il faut décoloniser la France

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Matrok » 05 Sep 2007, 20:23

(jeug @ mercredi 5 septembre 2007 à 12:04 a écrit :Un jour, l'espèce humaine parlera une seule langue.

Et ça sera triste ! On peut tourner ça dans tous les sens, ça sera forcément un appauvrissement. Une langue qui ait la richesse graphique du chinois, la subtilité des modifications d'adjectifs du Japonais, la facilité de faire des jeux de mots navrants comme le français, la richesse sonore de l'arabe, un futur du subjonctif comme l'espagnol, et vingt mots différents pour désigner la neige comme l'inuktikut, ça serait beau mais ça n'existera probablement jamais... Et ce n'est pas en laissant disparaitre des langues qu'on s'en approchera, au contraire.
Matrok
 
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Message par jeug » 05 Sep 2007, 20:45

Défendre les langues, ce n'est pas défendre leur survie.
jeug
 
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Message par Paingrillé » 05 Sep 2007, 22:18

a écrit :Paingrillé, sincèrement, je ne comprends pas ce que tu veux dire ici. Où se situe la violence "symbolique" ?


A grande échelle ou petite échelle c pareil
ce n’est en rien un processus naturel ou clairement politique qui nous amène a parler tous anglais par ex. il n’a pas de colonisation, ni d’invasion à proprement parler, il y a plutôt une standardisation, et je ne crois pas quez ça a été le cas avant. Je ne sens pas non plus le mixage des langues….
Je veux dire, c’est kan même fou qu’on soit ts aussi attiré par l’anglais plutôt que par le russe ou le slovaque. j’ai pas l’impression que ca m’est imposé d’une manierez autoritaire par kk1 (je pourrais apprendre le slovaque même si c moins simple) et en même tps je ne « maitrise » pas mon attirance pour l’anglais, j’ai l’impression qu’elle me permet de parler avec le plus de monde possible de manière légère (hum mon anglais reste limité) et puis qu’elle sera un plus pour la « carrière » car c’est une « compétence essentielle » de nos jours. hummm hum :dry:
Plusieurs articles parlent de ça mieux que moi

Une vieux papier de l’unesco (2000)

a écrit :DIVERSITE LINGUISTIQUE: 3 000 LANGUES EN PERIL
Paris, 20 février - La moitié environ des quelque 6 000 langues parlées dans le monde sont menacées de disparition, à des degrés divers. Au cours des trois siècles derniers, des langues se sont éteintes ou ont disparu dans des proportions dramatiques et à un rythme sans cesse croissant, en particulier en Amérique et en Australie. Aujourd’hui, au moins 3 000 langues sont menacées dans de nombreuses régions du monde.

Ces informations sont livrées dans la deuxième édition de l’Atlas des langues en péril dans le monde (*), beaucoup plus détaillée que la précédente, qui sera présentée le 21 février, à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle. Avec ses 14 cartes en couleur et ses 24 pages de commentaires, l’Atlas permet de localiser des “ points chauds ”, où la diversité linguistique est la plus menacée. Les linguistes considèrent généralement que la langue d’une communauté est en danger lorsque plus de 30% des enfants de cette communauté ont cessé de l’apprendre.

“ Parmi toutes les langues parlées dans le monde, la plus importante pour le début du développement émotionnel et cognitif est celle avec laquelle nous apprenons à nommer notre univers personnel [...] C’est la langue de l’enfance, de l’expérience familiale intime et de nos premières relations sociales ”, souligne le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, dans le message qu’il adresse à l’occasion du 21 février. “ En cette Journée internationale de la langue maternelle, toutes les langues sont traitées à égalité, car chacune est une réponse unique à la condition humaine et chacune est un patrimoine vivant qui mérite toute notre sollicitude ”.

Selon l’Atlas, l’Europe compte une cinquantaine de langues en péril. Certaines, comme plusieurs langues sâme (lapones), parlées en Scandinavie et dans le nord de la Russie, sont considérées comme sérieusement menacées où moribondes. La France à elle seule compte 14 langues “ gravement menacées ”. En Sibérie (Fédération de Russie), presque toutes les langues locales, soit une quarantaine, sont en voie de disparition. En Europe, les langues minoritaires ont souffert de politiques répressives, même si elles ont récemment retrouvé des défenseurs. Seuls quelques rares pays, comme la Norvège et la Suisse, encouragent le multilinguisme depuis longtemps.

