Un vent de révolte en Grèce

Dans le monde...

Message par Vérié » 13 Déc 2008, 14:45

(com_71 @ samedi 13 décembre 2008 à 13:23 a écrit : Tu veux bien sûr donner l'impression (et peut-être le crois-tu vraiment, mais cela ne change rien) que tu ne soumets à ta critique que quelques aspects de la politique de LO, aspects plutôt circonstanciels, plutôt récents ; et que tu le fais plus ou moins au nom de ce que tu a appris de VO-LO lors de ton passage.


Ma critique de LO - tu le sais et je ne le cache pas - ne se limite pas à ces quelques aspects "plutôt circonstanciels, plutôt récents". Et je ne cherche pas à en donner l'impression. Mais, dans la mesure où je critique des points précis, cela peut donner cette impression en effet. Mais je n'avance pas masqué !

Parmi les critiques adressées à LO, certaines - du moins à mon avis - peuvent être faites au nom de la politique passée de LO (municipales par exemple, révolte des jeunes de banlieue par rapport à l'attititude de LO face à une révolte semblable à Vaux en Velin dans le passé etc). D'autres de mes critiques s'adressent à des positions inchangées de LO.

Mais le FALO n'est pas l'endroit pour présenter un bilan complet de mes critiques et divergences avec LO. Aucun de ceux qui s'expriment ici ne le fait. En dépit des HS fréquents de chacun, on s'exprime sur le sujet en cours. En l'occurence la Grèce.
Donc, ça n'a pas de sens de répondre à un point de vue sur la révolte de la jeunesse grecque - qui ne diffère pas tant que ça de celui exprimé dans LO - à partir de positions et analyses plus générales que je défend effectivement sur d'autres sujets, ou que tu me prêtes. Je dis bien que tu me prêtes, car, même de très loin, je ne me sens aucune parenté avec Marcuse ! (Quant au NPA, auquel je n'appartiens pas pour le moment, en dépit de son hétérogénéité, je ne crois pas que les théories de Marcuse y aient beaucoup d'influence !)
__

Après cet apparté, si on discutait de la révolte de la jeunesse grecque ?

A ce propos, question : LO semble être une des rares organisations qui n'a pas appelé à la manif de solidarité devant l'ambassade de Grèce hier. Connaissez-vous les raisons de cette non participation ?
Vérié
 
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Message par com_71 » 13 Déc 2008, 15:56

(Vérié @ samedi 13 décembre 2008 à 14:45 a écrit : Après cet apparté, si on discutait de la révolte de la jeunesse grecque ?

Dit Vérié après avoir été gratter du côté de la Russie tsariste, de la Chine... ou de mai 68. :roll:

(Vérié vendredi 12 décembre 2008 à 16:45 a écrit :    On s'éloigne doucement de la Grèce vers le HS, mais c'est un peu de ma faute.


:roll: :roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 13 Déc 2008, 16:00

(com_71 @ samedi 13 décembre 2008 à 15:56 a écrit : Dit Vérié après avoir été gratter du côté de la Russie tsariste, de la Chine... ou de mai 68. :roll:


Ok, je n'aurais sans doute pas du faire cette allusion au texte de LO, qui t'a énervé.
La Révo russe, c'est un peu loin en effet. Mais Mai 68, quand on parle de la révolte de la jeunesse grecque, difficile de faire l'impasse !
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Message par com_71 » 13 Déc 2008, 16:08

(Vérié @ samedi 13 décembre 2008 à 14:45 a écrit : A ce propos, question : LO semble être une des rares organisations qui n'a pas appelé à la manif de solidarité devant l'ambassade de Grèce hier. Connaissez-vous les raisons de cette non-participation ?
Pas au courant. D'autres en savent peut-être plus...

a écrit :Manifestation à Paris en solidarité avec la "génération 600 euros" en Grèce

PARIS, 12 déc 2008 (AFP) - Quelque 300 personnes ont manifesté vendredi soir à Paris à proximité de l'ambassade de Grèce en solidarité avec la "génération 600 euros", a constaté une journaliste de l'AFP.

