Un petit glissement de sens

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Sterd » 05 Fév 2009, 20:07

J'ai surement l'esprit mal tourné, mais ça fait deux fois en quelques jours que Besancenot parle d'"indépendance vis à vis de la direction du PS" alors que depuis des mois la phrase consacrée était "indépendance vis à vis du PS". C'est plus vraiment la même chose et ça ouvre tout plein de perspectives.

("AFP" a écrit :"Front de gauche": Besancenot dit non
AFP 20/01/2009

Olivier Besancenot qui doit lancer le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) début février, a affirmé mardi qu'il n'était "pas d'accord" pour entrer dans le "front de gauche" de Jean-Luc Mélenchon "au nom d'un bon coup électoral" aux Européennes, mais a défendu un "front durable".
Le Parti de Gauche (PG) de Mélenchon cherche à élargir le "front de gauche" scellé avec le Parti communiste français (PCF) en novembre, pour les Européennes de juin.
"Si c'est pour faire un coup aux Européennes et qu'au moment des régionales (en 2010), la moitié du front retourne au bercail avec le PS, ça n'aura servi à rien et ça aura été destructeur", a affirmé Besancenot.
"Il faut que ce soit un front durable" et que la "question essentielle d'indépendance vis-à-vis de la direction du PS soit également actée de façon durable", a-t-il ajouté.
A ce sujet, "on sait les difficultés qu'il y a avec la direction du PCF", a-t-il poursuivi. Selon Besancenot, "les Européennes, ça ne mange pas de pain vis-à-vis de l'indépendance sur le PS", mais "après, les régionales, c'est plus concret : c'est prendre le risque de perdre des conseils régionaux pour eux"


("Libé du 5/2/2008" a écrit :
À l’ouverture du congrès qui enterre aujourd’hui la Ligue communiste révolutionnaire pour faire naître le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste), Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR, explique les objectifs de sa nouvelle formation.

Qu’attendez-vous de l’intervention télévisée, ce soir, de Nicolas Sarkozy ?


Nicolas Sarkozy défend les intérêts de sa classe. Ses plans de relance concernent 7 % de privilégiés alors qu’il a été élu par 53 % de la population. Ses mesures injustes accélèrent trente ans de politique libérale, pourtant à l’origine de la crise économique ! Mais le piège serait de se focaliser sur le style Sarkozy. C’est le pouvoir politique tout entier qui se durcit. Depuis plusieurs mois, il criminalise le mouvement social, réprime à tour de bras. Ce qui inquiète le gouvernement, c’est que la crise économique du capitalisme ne se traduit pas par un abattement généralisé. D’où sa volte-face sur la réforme des lycées, par peur du syndrome grec, de l’embrasement de la jeunesse. Il y a un climat de mobilisation sociale et le mouvement 29 janvier, extrêmement massif, appelle à des suites.
Vous allez enterrer aujourd’hui la LCR. A quoi servira le NPA ?

On propose de faire un pôle anticapitaliste par le bas. La gauche radicale, depuis plus de dix-sept ans, a cherché à se fédérer par en haut pour faire un cartel unitaire d’organisations existantes, comme l’hypothétique candidature unitaire à la présidentielle après le référendum de 2005. A chaque tentative, l’histoire des uns et des autres a parasité la dynamique de rassemblement. On a conscience de ne pas être le nouvel horizon politique indépassable et, pour nous, un outil politique n’est pas une fin en soi. On veut d’abord offrir une nouvelle représentation politique à ceux qui appartiennent à la nouvelle génération militante, qui n’avait pas de parti jusqu’à présent et qui en veut un.
A quoi ressemble la société rêvée du NPA ?

Ce serait un modèle où la majorité déciderait de contrôler et de s’approprier les richesses. On ne parle pas seulement de mieux les répartir, on pose la question de la propriété. Aujourd’hui, le fruit du travail de tous est accaparé par une minorité, on veut faire en sorte qu’il revienne à tous. Le capitalisme a été capable de distiller dans les esprits ce venin qui consiste à mettre sur un pied d’égalité la propriété privée à usage personnel - la voiture, la maison - et la propriété des grands moyens de production. Le vol, pour nous, c’est de voir les richesses produites par le travail de tous accaparées par les multinationales et les grands trusts. On veut confronter notre réflexion à la lumière d’expériences pratiques, notamment en Amérique latine avec le Venezuela, Cuba, la Bolivie ou le zapatisme au Mexique. La société idéale n’existe pas. On assume une part d’utopie comme un renvoi d’ascenseur à la gauche qui ne nous fait plus rêver.
Ségolène Royal a dit vouloir réconcilier la gauche de gouvernement, le mouvement social et l’extrême gauche. Vous êtes partant ?

