(NEIL @ vendredi 27 juin 2008 à 01:39 a écrit : il me semble que la question que se posait quelques camarades était celle de l'activité immédiate de militants révolutionnaires en russie, pas celle de la société future qu'ils proposeraient.
(...)
Concrètement, quand il y a une grêve, les comités de grêve, leur coordination...tout ce qu'on peut proposer ici selon les rythmes de la lutte en cours.
Non ?
En effet, en Russie, il semble évident qu'il faut défendre, tout comme ici, un programme de défense des interets immediat des travailleurs et des formes d'auto-organisation démocratique dans les luttes.
Mais un parti révolutionnaire se doit aussi de proclamer qu'il combat pour une autre société, dirigée par les travailleurs, dont l'objectif sera de faire disparaitre les classes sociales. Sans dresser un tableau détaillée de cette société, dans l'esprit du socialisme utopique, on doit tout de même expliquer qu'elle est possible, et qu'elle n'aura rien à voir de près ou de loin avec le stalinisme, meme avec ses versions les plus soft, genre celle de Gorbatchev.
Il est donc difficile de faire de la propagande communiste dans un pays comme la Russie, marqué par 60 ans de stalinisme, de faux socialisme, sans développer ces différences, qui ne se limitent pas à la démocratie.
Sur ce plan, ce passage du texte de Piter est tout meme assez clair :
a écrit : Piter
une transformation du mode de direction du travail, une rupture avec toute direction du travail qui soit extérieure aux producteurs, la mise en œuvre d’un mode de direction du travail dont l’impulsion soit celle des travailleurs associé établissant le plan et l’organisation de la production, dont les prises de décisions comme leur exécution soit dans les mains ou sous le contrôle des producteurs eux-mêmes. Il faut établir un mode de direction du travail ou les fonctions de direction, établie sous la direction collective et par un contrôle démocratique des producteurs et pas par la reproduction d’une division hiérarchique du travail. Il faut que les fonctions de direction, placés strictement sous contrôle de la collectivité productive de tous les producteurs, ne soient pas sources d’inégalités sociale et de rapports de classes (par exemple que ces fonctions soient électives, remplies à tour de rôle et au maximum de façon collective, tout cela implique une formation de tous les producteurs). Si les fondements des rapports de classes dans les rapports de production et de direction du travail sont maintenus, l’étatisation ne peut que transformer le capital sans réaliser sa destruction progressive par l’établissement d’un nouveau mode de production (l’étatisation n’est pas en elle-même un nouveau mode de production).
Le fondement de la division en classes sociales, en exploiteurs et en exploités, c'est tout de meme la division du travail, pas seulement la propriété privée. Et encore moins la seule fonction de répartition, comme le croyait Trotsky à propos de la bureaucratie de l'URSS. La suppression de la propriété privée, dont les travailleurs russes ont fait l'expérience, si elle dérange beaucoup les propriétaires privés..., à elle seule ne change en aucune façon la situation des travailleurs s'ils n'ont aucun pouvoir, aucun moyen de faire valoir leurs interets, ni meme aucun droit de s'organiser comme en URSS.
Un pouvoir prolétarien ne peut être durable que s'il agit dans cette direction et impose un début de transition. Une classe au pouvoir ne peut pas travailler aux pièces dans des conditions infernales sous les ordres de petits chefs flics et de cadres privilégiés. Si un pouvoir politique né d'une révolution prolétarienne reproduisait la division capitaliste du travail, il ne tarderait pas à exprimer d'une façon ou d'une autre les interets des couches privilégiés. C'est ce qui s'est passsé en URSS.
Comment donc aborder la question d'une société socialiste en Russie sans s'efforcer d'apporter des réponses à ces problèmes ? Plusieurs camarades ont parlé de la mémoire ouvrière de la révolution. Mais les travailleurs russes, ou du moins une partie, doivent aussi se souvenir, ou avoir entendu parler par leurs ainés, de la façon dont leur classe, en quelques années, a été dépossédée de tout moyen d'expression et de défense, soumise à des conditions d'exploitation très dures etc, tout cela au nom, de la défense de la révolution dd'abord, de la construction du socialisme ensuite.
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A ce propos, Neil, tu n'interviens pas beaucoup sur ce fil, mais je remarque que les taches que tu proposerais en Russie sont les memes que celles que nopus proposons (en gros) en France, et tu le soulignes. Où se niche donc alors la différence de nature entre les deux Etats ?
ARGUMENTION A GEOMETRIE VARIABLE
A propos de l'argumentation à géométrie variable de LO, quand il s'agit de parler de l'URSS et de la Chine, voire de les comparer, je ne résiste pas à citer ce passage de la LDC N° 60 de janvier 1979 (page 11) dans un article consacré à la "démaoisation" :
a écrit :
"Il faut donc liquider l'autorité du dictateur mort. (...) C'est cela qui entraine la démaoisation. Comme c'est cela qui avait entrainé la déstalinisation en URSS, qui connait le meme genre de régime politique, meme si c'est sur une base sociale différente et avec une autre origine historique."
Donc, la Chine maoiste avait "le meme genre de régime politique" que celui de l'URSS (passons sur le flou artistique de cette expression), qui fonctionnait selon les memes lois. Mais, alors, où était donc la différence, meme si la genèse du régime maoiste n'est pas la meme que celle de l'URSS ? (Sur la différence de base sociale, c'est beaucoup plus contestable, car, après s'etre appuyé sur la paysannerie, Mao s'est violemment retourné contre elle lors de la collectivisation.)
Ce court passage illustre assez bien l'incapacité de LO de mettre en lumière la moindre conséquence concrète de la différence de caractérisation qu'elle établit entre la Chine maosite et l'URSS stalinienne.