Rassemblées à l'appel d'organisations de l'Education et de gauche (le syndicat étudiant Unef, les syndicats lycéens FIDL et, UNL, le MJS, les JCR ...), elles se sont massées dans la rue Auguste-Vacquerie (XVIe), à quelques centaines de mètres de l'Arc de Triomphe et à proximité de l'ambassade, dont les forces de l'ordre leur barraient l'accès.

Les manifestants ont tenté d'avancer vers la place de l'Etoile, mais ont été repoussés sans ménagement par les CRS. Ils ont ensuite descendu l'avenue Marceau, où ils ont installé des barrières, rapidement dégagées par la police. Ils ont alors fait irruption sur les Champs-Elysées, qu'ils ont bloqués au moyen de barrières de chantier et en formant une chaîne humaine. La circulation a partiellement repris sur l'avenue à la suite du départ des manifestants, talonnés par les forces de l'ordre. Certains démontaient des petits feux tricolores sur leur passage. Deux ont été interpellés et menottés, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le porte-parole de la LCR Olivier Besancenot et le sénateur Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de Gauche (PG), participaient au rassemblement.

"Au-delà de l'indignation légitime de ce qui se passe en Grèce, on souhaitait faire entendre l'inquiétude des jeunes en France. Sans faire de parallèle douteux entre les situations politiques en France et en Grèce, la génération 600 euros de Grèce a bien des similitudes avec la génération CPE", a déclaré à la presse le président de l'Unef Jean-Baptiste Prévost. "On attend des réponses politiques, et pas que le gouvernement méprise les inquiétudes de la jeunesse", a-t-il dit, citant les difficultés à accéder au marché de l'emploi, les conditions de vie pendant les études, et le chômage qui frappe plus les jeunes que le reste de la population. Les "600 euros" sont une référence au salaire mensuel de jeunes actifs grecs.

Des militants du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui doit voir officiellement le jour en janvier brandissaient une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "A bas le terrorisme d'Etat en Grèce et vive le peuple grec en lutte".
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Message par Puig Antich » 13 Déc 2008, 18:35

Le communiqué du KKE tout de même :

a écrit :Déclaration d’ Aleka Papariga, SG du CC du KKE, sur l’assassinat du jeune à Exarchia.


A ce moment-ci, ce qui est le plus essentiel, c’est l’intervention organisée en masse du peuple, la présence distincte du mouvement ouvrier, du mouvement des élèves, des étudiants, de tous les employés, culminant à la grande grève de mercredi, car la lutte contre la violence et la suppression étatiques est en même temps une lutte pour le travail, les salaires, les pensions, l’éducation, la santé.

Pour longtemps, on a suit un « cache – cache » entre les agresseurs prétendument inconnus et la police, ce qui nous a induit beaucoup de questions et d’inquiétudes. Ce « cache – cache » a conduit à la mort d’un enfant innocent. A cet égard, nous considérons que la protection se trouve dans un mouvement puissant, organisé et protégé par le peuple lui – même. Aujourd’hui, ce qui est nécessaire c’est la condamnation politique du gouvernement, la condamnation politique de tout le réseau et des mécanismes du terrorisme, des mécanismes visibles et invisibles de la suppression étatique, ainsi que de ses connexions.

Bien sûr, il ne s’agit pas de se venger en détruisant des magasins, en incendiant et en enflammant des voitures. Tout cela est en faveur de la suppression étatique et de tous ceux qui veulent imposer le conservatisme et la peur au peuple, ainsi que l’abstention par toutes les mobilisations de masse. Ils veulent freiner un mouvement organisé de masse qui pourra dévaster non seulement le gouvernement de la ND, mais tout gouvernement conservatif qui mène une politique contre le peuple ; un mouvement qui pourra ouvrir la voie pour un vrai renversement en faveur du pouvoir ouvrier populaire
Puig Antich
 
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Message par Vérié » 15 Déc 2008, 09:17

