Aimé Césaire est décédé

Dans le monde...

Message par com_71 » 22 Avr 2008, 23:15

PPM précurseur du NPA ?

(A. Césaire a écrit :Je me suis souvent posé la question de savoir si dans des sociétés comme les nôtres, rurales comme elles sont, les sociétés de paysannerie, où la classe ouvrière est infime et où par contre, les classes moyennes ont une importance politique sans rapport avec leur importance numérique réelle, les conditions politiques et sociales permettaient dans le contexte actuel, une action efficace d’organisations communistes agissant isolément (à plus forte raison d’organisations communistes fédérées ou inféodées au parti communiste de la métropole) et si, au lieu de rejeter à priori et au nom d’une idéologie exclusive, des hommes pourtant honnêtes et foncièrement anticolonialistes, il n’y avait pas plutôt lieu de rechercher une forme d’organisation aussi large et souple que possible, une forme d’organisation susceptible de donner élan au plus grand nombre, plutôt qu’à caporaliser un petit nombre. Une forme d’organisation où les marxistes seraient non pas noyés, mais où ils joueraient leur rôle de levain, d’inspirateur, d’orienteur et non celui qu’à présent ils jouent objectivement, de diviseurs des forces populaires.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par com_71 » 23 Avr 2008, 22:14

(Lutte Ouvrière 25 04 2008 a écrit :La mort d'Aimé Césaire : le défenseur de la négritude... mais aussi du statu quo social.

Ce sont pour la grande majorité des travailleurs, des pauvres, des gens simples qui par milliers ont assisté aux cérémonies qui ont entouré la mort d'Aimé Césaire en Martinique. Et, plus que les « obsèques nationales », plus que la couverture médiatique considérable, plus que les délégations « officielles » incarnées par Sarkozy et sa brochette de ministres, les délégations de politiciens de tout bord issus de la Martinique et de la Guadeloupe, d'artistes et d'intellectuels, c'est cet hommage populaire qui fut particulièrement significatif durant ces journées de deuil.

Ce que le petit peuple de Fort-de-France, celui des quartiers de Citron, Trénelle, Volga ou Texaco, a exprimé en tout premier lieu, c'est le résultat de l'action de Césaire, qui en un demi-siècle aura permis à plus d'un de trouver un logement décent, de l'eau courante, de l'électricité, du travail, une vie plus décente. La mémoire collective n'a pas oublié les descentes de Césaire dans le quartier pauvre de Texaco, où il faisait face aux gendarmes qui voulaient démolir les maisons des pauvres. On était dans les années 1950 et ces troupes avaient la gâchette facile et « cassaient du nègre », comme le disaient les gendarmes coloniaux eux-mêmes.

Contre le colonialisme, pour la dignité des Noirs.

Césaire, comme bon nombre d'intellectuels de son époque, adhéra très tôt à la fédération martiniquaise du Parti Communiste Français. C'est en tant que membre de ce parti qu'il fut élu maire de Fort-de-France et député dès 1945. En 1956, il se sépara du PCF, et créa le PPM (Parti Progressiste Martiniquais) en mars 1958. C'est sous cette étiquette qu'il continua pendant près de trente-cinq ans à être maire et député de Fort-de-France.

Au début de sa carrière politique, Aimé Césaire s'est attaqué avec énergie à éradiquer l'extrême dénuement qui frappait alors la population pauvre de Fort-de-France. En effet, après la Deuxième Guerre mondiale, cette ville était un immense taudis où des milliers de gens s'entassaient, en butte à un chômage endémique, au manque d'hygiène et aux maladies qui faisaient des ravages. Les travailleurs et les pauvres étaient écrasés par l'exploitation féroce des capitalistes locaux, mais c'était aussi la conséquence d'une oppression coloniale directe et violente.

Avec Césaire, pour la première fois, les travailleurs martiniquais voyaient un Noir défendre leurs droits à une vie matérielle et morale plus digne. Et qui plus est, c'était l'un des tous premiers Noirs diplômés, agrégé de lettres et écrivain, pouvant parler d'égal à égal avec les gouverneurs blancs, puis les préfets et autres ministres blancs ou présidents de la République de passage, en les forçant au respect. Et en plus il s'agissait d'un Noir qui affirmait que les Noirs devaient relever la tête, qui parlait au nom « de millions d'hommes à qui l'on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme » (Discours sur le colonialisme).

Les limites d'une politique.

Tout au long de sa carrière, Aimé Césaire a aussi cependant été un notable somme toute modéré, un homme politique qui aura longtemps siégé avec les socialistes à l'Assemblée nationale. Et même si ce fut avec des variantes, c'est toujours la politique du Parti Socialiste français qu'il soutint tout au long de sa carrière politique, même aux heures les plus sombres des guerres coloniales d'Indochine ou d'Algérie, même quand ces guerres étaient menées par des ministres socialistes.

