épilogue heureux de l'affaire, ce camarade a été relaxé en appel. Ci-dessous l'article de l'Huma
a écrit :Humanité-dimanche : la seconde bataille de Lounis Ibadioune
Relaxé par la justice au terme d’une mobilisation sans précédent, le diffuseur de l’Humanité-dimanche entame une autre bataille : en plein climat d’atteintes aux libertés, il appelle à prendre part à la diffusion de l’HD.
C’est l’issue juste et heureuse que tout le monde attendait. Lounis Ibadioune, inculpé pour « vente de marchandise sans autorisation » alors qu’il diffusait « l’Humanité Dimanche » comme chaque semaine depuis 20 ans, a été relaxé par la justice. « Je suis content, non seulement pour moi mais aussi pour tous ceux qui m’ont soutenu, ça fait du bien de pouvoir agir, dans les faits, en faveur de la liberté d’expression », dit-il, soulagé. Une décision qui dépasse, dit-il, son histoire personnelle. « Je crois que c’est un succès politique sur une injustice de très grande portée. »
La juridiction de proximité saisie de l’affaire s’est en effet retrouvée un peu à l’étroit pour traiter d’un vrai problème de notre société. Un moment qui restera gravé dans sa mémoire : « Mon avocate, Me Magnon, a été formidable, j’ai été impressionné par sa plaidoirie, les juges aussi. »
Les magistrats ont eu le loisir de prendre la mesure de l’impact de cette affaire en voyant les 300 personnes venues soutenir Lounis, les milliers de soutiens et les échos dans la presse. Lors de l’audience, ils se sont vu opposer la déclaration des droits de l’homme et les grandes lois sur la presse. Les fondements de l’accusation sapés, Lounis a remporté son combat. Il n’a pas apprécié les conditions de sa mise en cause pour autant : « C’est une justice expéditive, les juges n’avaient pas travaillé, ils m’accusent, et ils avaient tort ! Sans avocat j’aurais été condamné et avec moi, la liberté de la presse et d’opinion. Où est l’État de droit ? » C’est pourtant en pleine connaissance de cause qu’il avait refusé de payer l’amende sanctionnant son « délit de vente » de l’HD. « Je pensais qu’il fallait faire connaître cette injustice et cette discrimination de la part de la police et du pouvoir. »
Pas question donc de régler le problème à la sauvette et en reculant. « C’était une bataille politique à mener. Ils voulaient museler l’activité militante et le journal. » Lounis, jamais avare d’un engagement solidaire, a voulu faire avancer les choses. « Il y a un climat d’atteinte aux libertés qui se multiplie, je n’étais pas un cas isolé. Je pense que mon histoire a aidé à prendre conscience des choses. » Preuve en est le grand courant de solidarité qui l’a entouré après que l’affaire a été rendue publique. 15 000 personnes ont rejoint le comité de soutien et on agit durant quatre semaines pour sa relaxe. « Voir tous les messages de soutien m’a fait beaucoup d’émotions », dit-il avec pudeur. « Beaucoup de militants se sont sans doute reconnus en moi mais aussi les gens qui ne comprenaient pas qu’on s’en prenne à un bénévole, à un citoyen. » Lounis prend les choses avec simplicité même si son histoire a envahi son quotidien.
« Jusque dans mon entreprise, où la CGT a été très active, je sentais une sorte de respect de la part de gens qui ne partagent pas mes idées. » Le comité de soutien a recueilli le renfort de personnalités d’horizons divers : politiques, syndicalistes, associatifs, artistes, simples citoyens, tous ont agi selon leurs moyens. « Les élus communistes ont eu un rôle très important en faisant voter des voeux jusqu’au Conseil de Paris, à l’unanimité, condamnant la poursuite, ce n’est pas rien ! » tient-il à souligner. Lounis s’est battu pour la liberté d’expression et le droit de diffuser « son » hebdo : « La vente de l’“HD”, c’est la rencontre de l’actualité de la semaine avec le quartier, les problèmes “du local au mondial” en quelque sorte. » Rencontrer donc mais aussi débattre : « La bataille d’intox idéologique est très forte, “l’Humanité” et l’“HD” permettent de contrer ça. » Militant insatiable, Lounis cherche sans cesse les moyens d’améliorer la diffusion : « On a besoin de bien s’organiser, de réfléchir entre diffuseurs, militants, pour être attentifs aux lecteurs et améliorer la diffusion. »
C’est pour cette raison que sa relaxe constitue pour lui non pas une fin mais un nouveau départ pour continuer sa lutte : « J’espère que mon histoire permettra de prendre conscience que la meilleure façon de combattre les atteintes aux libertés, c’est de faire avancer les idées de progrès. J’espère avoir donné envie à des gens de devenir diffuseurs de l’“HD”. Plus ce journal sera fort plus les réactionnaires seront en difficulté. » Une aspiration visiblement partagée par de nombreux lecteurs qui veulent, comme Lounis, vivre en actes la liberté d’expression.