LA POLITIQUE DU PC GREC FACE A LA REVOLTE

Passage d'un article de Panagiotis Sifogiorgakis
(Correspondant d'Imprecor) extrait de :
http://www.collectif-rto.org/spip.php?article300

a écrit :
* PKS (tendance du KKE). Les forces du Parti Communiste de Grèce (KKE), à l’inverse, ont suivi une ligne qui, dans l’essentiel, est allée contre le mouvement. Pendant les trois premières semaines, le KKE a mis l’accent sur les dangers de « perdre la période des examens » et a, donc, appelé à reporter le mouvement au mois de septembre Son journal, " Rizospastis ", a calomnié toutes les composantes de gauche du mouvement en le présentant comme " jouant le jeu du PASOK " et il a nié le caractère massif des mobilisations. Il a essayé de se cacher derrière un certain " collectif de coordination nationale ", construit et contrôlé par lui-même : cependant, ce " collectif " n’a réussi à avoir l’aval que de 7 facultés au début et d’une seule à la fin (il y plus de 400 facultés dans le pays). Pire encore, c’est précisément là ou elle a essayé de mener bataille pour gagner le soutien à ce " collectif " que la tendance PKS a connu d’énormes pertes au profit de la Coordination Nationale des Facultés Occupées.
La quatrième semaine de la lutte, sous la pression énorme du mouvement de masse et sous le risque d’un isolement total face à lui, le KKE a fait un virement en reconnaissant que " la lutte se développe ", en présentant même des propositions d’occupation hebdomadaire. Cependant dans les assemblées générales, le KKE a continué à connaître des pertes au niveaux des votes. Et vers la fin, il a été obligé de participer à la structuration de la Coordination Nationale des Facultés Occupées et d’appeler aux manifestations de rues, avec les coordinations de lutte (bien qu’essayant d’organiser là des cortèges séparés qui partent une ou deux heures avant les autres !)


Selon pas mal d'autres sources, les calomnies du KKE contre les "émeutiers" sont tout à fait du même tonneau que celles des staliniens français ("les gauchistes Marcellin", vous vous souvenez ?) : flics infiltrés, provocateurs, lumpen, pillards etc.
Vérié
 
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Message par Vérié » 15 Déc 2008, 17:45

a écrit :
Le Point.fr

Les accrochages reprennent à Athènes


Heurts entre manifestants et les forces de l'ordre à Athènes. La manifestation s'est tenue à l'occasion d'une audience au tribunal pour les dizaines de personnes arrêtées durant les troubles les plus graves qu'ait connus la Grèce depuis le retour à la démocratie en 1974. /Photo prise le 15 décembre 2008/REUTERS/Oleg Popov

Imprimez Réagissez Classez La police grecque a fait usage de gaz lacrymogènes contre de petits groupes de manifestants armés de pierres et de cocktails Molotov lundi dans le centre d'Athènes, après une semaine d'émeutes provoquées par la mort d'un adolescent tué par un policier.

Des heurts ont opposé des jeunes aux forces de l'ordre devant le principal tribunal d'Athènes et un poste de police du centre de la capitale, tandis que des actes de vandalisme visant des magasins étaient signalés dans deux villes du nord du pays.

La mort d'Alexandros Grigoropoulos, le 6 décembre, a entraîné les troubles les plus graves qu'ait connus la Grèce depuis le retour à la démocratie en 1974.

Cette agitation, alimentée par le chômage des jeunes, les scandales politiques et l'impact de la récession mondiale, a causé des dégâts évalués à plus de 200 millions d'euros.

L'ampleur des manifestations a fortement diminué ces derniers jours et le calme a prévalu dimanche dans la capitale.

Etudiants et syndicats ont cependant annoncé de nouvelles mobilisations jeudi et vendredi contre le gouvernement conservateur de Costas Caramanlis, qui dispose d'une seule voix de majorité au parlement.

Les contestataires s'élèvent contre les réformes de l'enseignement et des retraites, les privatisations et les hausses d'impôts.

