Lettre-Fraction de LO à Critique Communiste

Message par Théo » 12 Juin 2008, 21:57

Pour un parti large, révolutionnaire et prolétarien

Cela fait donc près d’un an que la Ligue communiste a lancé son appel pour un nouveau parti. En tant que Fraction de Lutte Ouvrière, nous avons regretté que notre majorité ne s’associe pas à cette initiative, mais également que la Ligue communiste n’ait pas vraiment cherché à associer Lutte Ouvrière, le seul partenaire national réel ayant dans ses grandes lignes le même programme défendu par Olivier Besancenot lors des présidentielles. Un front des deux organisations aurait commencé par faire la preuve de cette absence de sectarisme devant caractériser un parti « large ».
Mais un an a passé et nous ne reviendrons pas ici sur cet aspect de la question sur lequel nous nous sommes largement exprimés, en particulier dans notre revue Convergences révolutionnaires et divers textes . Foin des regrets. Le processus est enclenché, et c’est très volontiers que nous participons à la discussion sur la nature de ce parti, à la veille de la première conférence de coordination nationale de ses comités d’initiative.

Le choix des mots

L’appel de la LCR pour ce nouveau parti se situe dans un contexte de durcissement des rapports de classes à l’échelle nationale comme internationale. En France, à ce durcissement correspond une certaine radicalisation de l’opinion populaire, qui s’est traduite par des scores électoraux globaux de l’extrême gauche variant entre 5 et 10 % depuis douze ans. Une visibilité des militants révolutionnaires pour le moins inédite depuis la seconde guerre mondiale. D’où la légitimité de l’initiative de la LCR.

Mais curieusement, alors même que tous ceux qui ont voté Olivier Besancenot (et précédemment Arlette Laguiller) n’ont pas été particulièrement effrayés par les termes de « communiste » et « révolutionnaire », voilà que la Ligue communiste fait preuve d’une prudence de Sioux dès lors qu’elle en appelle à un nouveau parti. L’opinion populaire regarde avec sympathie les révolutionnaires… mais les révolutionnaires font preuve d’une étrange pudeur. Plus question de parti révolutionnaire, expression sans doute trop directe, mais de « parti pour la transformation révolutionnaire de la société » [formule désormais consacrée, reprise dans la contribution de la LCR à la réunion des 28 et 29 juin]. On ne parle plus de « renverser » le capitalisme, ce serait trop clair, mais de « rupture avec le capitalisme », « d’invention du socialisme du XXI° siècle ».

Bref, toute une novlangue pour révolutionnaires honteux, qui préfèrent peut-être les non voyants aux aveugles, les techniciennes de surface aux femmes de ménage… et en tout cas « reconstruire du neuf à gauche » plutôt que, tout bêtement, construire un parti révolutionnaire.

Evidemment, les camarades de la Ligue expliquent que les termes de « révolutionnaire » et de « révolution » ne garantissent rien du tout. Certes. Jusqu’à présent, ils figuraient même dans les textes programmatiques du PS, c’est dire ! Mais est-ce précisément au moment où le PS les supprime officiellement de son programme, que la Ligue doit suivre le mouvement ? Dire n’est pas une garantie. Mais ne pas dire est un message.

L’autre justification implicite de tous ces euphémismes et périphrases est de n’écarter personne et d’accueillir dans le nouveau parti des déçus de la gauche ou des syndicalistes qui ne se disent pas eux-mêmes révolutionnaires. Le problème, c’est que ce beau calcul ne correspond pas à ce qui se passe dans les comités d’initiative. Les réformistes affichés, la « gauche de la gauche » des comités anti-libéraux, ne sont pas partenaires. Le programme d’Olivier Besancenot n’était en effet pas le leur. La LCR espèrerait-elle à nouveau en faire des partenaires privilégiés ?
Quant aux « anonymes », auxquels l’appel s’adressait en priorité, soit ils sont plutôt pour un parti révolutionnaire, soit, sans se considérer eux-mêmes comme révolutionnaires, du moins pas encore, ils n’en font pas un obstacle à leur participation. Et nous avons eu souvent l’impression que c’était plutôt les camarades de la LCR eux-mêmes qui tenaient un discours bien en retrait par rapport aux attentes des participants.

