(Combat Ouvrier a écrit :Samedi 20 septembre 2008 N° 993
Haïti dans la tourmente
Après qu'Haïti ait été ravagée par quatre cyclones successifs, des voix s'élèvent pour déclarer que c'est un pays chargé de «malédiction»! Pourtant à chaque saison cyclonique, quasiment tous les ouragans vont mourir sur les côtes américaines, et personne ne taxe les Etats-Unis d'être un pays de «malédiction»! La différence entre ces deux pays? Les Etats-Unis sont riches et Haïti, l'île la plus pauvre de la Caraïbe! Ce n'est pas de malédiction que souffre Haïti, mais de pauvreté, une pauvreté engendrée par les grands Etats pilleurs impérialistes, relayée par les possédants haïtiens et imposée par la force brutale de la dictature. Voilà la cause de tout les maux en Haïti.
Des milliers de morts, 800 000 sinistrés qui pour la plupart crèvent de faim en ce moment. Après le passage de Fay, Gustav, Hanna puis Ike, il manque de tout et les dégâts sont immenses: ponts emportés, routes noyées, de l'eau et de la boue partout. Des torrents de boue ont dévalé les montagnes attaquées par la déforestation ; des dizaines de gens sont morts ainsi noyés dans la boue et on ne recense même plus les cadavres putréfiés.
La population rescapée est laissée à l'abandon ; l'aide internationale qui arrive au compte goutte par la voie des airs, donne lieu à des scènes de désespoir. Voilà le lot quotidien de la population pauvre en Haïti après ces ouragans. Mais ces tourments sont encore aggravés, par les possédants sans vergogne qui en profitent pour augmenter les prix des denrées alimentaires et de l'essence.
Pendant ce temps, les politiques font des déclarations d'appel à l'aide, semblant s'intéresser au sort des pauvres des Gonaïves. Hypocrites! Il y a 4 ans Gonaïves avait subi le même sort après le passage du cyclone Jeanne qui avait fait plus de 2000 morts. Des travaux de curage des canaux de drainage avaient été entrepris, mais une fois l'émotion internationale passée, ces travaux furent bien vite abandonnés.
A Cuba, île voisine à peine plus riche, la prise en charge de la population par les autorités sanitaires à permis de réduire les pertes humaines à moins d'une dizaine de victimes devant les mêmes phénomènes.
Ces phénomènes dits naturels ne sont pas les seuls responsables de la catastrophe qui sévit aujourd'hui en Haïti. L'énormité des conséquences qu'ils provoquent est due à l'indigence de l'organisation sociale, à une organisation économique scandaleuse qui préserve les droits d'une petite minorité à piller la majorité, à une succession de gouvernements irresponsables, incompétents et corrompus. Ceux-ci ont été et sont incapables de donner vie à une organisation sociale faisant face aux besoins les plus élémentaires de la population.
Face à la catastrophe, seule une intervention résolue, concertée, de la population pauvre d'Haïti, fondée sur un programme de mise à sa disposition et de réquisitions de tous les moyens d'urgence serait valable et pourrait en enrayer l'aggravation. Faute de cela, Haïti connaitra un prolongement de la catastrophe par des malheurs sans fins: maladies, famine, banditisme aggravé.