Spéculation sur la dette des Etats ? C'est quoi qu'e

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Zelda » 18 Fév 2010, 18:14

Si comme moi, vous avez du mal avec cette histoire, cette petite leçon de choses économique très intéressante dans la dernière LO.

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act...&num=2168&id=40
Zelda
 
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Message par Zorglub » 18 Fév 2010, 18:52

Merci Zelda d'avoir cité cet article.
C'est en effet plus clair maintenant.
Zorglub
 
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Message par redspirit » 19 Fév 2010, 00:29

Zelda, je te remercie d'avoir abordé ce sujet.
Je n'osais moi-même poser une question en rapport avec ce sujet (dont je n'étais point sûr qu'elle intéresse un marxiste).

L'article est plutôt indigeste mais permet de saisir, au moins partiellement dans mon cas, les mécanismes en oeuvre dans la "crise grecque".

J'ai néanmoins une incompréhension par rapport à ce paragraphe :

a écrit :Mais la « valeur actuelle » est variable. Elle dépend de la valeur nominale, de la durée jusqu'à la date d'échéance, de la variation possible du taux d'intérêt durant cette période et de la confiance qu'on peut faire au débiteur. Car si ce dernier fait faillite ou disparaît avant la date d'échéance, adieu, veau, vache... Ainsi par exemple, le papier allemand se vend mieux en ce moment que le papier grec, même si les deux sont libellés en euros, car l'Allemagne est supposée plus fiable que la Grèce.


En effet, la phrase soulignée dans cet extrait signifie-t-elle qu'un pays peut faire faillite et disparaître ?
J'avais entendu récemment à la radio, un expert (dont je serais incapable de retrouver le nom...) expliquant que, historiquement, des cas de faillites d'états s'étaient déjà produits. Il citait la Russie en 1998, l'Argentine en 2001 ou plus proche de nous encore l'Islande en 2009. Pourtant ces états existent toujours. Autrement dit je ne suis pas du tout sûr de comprendre ce que veux dire "faire faillite" pour un état : un état peut-il faire faillite ? Et si oui, qu'est-ce que cela signifie "faire faillite" pour un état ?
redspirit
 
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Message par Ottokar » 19 Fév 2010, 07:58

La "dette grecque" est constituée entre autres de titres souscrits auprès de particuliers, comme les bons du trésor en France. On prête 100 € à l'Etat français ou grec, poyur 10 ans, qui seront remboursés, à 100 en 2015 par exemple et on touche 3 ou 5 € chaque année.

C'est sans risque ? Oui et non... Si l'inflation repart, on touchera du 3 ou 5 % mais cela ne représentera pas grand chose si la hausse des prix est de 5 ou 10 % par an. Sans parler de la valeur des 100 € en 2015.

Et puis il y a le risque de "défaillance de l'emprunteur". C'est le risque que celui à qui vous avez prêté l'argent ne puisse rembourser. c'est cela la "faillite des Etats". C'est pareil pour des sociétés d'ailleurs et, comme on fait moins confiance aux entreprises qu'aux Etats, les taux d'intérêt sont plus élevés pour les sociétés que pour les Etats. Il y a un classement selon le risque que la société fasse faillite : Triple A aucun risque, c'est solide comme le Pont Neuf, "ce qui est bon pour GM est bon pour les Etats-Unis" et on emprunte à 4 % (sauf que GM s'est mis en faillite !). Double A c'est moins solide et si vous prêtez, vous voulez du 5 ou 6, simple A ou B, encore moins et vous voulez du 6 ou 7. Etc, jusqu'aux obligations pourries", de sociétés risquées.

L'entreprise peut faire faillite et ne rien rembourser du tout. Votre obligation vaut alors zéro...

L'Etat en principe existera toujours. En principe, car l'Empire austro-hongrois, l'Empire Ottoman, sans parler de l'Empire russe n'existe plus, et leurs dettes d'avant 1914 non plus !

Sans disparaître totalement, l'Etat peut déclarer qu'il ne rembourse pas tout, ou qu'il ne remboursera que 50 sur les 100 empruntés, ou qu'il les remboursera en 2025 au lieu de 2015... c'est ce qu'ont fait l'Argentine, la Russie, par exemple.

Si tout le monde pense qu'il y a un risque sur la Grèce, on vend ses obligations et la Grèce doit proposer un taux plus élevé (6 % au lieu de 3 % pour la France ou l'Allemagne) pour emprunter. Bref quand ça va mal, les financiers vous enfoncent un peu plus la tête sous l'eau car vous payerez plus cher vos emprunts... puisque vous avez du mal à rembourser les précédents ! Vous avez des difficultés ? Je comprends... et j'en rajoute une couche !