"On s'attend à ce que ça continue pendant une deuxième semaine", déclare Kiki Toudoulidou, un enseignant de 37 ans. "Si le gouvernement traitait la situation comme il faut, on n'en serait pas là."

D'autres incidents restent possibles lundi, un groupe anarchiste ayant appelé à une marche sur le parlement à 16h00 GMT.

Le parti de la Nouvelle démocratie, formation de Costas Caramanlis, que les médias grecs accusent de passivité devant ces troubles, a dénoncé les émeutes comme le fait d'un noyau d'anarchistes irréductibles profitant d'une mobilisation plus large.

Au début de la semaine dernière, des milliers de jeunes avaient écumé les rues d'une dizaine de villes grecques en détruisant voitures, banques et magasins.

Selon un sondage publié dimanche par le journal Kathimerini, 68% des personnes interrogées se disent mécontentes du gouvernement, mais 60% parlent d'un soulèvement social plutôt que de troubles fomentés par une minorité violente.

Renee Maltezou et Daniel Flynn, version française Philippe Bas-Rabérin


Comme quoi, la population grecque est moins effrayée par la révolte que ne le sont les staliniens du KKE !
Vérié
 
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Message par jedi69 » 15 Déc 2008, 22:09

Wesh les amis !!!

Bien ou bien ?



(Vérié @ lundi 15 décembre 2008 à 16:45 a écrit :
a écrit :


Selon un sondage publié dimanche par le journal Kathimerini, 68% des personnes interrogées se disent mécontentes du gouvernement, mais 60% parlent d'un soulèvement social plutôt que de troubles fomentés par une minorité violente.

Renee Maltezou et Daniel Flynn, version française Philippe Bas-Rabérin


Comme quoi, la population grecque est moins effrayée par la révolte que ne le sont les staliniens du KKE !


Mais je ne crois pas que ces quelques débordements de cette partie de la jeunesse encouragent les travailleurs à tenir tête à la bourgeoisie et son gouvernement. Les émeutes, le terrorrisme, c'est des signes de désespoir, plutôt que d'espoir, d'encouragement des travailleurs et là en particulier de leur jeunesse.

Pour la bourgeoisie c'est tout bénéf si les travailleurs voient dans les débordements "un soulèvement sociale", ça permet de montrer qu'il y a que ça comme moyen pour combattre le pouvoir ... brûler des voitures, casser, brûler des bâtiments symboles de l'état bourgeois ... et encore, est ce qu'ils font le trie de leurs destructions ? ...

Sinon, pourquoi détruire, au lieu de posséder, d'exproprier la bourgeoisie, son état ? pourquoi ne pas transformer la propriété privée en propriété collective ? ... heu pourquoi ne pas occuper des commissariats, des casernes et prendre les armes ? Pourquoi ne pas occuper des mairies, des préfectures, des entreprises, des stades, des logements et prendre des décisions comme de loger les misérables par exemple, d'augmenter les salaires, contrôler les comptes des entreprises, de l'état, étendre le mouvement, faire des réunions de masse, des collectifs, des soviets, c'est comme ça qu'on dit ?

Bah, parce qu'il y pas de militants, de dirigeants communistes qui proposent ça ... il y a juste pas de perspectives ... même réformistes, purement économique pour la jeunesse ... et les groupuscules qui existent n'ont pas grand chose à proposer à cette petite fraction de la jeunesse ... alors, moi, pareil, je critique les débordements d'une partie de la jeunesse et de quelques groupuscules, mais dans l'ensemble la mobilisation des travailleurs doit continuer à s'étendre à tenir tête à la bourgeoisie grecque, et montrer d'autres perspectives à cette petite fraction désespérée de jeunesse ... et ça va être dure sans militants communistes.

A+
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Message par jedi69 » 16 Déc 2008, 01:16

Wesh les amis !!!

Bien ou bien ?



