("l'Humanité" a écrit :Article paru le 29 août 2008
À Romainville, la lutte au centre de tri s’organiseSans-papiers . Les soutiens syndicaux et politiques aux seize grévistes d’Urbaser Environnement, en Seine-Saint-Denis, se multiplient.
À leur neuvième jour de grève, les travailleurs sans papiers du centre de tri de Romainville voient se multiplier les soutiens syndicaux et politiques. Hier matin, les élus communistes de Paris et de Seine-Saint-Denis se sont rendus sur place. Marie-George Buffet et Arlette Laguiller étaient sur les lieux dans l’après-midi. Olivier Besancenot ce matin.
Depuis le 19 août, seize sans-papiers occupent le plus grand centre de traitement de déchets en France pour exiger leur réintégration et l’obtention de cartes de séjour (l’Humanité du 22 août). « Cette affaire interpelle les élus sur les pratiques de délégation du service public, indique Ian Brossat, président du groupe communiste au conseil de Paris. On ne peut pas laisser faire n’importe quoi quand on délègue. En plus à des entreprises qui se font un paquet de thunes. »
L’affaire n’est pas simple. Ce site de tri des déchets est une délégation de service public, attribuée par le Syctom (syndicat intercommunal en charge du traitement et de la valorisation des déchets ménagers). Durant des années, Veolia a géré le site, embauchant des salariés en situation irrégulière, pour la plupart intérimaires. Le 22 juin, Urbaser récupérait le marché. Cette multinationale espagnole, qui signe là son premier contrat en France, s’est engagée à garder les effectifs à la date de sa prise de gestion. Mais refuse catégoriquement de réintégrer les intérimaires sans papiers mis à l’index par Veolia. « En fait on est dans un cas de plan social, explique Jean-Charles Schmidt, de la CGT. Mais comme ce sont des intérimaires, ils n’ont pas été licenciés, Veolia a simplement mis fin à leur mission. »
Mercredi soir, la CGT rencontrait le directeur général du Sytcom pour demander la réintégration de l’ensemble des salariés en lutte, quel que soit l’employeur (Veolia ou Urbaser). Jusqu’à présent, Urbaser s’engage à embaucher deux salariés en CDI et quatre en contrats d’intérim. Impossible, tranche Jean-Charles Schmidt, « dans la mesure où le préfet de Seine-Saint-Denis refuse d’accorder leur régularisation aux intérimaires ». Quant aux négociations avec l’ancien employeur, Veolia, elles commencent à peine.
En attendant, l’occupation du site s’organise. Le Secours populaire a fourni des couvertures aux grévistes qui dorment sous un barnum. « Je viens tous les jours leur apporter de quoi manger, raconte Olivier Tripelon, de Lutte ouvrière. La situation ici est surprenante, on imagine les sans-papiers plongeurs dans les restaurants, pas travaillant pour un service public. »
Depuis le début du mouvement, les tensions montent avec les agences d’intérim. Grévistes et salariés affirment que des représentants viennent tous les matins à 6 h 30 vérifier l’identité des intérimaires. « Ils mettent une pression énorme, témoigne Christian Plazas, de la CGT 93. Surtout que d’autres sans-papiers sont certainement encore à l’intérieur, mais n’osent pas se mettre en grève. »
Marie Barbier
http://www.humanite.fr/2008-08-29_Societe_...-tri-s-organise