Editorial des bulletins d'entreprises (27/10/08)

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Vérié » 28 Oct 2008, 09:36

(Casimirowski @ mardi 28 octobre 2008 à 00:24 a écrit :
a écrit :Selon l'insee, le pouvoir d'achat des ménages...


Je suis fonctionnaire et je ne me souviens pas d'avoir eu une augmentation de salaire égale où supérieure à l'inflation depuis 1983. On peut, comme tu le dis, faire des réserves sur l'inflation mesurée par l'INSEE et je me demande ce que recouvre le terme "ménages" sociologiquement. Est-ce que l'on mélange des revenus salariés et des revenus de la bourgeoisie ?



Oui, ils font une sorte de moyenne pondérée, qui cache des disparités importantes entre les catégories. Mais ce qui marque avant tout les vingt/vingt-cinq dernières années, c'est la modification du partage du surproduit social en faveur du capital au détriment du travail, qui est considérable. De plus, quand on considère les salaires, ça représente les salaires des travailleurs qui ont la chance d'avoir un emploi fixe, mais il y a à côté tous les précaires, temps partiels etc et bien entendu les chômeurs dont les revenus ont diminué. Ces catégories-là ont beaucoup plus morflé que la plupart des salariés "fixes".

Pour en revenir à l'inflation :
a écrit :
Pelon
En effet, avec une chute brutale de l'emploi et de la production il y a plus de chances d'une déflation que de inflation.


Pas plus que toi, je n'ai de boule de cristal. Mais ça n'est pas incompatible. Dans les années trente en Allemagne, on avait à la fois le chômage et l'inflation. Nos doctes "économistes" ont même trouver un terme spécial : la "stagflation"...

A l'occasion de leur plan d'aide aux banques, il ne semble pas que les Etats aient pour le moment "créé" trop de monnaie. Les garanties, lignes de crédit etc proviennent d'emprunts et de divers fonds (comme la Caisse des dépôts) pour le moment. Mais, s'il faut de nouveaux plans d'aide, ça risque tout de même d'être la "planche à billets" (enfn électronique aujourd'hui). Et, à un moment où un autre, cette monnaie , ou une partie de cette monnaie, va revenir dans l'économie réelle et entrainer l'inflation.

De plus, il y a un autre facteur : dans les années trente, les capitalistes industriels avaient des stocks de marchandises à écouler. Pour les écouler, il fallait bien baisser les prix. Mais aujourd'hui, la plupart des entreprises travaillent à "flux tendu" : c'est la distribution ou les perspectives de distribution à court terme qui commandent la production. L'industrie s'adapte très rapidement en licenciant préfentivement. Donc il y a peu de stocks, et c'est un facteur de déflation en moins.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par artza » 28 Oct 2008, 10:35

(Vérié @ mardi 28 octobre 2008 à 10:36 a écrit : Dans les années trente en Allemagne, on avait à la fois le chômage et l'inflation.

:w00t: Non, la grande inflation en Allemagne c'est pas les années 30 ( Hitler arrive au pouvoir en 1933!) mais le début des années 20.

1923 exactement.

18 000 marks pour un dollar au début de 1923, au mois d'août il en faut 4 600 000 et au 1er novembre 8 millions :w00t: (G. Badia, Histoire de l'Allemagne contemporaine).

A ce propos un excellent roman sur la question, L'Obélisque noir E-M Remarque, l'auteur d'A l'ouest rien de nouveau.

C'était en poche.
artza
 
Message(s) : 2525
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Vérié » 28 Oct 2008, 11:04

(artza @ mardi 28 octobre 2008 à 11:35 a écrit :
(Vérié @ mardi 28 octobre 2008 à 10:36 a écrit : Dans les années trente en Allemagne, on avait à la fois le chômage et l'inflation.

;)
La grande inflation, bien sûr, c'est 23. Mais je croyais qu'il y avait aussi eu inflation après 29, et, sur ce point, je me suis semble-t-il trompé : il y a eu déflation. Je n'ai pas trouvé de chiffres.

