dictature du prolétariat

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Stanislas » 23 Nov 2003, 07:16

CITATION (wolf @ jeudi 20 novembre 2003, 22:05)CITATION (rouge @ aujourd'hui)
Nouveaux statuts de la LCR
[ ... ]
Notre projet ? Le socialisme autogestionnaire (donc, pas le socialisme tout court, surtout pas. C'est laprochaine étape.) la démocratie sans limites, le pouvoir des travailleurs et des travailleuses, c'est-à-dire de l'immense majorité de la population, contre la dictature des actionnaires.
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Perso, je me fiche un peu des étapes transitoires, de la dictature du prolétariat (surtout quand on en fait ici une analyse par le petit bout de la lorgnette), etc... Je me pose simplement une question assez bête : qu'est-ce que " La Démocratie sans limites " ? Cela supposerait qu'il puisse exister une " Démocratie Limitée ". Cela s'oppose-t-il mollement à la fausse " Démocratie Parlementaire " des urnes, qui en réalité n'est qu'une autocratie qui pue le pétainisme, le contrôle social larvaire et la regression sociale sur tous les fronts ?

Si c'est le cas, cela porte un nom : la Démocratie Participative, miroir aux alouettes des illusions diverses et petites bourgeoises du FSE et de Porto Alegre, expérience de Rio Grande Del Sur dont on connait les maigres résultats.
Si ce n'est pas le cas, cela recouvre un paradoxe dans la mesure où le texte de Rouge et du Congrès de la LCR mentionne " le pouvoir des travailleurs et des travailleuses ". Si la LCR se revendique toujours marxiste et léniniste, cette définition de la démocratie est proprement " La Dictature du Prolétariat ".
Si j'ai fait tout faux, merci de m'éclairer.
Stanislas
 
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Message par com_71 » 23 Nov 2003, 07:30

CITATION (Stanislas @ dimanche 23 novembre 2003, 07:16)cela recouvre un paradoxe dans la mesure où le texte de Rouge et du Congrès de la LCR mentionne " le pouvoir des travailleurs et des travailleuses ". Si la LCR se revendique toujours marxiste et léniniste, cette définition de la démocratie est proprement " La Dictature du Prolétariat ".
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Oui, paradoxe il y a.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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Message par Sinoue » 11 Fév 2010, 17:03

Bonjour, je voudrais savoir si c'était bien Marx qui avait inventé cette formule de "dictature du prolétariat", et si oui, quel événement l'a amené à considérer cette situation comme nécessaire.
Sinoue
 
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Message par quijote » 12 Fév 2010, 01:26

(Sinoue @ jeudi 11 février 2010 à 17:03 a écrit : Bonjour, je voudrais savoir si c'était bien Marx qui avait inventé cette formule de "dictature du prolétariat", et si oui, quel événement l'a amené à considérer cette situation comme nécessaire.
Oui , c'est Marx qui crée cette expression après la Commune de Paris . A partir de la Il a complètement abandonné l 'idée qu'on pourrait arriver au socialisme sans révolution violente comme dans un pays comme l 'Angleterre pays où le prolétariat était majoritaire et où ça pouvait se concevoir dans certains cas ..
quijote
 
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Message par bennie » 12 Fév 2010, 09:42

Je me trompe peut-être, mais il me semble que c'est en fait Blanqui qui le premier utilisé cette expression.

Sinon, oui, Marx a développé cette idée, et "dictature du prolétariat" renvoie à la dictaure de la bourgeoisie. Le choix des mots n'est pas innocent.
bennie
 
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Message par sylvestre » 12 Fév 2010, 10:28

Notamment :

a écrit :quelle transformation subira l'Etat dans une société communiste ? Autrement dit quelles fonctions sociales s'y maintiendront analogues aux fonctions actuelles de l'Etat ? Seule la science peut répondre à cette question; et ce n'est pas en accouplant de mille manières le mot Peuple avec le mot Etat qu'on fera avancer le problème d'un saut de puce.

Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat [1].
sylvestre
 
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Message par Cyrano » 12 Fév 2010, 11:46

La formule n'apparaît réellement qu'au début des années 1850 (elle est absente dans "Le Manifeste du Parti Communiste", paru en 1848). Il ne semble pas que ce soit Blanqui qui ait créé cette formule : pour Blanqui, il s'agissait plutôt de la dictature d'un parti - voire même la dictature d'une fratrie conspiratrice (toute correction de mes dires sera la bienvenue).

On trouve cette expression dans les "Statuts de la Société Universelle des Communistes Révolutionnaires", rédigés en 1850. Ces statuts n'ont pas été rédigés uniquement par Karl Marx ou Friedrich Engels - d'autres lascars y ont participé (des chartistes anglais et des blanquistes) :
« Le but de l'association est la déchéance de toutes les classes privilégiées, de soumettre ces classes à la dictature du prolétariat en maintenant la révolution en permanence jusqu'à la réalisation du communisme, qui doit être la dernière forme de constitution de la famille humaine

On retrouve la formule telle quelle sous la plume même de Marx dans une lettre datée de 1852 :
« En ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne, ni leur lutte entre elles. Longtemps avant moi des historiens bourgeois avaient décrit le développement historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient exprimé l'anatomie économique. Ce que je fis de nouveau, ce fut :
1. de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases de développement historique déterminé de la production ;
2. que la lutte des classes conduit nécessairement à la dictature du prolétariat ;
3. que cette dictature elle-même ne constitue que la transition à l'abolition de toutes les classes, et à une société sans classes
...»
Lettre de Karl Marx (à Londres) à Joseph Weydemeyer (à New York), 5 mars 1852.


Ensuite, on attendra plus de 20 ans pour que la formule réapparaisse dans les textes des auteurs marxistes (on ne trouve pas l'expression dans les textes constituants la Première Internationale, en 1864). La notion ne sera reprise qu'après la Commune de Paris. Mais dans "La Guerre civile en France" de Karl Marx, paru en 1871, on ne la retrouve encore pas.

Ce n'est qu'en 1875, et la parution de la "Critique du programme de Gotha", qu'on retrouve l'expression, comme le rappelle sylvestre, dans les "Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier allemand", rédigées par notre Karl : « Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat

Dans une introduction à "La guerre civile en France", Friedrich Engels écrit en 1891, à l'occasion du 20e anniversaire de la Commune de Paris : « Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d'une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de dictature du prolétariat. Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l'air ? Regardez la Commune de Paris. C'était la dictature du prolétariat.»
Cyrano
 
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