Ce qui se passe en Iran

Dans le monde...

Message par Matrok » 16 Juin 2009, 17:43

Allez, j'ouvre un nouveau fil sur le sujet, j'en avais ouvert un à partir d'un truc somme toute anecdotique, un communiqué de Chavez félicitant Ahmadinejad après son élection, et puis ce fil a dévié sur le PCOI et maintenant sur des arguties sans fin sur la psychologie des groupuscules de l'extrême gauche hexagonale... Enfin au moment où j'avais initié ce fil je pensais encore que la contestation des résultats électoraux allait se limiter à une frange isolée de la population de Téhéran. En fait ce qui se passe est d'une toute autre ampleur, tout le monde l'admet maintenant.

Ce qui, il me semble, était encore moins prévisible c'est le formidable bouillonnement d'informations contradictoires qui depuis quelques jours circulent sur Internet, soit via les sites de la presse plus ou moins "traditionnelle" soit via d'autres sites webs, en particulier de nombreux blogs et des sites comme twitter; il semblerait même que la presse, en manque d'info, n'hésite pas à aller puiser dans ces sources qui sont sans doute parfois directes, mais pas toujours sérieuses. Sans doute beaucoup d'informations fausses, de rumeurs infondées vont circuler, vu les difficultés pour la presse face à la répression en Iran, la guerre de l'information entre partisans de chaque camp, et l'absence (malgré certaines déclarations) de direction reconnue à cette contestation.

Bien sûr si les évènements en Iran passionnent des millions d'anonymes dans le monde entier ils nous interpellent d'autant plus en tant que militants ou sympathisants révolutionnaires, mais on ne peut pas se contenter de répercuter des rumeurs fantasmatiques, il faudrait d'abord savoir un peu ce qu'il se passe vraiment. C'est pourquoi ce fil a pour but de faire une revue de presse critique de la situation en Iran. SVP ne postez que des trucs qui vous semblent informatifs et solides, et critiquez à fond tout ce qui a l'air non sourcé ou flou. Pour les commenter, si c'est sur des doutes quand à ce qu'ils affirment allez-y, mais si c'est pour discuter du fond SVP faites l'effort d'ouvrir un autre fil...

À suivre: quelques copier-coller depuis Libération, pour commencer.
Matrok
 
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Message par Matrok » 16 Juin 2009, 17:54

Article de Libération du 14/06/2009 à 09h33 (mise à jour à 13h34):
http://www.liberation.fr/monde/0101573975-...ux-reformateurs

a écrit :Iran: le pouvoir cherche à étouffer la contestation

Le pouvoir a réprimé violemment, hier, les manifestations des partisans de Moussavi. De nouvelles émeutes ont éclaté ce dimanche à Téhéran.

La situation politique s'est tendue en Iran avec l'arrestation de responsables réformateurs, dont certains ont ensuite été libérés, après des émeutes de partisans du candidat Mir Hossein Moussavi, qui a contesté la régularité de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad. (voir une vidéo des manifestations de samedi)

Dimanche à la mi-journée, de nouveaux heurts ont éclaté à Téhéran entre quelque 200 partisans de M. Moussavi et la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène, a constaté un journaliste de l'AFP.

Une manifestation des partisans de M. Ahmadinejad, en présence de leur champion, est prévue en fin d'après-midi dans le centre de la capitale.
Le frère de l'ancien président Khatami a été arrêté

Le frère de l'ancien président Khatami a été arrêté
Si le calme était revenu dans la nuit de samedi à dimanche, des responsables réformateurs ont annoncé qu'au moins neuf des leurs, soutiens de M. Moussavi, avaient été interpellés samedi, au lendemain du scrutin.

Le chef-adjoint de la police, Ahmed Reza Radan, a de son côté annoncé dimanche qu'au moins 60 "organisateurs" des émeutes de samedi ont été arrêtés.