L’ennui, dans toute cette frilosité terminologique, disons tactique, c’est que les mots ont tout de même un sens et qu’à force d’euphémismes, c’est tout le programme qu’on édulcore. Quand on parle de « transformation révolutionnaire de la société », on ne parle ni de révolution sociale, ni du renversement du pouvoir politique. Tout le monde peut se retrouver dans ces révolutions sociétales. Des défenseurs du droit des animaux aux nouveaux gourous du management entrepreneurial.
A ce compte-là, l’agent le plus efficace de « la transformation révolutionnaire de la société », c’est le capitalisme lui-même, lequel ces dernières décennies a sans doute prolétarisé la majeure partie de la planète. En 40 ans, depuis 1968, bien des « transformations révolutionnaires de la société » ont eu lieu… sauf justement la révolution qui nous intéresse.

Même chose pour « reconstruire du neuf à gauche ». Au PS, dont il s’agit en priorité de se démarquer, tout le monde veut aussi « reconstruire du neuf ». La différence, c’est que la Ligue propose de « changer de gauche, pas changer la gauche ». Soit. Mais pour quelle nouvelle gauche ? Une gauche pas franchement révolutionnaire ? Comme la plupart des gauches qui se sont relayées dans l’histoire ? Non, disent les camarades de la LCR, car cette fois, il faudrait « réinventer le socialisme du XXI° siècle ». Réinventer, inventer, mots miracles. Mais en l’occurrence, réinventer quoi ? S’agit-il de se démarquer du stalinisme ? De la trahison des idées communistes qu’il a représenté ? Dans ce cas autant se revendiquer sans ambages du trotskisme. Ou s’agit-il d’en rabattre sur le marxisme révolutionnaire ? De mouliner de nouvelles utopies au goût du jour déconnectées de la lutte de classe ?

Le vieux débat entre réforme ou révolution a été tranché par l’histoire. L’emprise mondiale du capitalisme et ses capacités destructrices sur toute l’humanité et la planète, en ce vingt-et-unième siècle, vient tout simplement – quel constat ! – de remettre à l’ordre du jour la famine dans le monde. Cela seul, s’il en était besoin, nécessite non pas d’être simplement « en rupture » (bien des gens sont « en rupture », chacun dans sa petite niche d’intervention), mais de renverser ici comme ailleurs la classe capitaliste au pouvoir et l’Etat qui l’incarne. C’est toute la différence entre les diverses formes de résistance et de contestation plus ou moins subversives, et l’ambition révolutionnaire. C’est toute la différence entre les organisations associatives ou syndicales, et un parti révolutionnaire. Oui, il y a nécessité, urgence en fait, d’un nouveau parti se disant clairement révolutionnaire.

Cela réduira-t-il l’impact et l’audience du nouveau parti que nous cherchons à construire ? Cela compromettra-t-il sa dynamique ? Depuis les années 1980, et surtout depuis ce « capitalisme triomphant » qui a suivi la chute de l’URSS, les bases objectives des illusions réformistes se sont considérablement rétrécies, sinon anéanties. Ce n’est pas un hasard si les résultats électoraux reflètent un nouvel intérêt populaire pour l’extrême gauche, autrement dit pour les révolutionnaires. Il est donc juste et nécessaire, pour les révolutionnaires, de vouloir tenter le lancement d’un parti plus large que les groupes actuellement existants.

Mais la pire erreur serait de croire qu’on attirera plus de vocations militantes en édulcorant l’image politique, en l’occurrence celle d’Olivier Besancenot, qui a cristallisé la sympathie populaire voire suscité certaines attentes. L’heure n’est pas aux eaux tièdes des calculs tactiques ni aux contours idéologiques cotonneux. Bien des groupes d’extrême gauche, en Europe comme en Amérique latine, n’en sont pas sortis indemnes.

Se proclamer indépendants de la gauche institutionnelle, c’est bien, c’est nécessaire. C’est le minimum, en fait. Mais ce n’est crédible qu’en commençant par l’être dans le choix de notre terminologie politique, celle par rapport à laquelle se détermineront tous ceux qui aujourd’hui accèdent manifestement à une certaine conscience politique. Alors ne craignons pas d’en appeler à rejoindre un parti anticapitaliste, certes, mais révolutionnaire. Ce serait le premier « message fort » montrant que le nouveau parti se veut « en rupture avec l’orientation prônée par les directions du PS et du PCF », pour reprendre la formulation de la contribution de la LCR.

Un parti large, c’est-à-dire prolétarien

Dans ses premiers appels au nouveau parti, Olivier Besancenot insistait sur la nécessité que ce parti soit accessible et vivable « aux anonymes », aux ouvriers, aux jeunes travailleurs, et appelait du même coup à une certaine « révolution culturelle » dans les pratiques des militants de la LCR. Neuf mois après, les camarades de la LCR, en faisant le bilan provisoire des comités d’initiative, constatent l’une des principales faiblesses actuelles du processus : la plupart des comités se réunissent sur une base géographique, le nombre de comités de secteurs ou de branche d’entreprise restant extrêmement marginal. Inutile de dire que le style des discussions et des réunions s’en ressent. Bien entendu, rien n’est rédhibitoire dans ce constat et la LCR insiste à juste titre sur la nécessité d’appeler à la constitution de comités d’initiative ciblant les entreprises ou les branches industrielles en invitant ses militants à un effort volontariste dans ce sens.

En réalité, il s’agit là moins d’une question d’accessibilité militante, que d’une question de fond sur la nature du nouveau parti et ses priorités. Appelle-t-on ou non à un parti de classe, prolétarien, dans son implantation comme dans ses préoccupations, son type d’intervention et ses objectifs politiques. Certes, les comités sur une base géographique ont leur légitimité, ne serait-ce que pour organiser politiquement les salariés isolés des petites entreprises et plus généralement toutes les catégories de prolétaires, qu’ils soient manuels ou intellectuels, avec ou sans travail et de toutes générations.

La lutte de classe se mène et doit se mener sur bien des terrains (logement, éducation, chômage, droits des immigrés, discriminations sociales et politiques de tous ordres…), mais celui qui conditionne tous les autres est celui où les salariés s’opposent en tant que producteurs au patronat, sur les lieux de travail, dans les entreprises. Le nouveau parti révolutionnaire aura non seulement son mot à dire, mais une orientation politique à donner aux luttes qui se mènent dans les entreprises et sur les lieux de travail. Et le militant ouvrier, employé ou enseignant du nouveau parti, tout en étant le plus souvent un militant syndical, sera un militant politique avant d’être un militant de telle ou telle enseigne syndicale.

Ce qui nécessite que le nouveau parti privilégie ses structures d’entreprise, là où les militants seront effectivement en mesure de discuter et décider concrètement de la politique à mener dans leurs luttes. La situation paradoxale serait que les militants d’entreprise du nouveau parti s’organisent surtout sur une base géographique, en participant sans doute à toutes sortes d’activités associatives ou de solidarité, tout en ne s’organisant que sur le terrain syndical sur leur lieu de travail. Autrement dit, en laissant le monopole de la direction des luttes, locales et nationales, aux « équipes syndicales », c’est-à-dire de fait aux appareils syndicaux.

Quelle crédibilité de classe ce nouveau parti pourrait acquérir s’il laissait le monopole de l’intervention en entreprise, donc de la direction des luttes, aux appareils traditionnels ? C’est sur ce terrain privilégié de la lutte de classe que le nouveau parti sera en mesure de faire ses preuves et de devenir effectivement un parti large, accessible aux travailleurs parce qu’ils y trouveront les moyens de discuter et décider concrètement de l’orientation de la lutte de classe.

Bien entendu, une telle implantation n’est pas donnée d’avance, ni ne peut se faire instantanément et suppose une orientation volontariste de la part des militants du futur nouveau parti. Mais c’est ce volontarisme qui en conditionnera la dynamique et donnera à bien des travailleurs des raisons de le rejoindre.

Un parti de classe,
indépendant des appareils réformistes, tant politiques que syndicaux


« … les directions des principales [des principales seulement ? N.d.la F.] confédérations syndicales s’adaptent au nouveau capitalisme, acceptent l’agenda des contre-réformes patronales, accompagnent les mesures rétrogrades, surfent quelquefois sur la contestation mais sans jamais la susciter et construire le rapport de force par les luttes » dit la contribution de la LCR. Nous faisons le même constat.

« L’indépendance vis-à-vis du PS est une question première », insiste plus loin la contribution. Là aussi, entièrement d’accord. On pourrait ajouter, vis-à-vis également du PC ou des différents bouts de la gauche. On devrait en conclure que l’une des raisons d’être de ce nouveau parti anticapitaliste et révolutionnaire, est donc d’abord son indépendance vis-à-vis des appareils traditionnels, politiques et syndicaux, eux qui accompagnent plus qu’ils ne contestent le « nouveau capitalisme », pour reprendre les termes de la contribution de la Ligue. Mais bizarrement, alors qu’il est ici question de l’indépendance politique du nouveau parti, voilà que quatre lignes plus loin la contribution inverse les priorités et se met à parler, non pas de l’indépendance du parti vis-à-vis des appareils syndicaux, mais de l’indépendance des syndicats… par rapport au nouveau parti.

La contribution préconise « un parti qui respecte l’indépendance des équipes syndicales et des mouvements sociaux ».
Qu’est-ce que cela peut bien vouloir signifier, sinon que le nouveau parti n’aurait surtout pas la prétention de contester sur le terrain la politique des appareils quand il le faudra ? Aux appareils syndicaux le monopole de la lutte de classe, et au nouveau parti la modeste fonction d’être un simple réseau anticapitaliste fédérant les bonnes volontés plus ou moins associatives locales ? Les syndicalistes adhérents au nouveau parti pourront coller à leurs appareils locaux ou nationaux les jours de lutte, ceux de la semaine, pour discuter platoniquement le dimanche de la transformation révolutionnaire de la société, s’ils en ont encore le temps ?

Qui veut-on rassurer ici ? Les militants syndicalistes ? Mais ceux qui viendront au nouveau parti, ne le feront-ils pas justement pour s’émanciper des bureaucraties syndicales ? Et s’ils n’en ont pas une claire conscience, ne s’agit-il pas de les en convaincre dès maintenant, plutôt que d’en rabattre là aussi, au risque de compromettre l’avenir politique du nouveau parti ?

Un parti de classe et de combat, s’appuyant sur la démocratie ouvrière

Pour le coup, parlons de démocratie ouvrière. Plus précisément, de la démocratie dans les luttes, qui sera effectivement une question centrale pour le nouveau parti.

La contribution parle de « lutter contre la bureaucratisation qui a fait tant de mal aux mouvement ouvrier » : en se contentant de lui opposer le régime interne du nouveau parti ? Le régime interne du nouveau parti devra être parfaitement démocratique et non sectaire, nous sommes d’accord.

Mais l’objectif du nouveau parti, une bonne partie de son programme, justement, sera de se donner les moyens de lutter contre ces appareils bureaucratiques qui, effectivement, en étouffant la lutte de classe, ont fait et font toujours « tant de mal au mouvement ouvrier ».
Ce qui signifie que l’un des rôles majeurs du nouveau parti sera d’entraîner ses militants, sur leurs terrains d’intervention, à organiser démocratiquement les travailleurs au cours de leurs luttes, afin qu’ils se donnent des organes propres (comités de grève, coordinations, comité central de grève, coordinations régionales et nationales… et même plus) leur permettant de déborder les appareils conservateurs. C’est cela, la stratégie révolutionnaire de conquête du pouvoir par les travailleurs, à commencer par la conquête de la direction de leurs propres luttes. Et le nouveau parti aura un rôle majeur à cet égard.

Les bureaucraties syndicales sont en première ligne pour limiter, dévoyer ou même trahir les luttes. Or l’objectif d’un parti de classe, en s’appuyant sur l’organisation démocratique des travailleurs en lutte, serait d’aider chaque lutte, locale ou nationale, a aller jusqu’au bout de ses possibilités. Ce n’est donc pas l’indépendance des syndicats et des associations (qui de toute façon ne serait en rien mise en cause par l’existence d’un parti anticapitaliste) mais celle du parti et de sa politique dont nous avons besoin, y compris quand il s’agit de mener une politique de front unique à leur égard.