Je discutais avec un pote de "La lutte de classes en France" de K.marx(1850), l'intro de Engels en 1891, est trop balèze, il fait un résumé de tous le mouvement ouvrier en France, des apprentissages pour le mouvement ouvrier en Europe, en particulier en Allemagne ... en fait ça m'a fait penser à la discussion de ce topic ...

Voilà pour ceux qui veulent la lire :

http://www.marxists.org/francais/engels/wo.../fe18950306.htm

Il comparent notamment les moyens qu'à le prolétariat au cour de son histoire pour disputer le pouvoir à la bourgeoisie ... et évidemment ceux ci changent ... c'est les technologies, l'armement, et évidemment l'organisation politique des prolétaires se complexifie, en fin passe à des stades supérieurs ...

Vu l'histoire du 20ème siècle, du développement industriel, du développement scientifique, des expériences des travailleurs : employés, paysans, ouvriers au cour du 20ème siècle, la révolution russe, l'URSS, les guerres mondiales ... on a poussé la barre plus haut ...

bon, si on revient au sujet ... les connaissances de l'avant garde, même au stade de groupuscule devraient, je dis bien devraient(au vu du débat, c'est pas évident) permettre d'être critique sur les luttes en Grèce ... à savoir les émeutes d'une certaine jeunesse et l'urgence des mobilisations des travailleurs ... en Grèce comme à travers le monde ... je dirais plus, si on veut contester le pouvoir à la bourgeoisie, prendre des responsabilités, renverser la bourgeoisie, détruire le capitalisme, on a pas "trop" le droit à l'erreur.

Je pense que les travailleurs le savent, ou le sentent, ou sont en train d'en prendre conscience ... on parlait de 2005 ... ce sont les travailleurs qui ont calmé les gosses ... pas Sarko et son gouvernement provocateur, c'est pas non plus les CRS et le couvre feu ... d'ailleurs en Grèce, on voit les travailleurs agir autrement, ne pas se laisser entrainer par cette petite fraction de la jeunesse ... en gros les travailleurs doivent faire de la discipline dans leurs rangs pour combattre de manière efficace la bourgeoisie ... c'est faire violence à une minorité d'entre eux en même temps qu'ils utilisent leurs forces contre la bourgeoisie.

A+ :wavey:
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Message par Vérié » 16 Déc 2008, 15:38

(jedi69 @ lundi 15 décembre 2008 à 22:09 a écrit :
Mais je ne crois pas que ces quelques débordements de cette partie de la jeunesse encouragent les travailleurs à tenir tête à la bourgeoisie et son gouvernement. Les émeutes, le terrorrisme, c'est des signes de désespoir, plutôt que d'espoir, d'encouragement des travailleurs et là en particulier de leur jeunesse.


a écrit : Jedi
en Grèce, on voit les travailleurs agir autrement, ne pas se laisser entrainer par cette petite fraction de la jeunesse ... en gros les travailleurs doivent faire de la discipline dans leurs rangs pour combattre de manière efficace la bourgeoisie ...


En Grèce, Jedi, les travailleurs sont encadrés par les syndicats dirigés par le PASOK et par le KKE. Et, pour le moment, ils ne débordent pas ces syndicats de façon significative. Il est donc absurde d'opposer leur façon d'agir, dans le cadre de journées d'actions limitées, du style de celle que nous connaissons ici, à celle de la jeunesse.

Il me semble que poses très mal le problème. Si tous les travailleurs, en rangs serrés, organisés dans des conseils ouvriers, dirigés par un parti révolutionnaire etc affrontaient la bourgeoisie et s'emparaient du pouvoir, ce serait parfait. Tout le monde, j'imagine, sera d'accord. Mais, avant d'en arriver là un jour (peut-être, du moins nous l'espérons), il y aura de nombreuses luttes, des victoires et des défaites, des formes d'action différentes, et un parti révolutionnaire, peut-être plusieurs, on n'en sait rien, se construiront au cours de ces luttes, en prouvant aux différentes catégories de travailleurs, de jeunes et d'exploités qu'ils défendent leurs intérêts, que leurs méthodes sont effiaces, leurs objectifs justes etc.

