par Front Unique » 03 Avr 2008, 20:53
Informations Ouvrières N° 839 - Semaine du 3 au 9 avril 2008
Les 14 et 15 juin, dans dix semaines maintenant, se tiendra le congrès de fondation du parti ouvrier indépendant (lire pages 7 à 10). Le comité permanent, réuni les 29 et 30 mars, a proposé que soit publié comme éditorial d’Informations ouvrières l’appel qu’il vient d’adopter.
Appel du comité permanent pour un parti ouvrier indépendant
Comment comprendre ?
Les 9 et 16 mars, par le vote contre les candidats du gouvernement comme par l’abstention massive, le peuple français a clairement condamné et rejeté les orientations du gouvernement Sarkozy-Fillon, appliquant la politique dictée par l’Union européenne. Et pourtant, contre ce vote, dans les jours qui ont suivi les élections, le Premier ministre a dressé une liste des transferts de toutes les administrations centrales de l’Etat sous la responsabilité des préfets de région et département, dans le cadre d’une régionalisation qui éclate la République, la disloque, remet en cause son unité. C’est bien l’application de la politique subsidiaire de l’Union européenne qui, depuis Maastricht, organise la destruction de la démocratie, des services publics, des garanties collectives de la classe ouvrière. C’est cela que nous entendons combattre dès maintenant et après la mise en place de la présidence française de l’Union européenne, le 1er juillet 2008.
Comment comprendre ?
Dans les jours qui ont suivi les élections municipales, le gouvernement a fait connaître son intention de passer en force sur les 41 annuités au terme desquelles les travailleurs pourraient prendre leur retraite à taux plein, avant de passer à 42, 43 annuités. Et il a également annoncé la mise en place d’une commission pour la création d’une caisse autonome pour les retraites des fonctionnaires d’Etat, des collectivités locales et les hospitaliers, préface d’une nouvelle contre-réforme pour un adossement au régime général.
Dans le même temps, un projet de loi annoncé pour juin sur les hôpitaux et la Sécurité sociale se propose de transformer les hôpitaux en établissements publics à vocation industrielle et commerciale, de régionaliser, privatiser la Sécurité sociale dans le cadre des agences régionales de santé. Le projet de loi sur la modernisation du contrat de travail soumis au Parlement dans les prochaines semaines vise à généraliser le contrat de mission, c’est-à-dire la précarité de la jeune génération.
Autre projet de loi, celui qui veut imposer la mobilité dans la fonction publique, c’est-à-dire ouvrir la voie au licenciement des fonctionnaires. D’ores et déjà, sont annoncées 150 000 suppressions de postes, dont 85 000 d’enseignants.
Sur la représentativité syndicale, le projet de loi menace l’existence même des confédérations syndicales. Il s’attaque aux fondements du droit à la libre organisation, et, par là, à la démocratie politique. Et tout cela devrait avoir lieu en quelques semaines, comme si le gouvernement voulait à marche forcée faire passer toutes les contre-réformes en suspens avant le 1er juillet 2008, date à laquelle la France prendra la présidence de l’Union européenne.
L’annonce confirmant la fermeture de l’aciérie ArcelorMittal de Gandrange appelle à la réalisation de l’unité pour l’annulation de la décision de fermeture, le maintien de tous les emplois sur place et la renationalisation de la sidérurgie.
ArcelorMittal Gandrange, Airbus… pas un jour sans l’annonce de nouvelles fermetures d’entreprises, c’est toute l’industrie qui est menacée de disparition. La (re)nationalisation de l’industrie est nécessaire et urgente.
Comment comprendre ?
Comment cela est-il possible ?
A cette question, on répondra tout d’abord que c’est la preuve que le cadre de l’Union européenne s’impose à tout gouvernement qui refuse de rompre avec elle. Chacune et toutes ces contre-réformes découlent des directives de l’Union européenne, de Maastricht, du pacte de stabilité et du nouveau traité de Lisbonne qui spolie le vote non des travailleurs et de la jeunesse, le 29 mai 2005, et qui permet de nouveaux diktats de Bruxelles.
