Uranus

Message par artza » 19 Jan 2009, 16:23

Film de Claude Berri d'après le roman de Marcel Aymé.

Rediffusé ce soir sur Arte en hommage à Claude Berri décédé récemment.

Marcel Aymé n'était pas de gauche et pas très résistant.

Il ne faut pas l'oublier en voyant le film ou mieux en lisant son roman.

Néanmoins, il avait quelques talents et savait croquer ses personnages.

Claude Berri pour son film en a usé.

Le militant syndicaliste du PCF, brave homme au fond, proche de ses collègues et des gens.

L'autre militant du PC, instituteur petit bureaucrate sans scrupule et carriériste.

Un patron de bistrot (Depardieu) qui découvre le théâtre de Racine :-P

Un ingénieur ancien pétainiste pas mauvais bougre non plus et un prof de français une sorte de Diogène qui juge de loin avec misanthropie c'est un peu lui qui donne le point de vue de M. Aymé. Une philosophie bien médiocre de petit-bourgeois revenu de tout, sans jamais avoir tenté grand chose.

Un collabo pourchassé par les résistants PC montré comme une victime de l'air du temps et des va-et-viens de l'Histoire ce qui est quand même un peu gonflé.

Un film à voir et un livre à lire malgré tout.
Encore une fois Marcel Aymé avait un peu de talent (Clérambard ou La jument verte :-P ).

Une dernière réserve, pour qui connait peu ou mal cette période, ou ne la connait que par la légende stalino-gaulliste on peut à tort prêter au PC à l'époque une politique radicale anti-bourgeoise qu'il n'avait pas du tout.
artza
 
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Message par Vérié » 19 Jan 2009, 17:10

Ouais... Chacun ses goüts. Personnellement, je n'aime pas beaucoup Berri, cinéaste commercial et démago. Et, comme tu le dis, non seulement Marcel Aymé, quel que soit son talent n'était pas résistant, mais il s'est assez bien accomodé de l'occupation, puisqu'il a publié des textes dans La Gerbe et Je suis partout. Il a donc ensuite réglé ses comptes avec les résistants.

Voici toutefois un lien avec le texte d'un auteur qui défend Marcel Aymé d'avoir été collabo.

http://ass.perrinchassagne.net/lecureur.html
Vérié
 
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Message par pelon » 19 Jan 2009, 20:07

Marcel Aymé qui s'est qualifié, je crois, d'anar de droite. On retrouve ce genre d'individus à travers les périodes, par exemple dans Charlie Hebdo aujourd'hui, se mettant au-dessus de la mêlée pour regarder les cons d'en bas, les beaufs ...
C'est d'ailleurs une partie de la critique de Trotsky sur Celine qui faisait, à la sortie de "Voyage au bout de la nuit", l'unanimité dans les milieux intellectuels, en particulier de gauche.
pelon
 
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Message par artza » 19 Jan 2009, 22:52

(pelon @ lundi 19 janvier 2009 à 20:07 a écrit :
C'est d'ailleurs une partie de la critique de Trotsky sur Celine qui faisait, à la sortie de "Voyage au bout de la nuit", l'unanimité dans les milieux intellectuels, en particulier de gauche.

Avec Le voyage... son premier roman et de loin son meilleur Céline montrait un tout autre talent, une autre envergure que M. Aymé.

Ce n'était pas encore le Céline antisémite et anticommuniste forcené qu'il est devenu.

C'était un nouvel écrivain, une révélation.

En conclusion de l'article qu'il consacrait à ce roman qu'il avait apprécié et à son auteur qu'il ne connaissait pas, Trotsky écrivait avec une préscience étonnante:

a écrit :Céline n'écrira plus d'autre livre où éclatent une telle aversion du mensonge et une telle méfiance de la vérité. Cette dissonance doit se résoudre. Ou l'artiste s'accomodera des ténébres, ou il verra l'aurore. (Céline et Poincaré le 10 mai 1933. Publié dans le recueil Littérature et révolution).
artza
 
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Message par Ottokar » 20 Jan 2009, 07:35

le film Uranus s'était attiré une page de commentaire dans LO, pour rappeler la réalité de la période.

Le film montre un PC tout-puissant, dictant même sa loi aux autorités mises en place par De Gaulle alors que le PC, même dans les rares endroits où les mouvements de Résistance qu'il influençait, non seulement ont participé aux combats, mais surtout ont joué un rôle déterminant, les endroits où l'effondrement des autorités de Vichy avait laissé l'organisation de la vie quotidienne aux mains du PC, même là donc, le PC a bien vite remis en selle l'Etat bourgeois, gaulliste, et a empêché toute situation de "double pouvoir".

Le film ayant été tourné dans les années 80, au moment où s'accélérait son déclin, présenter un PC dominant et quasi dictatorial n'était pas totalement innocent. Cela n'empêche pas que Marcel Aymé écrit sacrément bien, que ses personnages de petits-bourgeois sont plus vrais que nature, que les acteurs du film sont très bons, que la scène où le cafetier inculte (Depardieu) découvre les alexandrins est une scène d'anthologie, etc.
Ottokar
 
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Message par jeug » 20 Jan 2009, 14:25

Je n'ai pas pu aller jusqu'à la fin, tellement j'ai trouvé les personnages artificiels et les dialogues cosmiques.
Je parle du film, je n'ai pas lu le bouquin.
jeug
 
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Message par Cornulier » 20 Jan 2009, 20:38

(jeug @ mardi 20 janvier 2009 à 14:25 a écrit :Je n'ai pas pu aller jusqu'à la fin, tellement j'ai trouvé les personnages artificiels et les dialogues cosmiques.
Je parle du film, je n'ai pas lu le bouquin.

tiens c'est marrant, moi ça a été l'inverse...j'ai mis ce film en pensant m'endormir devant et finalement, j'ai été agréablement surpris.
:D

Et ce matin au boulot, on s'est bien marré avec les collégues qui ont regardé le film :


-andromaque, du rouge ou du blanc ??

-du blanc évidemment ! j'en bois depuis que je suis enfant !

:w00t:
Cornulier
 
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Message par Ottokar » 20 Jan 2009, 21:48

moi je me souviens de
"passez-moi Astyannax et tirons-nous en douce" :D
Ottokar
 
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Message par artza » 21 Jan 2009, 13:45

(arno7518 @ mardi 20 janvier 2009 à 20:38 a écrit :

-andromaque, du rouge ou du blanc ??

-du blanc évidemment ! j'en bois depuis que je suis enfant !

:w00t:



a écrit :
Léopold: Passez-moi Astyanax, on va filer en douce
Attendons pas d'avoir les poulets à nos trousses

Andromaque: Mon Dieu, c'est-il possible enfin voilà un homme!
Voulez-vous du vin blanc ou voulez-vous du rhum?

Léo: Du blanc

Andro: C'était du blanc que buvait mon Hector
Pour monter aux tranchées et il avait pas tort


Ca c'est Marcl Aymé!

Il semblerait que "...j'en bois depuis que je suis enfant" soit une trouvaille pour le film.
Une trouvaille heureuse :D
artza
 
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