Le parti de la convergence et de la généralisation des luttes

La contribution de la LCR parle d’un « nouveau parti pour les luttes », et égrène les différentes formes de résistance et de contestation à Sarkozy et au patronat. D’accord. Mais il ne suffit pas d’être un parti des luttes. Encore faut-il savoir de quelles luttes il s’agit… et quel but on leur assigne.

La faiblesse actuelle de la classe ouvrière ne tient pas tant à son absence de combativité qu’à la dispersion de ses réactions que les directions syndicales entretiennent savamment, tout en acquiesçant sur le fond, tout comme le Parti socialiste, au contenu des « réformes » sarkozystes. Le véritable point d’achoppement actuel entre une politique révolutionnaire et celles des appareils, c’est précisément ce refus de centraliser les combats locaux et sectoriels, cet acharnement à parcelliser et diviser les luttes des travailleurs comme de la jeunesse.
Ce serait là aussi toute la différence entre un authentique parti révolutionnaire, et une simple formation « anticapitaliste » chapeautant gentiment diverses formes de contestations locales, sans contester centralement tous ceux qui font obstacle à la généralisation des luttes.

Il appartiendra au nouveau parti anticapitaliste et révolutionnaire de militer pour une mobilisation de l’ensemble des salariés et de la jeunesse susceptible de mettre sérieusement en danger le pouvoir en place, pour un programme subversif à court terme qui redonnerait confiance, espoir et véritablement conscience de sa force au monde du travail. Un programme de coordination des luttes, de leur convergence et de leur généralisation.
Bref, à faire en sorte que chaque gréviste, chaque manifestant, pour son salaire, son emploi, les effectifs de son usine ou sa branche, la régularisation de sa situation… sente qu’il fait partie d’une seule et même classe en train de passer à l’offensive.

L’enjeu, pour la classe ouvrière, est de disposer d’une force politique nationale susceptible d’initier une authentique politique de front unique pour la convergence des luttes et des mobilisations et pour ce faire d’interpeller réellement les appareils traditionnels ou de les contester et les combattre quand ils tournent le dos aux intérêts du monde du travail. Reste à savoir si le nouveau parti anticapitaliste se fixera cet objectif. En tout cas il est le nôtre.

Huguette CHEVIREAU, pour la Fraction l’Etincelle de Lutte Ouvrière
Théo
 
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Message par charpital » 12 Juin 2008, 22:20

a écrit :
Mais curieusement, alors même que tous ceux qui ont voté Olivier Besancenot (et précédemment Arlette Laguiller) n’ont pas été particulièrement effrayés par les termes de « communiste » et « révolutionnaire », voilà que la Ligue communiste fait preuve d’une prudence de Sioux dès lors qu’elle en appelle à un nouveau parti. L’opinion populaire regarde avec sympathie les révolutionnaires… mais les révolutionnaires font preuve d’une étrange pudeur. Plus question de parti révolutionnaire, expression sans doute trop directe, mais de « parti pour la transformation révolutionnaire de la société » [formule désormais consacrée, reprise dans la contribution de la LCR à la réunion des 28 et 29 juin]. On ne parle plus de « renverser » le capitalisme, ce serait trop clair, mais de « rupture avec le capitalisme », « d’invention du socialisme du XXI° siècle ».

Je pense que le fond du probléme c'est que ceux que nous devons toucher,j les "ouvriers de base combatifs" (a moins que tu ne sois pas d'accord avec cet objectif) ne comprennent pas du tout les notions de "révolution", de "rupture révolutionnaire", ne parlons même pas de "léninisme" et de "dictature du prolétariat" ! Je ne veux pas multiplier les occasions d'affrontement avec les camarades de LO, (bien que je soit pour poser de façon claire les désacords), mais je pense qu'ils sont bloqué par un passé, pour ne pas dire un passif, tout a fait contreproductif (comme on dit au cN
charpital
 
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Message par Zappa » 13 Juin 2008, 01:00

Certes les ouvriers combatifs ne comprennent pas cela, et ils ne sont pas les seuls. Faute en est justement à l'absence d'un parti révolutionnaire solidement implanté dans le monde du travail.