Mais c’est un fait que, rejeté par le vote populaire, le gouvernement Sarkozy-Fillon serait incapable de mettre en œuvre cette politique s’il ne bénéficiait pas du côté de « l’opposition » d’appuis indiscutables.
Dès le soir du premier tour de l’élection municipale, le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a fait ses offres de service. Il a appelé Sarkozy à ne « pas mener des politiques sans concertation avec les pouvoirs locaux » et « à dialoguer, partager, nous associer ». De son côté, Michel Vauzelle, dirigeant du PS, en se faisant désigner président de la région « Alpes-Méditerranée », s’est mis au premier rang de la marche à la dislocation de la République une et indivisible.
A la tête des régions, à la tête des départements, les dirigeants du PS et du Parti communiste (mais aussi ceux de la LCR, qui ont fait campagne aux élections municipales avec l’organisation indépendantiste bretonne Emgann revendiquant l’autonomie de la Bretagne dans le cadre de l’Union européenne) entrent dans la logique de l’éclatement de la République, de l’éclatement des droits, de l’atomisation dictée par l’Union européenne.
Peut-on accepter ?
Au lendemain même des élections municipales, dans tout le pays, les travailleurs cherchent avec leurs organisations à résister aux attaques auxquelles ils sont confrontés, car ils n’acceptent pas.
On le voit en ce moment même avec le mouvement de grève qui grandit dans l’Education nationale : enseignants, parents, jeunes se dressent contre les 11 500 suppressions de postes d’enseignant dans le second degré et contre la remise en cause du statut des fonctionnaires de l’Education nationale.
On l’a vu dans le secteur de l’Equipement, comme on le voit sur les questions du pouvoir d’achat ou des licenciements dans un nombre grandissant d’entreprises du privé.
On le voit par la mobilisation d’élus qui, par des décisions de conseils municipaux, repoussent la liquidation des maternités, des centres de Sécurité sociale, des bureaux de poste, des hôpitaux, et refusent la disparition de leur commune comme des 36 000 contre l’intercommunalité forcée.
C’est une évidence. Les travailleurs, les jeunes cherchent la voie de l’unité avec leurs organisations pour porter un coup d’arrêt à cette politique destructrice dictée par l’Union européenne.
Réunis ces 29 et 30 mars, les membres du comité permanent pour un parti ouvrier indépendant, mandatés lors de la convention des 24 et 25 novembre 2007,
lancent un appel : est-il possible que cela continue ?
Avec les 91 élus membres fondateurs du parti ouvrier indépendant élus lors des élections municipales, avec les 7 500 travailleurs, militants de toutes tendances, jeunes, responsables, syndicalistes, qui ont d’ores et déjà pris leur carte de membre fondateur du parti ouvrier indépendant, avec les milliers et les milliers de travailleurs et de jeunes qui disent : « C’en est assez de cette politique ! L’unité peut rassembler l’immense majorité de la population pour mettre un terme à cette destruction généralisée ! »
Avec eux tous, pour la rupture avec l’Union européenne, pour la défense de la République une et indivisible, pour l’unité des travailleurs et de leurs organisations qui repoussera cette vague destructrice, nous allons fonder ces 14 et 15 juin prochains un authentique parti ouvrier indépendant.
— Pour la République une et indivisible ! Contre la régionalisation !
— Pour la reconquête de l’ensemble des droits collectifs et individuels !
— Pour le retour à la Sécurité sociale de 1945 !
— Pour la renationalisation des secteurs clés de l’industrie !
— Pour la défense des 36 000 communes et des départements !
— Pour la défense de l’école laïque de la République !
— Pour l’Assemblée constituante souveraine !
— Pour la rupture avec l’Union européenne !
— Pour l’union libre des peuples et travailleurs d’Europe !
Oui, il faut que cela s’arrête !
Les 14 et 15 juin, se tiendra le congrès de fondation d’un parti ouvrier indépendant.
Nous vous appelons à le préparer avec nous en devenant membre fondateur de ce parti.
Ensemble, construisons ce parti, discutons de son projet de manifeste, bâtissons l’outil pour organiser le nécessaire combat de résistance et de reconquête !
Travailleurs, militants, retraités, jeunes, élus, syndicalistes, rejoignez-nous !