(pelon @ mardi 25 mars 2008 à 08:45 a écrit :
On n'est pas obligé de croire le Dalaï Lama sur parole. A-t-il publiquement dénoncé le régime du Tibet en 1949 avec plus de 50% de la population réduite au servage par 5% de propriétaires fonciers ? A-t-il dénoncé le parasitisme des moines boudhistes vivant en parasite sur le dos de la paysannerie ?
On ne doit croire personne sur parole.
Mais c'est aux dirigeants chinois qu'il faut demander si les émissaires tibétains qu'ils ont rencontrés (discrètement) à plusieurs reprises ont mis sur la table des négociations les propositions énoncées à Strasbourg par le Dalaï Lama.
C'est aux dirigeants chinois aussi qu'il faut demander s'ils accepteraient l'existence sur une partie de la RP de Chine d'un système un minimum démocratique comme celui proposé à Strasbourg (puisque le Tibet resterait dans la RP de Chine).
Je ne connais pas tout ce qu'a dit ou écrit le Dalaï Lama. En tout cas dans un livre de mémoires, il écrit qu'en grandissant il a peu à peu compris que le système social tibétain était critiquable et ne devait pas être considéré comme "un état de chose naturel". "La distribution inégale de nos richesses n'était certainemennt pas en accord avec l'enseignement du bouddhisme", écrit-il. Il parle de
"système social d'inspiration médiévale" qui "ouvrait la voie à l'oppression" et relève que "les propriétaires exerçaient (dans leurs propriétés) un droit de justice féodal". Mais il corrige aussitôt en disant que les Tibétains "sont tout sauf un peuple oppressif", qu'ils sont guidés par la religion et que par conséquent "malgré toutes les faiblesses de son système, malgré la rigueur de son climat (...) le Tibet était un des pays les plus heureux".
Question suivante, que tu pourrais poser : s'il n'était pas satisfait de ce système, pourquoi n'a-t-il rien fait ? Il te répond pas avance. Au cours des quelques années où il détint un pouvoir effectif (alors qu'il était encore adolescent), il fit nommer un comité de réformes. Il décrit une série de réformes qui ont été élaborées. Le passage le plus important me paraît être celui-ci :
"Je décidai que la majorité de ces grandes propriétés devaient revenir à l'Etat contre une compensation pour les familles à qui elles avaient été octroyées (...) Ensuite
la terre devrait être répartie entre les paysans qui la travaillaient ; tous se retrouveraient à égalité fermiers de l'Etat ; et l'administration de la justice serait unifiée".
Et les monastères ? Il écrit : "
Une réforme similaire était sans aucun doute nécessaire pour les grandes propriétés attribuées aux monastères, mais notre décision se lilmita alors à la propriété privée".
Alors, pourquoi ces réformes qui frappaient la noblesse n'ont-elles pas vu le jour ? "Avant que nous puissions atteindre ce stade de nos réformes,
les Chinois envahirent notre territoire (... Malgré nos pressions répétées, ils
ne voulurent jamais répondre à cette proposition ".
Ce qui, on peut le remarquer, va dans sens des auteurs qui parlent d'une alliance entre le P"C"C et la noblesse tibétaine dans la partie du Tibet en principe administrée par le Dalaï Lama et son gouvernement.