Parmi les personnes arrêtées se trouvent Mohsen Mirdamadi, chef du Front de la participation et proche de l'ancien président réformateur Mohammad Khatami, Mostapha Tadjadeh (ancien vice-ministre de l'Intérieur), Mohsen Aminzadeh (ancien vice-ministre des Affaires étrangères), Abdollah Ramezanzadeh (porte-parole du gouvernement de M. Khatami), Saïd Shariati, Zohreh Aghajari et Behzad Nabavi, a précisé à l'AFP Rajab-Ali Mazrouie, un responsable du Front.

L'agence officielle Irna avait accusé samedi MM. Tadjadeh et Aminzadeh de diriger "les troubles dans la capitale d'une maison du nord de Téhéran".

Mohammad Reza Khatami, frère de l'ancien président, a été également arrêté, a ajouté Mohammad Ali Abtahi, ancien conseiller du président Khatami.

Toutefois, selon M. Mazroui, MM. Khatami, Mirdamadi et Shariati ont depuis été libérés, et "d'autres sont en passe de l'être".

A l'inverse, au moins trois dissidents membres du mouvement des Nationaux-religieux, Taghi Rahmani, Hoda Saber et Reza Alijani, ainsi que deux journalistes réformateurs, Ahmad Zeidabadi et Kayvan Samimi, ont été arrêtés, a dit à l'AFP Nargues Mohammadi, l'épouse de M. Rahmani.
Emeutes

Emeutes
L'annonce officielle de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad dès le premier tour, avec une majorité écrasante de 62,6%, a provoqué samedi des émeutes dans la capitale de la part de partisans de son principal rival, Mir Hossein Moussavi (33,7%).

Le perdant a dénoncé "vigoureusement les irrégularités visibles et nombreuses" du scrutin, avertissant que cela ne pouvait qu'"instaurer le mensonge et la tyrannie".

L'Association du clergé combattant, dont l'ex-président Khatami est l'un des fondateurs, a demandé l'annulation de l'élection, se disant préoccupée par "un truquage massif des voix".

Les affrontements, aux cris de "mort au dictateur", se sont poursuivis tard dans la nuit avant que le calme ne revienne finalement vers deux heures du matin, après le déploiement des forces de l'ordre, d'agents en civils et de bassidjis (milice islamique).

Le réseau de téléphonie mobile, coupé samedi soir, a été rétabli dimanche.

La capitale n'avait pas connu de telles violences depuis les émeutes estudiantines de juillet 1999.

Dans une première intervention télévisée samedi soir, M. Ahmadinejad a qualifié sa réélection de "grande victoire" et s'est réjoui que le scrutin ait été "totalement libre".

Un peu avant, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, avait qualifié la reconduction du président pour quatre ans de "grande fête".

M. Ahmadinejad a appelé ses partisans à se réunir à 17H00 locales (12H30 GMT) place Vali Asr, dans le centre de Téhéran, non loin de l'endroit où les manifestants pro-Moussavi ont affronté durement la police samedi.

(Source AFP)
Matrok
 
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Message par Matrok » 16 Juin 2009, 18:14

Article de Libération du 16/06/2009 à 06h51 (mise à jour à 17h08)

a écrit :Les dessous d’une élection fabriquée
Décryptage - L’organisation de la fraude était d’abord destinée à sauver le pouvoir absolu du Guide suprême.

Par JEAN-PIERRE PERRIN

Trois jours après le scrutin, le camp réformiste reste toujours aussi déterminé. Peut-il sortir vainqueur de cet affrontement ?

Y a-t-il vraiment eu une fraude et de quelle ampleur?

