a écrit :Les écoles pourront fermer à partir de "trois cas de syndromes grippaux"
LEMONDE.FR avec AFP | 16.08.09 | 13h26 • Mis à jour le 16.08.09 | 13h30
e ministre de l'éducation Luc Chatel a esquissé les contours du dispositif de lutte contre la grippe A (H1N1) dans les établissements scolaires. "Nous avons décidé que si au moins trois cas de syndromes grippaux sont constatés dans une même classe en moins d'une semaine, celle-ci pourra être fermée", a-t-il expliqué dans un entretien accordé au Journal du dimanche, le 16 août.
M. Chatel a expliqué que, si "plusieurs élèves sont absents en même temps pour le même motif", il reviendrait au chef d'établissement d'alerter l'inspection académique ou le rectorat qui préviendraient à leur tour le préfet. "En accord avec les autorités sanitaires, c’est le préfet qui prendra la décision de fermer l’école, le collège ou le lycée", a-t-il ajouté, précisant que ce dernier pourrait décider "de ne fermer qu’une seule classe, ou bien plusieurs, ou bien encore tout l’établissement, voire ceux qui se trouvent à proximité".
CINQUANTE-TROIS CAS CONFIRMÉ
Le ministre de l'éducation a assuré qu'il n'avait "jamais envisagé" de repousser la date de la rentrée scolaire, privilégiant une approche au "cas par cas". La semaine dernière, dans un entretien au Figaro, il avait affirmé qu'"en cas de pandémie totale, si les circonstances l'exigeaient, [ses services se tiendraient] prêts à fermer les établissements". Les détails du plan d'information sur la grippe A/H1N1 et de réaction en cas de contagion en milieu scolaire ne seront connus que mardi 18 août, soit deux semaines avant la rentrée scolaire.
Selon l'Institut de veille sanitaire, "la circulation du virus est effective mais reste limitée". En Polynésie française, cinquante-trois cas ont été confirmés, dimanche, par le ministère territorial de la santé. Huit personnes, dont deux gravement atteintes, ont dû être hospitalisées. Par ailleurs, le ministère a indiqué que des analyses effectuées sur une jeune femme, enceinte et déjà malade, décédée le 5 août ont révélé la présence du virus de la grippe A(H1N1).
Grippe: "Ni dramatiser, ni sous-estimer la situation"
Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, détaille dans les colonnes du JDD le plan envisagé pour tous les établissements scolaires en cas de pandémie de grippe A-H1N1.
Est-il vrai que vous avez hésité à repousser la rentrée des classes?
Non, cela n’a jamais été envisagé. A aucun moment. Les parents peuvent être rassurés, la rentrée se déroulera tout à fait normalement, comme prévu le 2 septembre.
Etes-vous prêt à affronter une pandémie de Grippe A?
Je réunirai ce mardi pour la deuxième fois de l’été la Cellule de crise du ministère élargie aux correspondants académiques grippe A, ce qui fait au total une quarantaine de personnes en charge du dossier. Nous allons leur présenter le dispositif qui sera mis en place dès la rentrée puisque nous devons faire face à toute éventualité possible, sans dramatiser ni sous-estimer la situation. Après celle qui leur a été adressée au mois de juillet, une deuxième circulaire-cadre va être envoyée aux recteurs, ainsi qu’aux préfets pour leur indiquer les procédures à suivre pour le cas où nous serions amenés à fermer des établissements scolaires.
Qui prendra la décision de fermer des établissements scolaires?
Si le chef d’établissement constate que plusieurs élèves sont absents en même temps pour le même motif, il alertera aussitôt l’inspection académique ou le rectorat qui, à son tour, préviendra le préfet. En accord avec les autorités sanitaires, c’est le préfet qui prendra la décision de fermer l’école, le collège ou le lycée. Nous avons décidé que si au moins trois cas de syndromes grippaux sont constatés dans une même classe en moins d’une semaine, celle-ci pourra être fermée. Ce sera du cas par cas: le préfet pourra décider de ne fermer qu’une seule classe, ou bien plusieurs, ou bien encore tout l’établissement, voire ceux qui se trouvent à proximité.
La décision pourra être prise du jour au lendemain?
Bien sûr. Dans ce type de situations, la rapidité est un élément clé. Les parents seront alors avertis par les chefs d’établissements.
Trois conditions pour rouvrir une école
Imaginons qu’un élève arrivant le matin à l’école présente des symptômes suspects. Pourra-t-il être refoulé? L'école, conformément à sa tradition, accueillera tous les enfants dans le cadre de l'obligation scolaire, mais il faut aussi faire appel au bons sens et à l'esprit de responsabilité des parents : s'ils constatent qu'un enfant présente des symptômes grippaux, ceux décrits en particulier dans la brochure que nous leur adresserons, il est prudent de solliciter un médecin ou de rester au repos à la maison. Comme on le fait pour n'importe quelle petite maladie de saison.
En cas de fermeture d’un établissement scolaire, qui décidera de sa réouverture et au bout de combien de temps?