Monde de dingues.
Ottokar
 
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Message par logan » 19 Fév 2010, 10:46

a écrit :
Banques: "Il faut des mesures chirurgicales"

Pour Paul Jorion, nous avons devant nous deux bombes à retardement.

L'Express

Pour Paul Jorion, nous avons devant nous deux bombes à retardement. Anthropologue, sociologue, ex-financier, Paul Jorion



Anthropologue, sociologue, ex-financier, Paul Jorion est un des rares économistes à avoir anticipé, dès 2004, la crise des subprimes. Il reste très pessimiste.

Les banques ont-elles tiré les leçons de la crise ?

Non. Mais pourquoi l'auraient-elles fait puisqu'on les laisse opérer dans le même cadre qu'hier ? Depuis le début de la crise, elles n'ont reçu aucune véritable directive, et maintenant on s'étonne qu'elles retombent dans leurs pires travers ! Aucune banque ne va prendre sur elle de réformer le système. Ce sont des entreprises commerciales, on ne peut pas leur reprocher de vouloir gagner de l'argent.

Est-ce à dire que les Etats ont trop ménagé les établissements financiers ?

Les Etats se sont contentés de froncer les sourcils, de prendre des mesures symboliques, histoire de satisfaire leurs opinions publiques. Mais, en réalité, ces mesures n'ont eu aucun impact réel. Le décor n'a pas changé.

Des mesures d'encadrement et de régulation ont quand même été votées...

D'abord, la plupart d'entre elles, comme la séparation, aux Etats-Unis, des activités bancaires, ne sont pas encore entrées en vigueur. Ensuite, ce ne sont que des mesures de surface qui prennent le sujet par le mauvais bout.

Que préconisez-vous ?

J'ai eu la chance de travailler dans la finance. C'est pourquoi je suis partisan de mesures chirurgicales. Depuis 2007, je fais une proposition qui soulève la terreur des banquiers : l'interdiction des paris sur les fluctuations de prix.

C'est-à-dire ?

Aujourd'hui, nombre de produits financiers sont dévoyés. A l'origine, ils permettaient à leurs utilisateurs de se protéger moyennant un certain coût contre les fluctuations, par exemple d'un marché ou d'une matière première. Ces outils ont une fonction prudentielle qu'il faut conserver et même encourager. Mais ils ne doivent plus être accessibles à des intervenants venus dans le seul but de spéculer et de faire de l'argent. Quand on permet à n'importe quel acteur de faire des paris, on contribue à déstabiliser le système.

A vous entendre, l'économie serait devenue un casino...

Mais c'est un casino ! Il a diminué de taille du fait de la crise, cependant les règles n'ont pas changé.

Les banques européennes n'ont-elles pas montré plus de discipline que leurs homologues américaines ?

Allons donc ! Dominique Strauss-Kahn lui-même reconnaissait, voilà quelques semaines, qu'il restait encore d'importantes pertes cachées dans les bilans et que la proportion était plus forte en Europe qu'aux Etats-Unis.

La croissance repart un peu partout. La crise est-elle derrière nous ?

Il s'agit d'une reprise sans emplois, une reprise statistique : les entreprises reconstituent leurs stocks. Seules la Bourse et les banques semblent aller mieux, mais cela ne durera pas.

Sur quoi se fonde votre pessimisme ?

Nous avons devant nous deux bombes à retardement. D'abord, la dette des Etats. A eux seuls, en 2010, les Etats-Unis auront besoin d'emprunter sur les marchés 1 700 milliards de dollars. Ils seront en compétition avec l'ensemble des pays et des grandes entreprises. Comme il n'y aura pas assez d'argent pour tout le monde, les Etats les plus faibles devront offrir des taux d'intérêt plus élevés, ce qui ne manquera pas de les fragiliser davantage. L'autre bombe est encore plus prévisible : c'est l'immobilier commercial américain - bureaux, hôtels et autres stations touristiques. Ces actifs ont été construits à crédit. Or, en 2012, nombre de prêts vont arriver à échéance. Il va donc falloir trouver d'autres capitaux, mais qui voudra les apporter alors que la valeur de ces biens n'a cessé de se déprécier du fait de la crise ? Des entreprises vont tomber et, avec elles, les milliers de petites et moyennes banques qui les ont financées. Cela va être un massacre.
logan
 
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