Il semble que la fraude ait été préparée bien avant les élections. Depuis les scrutins de décembre 2006 (municipales et Assemblée des experts, l’une des principales institutions de la République islamique), qui avaient été très défavorables à ses partisans, Ahmadinejad était sur la défensive. Il s’attendait, semble-t-il, à perdre cette présidentielle. A l’exception d’un sondage américain le donnant largement vainqueur, les autres enquêtes d’opinion, cette fois iraniennes, le donnaient battu. D’après des informations glanées au ministère de l’Intérieur, des bassidji («volontaires» des milices islamiques) sont venus, le jour du scrutin, remplacer certains fonctionnaires chargés de collecter les résultats. «Cette fraude est la conséquence d’un plan très sophistiqué, machiavélique, préparé de longue date, avec une feuille de route», souligne le chercheur Michel Makinsky. Selon des fuites obtenues auprès d’experts dans ce même ministère, les vrais scores des candidats sont radicalement différents de ceux annoncés officiellement : le réformateur Mir Hussein Moussavi serait ainsi arrivé en tête avec 19 millions de voix (sur 42 millions de votants), devant le second candidat réformateur, Mehdi Karoubi, qui a recueilli 13 millions de suffrages, Ahmadinejad n’arrivant qu’en troisième position avec 5,7 millions. Dès lors, un second tour aurait dû avoir lieu sans la présence du candidat ultraradical.

Quel a été le rôle du Guide Ali Khamenei ?

Il semble qu’il était prêt à accepter la victoire de Moussavi. Ce serait Ahmadinejad qui l’aurait convaincu d’entériner la fraude et de le déclarer vainqueur avec les chiffres qu’il avait lui-même fabriqués. Le président sortant aurait emporté la décision du Guide en lui expliquant que les deux candidats arrivés en tête souhaitaient limiter son pouvoir absolu.

Est-on en train d’assister à une révolution ?

Avant les élections, Yadollah Javani, le chef des Gardiens de la révolution avait mis en garde contre les risques d’une «révolution de velours» semblable à celle qui avait triomphé du communisme en Tchécoslovaquie. Mais, pour le moment, le camp réformateur exige uniquement que le verdict des urnes soit respecté. A aucun moment, il n’a remis en cause la légitimité du régime islamique. Après le scrutin qui les donnait perdants, les deux candidats réformateurs ont d’ailleurs voulu rencontrer immédiatement le Guide. Mais si les leaders réformateurs fédèrent tous les opposants à Ahmadinejad, une large partie des jeunes veulent aller plus loin et remettent en cause les valeurs islamiques, désirant une vie plus libre, plus à l’occidentale, moins corsetée par les interdits. Principal handicap de cette avant-garde, elle ne dispose d’aucune organisation, même clandestine. La mouvance réformatrice, elle-même très divisée, n’a pas non plus de véritables partis pour la représenter, hormis un syndicat étudiant. Les partisans de Mahmoud Ahmadinejad sont, eux, mieux structurés.

Que peut faire le pouvoir ?

A l’évidence, il y a aujourd’hui deux camps en Iran. La défaite d’Ahmadinejad ne signifie pas qu’il soit dépourvu d’une base électorale, d’autant plus qu’il a distribué avant le scrutin une manne financière extraordinaire et qu’une partie des Iraniens sont sensibles à ses slogans nationalistes. Il a aussi derrière lui les bassidji, soit environ deux millions d’éléments paramilitaires. La direction du camp réformateur est d’ailleurs très soucieuse d’éviter toute radicalisation du conflit. En revanche, elle a désormais un véritable leader, Bir Hossein Moussavi, bon tacticien, déterminé et opiniâtre.

Khamenei, le Guide suprême, a demandé à Moussavi de calmer la rue. Sans succès. Après la proclamation des résultats, le régime s’attendait à des manifestations, mais sans doute pas de cette ampleur. On peut noter en revanche que les Gardiens de la révolution, qui, comptent 170 000 hommes et 350 000 appelés ne sont pas intervenus en renfort. Est-ce parce qu’ils laissent les basses besognes aux bassidji et aux policiers des renseignements ? Ou parce qu’ils sont eux-mêmes divisés, une partie des officiers étant proche de Moussavi qui fut Premier ministre pendant la longue guerre Iran-Irak ?

Que font les religieux ?

Ils gardent le silence et discutent, notamment au sein de l’Assemblée des experts et des séminaires de la ville sainte de Qom. Car, en toile de fond, c’est le rôle du Guide qui se joue. Durant la campagne, la question de la limitation de son pouvoir absolu avait été posée par les candidats réformateurs, notamment lors des débats télévisés. Là est sans doute le véritable enjeu des élections. Inacceptable pour lui.


Un article qui oscille entre information vérifiable, information invérifiable et interprétation... Les "scores officieux" attribués à des "fuites" circulent sur internet depuis quelques heures, il est difficile de savoir s'il s'agit vraiment d'autre chose que d'une rumeur. En revanche la mobilisation des bassidji est sans doute réelle, les reportages photo et filmés sur de nombreux sites de presse sont là pour appuyer cette info.
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Message par Matrok » 16 Juin 2009, 18:20

[quote=" (polo2001 @ mardi 16 juin 2009 à 16:53"]
Passe pour la presse bourgeoise française que tout à chacun lit...n'hésite pas à mettre la presse de tous les groupes marxistes iraniens et des partis ...
Je n'ai pas l'intention d'être le seul à animer ce fil. Toutes les sources sont recevables a priori du moment qu'il s'agit d'informations fiables et corroborées...
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Message par Matrok » 16 Juin 2009, 18:32

Toujours dans Libé, un reportage d'un correspondant à Ispahan. Intéressant pour comprendre ce que peut être l'état d'esprit chez les manifestants dans une ville réputée "conservatrice", mais forcément partiel vu la nature même de l'article...

a écrit :«Nous voulons que notre choix soit respecté»
Reportage - A Ispahan, les partisans de Moussavi ont aussi fait entendre leur colère.

Par MARIO GRANELLI, Ispahan, correspondance

Ses mains tremblent. De peur ou de joie ? Un peu des deux. La photo va être ratée. Devant son objectif, une carcasse de voiture finit de brûler. L’écran de fumée noire protège une poignée de partisans de Mir Hossein Mousavi. Un foulard vert masque leurs visages. Une pluie de pierres s’abat sur les policiers. Elle refait sa photo. La foule hurle des slogans hostiles à l’«usurpateur», au «dictateur». Elle a peur, comme tout le monde ici, mais elle y croit aussi un peu. A la première esquisse de charge de la police, tout le monde se met à courir dans tous les sens. Un coup de feu. Une gerbe de fumée blanche explose au milieu des manifestants et dégage un gaz lacrymogène.

«Salaud». La foule s’éparpille sur Chahar Bagh, la large avenue qui traverse du nord au sud Ispahan, grande ville conservatrice du centre de l’Iran. Les commerçants baissent leurs rideaux de fer. La vitrine d’une banque vole en éclats. Deux jeunes emportent dans leurs bras un homme d’une soixantaine d’années, le front en sang. Un militant pro-Moussavi s’approche. «Ce ne sont pas des Iraniens qui cognent ! Ils parlent arabe. Ce sont des Libanais.»

Combien sont-ils à crier leur haine du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad ? Impossible à dire. Mais là, en plein cœur de la ville, quelques milliers. La manifestation a pris naissance en milieu d’après-midi, place Enqelab, sur les bords de la Zayandeh, une rivière qu’en cette saison on traverse à pieds secs. Les consignes, transmises par les téléphones portables, ont vite été interrompues par la censure et le réseau de téléphonie mobile coupé. Depuis deux jours, le débit d’Internet tourne au ralenti, Facebook est bloqué, comme la plupart des blogs.

Un homme rondouillard d’une quarantaine d’années passe rapidement, son attaché-case à la main : «C’est lamentable. C’est une dictature. Ahmadinejad est un fasciste.» Ali, un jeune informaticien sans emploi, le martèle : «C’est un salaud. Il n’a recueilli que 12 millions des suffrages, Moussavi 21 millions. Nous voulons que notre choix soit respecté.» Abibeh, une jeune étudiante des beaux-arts, n’a pas pu voter : «Il n’y avait plus de bulletins dans mon bureau. Dans le bureau voisin, j’ai fait la queue pendant trois heures et peu avant minuit, les policiers ont fermé le bureau.»

