UNIR TOUTES LES LUTTES EST UNE NÉCESSITÉ
La CGT appelle à une grève de 24 heures pour le mercredi 12 à la RATP, et le jeudi 13 à la SNCF. FO et SUD n'ont pas encore arrêté leur position. La CFTC parle du 17 décembre et la CFDT du 20. Cette dispersion est dans la suite logique de l'attitude des confédérations syndicales qui ont accepté, alors que les cheminots et les travailleurs de la RATP étaient engagés dans une même lutte pour la défense de leurs régimes de retraite, de négocier entreprise par entreprise, c'est-à-dire de les diviser. Ce n'était vraiment pas dans la ligne du "Tous ensemble" scandé dans toutes les manifestations, et qui appelle à un mouvement de l'ensemble des travailleurs, du public comme du privé.
Ce sont en effet les retraites de tous les travailleurs qui sont attaquées, pas seulement celles des régimes dits "spéciaux", puisqu'un nouvel allongement du nombre d'annuités nécessaires pour avoir droit à une retraite à taux plein est déjà annoncé pour 2008... et qu'il n'y a aucune raison pour que ça ne continue pas, si les travailleurs n'y mettent pas un coup d'arrêt. En ce qui concerne les retraites, le "travailler plus pour gagner plus" de Sarkozy signifie travailler plus longtemps (si on ne se retrouve pas au chômage avant) pour toucher des retraites de plus en plus faibles.
Tous les travailleurs, qu'ils soient du public ou du privé, ont également les mêmes problèmes de pouvoir d'achat. Et ce ne sont pas les mesures annoncées par le chef de l'Etat qui résoudront ce problème. Tout ce qu'il a à offrir aux travailleurs, c'est la possibilité (pour ceux qui en bénéficient) de pouvoir toucher plus tôt ce qui leur est dû au titre de la participation, c'est-à-dire de l'argent qu'ils ont déjà gagné. Et c'est de renoncer aux RTT et aux 35 heures - qui leur laissaient un peu de temps pour vivre - à condition que leur patron y trouve son compte et soit d'accord. C'est aussi de sacrifier leurs dimanches si leurs patrons le veulent. Mais alors que toutes les grandes entreprises affichent des bénéfices insolents, le gouvernement n'envisage absolument pas d'augmenter les salaires (pas même le Smic qui relève de sa compétence immédiate), les pensions et les retraites.
La France serait pauvre, elle serait même "en faillite" a déclaré il y a peu le Premier ministre, qui prétend qu'il serait impossible de satisfaire les revendications des classes populaires. Mais c'est un mensonge éhonté, car "la France", c'est d'un côté une petite minorité de privilégiés dont la fortune ne cesse de s'accroître et, de l'autre, les millions de travailleurs et de retraités qui vivent de plus en plus mal, l'appauvrissement des uns étant la conséquence de l'enrichissement spectaculaire des autres.
Dans cette situation où le grand patronat, avec l'aide de l'Etat, profite de la crainte du chômage pour s'en prendre aux conditions de vie et de travail de la population laborieuse, la préoccupation d'organisations syndicales dont le premier objectif serait la défense des intérêts des travailleurs, serait d'oeuvrer à unifier les luttes de ceux-ci, à préparer une contre-offensive d'ensemble du monde du travail.
La dispersion des mouvements programmés ces jours prochains par les organisations syndicales ne va évidemment pas dans ce sens-là. Mais en novembre, les cheminots et les agents de la RATP ont su faire la jonction en poursuivant leur grève jusqu'à celle de la fonction publique, et au delà. Car indépendamment de ce que veulent les confédérations syndicales, les travailleurs les plus combatifs ont un rôle à jouer pour redonner au monde du travail confiance dans sa force, dans sa capacité à changer le cours des choses.
Il faut donc que les grèves prévues les 12 et 13 décembre soient des succès, pas seulement pour faire céder le gouvernement et les directions de la RATP et de la SNCF, mais pour montrer que nombreux sont les travailleurs convaincus que ce n'est que par la lutte qu'on pourra vraiment faire reculer patronat et gouvernement.
Arlette Laguiller