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Rouge.
a écrit :Débat en banlieue bordelaise
Samedi 22 septembre, c’est finalement sans Olivier Besancenot - qui n’a pas pu venir car il attendait la libération des manifestants de Biscarosse, contre le missile nucléaire M51, retenus par la police - que s’est réunie une cinquantaine de camarades de différentes entreprises de la région et de divers secteurs professionnels à Pessac (Gironde).
Salariés d’entreprises de la région qui subissent, ou ont subi, des plans sociaux (Ford, Solectron), du secteur aérospatial, de la santé, du secteur social, de La Poste, de l’Éducation nationale, de l’union locale CGT de Pessac, mais aussi des travailleurs de petites entreprises, voire des « travailleurs indépendants », chacun a exprimé ses questionnements et ses convictions. Beaucoup ont posé le problème du besoin d’un parti réellement anticapitaliste, en rupture avec la gauche institutionnelle ralliée à la politique libérale. Un parti qui puisse être un outil de contre-propagande dans les entreprises, les quartiers populaires, et qui permette d’exercer la pression du monde du travail face au désarroi que suscitent l’apathie des directions syndicales et l’effondrement de la gauche.
Comment s’adresser aux collègues de travail, aux amis, à la famille ? Comment entraîner, convaincre, donner envie, et faire en sorte que ce parti puisse être accessible à tous ? Des interrogations étaient également soulevées quant au rythme des réunions, afin que chacun y participe, ou au besoin d’être souple sur la forme... tout en restant ferme sur le fond politique.
Quel nom donner à ce futur parti, à la fois suffisamment clair mais qui n’effraye pas ? Alors qu’une autre participante s’interrogeait sur l’opportunité d’un parti - pourquoi pas des réseaux, plus efficaces pour faire le lien entre les résistances ? -, la discussion a porté sur la nécessité d’une perspective politique pour les luttes et leur convergence, ainsi que sur la question du pouvoir : comment transformer la société, pourquoi sommes-nous révolutionnaires ?
Tout en évoquant la responsabilité de la LCR dans ce processus, plusieurs participants l’ont souligné : nous ne sommes pas seuls dans le camp anticapitaliste, il y a Lutte ouvrière, d’autres groupes militants et de nombreux salariés et jeunes... Plusieurs ont exprimé leur intention de s’engager davantage, afin d’agir et de lutter pour une autre société. Ces discussions prometteuses se poursuivront sûrement lors du débat « Construire un parti anticapitaliste », à la fête de la fédération girondine de la LCR, samedi 6 octobre, à Pessac.
Isabelle et Jean-Paul
a écrit :RENCONTRE
Dans les Bouches-du-Rhône
Deux initiatives se sont tenues pour débattre des perspectives de la LCR.
L’association Ballon rouge d’Aubagne a invité la LCR à présenter son projet de « nouveau parti ». Depuis deux décennies, l’association a une intense activité politico-sociale à la gauche des forces traditionnelles. Ballon rouge a soutenu en majorité la candidature Bové, bien que, en fin de course, une partie importante de ses membres ait voté pour Besancenot.
Pour cette soirée, la salle était bien remplie : une trentaine de participants. Pour la quasi-totalité des intervenants, il n’y a plus lieu de regarder du côté du PS, et pas plus du côté du PCF, considéré comme « mort », surtout après son quasi-ralliement sans gloire à la candidature à la mairie de Marseille du président du conseil général, Jean-Noël Guérini (PS).
En conséquence, la proposition de la LCR a été jugée « intéressante », « importante » voire « incontournable ». Avec plusieurs questionnements, toutefois. Quel programme est possible pour ce nouveau parti, alors que l’arc idéologique annoncé par Besancenot peut paraître hétérogène ? Est-ce bien un parti qu’il faut bâtir, alors que cette forme paraît « coupée » des réalités ? Portée par des militants très représentatifs des collectifs antilibéraux, cette dernière interrogation recoupe, chez eux, la volonté de poursuivre cette expérience, la jugeant compatible avec le projet de la LCR. Selon eux, ce ne sont pas tant les fondements politiques qui sont en cause - l’antilibéralisme est jugé ambigu et limité, l’anticapitalisme et le refus de l’alliance stratégique avec le PS paraît évident - que la forme.
Enfin, est-on bien certain que la LCR, cette fois-ci, ira jusqu’au bout ? Question qui fait référence aux forums anticapitalistes impulsés par la LCR, au plan local, en 2003 avec un succès notable, mais sans lendemain. Des interrogations donc, avec, au final, une volonté très partagée d’entrer dans « le processus », sans en sous-estimer les difficultés, mais avec la volonté d’aboutir.
