Elections au Nepal

Dans le monde...

Message par com_71 » 23 Mai 2008, 13:41

Interview dans le Figaro, le 08/04/2008.
Il faut réconforter la journaliste, qui a l'air complètement apeurée... :roll: :roll:

a écrit :Népal : les maoïstes veulent une «République à la française»

Propos recueillis à Katmandou par Marie-France Calle
08/04/2008

Baburam Bhattarai EST LE Numéro deux des Maoïstes népalais (CPN-M), dont Prachanda est le chef, Baburam Bhattarai est l'intellectuel du Parti. Il a fait son doctorat à la prestigieuse université JNU de New Delhi. Il a pris une part active aux négociations qui ont abouti à la fin de la guérilla et à la signature d'un accord de paix le 21 novembre 2006. A quarante-huit heures de l'élection d'une assemblée constituante, jeudi, qui devrait sonner le glas de la monarchie au Népal, Baburam Bhattarai affirme que la révolution n'est pas terminée pour autant. Il s'en explique au Figaro.

LE FIGARO : Croyez-vous sincèrement que les maoïstes remporteront la majorité lors de ces élections ?

Baburam Bhattarai : Nous avons de bonnes raisons de penser que le scrutin sera juste et équitable, et si tel est le cas, nous remporterons la majorité. Les Népalais aspirent au changement et les maoïstes incarnent ce changement. En revanche, s'ils sont privés de cet espoir, notamment en raison de fraudes électorales, les gens pourraient bien descendre de nouveau dans la rue.

Supposons cependant que le parti du Congrès l'emporte haut la main. Certains de ses membres ne sont pas hostiles au maintien de la monarchie…

Les Népalais, dans leur grande majorité, veulent la République. Par ailleurs, nous avons conclu un accord avec le parti du Congrès sur ce point. Nous voulions l'abolition de la monarchie dès la fin de 2006 ; le Congrès préférait attendre. Nous lui avons fait cette concession à une condition : que dès sa première séance, l'assemblée constituante décrète solennellement l'abolition de la monarchie au Népal. C'est acquis, quels que soient les résultats.

La Révolution est-elle donc achevée pour les maoïstes ?

Pas du tout ! La révolution ne sera jamais terminée. Avec l'abolition de la monarchie, nous sortirons du féodalisme. C'est une première phase, cruciale. Mais tant qu'il y aura des injustices, des inégalités sociales, les maoïstes continueront de se battre. La révolution est un processus continu, qui ne se termine jamais. Au Népal, personne ne peut prévoir quelle forme prendront les nouvelles phases de la révolution.

En ce qui nous concerne, nous voulons un changement radical, et pas de simples « mesurettes ». Nous voulons construire un « nouveau Népal ». Je tiens aussi à souligner que les maoïstes népalais ne sont pas « rentrés dans le rang », qu'ils n'ont pas rejoint le ventre mou de la politique traditionnelle, comme les médias le laissent souvent entendre. Les sept partis avec lesquels nous avons fait alliance contre la monarchie dès 2005, ont mangé dans la main du roi plus souvent qu'à leur tour lorsque cela les arrangeait.

Quelles sont les phases à venir de la révolution ?

L'abolition de la monarchie en représentait le volet politique. Nous devons maintenant nous attaquer à la restructuration administrative du pays. Le Népal deviendra une République fédérale composée de 11 états régionaux qui bénéficieront d'une large autonomie. Nous voulons un régime présidentiel fort, avec un Premier ministre. Bref, une République à la française, le fédéralisme en plus, comme en Suisse.

Puis nous mettrons en œuvre l'agenda économique et social. Il est urgent d'éradiquer toutes les formes de discrimination : contre les femmes, les minorités… D'abolir le système des castes et de développer l'éducation.

Au plan économique qu'envisagez-vous pour sortir le Népal de sa misère ?

Nous sommes favorables à un « capitalisme de transition ». Nous savons parfaitement que pour créer des moyens de production, des industries, le capitalisme est nécessaire. Mais il faut que ce soit un capitalisme au bon sens du terme, qui n'ait rien à voir avec l'impérialisme et le féodalisme actuels. Par la suite, lorsque tout sera en place, nous pourrons passer au vrai socialisme.

Est-ce que cela signifie que vous misez sur des investissements privés ? Voire étrangers ?

Afin de créer ou de développer des industries, et de mettre, notamment, un terme à la pénurie d'électricité alors que le Népal possède d'excellentes ressources hydrauliques, nous ferons appel à des partenariats entre investisseurs privés et publics.

Pour ce qui est des investissements étrangers, nous n'y sommes pas hostiles, mais nous serons vigilants. Il ne s'agit pas de vendre le Népal aux étrangers.

Enfin, une réforme agraire est nécessaire. Il est temps que la terre appartienne à ceux qui la cultivent.

Combien de temps vous donnez-vous pour réaliser tout cela ?

Nous nous donnons deux ans pour forger une nouvelle Constitution qui prendra en compte tous les paramètres dont je viens de parler.


a écrit :Nous voulons un régime présidentiel fort, avec un Premier ministre. Bref, une République à la française, le fédéralisme en plus, comme en Suisse.
Tout est dit... c'est d'ailleurs explicité plus loin. Se sentir du côté de ces "démocrates libéraux" si l'impérialisme, ou l'Inde, voire la Chine, veut les étrangler, soit. Mais les peindre en rouge...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par com_71 » 23 Mai 2008, 22:34

(El convidado de piedra @ vendredi 23 mai 2008 à 17:59 a écrit :
L'abolition de la royauté et l'établissement d'une république bourgeoise dans un pays monarchique est "rouge"
Par exemple Constantin Karamanlis était un dirigeant communiste grec. :roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par com_71 » 24 Mai 2008, 12:04

(El convidado de piedra @ vendredi 23 mai 2008 à 17:59 a écrit :
L'abolition de la royauté et l'établissement d'une république bourgeoise dans un pays monarchique est "rouge"



(IC 2e Congrès a écrit :l'Internationale Communiste ne doit soutenir les mouvements révolutionnaires dans les colonies et les pays arriérés, qu'à la condition que les éléments des plus purs partis communistes - et communistes en fait - soient groupés et instruits de leurs tâches particulières, c'est-à-dire de leur mission de combattre le mouvement bourgeois et démocratique.


