(lucifer @ jeudi 17 avril 2008 à 20:33 a écrit : Exproprions d'abord tous les gros bourgeois,arrachons leur le pouvoir,et réorientons la production et la distribution pour satisfaire les besoins a l'échelle de la planete.......et apres on verra,si il faut on mangera moins en Europe,mais pas avant.
C'est en effet, à mon avis, la bonne façon de voir les choses. Le problème n'est ni de partager (dans le sens CFDT) entre pauvres et un peu moins pauvres, ni de produire n'importe quoi de façon aberrante en fonction des seules lois du marché, mais d'organiser la production alimentaire, comme les autres productions, en fonction des besoins humains mondiaux.
Dans cette optique, les subventions aux grossses PME de l'agriculture, et aussi aux trusts, pour produire toujours davantage comme ils le font actuellement dans certaines périodes, mais pour au contraire réduire leur production, la stocker et meme la détruire dans d'autres périodes (comme ce fut le cas d'une partie de la production euroépenne de viande aux termes des accords de la CEE) n'ont strictement aucun sens.
Rappelons qu'il faut 7 kilos de céréales pour produire un kilo de viande. Alors faut-il revendiquer que toute la planète consomme autant de viande que les Nords-américains ? L'implantation de centaines de Mcdos en Chine serait-elle un progrès ?
Les causes fondamentales de la pénurie actuelle sont :
- Les mécanismes de l'impérialisme qui ont conduit à la destruction des cultures vivrières pour des productions pour l'exportation, et parfois à la monoculture, comme le sucre à Cuba, pays qui ne parvient pas à produire suffisamment pour nourrir convenablement tous ses habitants, et ce n'est pas le pire.
-La modification actuelle de la demande, qui conduit à utiliser des céréales pour produire davantage de viande. Donc toujours le marché capitaliste.
-La spéculation vient se greffer là-dessus, aggrave la situation mais n'est pas la cause première.
Ces transformations structurelles se poursuivent et s'aggravent. Par exemple, au Cameroun, pays très riche et très équilibré sur le plan alimentaire, qui n'a jamais connu de famine, le gouvernement du président (à vie) Bya a vendu la concession des pêches à la Chine. Résultat, d'énormes chalutiers-congeleurs chinois commencent à ratisser les cotes du Cameroun et vont faire disparaitre ou raréfier de nombreuses espèces. Les pecheurs camerounais, qui sont nombreux à utiliser de modestes barques et des pirogues, ne seront évidemment pas "compétitifs" avec les navires géants chinois. Or le poisson à bas prix est composante importante de la nourriture locale. Tout cela pour vendre des filets congelés chez Carrefour ou chez Picard à des prix qui achèvent de couler les pêcheurs bretons...
Et on voit mal, dans la situation actuelle, en dépit des inombrables conférences, accords etc, comment il pourrait être mis fin à cette situation sans un bouleversement social mondial...