En revanche, après 23, il y a eu à la fois inflation et chomage en même temps :
Taux de chômage :
-1922 : 1,5 %
-Dernier trimestre 1923 : 20 %
(Sources : L'Allemagne de Guillaume 2 à Hindenburg, 1900-1933. Poidevin)

Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par pelon » 28 Oct 2008, 22:26

(Vérié @ mardi 28 octobre 2008 à 09:36 a écrit :

De plus, il y a un autre facteur : dans les années trente, les capitalistes industriels avaient des stocks de marchandises à écouler. Pour les écouler, il fallait bien baisser les prix. Mais aujourd'hui, la plupart des entreprises travaillent à "flux tendu" : c'est la distribution ou les perspectives de distribution à court terme qui commandent la production. L'industrie s'adapte très rapidement en licenciant préfentivement. Donc il y a peu de stocks, et c'est un facteur de déflation en moins.

Tu fais une erreur. Travailler à flux tendu veut dire que les usines sont approvisionnées par juste ce qu'il faut pour produire. Il n'y a pas de stock local en amont de la production. Cela n'empêche pas les usines d'avoir des voitures en stock en aval. Ce sont ces dizaines de milliers de voitures "d'avance" qui ont entrainé du chômage technique à Renault ou Citroën. Cette avance en aval, même quand elle est précédée par un flux tendu en amont se retrouve à tous les niveaux de la production. Nulle doute que les fabriquants de batteries ou autres équipements vont avoir du stock dans les mois qui suivent.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Vérié » 29 Oct 2008, 08:30

Le "flux tendu" va d'un bout à l'autre de la chaine : de la distribution à la production dans de nombreux secteurs. C'est à dire qu'on fabrique les produits en fonction des ventes et des commandes.

Dans le textile par exemple. Aussitot qu'un article est vendu, c'est enregistré par le code barre, ça remonte à la centrale du réseau (dans toutes les chaines comme Celio, Zara etc), qui, simultanément, ordonne le réassort et passe commande d'un article équivalent au fabricant. C'est ce qu'on appelle le "réassort automatique".
Ca va même jusqu'à délocaliser les productions d'un atelier à l'autre en fonction des cours des prix, quasiment d'une semaine à l'autre, voire d'un jour à l'autre.
Les ateliers eux-mêmes, implantés pour la plupart en Chine SE asiatique et bassin méditennaéen embauchent selon les les commandes.

Ainsi, il y a une rotation des stocks, réduits au minimum, ultra rapide, contrairement àce qui se passait quand il y avait une, deux ou trois "collections" par an. Cette rotation ultra rapide du capital permet évidemment une rentabilité plus élevé et de limiter les invendus au minimum.

Dans l'informatique, c'est un système très proche que pratiquent les assembleurs ou des entreprises comme Dell. Chaque machine est fabriquée sur commande, les composants sont achetés au jour le jour sur le marché mondial en fonction des cours. C'esttrès important car les prix des composants informatiques sont très volatiles.

Ce système tend à s'étendre à de nombreux secteurs. Evidemment dans l'automobile, c'est un peu moins souple. Il est possible qu'il y ait un peu de stocks. Pourtant, quand un client commande une voiture, elle est commandée à l'usine et n'est livré que deux ou trois mois plus tard, voire davantage quand le modèle est très demandé. Il ne repart jamais au volant de sa voiture le jour même.
Mais il est possible qu'il y aiit eu néanmoins un peu de stocks dans l'automobile en raison de mauvaises prévisions de vente, notamment sur la fameuse Laguna 3, échec commercial dénoncé par les syndicats.

Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par titi » 29 Oct 2008, 20:53

(Vérié @ mercredi 29 octobre 2008 à 09:30 a écrit : Le "flux tendu" va d'un bout à l'autre de la chaine : de la distribution à la production dans de nombreux secteurs.  C'est à dire qu'on fabrique les produits en fonction des ventes et des commandes.