La tâche particulière "combattre le mouvement bourgeois et démocratique", comment devient-elle le souhait de construire avec son mouvement un appareil d'état ?

Toutes ces conceptions étapistes : "révolution par étapes", "bloc des classes" ont été la traduction en terme de programme de la renonciation par Staline et ses épigones au programme de la révolution prolétarienne.

Convidado se réclame de Lénine. Nous le renvoyons à toutes les contributions de Lénine en 1917, sa préoccupation n'était pas de trouver, dans le déroulement de la révolution, une "étape" pour l'y stopper, bien au contraire.

Et ce qu'il ne trouvera pas dans Lénine en 1917, il ne le trouvera pas plus dans toutes les résolutions des 4 1ers congrès de l'IC.

Se réclamer de Lénine, c'est bien, vouloir le faire passer pour un menchevik avide de gouverner avec la bourgeoisie, c'est beaucoup moins bien.
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Message par com_71 » 24 Mai 2008, 21:20

Réponse qui est une non-réponse.

Je ne peux que répéter :

a écrit :Convidado se réclame de Lénine. Nous le renvoyons à toutes les contributions de Lénine en 1917, sa préoccupation n'était pas de trouver, dans le déroulement de la révolution, une "étape" pour l'y stopper, bien au contraire.

Et ce qu'il ne trouvera pas dans Lénine en 1917, il ne le trouvera pas plus dans toutes les résolutions des 4 1ers congrès de l'IC.


Et constater que Convidado n'entend pas discuter sur cette base précise.
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Message par Puig Antich » 25 Mai 2008, 13:47

Il y a tout de même une classe ouvrière au Népal. En 15 ans, la part de l'industrie dans le produit national est passé de presque rien du tout, à 20%. C'est encore marginal, mais c'est suffisant pour que la classe ouvrière joue un rôle politique important, vu sa place dans l'économie. Elle a d'ailleurs déjà joué un rôle important dans les mouvements de masse à Katmandhou qui sont venus il y a quelques années en renfort de la guerilla, sur le terrain des revendications démocratiques. Il me semble qu'à ce moment les maoïstes ont hésité face à un mouvement qu'ils ne contrôlaient pas vraiment - même si ils disposent d'une fédération syndicale ouvrière. C'est à ce moment qu'ils ont proposé et signé les accords de paix, avec les autres partis " consitutionnels " (certains maoïstes, et d'autres commentateurs, leur ont alors reproché de reculer, alors qu'ils disposaient d'une situation politique et militaire favorable pour prendre le pouvoir par la voie insurrectionnelle).

Marx disait déjà en 48 quelle attitude devait adopter le prolétariat dans le mouvement démocratique bourgeois. Lénine, Trotsky, ont apporté des précisions, mais en restant finalement sur les mêmes principes de base. Soutenir la bourgeoisie démocratique dans sa lutte contre la féodalité, tant qu'elle ne pactise pas avec elle. Mais développer en premier lieu ses propres forces indépendantes, pour préparer une lutte décidée contre la bourgeoisie, ensuite. Il n'y a néanmoins pas de trace d'étapisme chez Marx : dans ses écrits sur 48 et ses suites, Bonaparte, il montre justement comment les démocrates bourgeois donnent de la voix surtout après qu'ils sont assurés que la classe ouvrière est bien écrasée. Il ne faut donc jamais leur faire confiance, même pendant les alliances tactiques.

En vérité, au Népal, le PCN(m) représente au contraire cette alliance de classe, avec mis surtout en avant les revendications démocratiques-bourgeoises. C'est le cas pour tous les partis "communistes" népalais, qui sont en fait dirigés par un embryon de classe nationale bourgeoise moderne, en formation - qui dirige la lutte des minorités opprimées (problème central au Népal), des paysans, de la classe ouvrière. Cette dernière ne dispose pas vraiment d'organes indépendants. La ligne de démarcation passe peut être au sein même du mouvement maoïste et du PCN lui même - qui regroupe toutes les classes, ethnies, castes, intéressées à balayer les résidus féodaux et semi-coloniaux, au développement capitaliste et aussi aux droits sociaux et démocratiques ... on verra si, au moment où il s'intégrera progressivement à l'Etat, il n'y a pas des oppositions internes qui vont apparaître sur un terrain prolétarien.

Pour l'heure, leur programme est le développement capitaliste. Un parti " communiste " qui pilote le développement capitaliste se tournera nécessairement contre la classe ouvrière - l'expérience le montre. La question n'est pas de savoir si il y a "une autre politique possible" (une autre "realpolitik") ... la classe ouvrière doit assumer d'être en minorité, de ne pas avoir de parti de classe vraiment distinct, et se préparer pour jouer son rôle révolutionnaire sans chercher d'expédient.

Alors, oui, il faut soutenir les luttes des travailleurs et de la démocratie népalaises, qui se sont placés sous les plis d'un drapeau rouge. Et en même temps défendre le programme communiste.
Puig Antich
 
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