter le privé.
Monique Gagnon-Tremblay a réagi, samedi après-midi, par le biais d'un communiqué de presse où elle affirme que "manifester c'est bien, négocier c'est mieux". Elle a aussi tenu à rappeler "l'importance pour les deux parties de négocier de façon continue en vue d'arriver à une entente d'ici le 31 mars".
Québec solidaire, dont la présidente et porte-parole Françoise David a participé au rassemblement, a laissé savoir samedi qu'il soutenait les travailleurs du Front commun "dans sa lutte pour des conditions de travail convenables et des salaires décents".
Le gouvernement propose des offres comportant une hausse de la rémunération globale de 7 pour cent sur cinq ans, ce qui correspond à 2,3 milliards $. Quant aux demandes syndicales, elles sont de l'ordre de 3,2 milliards $, ce qui, selon Claudette Carbonneau, représente "tout simplement un rattrapage salariale" par rapport aux employés du secteur public.
L'événement s'est terminé aux alentours de 15 h après le discours des trois dirigeants syndicaux. Selon les organisateurs, plus de 75 000 personnes ont participé à la marche alors qu'ils n'en attendaient que 50 000. Selon les syndicats, environ 300 autobus ont transporté des milliers de travailleurs de tous les secteurs et venus des quatre coins de la province.
La présence d'un colis suspect à la tour CIBC, située au coin des rues René-Levesque et Stanley, a cependant forcé la modification du trajet des manifestants. D'ailleurs, la foule était si dense que certaines personnes sont restées coincées au point de départ de la marche qualifiée "d'historique" par plusieurs.
Le front commun, qui regroupe 475 000 salariés des services publics, est formé du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).
Nouvelles de ©La Presse Canadienne, 2010