par bennie » 20 Juil 2007, 15:38
Je ne peux résister à vous faire part de quelques morceaux.
C'est un roman très réussi.
Les personnages sont attachants et vus des yeux d'un enfant, qui donne un récit faussement candide, avec plein de vérités, si simples qu'elles ne peuvent sortir que de la bouche d'un enfant.
On a même le temps de s'attacher à des personnages secondaires, siscitant tantôit la fascination, tantôt la consternation.
On pense au début que l'auteur aborre le nationalisme du père et irlandais en général, mais il a beaucoup d'affection pour ce père et, malgré les défauts et les torgnoles, il y a aussi les moments de franche rigolades. ( "On ne peut pas détester son père car sinon on ne s'aimerait guère soi-même non plus")
ce père est aussi un héro pour ce fils, malgré tout.
Le lecteur aussi a du respect pour ce militant, malgré tout!
On regrette finalement que des gens puissent passer leur vie à défendre des idées qui ne mènent à rien...
Sur le nationalisme irlandais, l'auteur montre les limites, les côtés absurdes, voir de contradictions affolantes, mais il respecte la langue, la culture et même ceux qui se sont battus contre les britanniques, mais aussi le ridicule.
On voit un irlandais féliciter Hitler devant la mère allemande, antinazie, parce qu'au moins il en a fait baver aux anglais !! l'horreur!
Et puis cette mère est adorable,
"D
'abord, vous mélangez le beurre et le sucre. vous devez tourner fort, ma mère explique, mais ensuite il faut y aller tout doux parce qu'on ne veut pas faire un gâteau malheureux. Si vous êtes en colère quand vous faites un gâteau, il n'aura le goût de rien. Vous devez traiter les ingrédients avec respect et avec affection. On soulève le mélande et on y glisse l'oeuf battu comme une lettre d'amour dans une enveloppe, elle dit en riant fort. [...] Et une fois que la lettre est postée et le gâteau au four, il faut rester très tranquille et attendre. Il ne faut pas courir dans la maison et en criant et en claquant les portes. Il ne faut pas se disputer et dire des machantes choses sur les autres. on chuchote, on fait des signes de tête, on marche sur la pointe des pieds dans la cuisine.
Ma mère aime la radio. Elle écoute la chanson "Roses are red, My love, Violets are blue", aussi elle n'a pas le droit de la chanter, elle peut seulement l'écouter quand mon père est au travail. Quand il rentre à la maison, il met les nouvelles...."
Une dernière anecdote célèbre.
"Le maître dit que l'histoire irlandaise, c'est comme un match de hurling à Cork Park : votre équipe perd pendant longtemps mais, à la fin du match; les gars commencent à remonter et ils gagnent la partie à la dernière minute. Perdre d'abord, c'est la meilleure façon de gagner, il explique. Il nous raconte l'histoire d'un monsieur qui s'appelait Cromwell ; il était en train de gagner et il a envoyé les irlandais en Connacht ou en enfer. mais lui et ses hommes, ils ont fait une grosse bêtise; ils ont laissé en irlande des tas de gens morts qui ont continué à parler au cimetière. Quels idiots, mais quels idiots! dit le maître, parce qu'il y a eu les Pâques sanglantes, plein de batailles et de morts, et les britanniques ont dû rentrer chez eux, même s'ils ne voulaient pas. Le jeu était fini et le drapeau britannique a dû être abaissé à Dublin Castle. Michael Collins est arrivé en retard et il a fait attendre le vice-roi. Mais il a dit que les britanniques l'avaient fait attendre huit cent ans, lui ; quelques minutes ne changeaient rien. "
Bref, je voudrais citer tout le livre, très riche, qui dépasse de loin le cadre de al seule Irlande.