Fort de son image de défenseur de la dignité noire, lui et l'appareil politique du PPM servirent également de soupape de sûreté, de garants de la paix sociale aux différents gouvernements de gauche qui se succédèrent entre 1981 et 2002 et qui pourtant menaient une politique de soutien au grand patronat et d'austérité pour les travailleurs.

Certes, l'un des grands mérites d'Aimé Césaire est d'avoir dénoncé le colonialisme et ses méfaits dans de nombreux écrits, articles et discours. Il le fit à travers une œuvre poétique et théâtrale reconnue mondialement. Mais dénoncer le colonialisme et revendiquer la dignité de la race noire n'était que la dénonciation de certains aspects du système capitaliste, pas la remise en cause du système lui-même.

Lorsqu'il fut porté à la députation, Césaire bénéficia de l'influence du Parti Communiste, très ancré à l'époque dans la classe ouvrière. Le PPM devait hériter pendant longtemps d'une partie de cette implantation au sein des masses pauvres. Et c'est tout naturellement que le fondateur du mouvement de la « négritude » bénéficia politiquement du désir d'émancipation coloniale et sociale de la masse des travailleurs noirs. Mais Césaire ne représentait qu'une partie de leurs aspirations. Il représentait les Noirs, mais pas forcément les intérêts de classe des travailleurs noirs et des Noirs pauvres.

Tout comme les socialistes français, Césaire s'attaqua certes à gommer certaines inégalités les plus criantes, mais il ne devait jamais remettre en cause fondamentalement l'ordre des gros possédants békés et autres capitalistes. C'est en ce sens que l'action politique de Césaire s'est cantonnée aux limites d'une politique bourgeoise.

Pierre-Jean CHRISTOPHE
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Message par com_71 » 20 Nov 2008, 15:32

(com_71 @ lundi 21 avril 2008 à 09:37 a écrit :
(site de la mairie de Fort%de%France a écrit : André ALIKER

André ALIKER fut un Journaliste et militant communiste martiniquais (1900-1934)

Gérant du journal Justice, dont la mort par noyade, le 12 janvier 1934, a donné à ce que l’on a appelé « l’affaire Aliker » une dimension historique exceptionnelle, faisant de la victime un des symboles de la lutte du prolétariat martiniquais contre l’oligarchie békée.

Un jeune militant

Il avait milité très tôt dans le groupe communiste Jean Jaurès. A la fois gérant, rédacteur, correcteur et même vendeur du journal Justice, il s’empara dès le 11 juillet 1933 de l’affaire Aubéry (riche béké qui a soudoyé les juges de la Cour d’appel de la Martinique pour être dissous de ces fausses déclarations et impôts impayés) et se mit à publier des pièces du dossier prouvant apparemment la culpabilité du propriétaire du Lareinty.

Suite à cela, il fut victime de pressions voire même de menaces qui le conduirent vers sa perte. En effet, le 1er janvier 1934, Aliker était enlevé, baillonné et jeté à la mer par des inconnus. Il est persuadé, comme il est écrit à son frère, à Paris, qu’Aubéry a mis sa tête à prix. Le 12 janvier 1934, on retrouve son corps ligoté, rejeté à la mer, sur la plage de Fond-Bourlet, sur la commune de Schoelcher.

Un assassinat prémédité

Jusqu’à aujourd’hui le mystère subsiste quant au commanditaire de son assassinat évident du fait que ses bras étaient liés dans le dos. Cependant, notons que c’étaient deux sainte-luciens Moffat et Mellon qui ont prémédité le crime d’André Aliker.

En cette année 2004, on a rendu hommage à André Aliker au centre culturel qui porte d’ailleurs son nom. Il s’agissait d’honorer la mémoire d’un homme de vérité et de courage mais surtout saluer une des figures du journalisme de la vie politique en Martinique.

(Sources : Dictionnaire encyclopédique Désormeaux, sous la direction de Jack CORZANI, 1992)

Le film "Aliker" sort demain à Fort-de-france. Je ne peux malheureusement pas y être.

voir ici.
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Message par com_71 » 20 Nov 2008, 22:48

Présentation du film "Aliker" sur RFO Martinique (disponible encore 4 jours) :

http://www.rfo.fr/v4_player2_jt.php3?ids=2&d=18&m=11&y=2008

(aller à 24'15")
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Message par com_71 » 01 Fév 2009, 18:44

Sur le site de la CGTM, plusieurs vidéos intéressantes.

Un interview de Pierre Aliker sur le film récent sur l'assassinat de son frère en 1934.

L'interview d'un témoin (G. Dufond) sur la sortie du film sur la répression de Basse-Pointe (1948).

