CITATION (Le Monde @ 09.07.03)Les Verts ont perdu un quart de leurs effectifs en une seule année
Le parti est revenu à son niveau de 1999
Les verts vont aborder l'été dans la morosité. Pour la première fois depuis 1997, le parti écologiste enregistre une baisse du nombre de ses adhérents selon le pointage réalisé dans les 22 régions au 30 juin 2003, date limite de réadhésion. La pente est forte pour les Verts : en un an, ils ont perdu 2 643 adhérents, soit une perte de 27 %. Alors qu'il frôlait, en 2001, la barre symbolique des 10 000 membres, le parti n'en compte plus qu'un peu plus de 7 000, son niveau d'il y a quatre ans.
L'effet pourrait se ressentir dès les prochaines journées d'été, organisées, du 21 au 24 août, à Marseille qui doivent se conclure par un meeting de lancement de la campagne des Verts pour les élections européennes de 2004. Moins de 200 militants sont, pour l'instant, inscrits à ces journées d'été ce qui fait craindre une participation beaucoup plus faible que les années précédentes.
"ORIENTATION ILLISIBLE"
Hormis Rhône-Alpes où les adhésions sont stables, toutes les régions sont dans le rouge. L'Ile-de-France pèse toujours pour plus du quart des adhérents du parti, mais leur nombre chute de 27 % et passe sous la barre des 2 000. En Nord-Pas-de-Calais, où Marie-Christine Blandin fut présidente du conseil régional entre 1992 et 1998, 22 % des militants n'ont pas repris leur carte cette année. En Franche-Comté, Dominique Voynet perd un tiers de ses troupes. L'Aquitaine, région du député de Gironde, Noël Mamère, se tient un peu mieux, mais accuse quand même un déficit de près de 20 %. Enfin, en Savoie, Lorraine et Limousin, le parti passe sous le seuil critique de la centaine de membres.
Le choc est rude pour un mouvement qui avait quasi doublé son potentiel militant entre 1997 et 2001, avec la création de la gauche plurielle et l'entrée de ministres Verts dans le gouvernement Jospin. Il l'est d'autant plus que cette perte intervient dans une période où le Parti socialiste a pu se prévaloir, lors de son congrès de Dijon, en mai dernier, d'un afflux de près de 20 000 nouveaux adhérents.
Dans un parti qui se caractérise par un renouvellement permanent de ses effectifs (de 10 à 30 % selon les années), la confusion dans laquelle, en janvier 2000, s'est installée la nouvelle direction, fruit d'une alliance peu lisible entre les environnementalistes et le courant de Gilles Lemaire, proche de la gauche mouvementiste, n'a pas aidé à les fidéliser. Récemment, les initiatives brouillonnes et contradictoires des principaux leaders des Verts – celle de Mme Voynet, le 21 juin, au Mans, avec MM. Hollande et Fabius, comme celle du secrétaire national des Verts, artisan, bien que non signataire, d'un "appel commun pour une alternative à gauche", n'ont pas davantage clarifié le positionnement du parti.
"Voilà le résultat, après six mois d'une orientation illisible centrée sur des regroupements groupusculaires où l'écologie est abandonné", regrette Marie-Hélène Aubert, chef de file du courant "Rénovons", qui se dit "découragée" et appelle au "sursaut". De son côté, Yves Contassot, membre de la majorité, assure qu'il s'agit d'une baisse de régime "ponctuelle". "Il n'y a pas de vraies divergences entre les différents courants", affirme l'adjoint au maire de Paris qui incrimine "les logiques individuelles et semi-collectives" de la période récente "qui ont fait fuir les militants".
Christine Garin
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