Le préfet prendra cette décision, à trois conditions. L’établissement devra avoir été fermé pendant au moins six jours consécutifs ; les élèves et les personnels devront avoir achevé ce que nous appelons la période de contagiosité, estimée à 7 jours ; les locaux devront avoir été nettoyés entièrement.
Exigerez-vous un certificat médical pour pouvoir revenir en classe?
Non, cela n’est pas prévu.
Qu’avez-vous prévu pour les parents contraints de garder pendant une longue période à la maison?
Nous n’allons naturellement pas reproduire des systèmes de garde collective si nous sommes amenés à fermer des écoles. Ce serait absurde. Nous n’avons pas prévu de moyens de garde de substitution, nous ferons appel à la solidarité familiale, comme lors d’une épidémie de grippe classique.
On sait que les enfants sont les plus fragiles face au virus de la grippe A-H1N1. Pourquoi la France, à la différence de la Grande-Bretagne, n’envisage-t-elle pas un plan de vaccination obligatoire?
La Cellule Interministérielle de crise placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur n’a pas retenu cette hypothèse. Nous avons préféré commander un maximum de vaccins. Roselyne Bachelot a rappelé qu’à ce stade nous ne jugions pas utile de procéder à une campagne de vaccination obligatoire. Ceci dit, le principe de cette cellule et du plan de riposte défini par le gouvernement est de s’adapter à la situation, en permanence. Peut-être serons-nous appelés à corriger telle ou telle position, nous verrons le moment venu
La FCPE dénonce un "double discours"
Christiane Allain, secrétaire générale de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), première fédération de France, s’inquiète du recours à la "solidarité familiale".
Les fermetures des classes
"Il faut y réfléchir à deux fois avant de renvoyer les élèves chez eux. L’Union européenne a dit cette semaine dans un rapport très circonstancié que la fermeture généralisée des établissements scolaires n’était pas forcément une bonne solution. Luc Chatel parle aujourd’hui, dans vos colonnes, de sa volonté de fermer une classe dès que trois enfants sont malades. Il y a quelques jours, il songeait à une fermeture globale. Je trouve cette nouvelle annonce confuse et j’ai des doutes sur son efficacité. Les enfants malades mangent à la cantine, ils vont en étude. Pourquoi contamineraient-ils seulement leurs camarades de classe et pas les autres élèves de l’école?"
La solidarité familiale
"Je doute que les entreprises, qui connaissent déjà des difficultés, acceptent que les parents quittent le boulot pour garder leurs enfants. Il faudrait préciser de quoi on parle: congés, arrêts maladie, absence accordée à titre exceptionnel dans un esprit de solidarité publique… Le gouvernement a un double discours inacceptable. Il a créé le service minimum d’accueil en cas de grève des enseignants. Et maintenant, il en appelle à la solidarité familiale!"
Les enfants modestes pénalisés par l’école à la maison
"Les fermetures d’école n’auront pas les mêmes conséquences pour tous les enfants. Ceux des familles aisées pourront suivre des cours particuliers, mais ceux de milieux modestes vont pâtir de cette mesure. Il faudrait que la situation sanitaire soit très préoccupante pour que les fermetures nous semblent justifiées."
Grippe A: Menaces sur la rentrée scolaire
Si les cours doivent reprendre le 2 septembre, comme prévu, les hypothèses de pandémie font planer le risque d'une fermeture rapide des écoles.
"Qui va garder les enfants?" Selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est à l’automne que la pandémie de grippe A-H1N1 devrait atteindre son pic. Sachant que le nouveau virus frappe massivement les enfants et les jeunes en bonne santé, comme l’ont démontré plusieurs études réalisées aux Etats-Unis, au Canada et au Chili. Sachant que la fermeture des écoles permet de retarder la transmission de la grippe… Si le virus frappe, écoles, collèges, lycées et universités fermeront les uns après les autres. Qui gardera les enfants?
Fermeture des établissements trois mois au maximum
Posez la question aux habitants de Tegucigalpa, capitale du Honduras, dont les écoles et les collèges ont été fermés pour cause de grippe au début du mois. A ceux d’Hanoi, au Vietnam, ou de la province du Chiapas, au Mexique, où la rentrée des classes, prévue lundi dans l’enseignement secondaire et le 25 août dans le primaire, a été reportée de deux semaines à la suite d’une nouvelle vague de grippe. En Suisse ou en Grande-Bretagne, la question de reporter la rentrée a là aussi été évoquée, mais pas retenue.
La Commission européenne a d’ailleurs précisé cette semaine qu’il était inutile de barricader les écoles préventivement ou de différer la rentrée des classes. Dans l’entretien qu’il nous accorde, Luc Chatel assure que cette mesure, contrairement à ce qui a pu être dit, "n’a jamais été évoquée" en France. Les cours reprendront donc bien les 2 et 3 septembre. Mais après? "Fermeture de classe à partir de trois enfants malades la même semaine", a décidé le gouvernement. Au préfet de ne fermer qu’une classe ou tout l’établissement, voire ceux des environs si le phénomène prend de l’ampleur. Le ministère de l’Education nationale a même dû envisager la solution extrême, que tous les établissements scolaires de France restent portes closes pendant plusieurs semaines, le maximum prévu étant de trois mois.