Je crois qu'y a plusieurs choses à discuter dans ce que tu dis. D'une part tu dis les travailleurs combatifs ne comprennent pas... Je suis tenté de te répondre que c'est un peu notre rôle de militant que d'expliquer, de convaincre. Mais surtout là où j'ai l'impression que la Ligue et la plupart de ses militants ne veulent pas comprendre les critiques, qu'elles viennent de LO ou de la Fraction, c'est que personne ne demande à ce que les futurs militants du NPA aillent devant les portes des usines discuter de la sorte :
- "Salut je suis révolutionnaire, je suis pour un renversement violent du système capitaliste par les prolétaires, ça te dit de discuter?"
Ou encore
- "Salut je suis marxiste-léniniste-trotskyste, on se prend un pot un de ces quatre?"
De même le but n'est pas de fermer la discussion aux gens qui ne sont pas révolutionnaires (ou qui ont une idée très floue de ce que ça implique ) ou refuser qu'ils donnent des coups de mains militants. Il s'agit aussi que les gens qui ont envie d'aller un peu plus loin que la simple sympathie sachent où ils mettent les pieds.

Les délimitations politiques sont une chose, la "propagande" en est une autre. On accroche les gens sur autre chose que la révolution d'octobre 17 ça c'est certain. Tu l'as écrit toi même "ils ne comprennent pas" : mais ce n'est néanmoins pas ça qui les fait se sauver à toutes jambes des réunions ou des discussions. Les gens seront surtout intéressé par le NPA si il devient "le parti des luttes ect...", ça OK. Mais après c'est aux militants de les convaincre de la justesse des positions révolutionnaires. Et surtout il me semble important que des gens qui se proclament ouvertement non révolutionnaire ne puisse pas être membre du parti et influer sur la ligne politique. Si la LCR n'a pas clairement ça en tête, peut-être que dans un premier temps si l'afflux vers le NPA n'est pas très grand, elle pèsera très largement dans les débats dans les congrès ect... Mais à plus long terme? On ne sait pas et c'est un risque que je trouve bien inutile.

Pour finir, tu remarqueras quand même que les termes que choisit la Ligue : "transformation révolutionnaire de la société", "rupture avec le capitalisme", "invention du socialisme du 21è siècle"... si ils n'aident pas à beaucoup plus de "compréhension", au contraire, ils cherchent surtout à caresser les gens dans le sens du poil, à voiler un peu nos buts. Qu'en penses tu? Trouves tu ça d'une clarté limpide?
Zappa
 
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Message par jeug » 13 Juin 2008, 08:00

(Maurice @ vendredi 13 juin 2008 à 08:12 a écrit :J’ai connu les batailles de tendances à la LCR (...)
Et est-ce ça que tu tentes de reproduire ici ?
a écrit :Je sais mes propos sont remplis d’ambiguïtés petites bourgeoises (...)
Je dirais plutôt de mépris. Mais ça se soigne. ;)
jeug
 
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Message par lavana » 13 Juin 2008, 09:07

(Maurice @ vendredi 13 juin 2008 à 08:12 a écrit : (...) bla bla bla à tendance psy.
J'espère que tes messages sur ce forum depuis novembre 2005 te servent un peu de thérapie.

Parce que sinon les "amicales interventions naïves mais désabusées" répétitives doivent peut-être avoir un intérêt, mais lequel ?
Ah oui...se faire plaisir. C'est déjà ça.

Que ferions-nous sans le Net ????
lavana
 
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Message par Ottokar » 13 Juin 2008, 11:25

a écrit :Le problème c'est que vous pensez que les mots

Le problème c'est le VOUS anonyme qui rejette tout le monde dans le même sac. Tout le monde qui d'ailleurs ? LO ? les membres de LO ? les amis de Lo ? les gauchistes ? les forumeurs ? l'humanité toute entière ?