D'ici là, si ça arrive, différentes catégories de travailleurs, de jeunes et d'exploités se révolteront, agiront, et certains se révoltent déjà. Pour se révolter, ils n'attendent pas les consignes des petits partis qui se disent révolutionnaires, et ils n'agissent pas nécessairement selon nos souhaits. Néanmoins, du moins si nous sommes de leur côté, si nous sommes authentiquement révolutionnaires, nous les soutenons, sans pour autant approuver tout ce qu'ils font.

Que traduit la "violence" de ces révoltes ? Elle traduit notamment la haine tout à fait légitime d'une partie de la jeunesse contre une police, héritée de la dictature (certains de ses chefs ont servi sous la dictature, comme au Chili ou en Argentine), qui se conduit avec brutalité et vient d'assassiner un ado. Cette haine contre l'appareil répressif est pour nous une bonne chose, car ce sera une composante indispensable pour abattre l'ordre social. Ca ne veut pas dire que nous préconisons d'attaquer les commissariats. Et cette haine, seule, ne suffit pas. Il faut qu'elle s'allie à la conscience de classe d'une partie importante des travailleurs. Mais, au nom de quoi, devrait-on condamner les révoltes et les actes de ces jeunes, qui veulent rendre les coups qu'ils reçoivent, même si leurs actions ne débouchent pas sur une révolution ?

Tu sembles te féliciter que cette révolte n'entraîne pas de travailleurs. D'abord, tu ne sais pas si, dans l'avenir, une partie des travailleurs, notamment des jeunes, ne vont pas les imiter. Il y a déjà des jeunes travailleurs parmi eux, comme lors de la révolte des banlieues, même si celle des jeunes Grecs est beaucoup plus politique. Ensuite, à un moment donné, les travailleurs affronteront sans doute eux aussi les forces de l'ordre capitaliste si leur lutte atteint un certain niveau. Donc, sans faire de la lutte de ces jeunes un "modèle", une "étincelle qui met le feu à la plaine" etc, on ne peut pas exclure que cette révolte encourage d'autres catégories à lutter, avec leurs propres méthodes de luttes.

Pour le moment, et c'est la signification de ce sondage - dans les limites de ce qu'on peut attendre d'un sondage évidemment -, cette révolte, non seulement n'effraie pas la majorité de la population, mais celle-ci la comprend ! Comme les travailleurs ont compris la révolte des étudiants en mai 68, en dépit des efforts désespérés du PC de les isoler, en dénonçant les "provocateurs gauchistes" etc, ce qui a obligé le PC à changer brusquement de position et à prendre le train en marche, sous peine d'être débordé.

Donc, décréter par principe que tout acte "violent" effraie les travailleurs, nuit à la lutte collective etc n'est pas juste, même si, encore une fois, nous ne sommes pour rien dans ces actes que nous ne préconisons pas.

Tu remarqueras que le tour pris par le mouvement lycéen en France, sur cet arrière fond de révolte en Grèce, fait très peur au gouvernement, au point que Sarkozy a reculé sur la réforme Darcos. Sa plus grande crainte est évidemment la jonction des jeunes lycées, des jeunes des banlieues et du mouvement ouvrier. Sarkozy vient donc de reculer pour la première fois, et la violence de la révolte en Grèce n'est pas complètement étrangère à ce recul. Ca ne fait que commencer, et il n'est pas exclu que le succès des lycéens encourage les travailleurs en montrant qu'il est possible de faire reculer un pouvoir qui prétend rester ferme sur toute la ligne.
__
PS Méfie toi tout de même quand tu évoques le "terrorisme" - qui joue un rôle très mineur dans cette révolte. Car certains médias, politiciens etc ont tendance en ce moment à vouloir criminaliser toutes les actions et mêmes positions politiques un peu radicales (CF Tarnac) en les assimilant au terrorisme. Nous devons au contraire dénoncer fermement cette criminalisation de la pensée et de l'action contestataires, pas reprendre cet amalgame à notre compte.
Vérié
 
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