Pour se réconcilier dans les luttes et dans les mobilisations sociales, il n’y a pas de problème. S’y retrouver avec le PS serait déjà pas mal ! Mais sur des propositions alternatives, non. Entre un programme qui propose de rompre avec l’économie de marché et un autre qui s’inscrit dans son cadre, il y a des divergences politiques importantes. Tout ce que nous préconisons - comme l’instauration d’un seul et même service public bancaire ou la levée immédiate du secret bancaire, commercial et industriel - est contradictoire avec l’économie de marché, à laquelle la déclaration de principe du PS s’est ralliée.
Le PS a défilé le 29 janvier. Vous fait-il de l’ombre ?

Je trouve positif que les socialistes soient dans la rue, c’est leur place. Il n’y a pas de place pour les querelles de chapelle et le sectarisme quand il y a des mobilisations sociales d’ampleur.
Vous prônez l’unité des luttes mais vous traînez des pieds sur la proposition de Jean-Luc Mélenchon de créer un front de gauche aux européennes…

Qui peut imaginer que le débouché immédiat du 29 janvier soit les élections européennes ? Ce serait hallucinant. Pour les élections, nous proposons de fédérer les forces anticapitalistes qui sont prêtes à assumer leur indépendance totale vis-à-vis de la direction du PS. Vouloir faire un bon coup électoral, s’il s’agit ensuite pour certains de retourner dans le giron du PS aux élections suivantes, n’aurait pas de sens.
Mélenchon a tout de même quitté le PS…

Tant mieux. Cela prouve que ce parti n’est pas réformable et cela tire le paysage politique vers la gauche.
Misez-vous, lors des européennes, sur un vote sanction porté par le mouvement social ?

Cette élection arrive alors que le capitalisme est en crise. Et on ne boude pas les échéances électorales. Mais faire un score à deux chiffres ne définit pas une orientation. Et dire qu’on va écraser le PS aux prochaines élections n’est pas un objectif en soi. La question est : qu’est-ce qui peut naître à gauche pour donner un débouché politique durable aux résistances sociales ? Un front anticapitaliste, lui, n’ira pas mourir dans une nouvelle version de la gauche plurielle.
Avez-vous peur du pouvoir ?

Pour nous, la question stratégique, c’est prendre le pouvoir sans se faire prendre par le pouvoir. Car, dans le cadre actuel, c’est le pouvoir économique qui tire les ficelles. Tous ceux qui à gauche ont mis les mains dans le cambouis des institutions actuelles ont fini par faire des politiques de droite.
A force de refuser toute alliance, ne risquez-vous pas de faire gagner la droite ?

Agiter le vieux chiffon rouge de la division de la gauche, c’est un peu éculé. Nous ne sommes les marionnettes de personne. Dans les faits, ceux qui à gauche font le jeu de la droite sont ceux qui trouvent toujours des excuses pour ne pas aller au carton face à la politique de Sarkozy.
Dans les cités, l’anticapitalisme, c’est vendeur ?

Anticapitaliste, ça peut se traduire par «niquer le système». Pour les jeunes des quartiers, l’idée que celui-ci est à bout de souffle, qu’il amène ces discriminations sociales et raciales, peut être un moteur pour entrer au NPA.
Sterd
 
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Message par jeug » 05 Fév 2009, 20:14

Ca peut s'interprêter de 2 manières :
- Avec cette Direction-là (sous-entendu avec une autre, faudrait voir)
- On fait la différence entre la direction du PS et ses militants
jeug
 
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Message par Sterd » 05 Fév 2009, 20:16

(jeug @ jeudi 5 février 2009 à 20:14 a écrit : Ca peut s'interprêter de 2 manières :
- Avec cette Direction-là (sous-entendu avec une autre, faudrait voir)
- On fait la différence entre la direction du PS et ses militants