Trois mois sans cours, se réjouiront les élèves. Pas si vite. Un plan de "continuité pédagogique" a été mis sur pied par le Centre national de documentation pédagogique et le Centre national d’enseignement à distance. De la maternelle à la terminale, à raison de près de 600 heures de programmes diffusés sur France 5, France Culture et Internet, nul ne sera oublié.
Inquiétudes sur le niveau scolaire et les inégalités
A la télévision, les émissions seraient diffusées durant cinq heures et demie chaque jour (plus des rediffusions). Des devoirs (à la maison, forcément) pourraient aussi être donnés, puis collectés par les enseignants référents, que chaque chef d’établissement devra désigner. Autre tâche qui leur sera confiée : trouver, dans leurs locaux, un lieu fermé dédié à accueillir les élèves soudain fiévreux, afin qu’ils ne contaminent pas leur entourage…
Des cours à la télé, à la radio, sur Internet, des devoirs à la maison: certains parents et enseignants s’inquiètent déjà des conséquences sur le niveau scolaire des enfants et sur les inégalités qui ne manqueront pas de se creuser. Entre ceux qui devront travailler seuls à la maison et ceux dont les parents compenseront, au moins quelques semaines, l’absence forcée des enseignant
Et si les crèches fermaient aussi?
La Ville de Paris et ses 46 000 agents se sont préparés tout l’été.
Avec 660 écoles maternelles et élémentaires, quelque 450 crèches, et 250 autres structures accueillant de jeunes enfants, sans oublier 282 centres de loisirs ouverts cet été: la Ville de Paris est en première ligne pour prévenir une éventuelle épidémie de grippe A. Des instructions écrites ont déjà été envoyées à tous les responsables concernés. Ces consignes – dont le JDD a pris connaissance – rappellent d’abord les symptômes (forte fièvre, courbatures, maux de tête, fatigue, toux…) ainsi que les règles d’hygiène à suivre (se couvrir la bouche si on tousse, se laver les mains régulièrement, ne pas échanger de gobelet ou de bouteille…). En cas de symptôme grippal chez un enfant, les responsables d’école, de crèche ou de centre de loisirs doivent prévenir les parents, leur demander de venir chercher leur enfant, et de contacter leur médecin traitant ou le 15. Ils devront également demander aux parents de les informer des suites médicales, et faire remonter les informations aux services municipaux.
Dans tous les cas, en attendant la prise en charge médicale, enfants ou adultes présentant des symptômes grippaux doivent être placés dans un lieu isolé, expose la mairie. La liste des lieux fréquentés par la personne malade et les activités collectives devront être consignées dans un cahier pour que les autorités médicales puissent en prendre connaissance. Enfin, rappelle le courrier adressé aux responsables, l’éventuelle décision de fermer une structure collective (et de la rouvrir) revient au préfet, représentant de l’Etat, qui assure la liaison avec les autorités sanitaires.
Quelque 15 000 agents mobilisés à Paris en cas de pandémie
L’été a été plutôt actif à l’Hôtel de Ville. "Nous mettons actuellement la dernière main à des plans de continuité de service pour tout ce qui concerne les missions essentielles de la Ville", explique Philippe Chotard, le secrétaire général délégué de la mairie de Paris. Qu’il s’agisse de l’hygiène, de la propreté, des équipements pour la petite enfance, les personnes âgées ou l’aide sociale, il faudra faire face à toutes les situations. Sur 46 000 agents municipaux, 15 000 environ seraient obligatoirement mobilisés en cas de pandémie pour remplir ces missions essentielles. Ceux qui ont des enfants de moins de 12 ans, qui n’effectuent pas de tâches prioritaires ou encore qui présentent un risque médical en sont, a priori, exclus. Les plans pourront évoluer en fonction de la situation. "Par exemple, explique Philippe Chotard, si toutes les crèches devaient fermer, les puéricultrices, qui ont un diplôme équivalent à celui d‘une infirmière, pourraient être appelées à d’autres tâches."
Le casse-tête de la garde des enfants
Le Code du travail accorde aux salariés trois jours de congés par an, non rémunérés, pour s’occuper d’un enfant de moins de 16 ans malade ou accidenté. Cette durée est portée à cinq jours si le salarié a trois enfants à charge ou un petit de moins d’un an – dans le cas présent, un bambin dont la crèche fermerait. Il faut présenter un certificat médical à l’employeur. Si la durée de la maladie se prolonge, le parent salarié devra trouver une autre solution (RTT, famille, baby-sitter…).
Les Cinq mesures clés
Les cinq mesures clés prévues par le gouvernement dans les écoles, en cas de pandémie de gruppe A-H1N1.
-Fermeture de classe à partir de trois élèves malades.
-Réouverture après 6 jours consécutifs de fermeture.
-Un enseignant référent par école ou par classe dans le secondaire.
-Une salle dédiée aux enfants malades obligatoire par établissement.
-Des cours de remplacement dispensés sur France 5, France Culture et Internet.