Autre débat sur la refondation de la gauche, lors de la fête de la toute jeune section Étang-de-Berre de la LCR (un succès, par ailleurs, avec environ 120 participants). Invités : PRS et le PCF, René Agarrat, des collectifs antilibéraux. Pour le PCF, il est urgent d’attendre, en particulier tant que la LCR se tiendra à « son refus de gérer ». Thème semblable chez PRS, avec explication de la nécessité de rester au PS, tout en s’inspirant de l’expérience allemande. Pour deux des représentants des « collectifs » présents, ce fut une « découverte positive », en entendant qu’il s’agissait pour la LCR d’engager « un processus constituant ». « Se saisir de la proposition », « comprendre l’urgence » furent deux des points de leurs interventions, proches par ailleurs, sur le fond comme sur la forme, de celles de leurs camarades aubagnais.
Correspondant
a écrit :ALTERNATIVE POLITIQUE
Bataille de longue haleine
Loin de « décréter » un nouveau parti, la Ligue communiste révolutionnaire s’attache à en concrétiser la perspective.
Deux articles - une page entière dans l’édition du Monde du 9 octobre ! -, pour dénoncer la LCR, son « sectarisme », son « gauchisme bureaucratique », le « culte de la personnalité » autour d’Olivier, c’est pour le moins surprenant. Le titre résume la charge : « Le “parti d’Olivier” efface la vieille LCR. » Passons : tous ceux qui s’intéressent à la Ligue - or, ils sont assez nombreux et c’est visiblement cela le problème ! - jugeront la réalité de ces assertions. Vouloir rejouer la querelle des anciens et des modernes à destination des lecteurs nostalgiques du Monde présente assez peu d’intérêt : l’enjeu est, tout au contraire, de fusionner l’expérience des générations militantes qui ont, depuis 1968, construit la LCR, avec l’enthousiasme des nouvelles générations, qui découvrent l’action politique et sociale à travers la révolte contre un système injuste et mortifère.
Le second article - « Le nouveau parti anticapitaliste au ralenti » - s’efforce de distiller le doute et de suggérer que l’appel lancé par la LCR a toute chance de n’être qu’un pétard mouillé. Certes, écrit Sylvia Zappi, « le calendrier est maintenu »... Mais, en fait, suggère-t-elle, il n’aura que peu de chances d’être tenu. Or, le calendrier annoncé est purement imaginaire. Rétablissons donc les faits : la campagne présidentielle a suscité de nombreuses demandes de contacts avec la LCR. Depuis, certains ont d’ores et déjà rejoint nos rangs, tandis qu’un dialogue s’est ouvert avec d’autres, qui hésitent encore à le faire. Et d’autres encore se déclarent surtout intéressés par la perspective d’un nouveau parti. Le recensement est en cours et le congrès national de la LCR (fin janvier 2008) permettra de faire le point. Ce sera surtout l’occasion, non de « proclamer » un nouveau parti, mais d’en valider la perspective. Car, à la LCR, ce sont les militants qui, à l’issue d’un débat démocratique sans équivalent ailleurs, décident... et font !
Pour autant, sans attendre, ce projet commence à être débattu - avec tous ceux et toutes celles qui sont intéressés - au cours de réunions publiques, lors de fêtes locales de la LCR ou de rencontres avec des collectifs militants (syndicaux ou associatifs) animés par les mêmes préoccupations que nous. Ainsi, au cours de la dernière semaine, des réunions sur ce sujet ont eu lieu à Bordeaux, à Lyon, à Nanterre, dans les Bouches-du-Rhône, etc. Rouge s’efforce d’ailleurs d’en rendre compte régulièrement, chaque semaine.
Dans de nombreuses localités, comme au niveau national, les élections municipales permettront, là encore, de débattre, parmi d’autres thèmes, de la nécessité d’un nouveau parti, qui soit une référence pour les luttes et les mobilisations. Le processus se poursuivra jusqu’à la fin 2008, au niveau départemental et national, ainsi que dans les différents secteurs d’intervention (jeunesse, quartiers, entreprises). Il s’agit, à travers un travail politique dans la durée, sans perdre de temps mais sans, non plus, forcer les rythmes, d’associer réellement tous ceux qui le veulent, bien au-delà de rangs de la LCR, à la construction d’un nouvel instrument qui soit une création collective dont tous se sentent propriétaires. C’est, certes, une démarche inhabituelle, qui implique de rompre avec pas mal de pratiques routinières. Mais c’est cela qui est à la hauteur des enjeux...
François Duval