Les 16 de Basse-Pointe

Message par com_71 » 01 Oct 2008, 18:19

(Combat Ouvrier a écrit :Les 16 de Basse Pointe

Il y a soixante ans, début septembre 1948, 16 travailleurs agricoles de Basse Pointe, en Martinique, étaient arrêtés et emprisonnés par le pouvoir colonial. Cette affaire dite «affaire des 16 de Basse Pointe» agita l'opinion publique martiniquaise de 1948 à 1951. Un film retraçant cette page de l'histoire du mouvement ouvrier martiniquais est sorti récemment.
Basse Pointe est une commune connue pour la combativité de ses travailleurs. Début septembre 1948, trois ouvriers agricoles de l'habitation sucrière Leyritz furent expulsés de leurs cases et licenciés. Cette répression fut aussitôt suivie d'un rassemblement des ouvriers agricoles. Les gendarmes, comme d'habitude furent dépêchés sur les lieux. Ils vinrent avec l'économe de l'habitation, le béké Guy de Fabrique.
Ce dernier fut retrouvé mort frappé de plusieurs coups de coutelas sans que l'auteur des faits soit reconnu. Pendant l'enquête, il fut prouvé que De Fabrique avait un revolver dans sa voiture. Mais les ouvriers agricoles déclarèrent tous qu'il l'avait au poing.
Seize ouvriers furent arrêtés et accusés du meurtre de De Fabrique, de vols de fusils et de violences contre les gendarmes. Cette tranche d'histoire ouvrière ayant été longtemps occultée et étant encore méconnue aujourd'hui, il n'est pas inutile de rappeler les noms des ouvriers combatifs ayant été emprisonnés pendant plus de deux ans.
Il s'agit de Sébastien Julina, Albert Rovela, Jean Bastel, Stéphane Roselmac, Felix Goidaman, Romain Nelar, Eusèbe Roure, Edmond Cressant, René Polomat, Nestor Clio, Omer Surbon, Crépin Romain, Marcelin Hérard, Louis Blézes et deux Moutoussamy.
Ces travailleurs furent déclarés «communistes». Sans doute certains avaient- ils effectivement une certaine sympathie pour la Fédération martiniquaise du Parti Communiste Français ( PCM aujourd'hui), très combatif et influent à l'époque parmi les travailleurs. Mais en insistant sur leur appartenance au Parti communiste, qu'elle fut réelle ou supposée, le pouvoir colonial de l'époque pensait puiser là un argument de plus pour justifier sa répression envers ces travailleurs. Il s'agissait aussi de faire rôder autour du PCM et de ses dirigeants un climat permanent de répression.
Cependant, la campagne de soutien aux travailleurs emprisonnés prit de l'ampleur.A tel point que la cour d'assises de Fort de France fut dessaisie de l'affaire qui fut renvoyée devant celle de Bordeaux. Le mouvement de solidarité prit forme donc aussi en France. Le parti communiste français relaya la campagne de protestation de Martinique, la campagne de presse s'élargit, une collecte de fonds fut organisée sous l'égide du secours populaire français.
Au procès du 9 août 1951, le collectif d'avocats conduits par maître Gratiant dont firent partie maître Manville (avocat communiste de la Martinique) et Gerty Archimède (avocate communiste de la Guadeloupe, première femme députée de la Guadeloupe), les «16» furent acquittés.
Cependant, à leur arrivée à Fort de France, les forces coloniales réprimèrent les manifestations d'accueil. Armand Nicolas raconte la vengeance du colonialisme dans son tome 3 de l'histoire de la Martinique: matraquage, jets de grenades lacrymogènes, arrestation du secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital civil, insultes des gendarmes à l'encontre d'Aimé Césaire. Après le meeting d'accueil, les CRS chargèrent à nouveau, puis pénétrèrent dans les maisons dans le quartier de Terres Sainvilles, saccageant tout sur leur passage, tabassant sauvagement les habitants.
Cette page d'histoire des «16 de Basse-Pointe» fut aussi un épisode d'une longue histoire de luttes ouvrières et de répressions coloniales sanglantes en Martinique. Elle suivait, entre autres, la tuerie du Carbet qui avait eu lieu la même année en mars, lors d'une grève des ouvriers agricoles. Elle précédait, entre autres, la fusillade de La Chassin qui se produisit le 7 mars 1951 sur la commune de Ducos: les gendarmes, conduits par le béké Georges Hayot, tirèrent sur les grévistes de l'habitation «La Chassin» et en blessèrent plusieurs par balles.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6381
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Message par com_71 » 09 Oct 2008, 23:05

Visiblement le film n'a pas pu être distribué ailleurs qu'aux Antilles.


Image
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6381
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14


Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité