Travail de nuit des femmes?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Ottokar » 02 Jan 2008, 10:36

(lenzo @ mardi 1 janvier 2008 à 22:11 a écrit : Pourquoi demanderait on aux révolutionnaires de se prononcer pour ou contre l’accès de telle ou telle catégorie sociale à des travaux pénibles (femmes la nuit), ou à des travaux précaires (jeunes en CNE), ou sous payés (apprentis), etc ?

Tout bêtement parce que les révolutionnaires ne vivent pas sur Mars mais travaillent, font souvent partie de syndicats, etc. Quand ils sont dans une entreprise où l'employeur veut réintroduire le travail de nuit des femmes là où il n'existait pas, les militants sont interrogés, par leurs camarades de travail, mais parfois même de façon obligatoire (avis du CE s'ils y sont élus) et doivent répondre. Il est donc bon que leur journal préféré, LO pour ne pas le citer, prenne position et les éclaire. Il me semble même que cette question s'est discutée au Parlement européen lorsque nos camarades étaient élues. Elles devaient donc voter et donner un avis.

Comme tu dis justement,
a écrit :C’est la vie de n’importe quel militant ouvrier.
Ottokar
 
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Message par pedro » 04 Jan 2008, 22:12

Lutte Ouvrière du 27 octobre 2000 :

a écrit :Leur société
Parlement européen : l'autorisation du travail de nuit des femmes, une régression sociale
Parmi les différents sujets abordés au Parlement européen lors de sa session du 23 octobre, un rapport est venu en discussion concernant la stratégie communautaire en matière d'égalité entre les femmes et les hommes.

Notre camarade Arlette Laguiller a profité de cette discussion pour intervenir sur une directive communautaire antérieure émanant des institutions européennes et concernant l'autorisation du travail de nuit pour les femmes.

Il est en effet bien trop facile de proposer des pétitions de principe sur l'égalité, qui avaient d'ailleurs l'approbation des députées de Lutte Ouvrière, si l'une des principales applications au niveau des institutions européennes est cette autorisation du travail de nuit pour les femmes, qui constitue une régression sociale.

Notre camarade Arlette Laguiller a ainsi déclaré :

« Toutes les affirmations concernant » l'égalité des chances entre femmes et hommes « trouvent un éclairage cru avec la directive européenne autorisant le travail de nuit pour les femmes.

L'interdiction du travail de nuit pour les femmes était un des rares domaines où, dans certains pays, la législation sociale, en protégeant les femmes, était un peu plus en avance pour les travailleuses que pour les travailleurs.

Incapables de combattre la ségrégation sociale que subissent les femmes dans les domaines de l'emploi, du salaire ou de la promotion professionnelle, incapables par conséquent d' » égaliser les chances « par le haut, les institutions européennes » égalisent « par le bas. Nous nous élevons contre la régression sociale que représente l'autorisation du travail de nuit pour les femmes.

Le travail de nuit dans l'industrie et, plus généralement, dans le secteur marchand, préjudiciable à la santé des femmes comme des hommes, n'a aucune justification sociale et humaine. La seule raison de sa généralisation est la course au profit des entreprises.

Pour supprimer toute ségrégation sociale en la matière, il faut interdire le travail de nuit aussi bien pour les hommes que pour les femmes, à l'exception des seuls domaines des services publics - hôpitaux et transports publics notamment -, où ce travail est socialement utile, à condition de compenser les inconvénients du travail de nuit par une très forte réduction du temps de travail, en protégeant les femmes enceintes. »
pedro
 
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Message par pedro » 04 Jan 2008, 22:17

Et un petit rappel concernant la politique anti-ouvrière de la gauche, lors du "quinquennat" Jospin :

a écrit :Leur société
Le Parti Socialiste vote le travail de nuit pour les femmes
Le Parlement a donc adopté définitivement la suppression de l'interdiction du travail de nuit pour les femmes, justifiée, entre autres, par « la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique », ce qui donne un peu plus encore les mains libres au patronat.

Cette interdiction datait de 1892, mais était déjà largement battue en brèche : 750 000 femmes travaillent la nuit, non seulement dans le secteur hospitalier, mais aussi dans l'hôtellerie, la restauration et le nettoyage. Jusqu'alors les patrons devaient obtenir une dérogation. Il leur suffira désormais d'un accord d'entreprise ou de branche pour contraindre les femmes à travailler la nuit.

Les députés PS ont voté pour, le PCF a voté contre, la droite reprochant au texte de ne pas aller assez loin.

Ce texte a été inclus dans une loi relative à l'égalité professionnelle entre hommes et femmes. Comme quoi les grands principes peuvent cacher des infâmies. Les femmes représentent 78 % des salariés pauvres, 85 % des emplois à temps partiel, et gagnent en moyenne 25 % de moins que les hommes. Cette inégalité-là ne trouble pas les élus.

Les études médicales montrent la nocivité du travail de nuit, pour les hommes comme pour les femmes, en terme de santé. Hormis dans les secteurs qui nécessitent une continuité du service indispensable à la collectivité (santé, transports...), le travail de nuit devrait être interdit pour les femmes comme pour les hommes.

Christian BERNAC


Tiré de Lutte Ouvrière du 04 mai 2001.
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Message par Lannig » 12 Jan 2008, 18:30

Je travaille en horaire décalé sur un cycle de 12 semaines qui comportent des nuits les cinq premières semaines. Un semaine, je fais trois d'affiliées le week-end avec des vacations de 12h00 le samedi et le dimanche puis 4 repos, je reprends pour faire le week-end en jour et deux nuits puis 5 repos enfin une semaine avec deux nuits et 5 repos derrière, les autres semaines je fais des vacations matin (prise de service 6h30) et soir (fin de vacation 22h30).
je fais ces horaires depuis 2000 alors que je n'avais jamais fait de nuit sauf exceptionnellement et j'avais 47 ans à l'époque autant dire que ce n'était pas un emballement de ma part, je suis un "volontaire-contraint"
Je technicien informatique et je travaille dans un help-desk technique où j'aide à l'utilisation des logiciels, je fais le diagnostic de panne informatique ou sur le réseau informatique.
Le w.e nous sommes deux en jour et nuit et si nous ne faisions pas ces 12h00, cela nous contraindrait à faire trois w.e. Alors même si je trouve cela assez pénible (plus les nuits d'ailleurs que les vacations de jour du w.e), le fait de n'avoir que deux w.e de pris au lieu de trois est quand même plus agréable. Il faut préciser que nous sommes payés double en nuit.
Ceci étant dit je ne ferais jamais des vacations de 12h00 en semaine où le travail est beaucoup plus intense. Et la dérogation ne porte pas sur le fait de vacation de 12h (avec 1h de repas soit en fait 11h de travail) mais sur les 11h00 car c'est le maximun autorisé par la loi que ce soit en jour ou en nuit
Et c'est parce que notre travail comporte une grande part de surveillance ou d'attente (appel téléphonique des utilisateurs ) que cela est possible physiquement. Inutile de dire que si notre travail comportait une grande dépense physique comme c'est le cas de certains collègues ce serait tout simplement impossible.
Dans ma boite le travail de nuit pour les femmes a été introduit dans le début pour des années 90 (tout ça pour que certaines clients puissent appeler nuit et jour pour faire des résa ou autre). Sur demande et menace de procès de la part d'un syndicat très à cheval sur l'égalité entre hommes et femmes. Ce fut une remarquable avancée de l'égalité hommes-femmes ;) :cry3: :headonwall:
Si je pense que l'égalité homme-femme doit être absolue civilement, politique, sur le plan des revenus (à travail égal, salaire égal) je ne crois pas qu'il faille absolument et tout le temps mettre l'égalité.
Quand les premiers militants ouvriers ont réussi à faire interdire le travail de nuit pour les femmes, c'était dans un but de les protéger et je ne vois pas pourquoi au nom de l'égalité, on ne devrait pas protéger les plus faibles des ouvriers (mineurs, femmes, handicapés etc.).
Bien évidemment, je suis comme tous les camarades pour que le travail de nuit soit l'exception et dans des cas précis mais la modernité au bons sens du terme ne facilte pas cela...

lannig nuiteux
Lannig
 
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Message par Crockette » 13 Jan 2008, 21:28

bon je vais pas dire des trucs rassurants mais le fait de bosser en nuit provoque plusieurs conséquences reprises sérieusement par des études scientifiques reconnues par des directives européennes (la CE 93/104 notamment) :


- les travailleurs s'exposent à des risques accrus de développement d'un cancer

- les troubles digestifs (ulcères notamment) se développent plus chez les travailleurs de nuit que chez les autres travailleurs...

- les rythmes biologiques sont complètement bouleversés

- le travailleur de nuit récupère de plus en plus difficilement car la journée outre le fait qu'il y ait souvent du bruit (enfants de la famille, visiteurs, bruits de circulation etc) le sommeil de nuit est beaucoup plus "réparateur"pour l'organisme.(les scientifiques l'expliquent par le fait qu'il ya ait plusieurs phases de repos dans la nuit avec des hausses et des baisses sensibles de températures du corps)


l'isolement social puisque tes repos ne coincident ni avec les repos de ta famille ni ceux de tes amis ou camardes politiques ou syndicaux, ça c'est de l'expériene personnelle car je suis aussi travailleur de nuit.
Crockette
 

Message par Crockette » 14 Jan 2008, 11:42

j'ai oublié de dire que la population des travailleurs de nuit est aussi sur- exposée à des problèmes de surpoids voir d'obésité après des quinze ou vingt ans de carrière dans ces conditions.
Crockette
 

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