Oui oui, comme d'hab c'est le but, ça peut s'interpréter de tout un tas de manières, beaucoup plus en tout cas que le plat "indépendance vis à vis du PS" d'avant qui était un peu trop restrictif.
Sterd
 
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Message par redsamourai » 05 Fév 2009, 22:36

déjà une inflexion?? en même temps, c'est vrai que vu sa maitrise de l'expression médiatique, il y a peu de chance pour qu'il s'agisse d'une coïncidence.

franchement, ça fait pas super léniniste clairvoyant de dire ça, mais je suis surpris qu'ils modifient déjà leur discours!
redsamourai
 
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Message par Valiere » 23 Fév 2009, 13:04

cela ne me pose pas problème car dans une politique de front unique on doit être capable de distinguer les appareils et les militants!
Valiere
 
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Message par Leonid » 23 Fév 2009, 19:44

Si on y met beaucoup de mauvaise foi, on pourrait y lire que cela présage des alliances et des listes communes avec le Parti socialiste pour les prochaines municipales.
Leonid
 
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Message par Matrok » 23 Fév 2009, 19:46

Ooooh ! Mais quelle mauvaise foi ! :sygus:
Matrok
 
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Message par luc marchauciel » 24 Fév 2009, 10:05

Effectivement, au lieu de chercher des inflexions du discours en interprétant des extrapolations, il est peut être plus simple et rigoureux de s'en tenir au critère de la pratique. Des uns et des autres.
Et là, je trouve qu'il faut avoir une sacré culot pour aller chercher des poux dans la tête du NPA quand les dernières élections en date sont les municipales....
luc marchauciel
 
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Message par Vérié » 24 Fév 2009, 10:51

En l'occurence, et quoi qu'on puisse reprocher à la politique passée de la LCR vis à vis de la gauche institutionnelle, les propos de Besancenot signifient assez clairement qu'il fait une distinction entre la direction du PS et sa base. D'autant que l'on peut supposer, même en l'absence de textes, vu la tradition de la LCR, que la LCR - et par voie de conséquence le NPA aujourd'hui - considère toujours le PS comme un "parti ouvrier"... tout comme LO semble-t-il, ou du moins d'une partie de ses militants (CF les discussions sur ce sujet avec Artza.)

A mon avis, s'il est juste de distinguer la direction du PS d'une partie de sa base électorale, il l'est beaucoup moins de la distinguer de ses "militants". D'une part, car une grande partie des adhérents actifs du PS sont aussi ses "clients intéressés" : élus, permanents, membres d'associations subventionnées, employés de municipalités et d'institutions diverses qui doivent leurs postes au PS ; d'autre part, une partie très importante, sans doute très majoritaire de ses "adhérents actifs" sont en parfaite adéquation avec la politique de gestion du capitalisme de la direction du PS, et même de ,la politique sécuritaire de Dray et cie. Essayer d'enfoncer un coin entre la direction du PS et sa base d'adhérents actifs semble donc très illusoire. Si c'était possible, Mélenchon et ceux qui avant lui ont joué le créneau de gauche - pourtant plus modéré et crédible que la LCR - auraient eu plus de succès.
Vérié
 
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Message par artza » 24 Fév 2009, 11:26

Effectivement ne cherchons pas des poux sur le crâne chauve d'un bébé dont on ignore s'il atteindra jamais l'âge de traison.

"Indépendant du PS", ou de "la direction du PS" c'est une façon de présenter le NPA, de le définir qui entre nous n'engage à rien du tout, surtout aujourd'hui.
Chacun le comprend un peu comme il veut, et pour l'instant permet d'exprimer sa mauvaise humeur envers un parti à qui on ne reproche même plus sa politique passée mais sa passivité actuelle, ses divisions et sa défaite aux dernières présidentielles.
Pour les prochaines élections de OB ne veut pas être le dindon, il veut des garanties de sièges au delà des européennes mais pour les régionales et les législatives ;) . c'est le seul sens de cette exigence vis-à-vis du PC et de Melenchon.

Plus curieuse et inquiétante de mon point de vue des formules comme "niquer le capitalisme" :altharion:
artza
 
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