Prises de position sur l'élection d'Obama et sur la crise financière.



http://www.cgt-martinique.fr/
(en bas à droite)

D'autres vidéos sur leur récent congrès :
http://www.cgt-martinique.fr/syndicat-cgt-...s.asp#I000089dd
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Message par com_71 » 01 Fév 2009, 18:58

(com_71 @ dimanche 1 février 2009 à 18:44 a écrit : L'interview d'un témoin (G. Dufond) sur la sortie du film sur la répression de Basse-Pointe (1948).

(Combat Ouvrier a écrit :Les 16 de Basse Pointe

Il y a soixante ans, début septembre 1948, 16 travailleurs agricoles de Basse Pointe, en Martinique, étaient arrêtés et emprisonnés par le pouvoir colonial. Cette affaire dite «affaire des 16 de Basse Pointe» agita l'opinion publique martiniquaise de 1948 à 1951. Un film retraçant cette page de l'histoire du mouvement ouvrier martiniquais est sorti récemment.
Basse Pointe est une commune connue pour la combativité de ses travailleurs. Début septembre 1948, trois ouvriers agricoles de l'habitation sucrière Leyritz furent expulsés de leurs cases et licenciés. Cette répression fut aussitôt suivie d'un rassemblement des ouvriers agricoles. Les gendarmes, comme d'habitude furent dépêchés sur les lieux. Ils vinrent avec l'économe de l'habitation, le béké Guy de Fabrique.
Ce dernier fut retrouvé mort frappé de plusieurs coups de coutelas sans que l'auteur des faits soit reconnu. Pendant l'enquête, il fut prouvé que De Fabrique avait un revolver dans sa voiture. Mais les ouvriers agricoles déclarèrent tous qu'il l'avait au poing.
Seize ouvriers furent arrêtés et accusés du meurtre de De Fabrique, de vols de fusils et de violences contre les gendarmes. Cette tranche d'histoire ouvrière ayant été longtemps occultée et étant encore méconnue aujourd'hui, il n'est pas inutile de rappeler les noms des ouvriers combatifs ayant été emprisonnés pendant plus de deux ans.
Il s'agit de Sébastien Julina, Albert Rovela, Jean Bastel, Stéphane Roselmac, Felix Goidaman, Romain Nelar, Eusèbe Roure, Edmond Cressant, René Polomat, Nestor Clio, Omer Surbon, Crépin Romain, Marcelin Hérard, Louis Blézes et deux Moutoussamy.
Ces travailleurs furent déclarés «communistes». Sans doute certains avaient- ils effectivement une certaine sympathie pour la Fédération martiniquaise du Parti Communiste Français ( PCM aujourd'hui), très combatif et influent à l'époque parmi les travailleurs. Mais en insistant sur leur appartenance au Parti communiste, qu'elle fut réelle ou supposée, le pouvoir colonial de l'époque pensait puiser là un argument de plus pour justifier sa répression envers ces travailleurs. Il s'agissait aussi de faire rôder autour du PCM et de ses dirigeants un climat permanent de répression.
Cependant, la campagne de soutien aux travailleurs emprisonnés prit de l'ampleur.A tel point que la cour d'assises de Fort de France fut dessaisie de l'affaire qui fut renvoyée devant celle de Bordeaux. Le mouvement de solidarité prit forme donc aussi en France. Le parti communiste français relaya la campagne de protestation de Martinique, la campagne de presse s'élargit, une collecte de fonds fut organisée sous l'égide du secours populaire français.
Au procès du 9 août 1951, le collectif d'avocats conduits par maître Gratiant dont firent partie maître Manville (avocat communiste de la Martinique) et Gerty Archimède (avocate communiste de la Guadeloupe, première femme députée de la Guadeloupe), les «16» furent acquittés.
Cependant, à leur arrivée à Fort de France, les forces coloniales réprimèrent les manifestations d'accueil. Armand Nicolas raconte la vengeance du colonialisme dans son tome 3 de l'histoire de la Martinique: matraquage, jets de grenades lacrymogènes, arrestation du secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital civil, insultes des gendarmes à l'encontre d'Aimé Césaire. Après le meeting d'accueil, les CRS chargèrent à nouveau, puis pénétrèrent dans les maisons dans le quartier de Terres Sainvilles, saccageant tout sur leur passage, tabassant sauvagement les habitants.
Cette page d'histoire des «16 de Basse-Pointe» fut aussi un épisode d'une longue histoire de luttes ouvrières et de répressions coloniales sanglantes en Martinique. Elle suivait, entre autres, la tuerie du Carbet qui avait eu lieu la même année en mars, lors d'une grève des ouvriers agricoles. Elle précédait, entre autres, la fusillade de La Chassin qui se produisit le 7 mars 1951 sur la commune de Ducos: les gendarmes, conduits par le béké Georges Hayot, tirèrent sur les grévistes de l'habitation «La Chassin» et en blessèrent plusieurs par balles.
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