Je prends la discussion en route. Il ne faut certes pas se payer de mots. Ni minorer la situation.
La grave crise du régime islamique offre une opportunité pour le prolétariat, les femmes, les minorités opprimées.
Sur le terrain, dire que le prolétariat s'est émancipé de la tutelle politique des différents courants bourgeois, c'est faux.
A "gauche" de l'opposition officielle, il y a l'opposition bourgeoise des moudjahidines, et des directions du Tudeh et des Feddais majorité, ainsi que les nationalistes bourgeois qu'ils soient grand-perses ou kurdes. Le prolétariat devra certainement, encore une fois, passer par tous ces chemins erronés, pour renouer avec son programme historique, vers la reconstitution de son parti de classe.
Cela peut se passer lentement ou vite. D'un côté, la multiplication des organismes syndicaux est une bonne nouvelle de la dernière période. L'existence de noyaux communistes qui ont tiré des leçons importantes de 79 l'est également, que ce soit les différents groupes du "communisme-ouvrier", ou d'autres groupes plus petits. De l'autre, même si la volonté des manifestants est de smatcher le régime, les plate formes, les partis disponibles, qui ont un peu d'amplitude d'action et qui forgent aussi la conscience du mouvement, revendiquent un replâtrage du système.
La classe ouvrière est certainement présente sur le terrain économique, mais pas vraiment sur le terrain politique. Elle participe à n'en pas douter pour certains de ses secteurs aux manifestations, mais à titre d'individus, noyés dans la masse interclassiste qui aspire aux libertés démocratiques. Le poids social d'un prolétariat moderne se fait certainement, d'un autre côté, ressentir. Bref, la situation semble contradictoire, comme le sont toutes les situations
Il y a quand même des possibilités révolutionnaires à n'en pas douter. Il faut les soutenir. Soutenir les syndicalistes. Soutenir les communistes. Contre la République Islamique, mais aussi contre l'impérialisme. Dénoncer le rôle de nos propres Etats. Ne pas en rester à des souhaits, voir ce qu'on peut faire, ne serait-ce que sur le terrain démocratique, car les droits démocratiques intéressent le prolétariat d'Iran, et sont certainement un des aspects décisifs qui lui permettront de construire son parti de classe.