Yvan Colonna condamné à la perpétuité

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Message par yannalan » 24 Déc 2007, 22:27

(canardos @ lundi 24 décembre 2007 à 16:22 a écrit : effectivement, Colonna a été condamné en l'absense de preuves décisives meme si toutes les rétractations des témoins qui avaient participé à l'assassinat et qui l'avaient chargé dans un premier temps étaient éminemment louches et complaisantes.

Donc oui, le bénéfice du doute aurait du profiter à l'accusé.

pour autant il parait absurde de comparer la condamnation de Colonna à l'affaire Dreyfus car celui ci avait été condamné sur la base de fausses preuves fabriquées par les services secrets qui manifestement connaissaient le coupable...

Une condamnation sans preuves convainquantes et seulement sur des présomptions d'un coté une macination politico-policière à caractere antisémite de l'autre....

Oui, les deux affaires ont des différences notables à plus d'un point, ce qui rapproche c'est la justice d'exception et le poids de l'Etat sur les juges.
La nature de la Corse et des gens qui y militent est un autre débat.
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Message par artza » 24 Déc 2007, 23:25

Et puis au passage une petite pensée pour ces deux "Dreyfus" de la classe ouvrière.

Jules Durand et le petit cordonnier Liaboeuf.
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Message par com_71 » 25 Déc 2007, 00:02

(artza @ lundi 24 décembre 2007 à 23:25 a écrit : le petit cordonnier Liaboeuf.
(André Calvès a écrit :L’ouvrier brestois

J’ai commencé à lire « l’Humanité » assez régulièrement à seize ans. Pourtant je ne connaissais aucun militant communiste à Brest. Sans doute les propos d’oncle Marcel et ceux de ma soeur devenue institutrice dans la banlieue de Paris, et me racontant que c’est dans les municipalités communistes qu’on s’occupe le plus des écoles, des jeunes et des pauvres.
Ce qui me frappe dans cette période, c’est la conscience de classe d’une majorité d’ouvriers. Peut-être cinq pour cent seulement étaient organisés, mais quatre vingt pour cent étaient « rouges » comme le militant anglais qui, inculpé en 1915 pour antimilitarisme et accusé par le juge de germanophilie, répondait : « Je suis classe ouvrière. »
Dans les périodes « calmes » le travailleur qui lit son journal, accorde vingt pour cent de son intérêt aux problèmes politiques généraux, peut-être trente pour cent aux questions de salaire et de coût de la vie, et cinquante pour cent aux faits divers, le sport, les crimes, les scandales, etc.
Avant 1935, la presse ouvrière avait sur toutes les questions une position de classe, y compris sur le sport et sur ce qu’on nomme « le droit commun. »
Le travailleur ne trouvait cela que dans « sa » presse et, même s’il ne suivait pas la grande politique, il avait un bagage solide sur mille questions.
Il faut se souvenir qu’avant la guerre de 1914, quand un cordonnier nommé Liaboeuf tua un flic des moeurs qui l’avait fait mettre en prison comme « souteneur », la « justice » fit guillotiner Liaboeuf. Des milliers de socialistes, avec Jean Jaurès, manifestaient violemment contre cette abomination. Imaginez aujourd’hui Mitterrand et Rocard ! .....
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par satanas » 25 Déc 2007, 01:21

(artza @ lundi 24 décembre 2007 à 23:25 a écrit : Et puis au passage une petite pensée pour ces deux "Dreyfus" de la classe ouvrière.

Jules Durand et le petit cordonnier Liaboeuf.
Durand,ouvrier syndicaliste ,condamné à mort par la justice bourgeoise ,à partir de faux témoignages fabriqués par les patrons de la compagnie transatlantique.....

Là ,on sait pourquoi les bourgeois et leur appareil d'état avaient intéret à se débarasser d'un militant ouvrier,en faisant un exemple, dans une période ou les luttes syndicales et politiques menaçaient directement leur dictature.
satanas
 
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Message par Valiere » 25 Déc 2007, 10:37

Au moins nous allons ici être bien d'accord
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Message par artza » 25 Déc 2007, 10:44

Calvès se trompe à propos de Liaboeuf se contentant de rapporter la rumeur populaire.

Liaboeuf voulait se venger du flic des moeurs qui le fit "tomber", dénoncé il fut arrété, blessé d'un coup de sabre.
Au cours de cette arrestation mouvementée il tira, blessant quatres flics, mais n'en tua aucun.



Condamné à mort, il fut guillotiné publiquement devant la Santé!

Dans ses Mémoires Victor Serge raconte:


a écrit :Liaboeuf, vingt ans, ouvrier, grandi sur le Sébasto, épris d'une petite femme du trottoir; les agents des moeurs, rançonneurs de fille, les voyant ensemble, le firent condamner comme souteneur. Il ne l'était pas, il rêvait au contraire de tirer cette fille du bizness (...) Sorti de prison, il s'arma d'un revolver(...) et alla se venger. On l'arrêta, cloué au mur d'un coup de sabre. Il avait blessé quatre agents. Condamnation à mort.


Victor Serge rapporte ensuite la manifestation énorme autour du lieu de l'éxécution.

Cette exécution injuste bouversa profondément le populaire.

Une semaine plus tard Baudet un repris de justice, un couteau à la main se précipite sur deux flics dans le quartier de Halles en criant "Mort aux bourriques! vive Liaboeuf!".



Le lendemain une fille publique Léontine Serdon blesse au flanc d'un coup de couteau un indicateur de police.

Le lendemain de ce jour un apprenti menuisier de 17 ans poignarde un flic sur le seuil du poste de police du 3ème arrondissement. Arrété il cria "Vive Liaboeuf".

Trois jours plus tard un jeune de 19 ans sans profession fait feu sur une voiture de police qui remontait la rue de Rennes. Un mot trouvé dans sa bouche se concluait par "Vive Liaboeuf".

Un mois après l'éxécution de Liaboeuf, Fallières président de leur république graciait un militaire qui avait sauvagement assassiné une femme dans un compartiment de chemin- de- fer entre Fontainebleau et Paris.

Moralité mieux vaut tuer une femme innocente et sans défense que clamer sans prudence son désir de vengeance contre flic menteur et corrompu.

Source: L'Homme hérissé de Yves Pagès, L'Insomniaque (9 euros)

Une idée de cadeau pas cher pour enfant sage :hypocrite:
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