Les manifestants avancent vers le nord, d’autres les rejoignent en sens inverse. La police est prise en étau. Elle hésite un instant, puis charge à grands coups de bâtons. Les coups pleuvent. Saba, une jeune étudiante de 21 ans, reçoit une pierre en pleine tête. Elle retire son foulard tâché de sang et s’éponge le front. «Ils nous frappent comme des chiens», dit-elle en pleurant.

Du nord, arrive une horde de motocyclettes. Le brassard jaune que portent leurs passagers les identifie aux partisans du président sortant. Ils brandissent des manches de pioche, se faufilent à travers les voitures, débouchent sur la place Imam Hossein où, depuis deux heures maintenant, les opposants à Moussavi tiennent tête aux forces de l’ordre.

«Allah Akbar !» Les meneurs invitent leurs troupes à ne pas céder à la panique. «Ne reculez pas. Ne reculez pas. Nous sommes plus nombreux. Ils ne peuvent rien», crie un jeune homme. «Allah Akbar ! Allah Akbar !» scande la foule. Les femmes sont au premier rang, entièrement recouvertes de leur tchador pour les plus âgées, un foulard négligemment posé très en arrière sur le chignon pour les plus jeunes. Elles mènent, lancent les slogans, entonnent des chants, tapent des mains et ne laissent pas les hommes siffler seuls, deux doigts dans la bouche. On sent comme un frisson d’espoir parcourir la foule, que seuls les gaz lacrymogènes parviennent à briser. Le soleil décline, et tout le monde semble bien décidé à ne pas reculer d’un pouce.

Au nord de l’avenue, les partisans d’Ahmadinejad se sont regroupés dans le stade mais ne parviennent à occuper qu’une moitié de la pelouse. Sur le podium, un homme exhorte la foule à respecter «la voix du peuple», qui s’est exprimé le 12 juin, et fustige «les ennemis de la démocratie», qui voudraient renverser le régime «légitimement élu», pendant que des adolescents agitent des drapeaux verts et la foule la bannière iranienne. Vers 21 h 30 (19 heures à Paris), les troupes d’Ahmadinejad descendent en cortège Chahar Bagh. La nuit promet d’être longue.
Matrok
 
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Message par Matrok » 16 Juin 2009, 18:48

Cet article du journal anglais The Guardian est cité par Libération comme allant dans le même sens que leurs infos comme quoi Ahmadinejad aurait perdu les élections en faveur de Mousavi. Cependant l'article ne dit pas ça du tout: il se contente de rapporter plusieurs rumeurs de résultats officieux tout en soulignant leurs doutes quant à leur véracité, et se réfère à certains sondages et enquêtes, pour conclure que certains sondages semblent en fait en accord avec les résultats officiels. Comme on le voit, avoir une information fiable est particulièrement difficile...
Matrok
 
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Message par Matrok » 16 Juin 2009, 19:49

Le site de décryptage de l'information "Arrêt sur Image" consacre plusieurs articles à ce qu'il se passe en Iran, et en particulier à la critique des sources médiatiques.

http://www.arretsurimages.net/dossier.php?id=156

Le même site est remonté à la source d'au moins une des infos parfois reprises dans la presse et allant dans le sens qu'il y a bel et bien eu fraude électorale:

http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=4671

a écrit :Un journaliste de Radio Free Europe (station financée par le congrès américain), Abbas Djavadi, apporte des précisions sur son blog : "Mohsen Makhmalbaf, un éminent producteur de films soutenant Moussavi qui était au QG du candidat, a déclaré à Radio Farda que la commission électorale avait appelé bien avant l'annonce des premiers résultats. "N'annoncez pas tout de suite la victoire de monsieur Mousavi", ont dit les autorités. "Nous allons progressivement préparer le public, et ensuite vous pourrez le faire"."