Ce VOUS appelle inévitablement des réponses qui sont des mises en cause de TU, adressée à des TOI, TE, tout aussi pénibles à lire.

a écrit :J'espère que tes messages sur ce forum depuis novembre 2005 te servent un peu de thérapie


Bref,

:biz:

plutôt que :TDM: :ZOOR: :gun2: :zorrogun: :bash: :wiiz: :anim-extermin:
Ottokar
 
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Message par Zappa » 13 Juin 2008, 13:43

(Maurice @ vendredi 13 juin 2008 à 08:12 a écrit :L' appel de l'étincelle (nouveau groupe !!!) montre vraiment la faiblesse politique des révolutionnaires : seuls les mots sont importants.

J’ai un peu milité et je peux vous dire que nous n’étions pas toujours compris surtout dans la propagande abstraite celle qui vous différencie du groupe voisin voire proche et ennemi à la fois. . J’ai connu les batailles de tendances à la LCR : un vrai gadget démocratique compréhensible uniquement pas l’élite politisée .

Il suffit de voir les créations nombreuses de groupe dont la seule existence est la critique du groupe le plus fort .

Alors , les mots ont le sens que leur interlocuteur leur donne : de Mao à Blum la notion de "dictature du prolétariat"  a été utilisée et pourtant !

Le problème c'est que vous pensez que  les mots n'ont pas uniquement le sens qu'on leur donne, ils sont surtout la preuve qu'il n'y aura pas de trahisons en devenir. Cette obsession termine toujours votre engagement .

Malheureusement les mots ne sont pas une garantie contre la collaboration de classe : le stalinisme et la social démocratie en sont la preuve . Alors inventons une autre relation avec les ouvriers combatifs , essayons de dénoncer le réformisme sans être dans la dénonciation verbale uniquement ….Essayons de gagner les personnes combatifs en leur proposant un parti démocratique anti capitaliste qui acceptera les débats de tendances .

Mais en même temps ( l'étape la plus difficile)  inventons une autre manière de débattre , celle qui pourrait être la préfiguration de la société que nous voulons crée. Montrons du respect envers ceux avec qui ont a des désaccords minimes ( pas toujours le cas à la LCR et à LO) . En revanche les discussions "livresques" doivent être évitées c'est celles qui entretiennent l'esprit des "groupuscules" propagandistes.

Ce n’est pas à vous que j’apprendrais que  la notion d’unité est très importante dans l’imaginaire social , il détermine souvent l’envie de lutter .D’ailleurs le manque d’unité peut être le prétexte à ne pas lutter

Certes on peut dénoncer les divisions des réformistes et continuer à entretenir les divisions des révolutionnaires. Mais nous resterons dans une propagande n’ayant aucun lien avec les souffrances actuelles , on se fera plaisir ( pourquoi pas d’ailleurs) mais cela ne sera pas efficace.

D’ailleurs je m’interroge pour savoir si le groupe n’a pas une autre fonction  que l’efficacité politique ? N'a pas une autre raison que de faire de la politique ?

Je sais mes propos sont  remplis d’ambiguïtés  petites bourgeoises  et sont en décalage avec les tenants de la "ligne juste" , mais cela devient mon utopie !.

La Fraction l'Etincelle de Lutte ouvrière existe formellement depuis 1996.

D'une part, le texte ne discute pas que "du choix des mots". Y a aussi des choses aussi accessoires que le rapport du NPA aux appareils syndicaux, comment il compte intervenir dans les luttes, va-t-il réellement axer son activité vis à vis des entreprises ect... D'autre part, en voyant ton message, je me suis dis que rien que pour les petits malins comme toi, la copine aurait mieux fait d'appeler toute cette partie "délimitations politiques" ou "le choix des mots pour la délimitation politique". Car non on discute pas du verre d'eau à moitié plein ou à moitié vide. On discute d'une organisation la ligue COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE qui fait le choix de se dissoudre dans un nouveau parti ANTICAPITALISTE, qui pourrait accepter indifféremment les révolutionnaires et les réformistes, les féministes, les écologistes, les altermondialistes, les décroissanteurs ( si tenté que tous ceux là aient envie de venir )... sur des bases politiques très floues. Mon but c'est de construire un parti révolutionnaire, pas un parti des luttes sociales, à plus forte raison si ce parti ne définit pas de stratégies claires pour être efficace dans les luttes face aux appareils syndicaux. Sa revient à faire un parti de gens qui ont envie de lutter, un parti d'agitateurs. Des agitateurs, il en faut, mais c'est pas suffisant. Si le projet actuel du NPA te correspond totalement, OK, discutons en, mais commences pas sur le registre "olala les trotskards se disputent sur les mots". Comme je l'ai dit, dans ta phrase, change "les mots" par "délimitations politiques" et ça donne :
"...ça montre vraiment la faiblesse politique des révolutionnaires : seules les délimitations politiques sont importantes"

