(El convidado de piedra @ lundi 29 octobre 2007 à 20:07 a écrit :Ou vous donnez votre propre définition (philosophique et/ou esthetique) du romantisme ou on va avoir un joli dialogue des sourds.
Mais c'est quoi cette mise en demeure ? Tu penses que c'est facile, comme ça, hop, de donner une "définition" à un courant artistique extrêmement divers, avec une histoire très longue et qui (de ton propre aveu) est encore actuel, donc (je pense que tu seras d'accord là dessus) en pleine évolution ?
Pour moi, j'appelle "romantique" une esthétique basée sur les sentiments, ou plus exactement sur la primauté donnée aux sentiments par rapport à la raison. Rien à voir par exemple avec une esthétique baroque qui serait basée sur ce qui étonne, ce qui surprend, etc... ou une esthétique classique ou la beauté répond à certaines normes pré-établies. J'appelle "Romantisme" un courant artistique né au cours du XVIIIème siècle et qui a commencé à opposer cette esthétique romantique aux autres esthétiques de l'époque, c'est à dire le classicisme et les derniers feux du baroque.
Mais j'ai bien conscience que cette définition est à la fois trop étroite et trop vague.
Balzac, par exemple : tu considères que ce n'est pas un romantique et je pense qu'en effet, son esthétique n'est pas essentiellement romantique (même si elle n'y est pas étrangère non plus, il est de son temps). Pourtant Balzac était là lors de la Bataille d'Hernani, au côté des romantiques, pour soutenir Victor Hugo contre les partisans du classicisme académique ! À sa manière, et bien qu'il n'en partage pas l'esthétique, il faisait partie du courant romantique.
Schubert : on était parti de là et c'est un peu compliqué, parce que la majeure partie de son oeuvre est de facture classique, mais il y a certaines de ses oeuvres, ou parfois juste des passages dans des oeuvres plus vastes, qui répondent à l'esthétique romantique. Mais ce n'est pas nouveau : le "classicisme viennois" en musique, ou "première école de Vienne", c'est Haydn, Mozart, Beethoven et Schubert, et chez tous ceux là il y a une influence du romantisme. Je donne des exemples parce que je sais que sinon tu ne vas pas me croire : Haydn a eu une période "Sturm und Drang" vers 1760-1770, Mozart aussi avec la symphonie n°25 (la "petite" symphonie en sol mineur, la "grande" étant la 40ème), pour Mozart il y a aussi certains passages de ses opéras, notamment dans la "Flute enchantée" et dans "La Clémence de Titus", pour Beethoven la sonate "pathétique", la sonate "quasi una fantasia" (plus connue comme "clair de Lune" mais le titre n'est pas de Beethoven), la cinquième symphonie, pour Schubert certains lieder notamment le cycle du "Voyage d'Hiver".
Bon, j'arrête là. C'est juste pour donner une idée de la complexité de ce mouvement, pour montrer que le résumer juste à la réaction contre la révolution française est beaucoup trop réducteur et en fait très souvent faux.