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L'indemnité de M. Gautier-Sauvagnac déclenche une crise entre l'UIMM et le Medef
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP
rop, c'est trop. Je ne décolère pas" : deux jours après la révélation sur les indemnités de départ de l'ancien président de l'IUMM Denis Gautier-Sauvagnac, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a décidé de frapper fort. "Je demande solennellement à tous les membres de l'UIMM qui exercent des mandats nationaux dans des institutions au nom du Medef de remettre immédiatement leur mandat à la disposition du Medef", déclare-t-elle dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD). Sur France 2, samedi soir, elle a précisé qu'elle souhaitait ces démissions "dès lundi matin". Elle a dénoncé un comportement "méprisant et méprisable", qui "abîme l'image des entreprises, du Medef, mon image", et souhaité "tout remettre à plat", avec "tous les patrons qui exigent transparence et éthique". "Michel de Virville [le président de l'Unedic] m'a spontanément proposé sa démission, et je salue son geste", indique-t-elle dans le JDD. C'est lui qui a négocié pour la fédération de la métallurgie les 1,5 million d'euros d'indemnités de départ et la prise en charge d'éventuelles sanctions financières à l'encontre de M. Gautier-Sauvagnac.
Priée de dire si elle compte engager une procédure judiciaire, Laurence Parisot a répondu au JDD : "J'étudierai toutes les hypothèses. L'accord entre l'UIMM et son délégué général [Denis Gautier-Sauvagnac] me semble très discutable sur le plan juridique."
"L'INJURE N'APPORTE RIEN AU DÉBAT"
Denis Gautier-Sauvagnac a vertement répliqué, dimanche, par l'intermédiaire de son avocat : ses conditions de départ "ont été fixées selon une procédure régulière et juridiquement incontestable", et "l'injure n'apporte rien au débat, il vaut mieux garder son sang-froid plutôt que de s'évertuer à envenimer une situation dont la justice est saisie", a déclaré Me Jean-Yves Le Borgne à l'AFP, en référence à la mise en examen de son client dans l'affaire du retrait en liquide d'une vingtaine de millions d'euros sur des comptes de l'UIMM entre 2000 et 2007. Il a ajouté que l'ancien président de l'UIMM "s'interroge sur les réelles motivations d'une véhémence qui ne sert pas la cause de l'entreprise". Et dénoncé une tentative d"'OPA" sur l'UIMM.
Le nouveau président de l'UIMM, Frédéric Saint-Geours, a de son côté fait savoir qu'il convoque, lundi, "une réunion exceptionnelle du bureau pour prendre les décisions qui s'imposent", au "vu de la campagne violente à l'encontre" de cette fédération patronale. Laurence Parisot, qui souhaitait le rencontrer lundi pour lui demander des "éclaircissements", se voit priée d'attendre l'issue de cette réunion.
Laurence Parisot a eu beau prendre de nouveau ses distances avec l'UIMM, "adhérente mais pas filiale" du Medef, Stéphane Brousse, président du Medef des Bouches-du-Rhône, redoute "la perte de tous les adhérents" du mouvement patronal. Jean-François Roubaud, président de la CGPME, organisation patronale rivale de celle de Laurence Parisot, a dénoncé un "vrai problème" au Medef, ajoutant qu'à la CGPME "tout est transparent".
Les syndicats ont regretté cette "crise à l'intérieur du patronat", selon le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, qui déplore "une déstabilisation" dans les organismes paritaires et les négociations."Les turpitudes du patronat, il y en a marre, et je suis heureux de constater que Mme Parisot sait faire le ménage chez elle", a déclaré le président de la CFE-CGC, Bernard Van Craeynest.
Selon les partis de gauche, l'indemnité de 1,5 million d'euros accordée à M. Gautier-Sauvagnac était destinée à acheter son silence sur le dossier des retraits en liquide. Laurent Fabius (PS) a suggéré le vote d'une loi pour "annuler" l'indemnité.