(Vérié @ samedi 5 juillet 2008 à 19:36 a écrit :
Mais, dans certains cas aussi, s'adresser à l'Etat pour lui demander de faire des lois pour nous protéger contre le racisme, l'homophobie, les préjugés et les coutumes religieuses, le machisme, voire le fascisme (interdiction légale du FN par exemple) etc. est non seulement très peu efficace, mais renforce les illusions sur le role de l'Etat. C'est aussi dans certains cas une preuve de faiblesse : des organisations ouvrières dignes de ce nom prendraient en charge la lutte contre racisme et l'homophobie sans avoir besoin d'une loi. Et les politiciens n'hésitent pas non plus à faire de la surenchère démagogique sur certains terrains, notamment sur tout ce qui ne coûte rien aux patrons, nous ne devons pas en être dupes.
La conclusion que j'en tire est qu'il s'agit dans bien des cas de questions tactiques et non de principe, sauf évidemment pour les lois qui limitent la durée du travail, imposent certaines règles aux patrons etc.
Le sujet est ici à peine défriché, et je ne prétends pas faire beaucoup plus en quelques mots.
Mais il (le sujet) est important et pas forcément facile.
L'appareil législatif représente un certain état de la société à un moment donné, et/ou, concernant les textes qui nous intéressent, un certain équilibre entre les classes. Mais ce n'est pas mécanique. Une loi peut être une survivance anachronique du passé et n'être plus appliquée, n'être plus appliquée mais être symbolique au point que la réaction y tienne, n'avoir jamais été appliquée (l'égalité des salaires féminins et masculins...), etc.
Le mouvement ouvrier peut se servir des textes existants pour marquer quelques points, pour qu'un mouvement se sente dans son "bon droit".
Il peut aussi avoir des objectifs concrets qui se concrètiseront en une loi (ex. la journée de 8h, la semaine de 40h...), mais dès que le mouvement retombe, viennent les dérogations.
Il peut appuyer, se solidariser avec un mouvement étranger à la classe ouvrière, mais dont les revendications (y compris sur un plan législatif), méritent d'être soutenues (séparation de l'église et de l'état) ou reprises (abolition de la peine de mort) par les socialistes).
D'une manière générale, même si le mouvement ouvrier n'est pour rien dans son origine, on ne saurait refuser à des opprimés le droit de s'emparer d'un texte pour se défendre.
Mais sans entretenir d'illusions. Ce qui compte avant tout c'est la lutte, la détermination, plus que la loi.
Et il y a bien sûr la façon réformiste de présenter les choses. Vouloir imposer des libertés démocratiques est une chose, faire des discours lénifiant sur la démocratie en est une autre. Illustrer la brutalité de l'armée ou de la police, remarquer que la bourgeoisie les souhaite hors du moindre contrôle de la population est une chose, réclamer une démocratisation des forces de répression en est une autre.
On est loin de l'homophobie ? Mais non ! C'est comme le racisme. La loi existe, mais ceux qui sont censés la faire respecter sont gangrenés, il serait naïf de compter sur eux...