Interpellation musclée d'un journaliste de Libération

Message par Vérié » 30 Nov 2008, 11:23

RETOUR AUX LETTRES DE CACHET ?

Samedi matin, Vittorio de Filippis, journaliste de Libération et ancien directeur de publication du quotidien a été interppé de façon musclée à son domicile à 6 H 40 et insulté devant ses enfants.

Motif : une vieille affaire de plainte pour diffamation et... le commentaire d'un internatute sur le site de Libération, à propos du passé de Xavier Niel, patron de Free et ancien propriétaire de Peep Show condamné pour proxénétisme.

Un peu comme si on venait arrêter Arlette pour un commentaire publié sur le FALO !

Cette affaire suscite un tollé de protestations. Le syndicat des journalistes organise une manif lundi devant la Maison de la radio. Le PS et... l'UMP demandent une enquête. D'innombrables organisations protestent.

Sans tomber dans la parano, on peut se demander si nous sommes en présence d'une bavure dûe à un "coup de sang" de la juge qui instruit l'affaire, ou si les ordres venaient de plus haut et visent à intimider la presse. Surtout après une autre affaire qui ressemble beaucoup à une manipulation policière, celle des "épiciers de Tarnac" accusés d'avoir saboté des caténaires, dont 5 au moins sont toujours emprisonnés.




a écrit :
Cela se passe en France, au petit matin, quand la police vient arrêter un journaliste à son domicile. Il s'agit de Vittorio de Filippis, journaliste à Libération, membre de la direction du journal, qui a été PDG et directeur de la publication de juin à décembre 2006. Interpellé chez lui à l'aube, vendredi 28, il a été menotté, humilié, insulté devant ses enfants. Motif de cette mesure d'extrême urgence : le site de Libération a hébergé un commentaire d'internaute contesté...



M. de Filippis a été interpellé sur réquisition de la juge d'instruction Muriel Josié, vice-présidente du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, saisie d'une plainte en diffamation de Xavier Niel, fondateur du fournisseur d'accès à Internet Free.

Le récit des conditions de cette interpellation a provoqué la stupeur au sein du journal, qui consacre une page à cette affaire dans son édition de samedi 29 novembre. "C'est une attaque de la maréchaussée à l'aube, fouille au corps et enfermement temporaire. Tout ça pour quoi ? Pour un procès en diffamation dans lequel nous avons déjà obtenu gain de cause à deux reprises", écrit Laurent Joffrin, PDG de Libération.

L'affaire est racontée sur le site de Libération (www.liberation.fr). "Vendredi matin, à 6 h 40, j'ai été réveillé par des coups frappés sur ma porte d'entrée. Je me suis trouvé face à trois policiers", raconte M. de Filippis. Ils lui lancent : "Habillez-vous, on vous emmène."

Le journaliste proteste. "Réveillé par le bruit, mon fils aîné, qui a 14 ans, assiste à toute la scène. Son frère, 10 ans, ne sort pas de sa chambre, mais j'apprendrai qu'il était réveillé et qu'il a très mal vécu ce moment. Je dis aux flics qu'il y a peut-être d'autres manières de se comporter. Réponse devant mon fils : "Vous, vous êtes pire que la racaille !"" Les policiers lui signifient qu'il est sous le coup d'un mandat d'amener au TGI.

Vers 7 h 15, les policiers emmènent le journaliste au commissariat du Raincy (Seine-Saint-Denis), où il réside. Il demande la présence des avocats du journal. En vain. Il est menotté, puis emmené à Paris dans les sous-sols du TGI.

"On me demande de vider mes poches, puis de me déshabiller (...) Je me retrouve en slip, ils refouillent mes vêtements, puis me demandent de baisser mon slip, de me tourner et de tousser trois fois." Le journaliste s'exécute et se rhabille. Les policiers l'enferment dans une cellule. Interrogé vendredi par Le Monde, le commissariat de Raincy a répondu : "Nous ne pouvons vous passer aucun gradé. Nous ne pouvons rien vous dire."

Deux gendarmes viennent ensuite chercher le journaliste et lui demandent une deuxième fois de se déshabiller complètement. Autre vexation : "Je leur signale que j'ai déjà été fouillé d'une manière un peu humiliante et je refuse de baisser mon slip à nouveau. Bien que comprenant l'absurdité de la situation et mon énervement, ils me répondent que c'est la procédure."

Rhabillé, on l'emmène, menotté, dans le bureau de la juge Muriel Josié. Le journaliste lui demande une nouvelle fois de pouvoir parler à ses avocats. Sans succès. Il refuse de répondre aux questions. Interrogé vendredi soir, le cabinet de la juge Muriel Josié nous a répondu : "Nous n'avons rien à dire sur le sujet."

M. de Filippis est mis en examen, puis relâché près de cinq heures après son interpellation. Il est 11 h 30. Il appelle son journal, ses avocats et arrive à Libération, pâle, choqué, fatigué, outré, avec la trace des menottes au poignet encore visible.

Quel est l'objet du délit ? Une affaire de diffamation. L'article 42 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 stipule que le directeur de publication d'un journal - M. de Filippis à l'époque - est "l'auteur principal" du délit de diffamation publique envers un particulier, le journaliste auteur du papier incriminé n'étant que "complice".

Ce n'est pas la première fois que le fondateur de Free, M. Niel, porte plainte contre Libération. Il l'a fait pour des articles de Renaud Lecadre relatant les démêlés judiciaires de l'homme d'affaires. A chaque fois, le plaignant et ses sociétés ont été déboutés, pour "procédures abusives", et condamnés à verser des dommages et intérêts, explique Emmanuel Soussen, l'un des avocats de Libération.