En Asie, la situation reste floue dans de nombreuses régions de Chine. Selon l’Atlas, la pression du chinois est particulièrement forte dans le nord-est du pays, dans le nord-ouest et l’ouest du Xinjiang et dans la province du Yunnan (sud du pays). Dans le sous-continent indien en revanche, malgré une grande richesse linguistique, bien documentée, la plupart des langues sont restées vivaces, grâce aux politiques de bilinguisme (ou de multilinguisme) mises en œuvre.

Seul un nombre restreint de langues sont en train de disparaître, notamment dans les régions himalayennes et dans les montagnes du Pamir (Asie centrale et Afghanistan). De même, dans les îles Andaman (Golfe du Bengale), l’önge et le shompen ne comptent plus que quelques dizaines de locuteurs chacune.

La région Pacifique, qui inclut le Japon, Taiwan (Chine), les Philippines, la Malaisie insulaire, l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu, la Nouvelle- Calédonie, Fidji, la Micronésie, la Polynésie et l’Australie, renferme plus de 2 000 langues vivantes, soit le tiers du total mondial. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, à elle seule, compte au moins 820 langues, battant tous les records de densité linguistique. Selon l’Atlas, les langues de cette région du monde restent globalement bien vivantes. Trois points chauds méritent néanmoins d’être signalés: l’Australie, la Nouvelle-Calédonie et Taiwan. Sur les 23 langues locales de Taiwan, 14 ne résistent pas à la pression du chinois. En Nouvelle-Calédonie, le français a exercé une “ influence dévastatrice ”: sur 60 000 habitants autochtones de l’île, 40 000 ont oublié leur langue maternelle. Quant à l’Australie, qui interdisait aux Aborigènes d’utiliser leurs quelque 400 langues jusque dans les années 70, elle affiche un nombre record de langues récemment disparues ou menacées. Seules 25 langues aborigènes y demeurent couramment parlées.

L’Afrique est sans doute le continent le plus mal connu sur le plan linguistique. Les autorités de nombreux pays y encouragent la domination de “ grandes ” langues africaines, comme le swahili (Afrique de l’Est) ou même des langues coloniales. L’Atlas estime ainsi que sur 1 400 langues locales, au moins 250 sont menacées et 500 à 600 sur le déclin. Le Nigeria et les pays de l’est du continent (Ethiopie, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Soudan) sont les deux points chauds où la densité des langues moribondes ou gravement menacées est la plus forte.

En Amérique du Nord, très peu de langues inuites de la région arctique ont survécu à la pression des langues française et anglaise. Depuis quelques années, le Canada encourage cependant la préservation de ces langues, ainsi que des 104 langues amérindiennes qui survivent sur son sol (19 sont moribondes et 28 gravement menacées). Aux Etats-Unis, moins de 150 langues indiennes survivent aujourd’hui, alors que le territoire en comptait plusieurs centaines avant l’arrivée des Européens. La plupart sont en péril et beaucoup sont moribondes. Bien que la discrimination à l’égard de ces langues ait diminué dans les années 70, “ un retour en force du conservatisme et de la politique de ‘l’anglais seulement’ est intervenu dans les années 80, accélérant l’extinction des langues amérindiennes ”, selon l’Atlas.

En Amérique centrale et du Sud, la diversité linguistique est relativement pauvre comparée à d’autres régions. Cet appauvrissement est le résultat de l’extermination de populations entières dans l’est du Brésil, en Argentine et en Uruguay. Aujourd’hui, de nombreuses langues indiennes reculent face à l’espagnol ou au portugais. Au Mexique par exemple, 14 langues locales sont en péril où moribondes. On estime qu’environ 375 survivent en Amérique du Sud, dont une grande proportion est gravement menacée ou moribonde.

