AXA et la BNP veulent mettre sur le marché

Message par com_71 » 30 Nov 2007, 00:01

(Site "Sauvons la Recherche" a écrit :
LA BOURSE OU LA VIE ?
Retrait du marché du test de dépistage du cancer non validé

Par KISTER, le 27 novembre 2007

En 2000, des chercheurs publient la mise au point d’un test de détection de cellules cancéreuses circulantes dans le sang, pouvant permettre le dépistage du cancer, le suivi de l’efficacité des traitements et d’éventuelles récidives. Le test peut être adapté, en outre, à la détection de la trisomie 21 chez les femmes enceintes, évitant ainsi l’amniocentèse.

En 2001, une société METAGENEX est créée pour continuer les recherches sur le test, les essais cliniques et sa mise au point

En 2006 AXA Investment Manager Private Equity Europe entre dans le capital de METAGENEX. Les capitaux privés apportés par les sociétés AXA et BNP-PARIBAS (2,7 millions d’euros) font passer les actionnaires fondateurs du statut de majoritaire à celui de minoritaire. Mais les chercheurs et les nouveaux venus ne s’entendent pas car la logique financière est en contradiction avec la logique de recherche et la déontologie médicale.

Alors que les chercheurs insistent pour que des études de validation de l’efficacité du test soient menées avant sa commercialisation, les financeurs veulent rentabiliser au plus vite le capital investi. Agissant selon des principes contraires à toutes les règles éthiques et scientifiques, la direction de METAGENEX décide de commercialiser le test via le laboratoire Lavergne, à 165 euros l’unité.

L’INSERM, encore propriétaire des brevets, refuse alors, contrairement aux accords préalables, de signer l’avenant de cession de la licence des brevets à METAGENEX, et saisit le Conseil Consultatif National d’Ethique (CCNE). Le 13 septembre 2007, l’avis publié par le CCNE confirme que la commercialisation du test ne peut être sérieusement envisagée sans étude clinique contrôlée par une autorité de santé, et invite, pour le moins, à insérer à l’attention du patient « une mise en garde explicite précisant que le test concerné ne remplit pas toutes les conditions d’évaluation et de validation nécessaires à une interprétation fiable des résultats ».

Les actionnaires de METAGENEX ripostent en accusant le directeur général de l’INSERM de conflit d’intérêt et en appellent aux Ministres de la Recherche et de la Santé afin de trancher en leur faveur.

Le 21 septembre dernier, le gouvernement s’en tient à une argumentation juridique et financière et prend une décision contraire à l’avis des chercheurs et des Comités d’Éthique. Il insiste pour que le directeur général de l’INSERM cède les brevets à METAGENEX, au nom d’un « risque financier » pour l’État si la société METAGENEX gagnait devant un tribunal. Cette décision conduit le directeur général de l’INSERM à démissionner de son poste, le 8 octobre 2007, réfutant l’accusation de conflit d’intérêt.

Cette affaire démontre que les fonds d’investissements sont capables de mettre sur le marché des produits qui n’ont pas été évalués. Est-il éthique d’annoncer à un patient qu’il présente un cancer alors qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic ? Est-il moralement acceptable d’annoncer à une personne qu’elle n’est pas malade alors qu’en vérité elle développe une tumeur ?

« La prévention c’est l’intérêt commun des assureurs et des assurés ». C’est ce qu’affirmait François Pierson, Président d’AXA France, à la veille du lancement du site axasanté.fr dédié à la prévention de la santé ! Il est donc d’autant plus surprenant que le principe de précaution, si souvent mis en avant, ait été oublié dans la décision des ministères et des actionnaires majoritaires de METAGENEX, filiale d’AXA et de la BNP-PARIBAS.

La santé ne peut dépendre d’opération de rentabilisation rapide du capital investi au dépend de l’intérêt des malades. Quelle crédibilité la compagnie d’assurance AXA et la société bancaire BNP-PARIBAS montrent-elles à la communauté scientifique, aux assurés et aux clients, quand elles ne respectent pas les principes de précaution et de prévention du risque ?

Le conflit d’intérêt ne serait-il pas du côté d’AXA et de la BNP-PARIBAS qui pourraient vouloir préconiser ce test auprès de tous ses clients bénéficiaires de contrat d’assurance santé ou de crédit, ce qui mettrait les compagnies en position « gagnante » en amont et en aval du produit ?