Début 2007, M. Niel a déposé une nouvelle plainte. Elle vise le commentaire d'un internaute publié sur le site de Libération, sous un article titré "Deux ans avec sursis pour le patron de Free". Publié dans Libération le 27 octobre 2006, cet article mentionnait la condamnation de M. Niel, par le tribunal correctionnel de Paris, pour "recel d'abus de biens sociaux" dans une affaire liée à des faits de proxénétisme entre 1992 et 2004.

Des juristes avancent : "Il n'est pas acquis qu'un directeur de publication soit responsable des commentaires des internautes." "C'est la stupeur", confiait vendredi Fabrice Rousselot, directeur adjoint de la rédaction. Lorsqu'il était responsable du site, il se souvient avoir vu débarquer les huissiers il y a un an et demi. "Je ne comprends pas un tel acharnement."

Initialement confiée à la juge Emmanuelle Ducos, cette affaire a été transmise en mai à la juge Muriel Josié. Cette dernière a, selon M. de Filippis, fait procéder à des vérifications de son domicile, alors que son adresse, celle du journal et de ses avocats, sont dans l'annuaire et dans le dossier...

"Je suis l'avocat de Libération depuis 1975 et c'est la première fois que je vois un directeur de publication faire l'objet d'une interpellation et d'un mandat d'amener", a constaté Me Jean-Paul Lévy. "Il suffisait d'envoyer une convocation par courrier au siège de Libération ou de nous appeler pour convenir d'un rendez-vous : cela n'a pas été fait", ajoute-t-il. "C'est invraisemblable et inacceptable, si on permet des perquisitions et des interpellations de cette nature, on contourne la loi", ajoute Me Yves Baudelot, avocat du Monde. D'autant plus qu'il s'agit d'un délit qui n'est pas passible de prison.

La Société civile des personnels de Libération (SCPL, actionnaire du journal) dénonce, dans un communiqué, "des méthodes judiciaires intolérables" et "inadmissibles". La SCPL demande "qu'une enquête soit ouverte sans délais sur ces méthodes".

"C'est l'aboutissement d'un climat délétère, au moment où se tiennent les états généraux de la presse", regrette Jean-Michel Dumay, président du Forum des sociétés de journalistes. " On se demande dans quel pays on vit", dit M. de Filippis.

Pascale Santi
Vérié
 
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Message par Vérié » 01 Déc 2008, 17:46

Et ce qui arrive aux citoyens ordinaires sans que les médias y accordent trop d'importance. (Un prof et ses élèves - Témoignage du prof.)

http://pagesperso-orange.fr/chiphycult/la-bas.mp3
Vérié
 
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Message par Vérié » 02 Déc 2008, 08:19

Le tollé général soulevé par cette affaire a le mérite de faire parler AUSSI des brimades subies par les citoyens ordinaires, et surtout les plus pauvres évidemment. Ainsi, ce matin, sur France Inter, la LDH dénonçait à cette occasion le comportement de la police dans les banlieues, puis le journaliste faisait le lien avec la descente des gendarmes dans une école (voir post précédent) sous prétexte de chercher de la drogue. Et, quoi qu'on pense de Libération, Filippis a été très correct : ses premières paroles publiques ont été pour dénoncer les méthodes utilisées contre les sans papiers et les habitants des banlieues.

Même si les députés de droite qui eux aussi dénoncent cette "bavure" (?) sont sans doute assez hypocrites, Sarko a tout de même été obligé de désavouer ses ministres Alliot Mraie et Rachida Dati, qui trouvaient que la juge et les flics ont fait leur travail "normalement, dans les règles etc".

Ah...si les travailleurs et les pauvres faisaient preuve d'autant de solidarité entre eux que les journalistes... !
Vérié
 
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Message par artza » 02 Déc 2008, 09:06

(Vérié @ mardi 2 décembre 2008 à 08:19 a écrit :

Même si les députés de droite qui eux aussi dénoncent cette "bavure" (?) sont sans doute assez hypocrites,

C'est pas les députés de gauche qui auraient eu, ont, ou auront de tels comportements. :rofl:

Chacun se souvient des précédents ministre PS de l'Intérieur qui tous surent mettre au pas les policiers "baveurs", racistes, violents, grossiers ou simplement indélicats.

Que d'illusions, que de risques de dérives à venir posssibles dans une simple petite phrase en plus sans intérêt.

A moins de vouloir effectivement flatter la gauche?
artza
 
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Message par Vérié » 02 Déc 2008, 09:23

(artza @ mardi 2 décembre 2008 à 09:06 a écrit : Que d'illusions, que de risques de dérives à venir posssibles dans une simple petite phrase en plus sans intérêt.

A moins de vouloir effectivement flatter la gauche?

Charrie pas, Artza ! :altharion:
Après, tu auras bonne mine de venir me reprocher de pinailler sur une phrase d'un édito de LO, alors qu'on écrit tout de même plus vite un post sur le FALO qu'un édito.

Nous sommes bien d'accord sur tout ça. Disons seulement que les députés de droite sont "encore plus hypocrites" que les autres dans la mesure où leurs copains sont au gouvernement.
Vérié
 
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Message par artza » 02 Déc 2008, 09:57

(Vérié @ mardi 2 décembre 2008 à 09:23 a écrit :
Charrie pas, Artza ! :D
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