Dans le textile par exemple. Aussitot qu'un article est vendu, c'est enregistré par le code barre, ça remonte à la centrale du réseau (dans toutes les chaines comme Celio, Zara etc), qui, simultanément, ordonne le réassort et passe commande d'un article équivalent au fabricant. C'est ce qu'on appelle le "réassort automatique".
Ca va même jusqu'à délocaliser les productions d'un atelier à l'autre en fonction des cours des prix, quasiment d'une semaine à l'autre, voire d'un jour à l'autre.
Les ateliers eux-mêmes, implantés pour la plupart en Chine SE asiatique et bassin méditennaéen embauchent selon les les commandes.

Ainsi, il y a une rotation des stocks, réduits au minimum, ultra rapide, contrairement àce qui se passait quand il y avait une, deux ou trois "collections" par an. Cette rotation ultra rapide du capital permet évidemment une rentabilité plus élevé et de limiter les invendus au minimum.

...

ben non, c'est l'inverse

à 2 collections par an, il y avait effectivement réassort automatique, en fait une simple gestion des stocks entre le magasin et les usines

dans le textile, dans les enseignes citées, c'est une collection toutes les deux semaines !

c'est pour cela que, quand vous allez chez H&M par exemple, vous avez l'impression que le magasin est différent en permanence : parce que c'est vrai !

par contre, la gestion des stocks se fait entre magasins et entre enseignes de la même compagnie
mais il n'y a pas re-production en cas de succès d'une ligne, simplement les designer tiennent compte de ce succès pour dessiner la prochaine !
titi
 
Message(s) : 110
Inscription : 21 Juin 2003, 17:09

Message par Vérié » 30 Oct 2008, 08:36

(titi @ mercredi 29 octobre 2008 à 21:53 a écrit : ben non, c'est l'inverse

à 2 collections par an, il y avait effectivement réassort automatique, en fait une simple gestion des stocks entre le magasin et les usines

dans le textile, dans les enseignes citées, c'est une collection toutes les deux semaines !


Désolé, Titi, ton post est incompréhensible. J'ai l'impression que tu as tout compris de travers. :33:

Ce qui caractérise l'évolution de la distribution/production dans le textile (qui est en pointe sur ce terrain), c'est que :
1)Les stocks sont réduits au minimum
2)La rotation du capital est trois ou quatre fois plus rapide que voici vingt ans.

-Si tu as deux collections par an, les stocks se renouvellent deux fois par an, donc le capital tourne deux fois par an.

-Si tu as une "collection", mais ce n'est même plus une "collection" bien souvent tous les quinze jours, les stocks sont infimes et se renouvellent 24 fois par an, si le magasin est ouvert 12 mois.

-Donc, tu n'as pratiquement plus de stocks importants.

Voici vingt ans, le distributeur assistait à la présentation des collections et passait ses commandes (assortiment, volume), il stockait ces commandes et commandait quelques réassort en attendant la saison/collection suivante. Un stock de réassort potentiel était conservé par la centrale en fonction des prévisions de vente.

Tu peux néanmoins avoir "réassort automatique" avec seulement deux collections par an, mais ce système s'est développé avec des chaines comme Célio, Pimkie, Promod, Cache Cache qui ont rompu avec ce système de 2/3 ou meme 4 collections. Il est facile de comprendre pourquoi : cela évite l'immobilisation des stocks et permet de suivre la demande au jour le jour.

Le réassort automatique ne porte d'ailleurs pas nécessairement sur le meme article que celui qui vient d'être vendu mais sur l'article équivalent de la gamme suivante. La quantité est fixée, dans les chaines succursalistes et beaucoup de franchises, par la centrale qui a testé le succès de l'article dans quelques magasins pilotes. Le distributeur ne choisit plus son assortiment, c'est la centrale qui en décide. Mais si un article ne marche pas, on cesse aussitôt sa production pour le remplacer.