La CGT AXA, la CGT BNP-PARIBAS, la CGT INSERM, le SNTRS, s’opposent à ce que la recherche serve à faire du profit au détriment de toute règle déontologique et éthique. Nous demandons qu’AXA et la BNP-PARIBAS, si sensibles à leur image éthique, interviennent auprès de METAGENEX pour retirer ce test du marché tant que ce dernier n’aura pas été médicalement et scientifiquement évalué.

le 27 novembre 2007
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par canardos » 30 Nov 2007, 10:11

je ne connais pas le test dont tu me parles, mais je voudrais rebondir sur la question du dépistage du cancer.

la france est un des pays européens ou la mortalité par cancer est la plus élevée alors que la qualité des soins anticancereux dispensés est une des meilleures d'Europe.

pourquoi? en raison de l'absence de dépistage systématique des cancers à un stade précoce....en la matiere la france est un des pays qui en fait le moins et quand les cancers sont détectés, il est bien souvent trop tard.

le "Plan Cancer" de Chirac avait fait ce constat mais toute la politique sanitaire actuelle va en sens inverse.

pratiquement tous les spécialistes sont en secteur II sont tres mal remboursés et en plus on en manque cruellement.

les gens retardent le plus possible le moment d'aller consulter faute de fric, surtout dans les milieux populaires, et souvent meme quand ils ont les moyens impossible d'avoir des rv facilement et rapidement...j'ajoute que la plupart des spécialistes refusent d'acceuillir les personnes à la CMU.

Ce que je dis est valable pour le cancer, mais pour bien d'autres choses...et ça va empirer avec les franchises médicales.

d'ors et deja toutes les études montrent que les ouvriers meurent en moyenne 10 ans avant les cadres, que ce sont eux qui recourent le moins à la médecine de ville, et surtout aux spécialistes mais qui se font le plus hospitaliser.

qui nous protegera du cancer du profit?
canardos
 
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Message par com_71 » 02 Déc 2007, 00:43

(Science et avenir cité par le Nouvel Obs a écrit :
RECHERCHE

Christian Bréchot démissionne de la direction de l’Inserm

NOUVELOBS.COM | 08.10.2007 | 21:11

En quittant ses fonctions de directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le professeur Christian Bréchot veut avoir les coudées franches pour défendre sa position dans le conflit qui l’oppose à la société Métagenex. Dans cette affaire complexe, des chercheurs de l’Inserm s’opposent à la commercialisation d’un test qu’ils ont eux-mêmes mis au point permettant de détecter des cellules tumorales dans le sang. Un outil très prometteur pour suivre les traitements anticancéreux, prédire le risque de rechute ou détecter très tôt la maladie. Problème : Métagenex commercialise le test sans que les validations scientifiques nécessaires aient été réalisées, plaident les chercheurs, soutenus par la direction.

C’est l’équipe de Patrizia Paterlini-Bréchot, la femme de Christian Bréchot, qui a élaboré ce test, baptisé ISET oncologie, et publié ses travaux en 2000. Pour financer la suite des recherches, Patrizia Paterlini-Bréchot fonde en 2001 une start-up, Métagenex, soutenue par la structure Inserm-Transfert. En 2006, après l’entrée dans le capital de deux sociétés d’investissements, Axa et Banexi, les actionnaires d’origines sont devenus minoritaires.

Depuis quelques mois, le test ISET est commercialisé pour plus de 160 euros auprès de quelques médecins par Métagenex, sans que les chercheurs aient pu mener l’étude clinique contrôlée qu’ils souhaitaient. L’utilisation de ce test pose par ailleurs des questions éthiques, notamment pour l’information du patient. Saisis, le comité d’éthique de l’Inserm et le Comité consultatif national d’éthique se sont prononcés contre la commercialisation du test en l’état.

L’Inserm, tout comme la direction de l’AP-HP et l’Université Paris-V qui détiennent encore des droits sur le brevet, ont refusé de céder l’intégralité des licences à Métagenex. Cependant, le 21 septembre dernier, les deux ministères de tutelle, celui de la santé et de la recherche, ont demandé à Christian Bréchot de respecter l’engagement de cession de licence. Le directeur de l’Inserm, accusé par ses détracteurs de conflit d’intérêt, a préféré quitter son poste pour se défendre.

«Je suis convaincu qu’au-delà de ce cas particulier, les manquements graves aux bonnes pratiques et à l’éthique risquent de nuire à toutes les actions mises en œuvre pour rapprocher les chercheurs et les partenaires industriels, écrit-il dans le communiqué annonçant sa démission. Ce problème est emblématique de ceux qui se poseront dans les années à venir concernant le transfert des connaissances de la recherche à la médecine et les dangers potentiels de la médecine “prédictive”».

C.D.
Sciences et Avenir.com
(08/10/07)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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