Petites précisions qui peuvent avoir leurs importances : les militants de la Fraction depuis le début vont dans les comités nouveau parti, participent à certaines activités... avaient invité la majorité de l'organisation à faire de même. Là les comités NPA se réunissent fin juin, les camarades de la Ligue ont demandé à cette occasion à la Fraction de faire connaître ses opinions, apporter une contribution écrite : c'est le texte qui a été mis en ligne. C'est donc pas un texte que la Fraction a pondu pour se démarquer à tout prix du NPA et qu'on compte diffuser très largement ; on discute plutôt là d'une orientation pour le NPA qui nous semble juste.

Les militants de la Fraction ne considère pas la Ligue ou la majorité de LO comme des ennemis. Et je suis d'accord avec toi sur le respect qui devrait y avoir entre nous, et sur le fait qu'il devra y avoir des droits et des débats de tendances dans le NPA. Je rajouterai même des droits de fraction :-P

Le but d'un parti digne de ce nom, et c'est un peu un minimum, c'est que ses membres comprennent les batailles de tendance ou de fraction qui ont lieu à l'intérieur du parti. Après que les gens "normaux" ne les comprennent pas... Comme disait Charpital, ils ne voient pas bien ce qu'on entend par révolution, communisme ect... alors je vais pas leur demander de saisir les histoires de tendances, de fractions, de scissions. D'ailleurs mon but de militant, c'est pas de leur faire capter en premier lieu ces choses là mais plutôt de leur faire découvrir les idées communistes révolutionnaires. Mais le problème c'est qu'il ne faut pas taire nos divergences politiques pour seule et unique raison de donner aux gens une image bien lisse de nous.

Je rediscute pas du choix du mot révolutionnaire. Je ne peux que te renvoyer à l'argument du texte de la copine :
"Evidemment, les camarades de la Ligue expliquent que les termes de « révolutionnaire » et de « révolution » ne garantissent rien du tout. Certes. Jusqu’à présent, ils figuraient même dans les textes programmatiques du PS, c’est dire ! Mais est-ce précisément au moment où le PS les supprime officiellement de son programme, que la Ligue doit suivre le mouvement ? Dire n’est pas une garantie. Mais ne pas dire est un message."
Et puis comme il est dit ailleurs dans le texte, se dire révolutionnaire c'est le meilleur moyen de se démarquer du PS et de ses satellites, réformistes et électoralistes.

Sur les "discussions livresques", est-ce que tu pourrais être plus précis? Je veux pas répondre à côté de la plaque étant donné que je ne comprends pas ce que tu cibles précisément.

La Fraction a jugé légitime et opportun que la LCR essaye de créer un nouveau parti. Elle a défendu le fait que LO participe aux comités, au processus constituant... Je crois comme toi que l'unité des révolutionnaires est importante, encore faut il que ça se fasse sur des bases révolutionnaires. Vouloir l'unité à tout prix, en sacrifiant des principes politiques au passage ou en taisant des divergences, ce n'est pas constructif.
Sinon, objectivement depuis 1945, la LCR et LO se sont développés numériquement, ont participé très activement à des luttes sociales d'envergure, tout en ayant une existence séparée. Faut pas non plus tomber dans le travers : "Si l'unité ne se fait pas là, tout de suite, C'EST FINI on pourra plus jamais faire quelque chose."
Zappa
 
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