Ce qui est important, c'est de comprendre que c'est la demande/vente qui commande la production, alors que c'était le contraire auparavant. La production s'adapte donc en permanence à cette demande : un article se vend, on pousse la production, mais pendant un temps bref avant de passer à l'article suivant. Les ateliers de production doivent s'adapter, embaucher, débaucher et ceux qui ne sont plus assez compétitifs sont écartés du jour au lendemain. Sauf pour certains produits de luxe qui exigent une qualification plus poussée, mais les ateliers capables de répondre à cette demande sont de plus en plus nombreux.

C'est ce système qui a coulé les grosses unités textiles, pas seulement les bas prix chinois. Les grosses unités genre Boussac, avec 1000 ou 2000 ouvriers fixes, syndicats etc, n'étaient pas assez souples pour s'adapter aussi vite. Elles ont d'abord été remplacées par de petites unités sous-traitantes. Zannier a par exemple proposé à des contremaitres de devenir petits patrons sous-traitants. Puis ces sous-traitants ont été délocalisés. Sans compter le Sentier dont une grande partie de la main d'oeuvre travaille au noir et est embauchée/débauchée à la semaine voir au jour le jour.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par redsamourai » 30 Oct 2008, 12:28

(Vérié @ lundi 27 octobre 2008 à 20:50 a écrit :
(Casimirowski @ lundi 27 octobre 2008 à 20:35 a écrit :
a écrit :L'échelle mobile des salaires sera en effet d'actualité...


Voilà 25 ans que les salaires sont désindexés sur l'inflation, en fait les hausses de salaires sont toujours inférieures à l'inflation. L'échelle mobile est donc depuis longtemps d'actualité même si la crise profonde du capitalisme en amplifie l'application.

Je ne crois pas que tous les salaires en euros constants aient baissé depuis 25 ans.
Selon l'INSEE - avec toutes les réserves qui s'imposent -, le pouvoir d'achat des ménages aurait augmenté de 3,8 % entre 1998 et 2006. Cela cache des disparités entre catégories, il faut se méfier des manips etc. (1)

Néanmoins, l'inflation ayant été relativement faible jusqu'aux dernières années, le mot d'ordre d'échelle mobile ne pouvait pas être ressenti de la meme façon qu'il le sera - peut-être - avec la crise et l'inflation galopante.

1) Source INSEE http://www.senat.fr/commission/planificati...on_pv_achat.pdf

je réagis à la phrase "je ne crois pas que les salaires en euros constants aient baissé sur 25 ans"

si on analyse à âge égal, au moins pour les jeunes en France, c'est néanmoins le cas au moins sur les 15-20 dernières années. le problème est que les chiffres globaux ne tiennent pas compte du fait que la population vieillit et que les salaires tendent à augmenter avec l'âge - même si c'est très loin d'être le cas pour tous, comme on peut s'en apercevoir lors des discussions.

si ça intéresse quelqu'un, je peux fournir des références précises (bouquins, données, période, voire meme numéro de page 8) )
redsamourai
 
Message(s) : 8
Inscription : 26 Avr 2007, 16:51

Message par Vérié » 30 Oct 2008, 12:44

Euh... j'ai écrit "Je ne crois pas que TOUS les salaires... etc"
Sur les salaires des jeunes, tu as certainement raison. Mais je crois que la situation se caractérise par d'énormes disparités entre les différentes catégories de salariés. Cette disparité entraine une division qui nuit certainement à une riposte générale.

Par exemple, à propos de la crise actuelle, autour de moi, je vois pas mal de gens qui ne sont pas (encore ?) touchés qui réagissent comme s'il s'agissait d'un phénomène lointain, une inondation en Chine. Ils sont vaguement inquiets, mais la crise, c'est pour eux un truc dont on parle à la radio et la TV. Tro même pour certains d'entre eux.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Précédent

Retour vers Actualité de Lutte Ouvrière

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)