Par ailleurs, selon l'AFP Le même Mohsen Makhmalbaf était invité ainsi que la dessinatrice Marjane Satrapi par Daniel Cohn-Bendit au parlement Européen. Ils y ont tenu une conférence de presse où ils ont cité des chiffres sensés être les véritables résultats de l'élection: on reconnait les chiffres cités dans deux articles que j'ai cité plus haut, celui de Libé et celui du Guardian, lequel rapportait qu'ils étaient cités à l'origine par un ancien élu réformateur, Ebrahim Amini, devenu conseiller de Mehdi Karroubi, un autre candidat réformateur annoncé second par ces résultats officieux. L'article du Guardian les citait comme probablement douteux, sans donner vraiment de raisons. Voici ces résultats:

Mousavi: 19,075,623
Karroubi: 13,387,104
Ahmadinejad: 5,698,417
Rezai: 3,754,218
Matrok
 
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Message par luc marchauciel » 16 Juin 2009, 20:07

Oui, la question que soulève Matrok est celle que je me pose aussi depuis deux jours : d'où viennent les infos concernant la fraude et les "vrais" chiffres ?
Ce fil est intéressant, merci MatroK
luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 16 Juin 2009, 20:21

Autre question que je me suis posée pour mesurer les infos qui nous arrivent... qu'ne est-il de la démographie iranienne ? On dit que les manifs font des centaines de milleirs, voire entre un et deux millions de participants (même si on peut penser que les sources occidentales, favorables aux manifestants, vont grossir les chiffres).
Qu'est ce que ça signifie ? En gros la même chose qu'en France, vu que l'Iran est un peu plus peuplée, et que son taux d'urbanisation est certes moindre que le nôtre, mais pas de beaucoup (67% contre 75%) :
Wikipédia :

a écrit :
La démographie iranienne a été complètement bouleversée au cours du XXe siècle. La population est estimée à 70 millions en 2006 alors qu’elle était de 10 millions au début du siècle précédent. Cependant, il apparaît que l’Iran a récemment maîtrisé son très fort taux de fécondité grâce à un planning familial efficace, passant de 5 enfants par femme en âge de procréer à la fin des années 1970 à 1,82 aujourd’hui.[21] Toutefois, la population continue à croître à rythme élevé (1% par an)[22], [23] : en effet, de la faible proportion de personnes âgées — 5 % de la population a 65 ans et plus — résulte un faible taux de mortalité (5,5‰); la forte proportion de personnes en âge de procréer explique le taux de natalité soutenu (17‰)[3]. À terme, le vieillissement de la population devrait tendre à faire baisser la natalité, de sorte que la population se stabiliserait au-dessus de 80 millions d’habitants en 2050[24]. Le solde migratoire est faible (-0,5‰)[3].

La répartition géographique de la population a aussi connu un bouleversement : les urbains formaient environ 10 % de la population iranienne au début du XXe siècle, ils sont 67 % en 2006. L’urbanisation est continue : le taux de croissance démographique des villes est de 1,8 % par an tandis que les zones rurales perdent annuellement 0,7 % de leur population[25].

Le taux d’alphabétisation est de 80 % chez les plus de 15 ans[3]. La durée moyenne de scolarisation est de 12 ans[26


Autre chose : il y aurait quelque chose comme 14 millions d'habitants à Téhéran, soit une situation de "macrocéphalie" (quand une ville domine par son poids tout le pays) plus forte qu'en France : il y a là une concentration de manifestants potentiels très forte, et ce qui se passe dans la capitale est logiquement décisif pour l'accès au pouvoir (plus encore sans doute que pour la place de Paris dans l'histoire de France)

Bref, grosso modo, il me semble que quand des chiffres sont donnés pour un nombre de personnes (manifetsants, militants..), on peut les "ressentir" comme on le ferait pour la France.
luc marchauciel
 
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