Diverses causes peuvent aboutir à l’abandon progressif d’une langue par ses locuteurs, explique l’Atlas. La première est l’éclatement et le déplacement de certaines communautés: des individus ou des petits groupes d’individus se retrouvent immergés dans un Environnement Culturel et linguistique différent, qui finit par étouffer leur langue. Une langue peut aussi disparaître lorsque ses locuteurs entrent en contact avec une culture plus “ agressive ” ou plus forte sur le plan économique. Les adultes encouragent alors leurs enfants à apprendre la langue de la culture dominante, notamment en vue de trouver du travail. Enfin, certaines minorités et leur langue sont agressées par des groupes humains qui détruisent leur environnement pour en tirer des minerais, du bois, du pétrole, etc. La situation s’aggrave lorsque les autorités découragent systématiquement l’emploi des langues locales (à l’école, dans l’administration, dans les médias, etc.).

Cependant, une langue menacée, voire moribonde ou considérée comme éteinte, peut être sauvée par une politique linguistique volontariste. Au Japon par exemple, l’aïnou ne comptait plus que huit locuteurs sur l’île d’Hokkaido à la fin des années 80. L’aïnou renaît aujourd’hui après des années d’ostracisme et de déclin. Un musée de l’aïnou a été ouvert sur l’île et des cours sont offerts aux jeunes, qui redécouvrent cette langue. Parfois, certaines langues disparues sont même “ ressuscitées ”. Le cornique d’Angleterre, qui s’est éteint en 1777, a ainsi été ranimé ces dernières années. Il compte aujourd’hui un petit millier de locuteurs, qui l’emploient comme seconde langue.
[…]


Cependant, un point de vue « adverse » rapporté par le courrier international est aussi interessant (fev 2007)

a écrit :
LANGUES •  L'anglais indétrônable


Près d'un quart de la population mondiale parle anglais. Loin de perdre sa suprématie, la langue de Shakespeare ne cesse de conquérir du terrain.
 

L'anglais domine le monde comme aucune langue auparavant, et plusieurs linguistes prédisent que cette reine des langues pourrait bien ne jamais être détrônée. Certains prévoient des revers, mais les cataclysmes qu'ils citent ne font que souligner l'emprise de l'anglais sur notre monde : guerre nucléaire, changement climatique ou invention d'une machine à traduire qui rendrait caduque une langue commune. D'autres insistent sur le fait que l'évolution linguistique va se poursuivre dans les siècles à venir et que l'anglais pourrait finir par s'éteindre comme les langues qui furent autrefois aussi courantes que le latin, le phénicien ou encore le sanskrit.
"Si vous vous mettez dans l'état d'esprit de l'Europe du XVe siècle, le latin a un très bel avenir devant lui", explique Nicholas Ostler, auteur de l'histoire des langues Empires of the Word. "Si en revanche vous vous mettez dans l'état d'esprit du monde d'aujourd'hui, l'anglais a un très bel avenir devant lui."

Ce scepticisme semble partagé par une minorité. Selon des spécialistes de la langue anglaise comme David Crystal, auteur de English as a Global Language (L'anglais comme langue mondiale), le monde a tellement changé que l'histoire ne peut plus servir de guide. "C'est la première fois que nous avons une langue réellement parlée dans le monde entier, dans chaque pays, dit-il. Il n'existe pas de précédents qui puissent nous aider à savoir comment la situation va évoluer."

En ce début de millénaire, les spécialistes affirment qu'environ un quart de la population mondiale est plus ou moins capable de communiquer en anglais. C'est la langue commune dans presque chaque domaine, de la science au contrôle du trafic aérien en passant par le djihad mondial, dont les locuteurs arabes utiliseraient l'anglais pour communiquer avec les autres.
Il y a peut-être plus de locuteurs de chinois, d'espagnol ou d'hindi, mais c'est l'anglais qu'ils utilisent pour communiquer avec d'autres communautés et c'est l'anglais qu'ils enseignent à leurs enfants pour les aider à devenir des citoyens d'un monde de plus en plus hétéroclite.
Dans les centres d'appels du monde entier, emblèmes d'un lieu de travail mondialisé, la langue parlée est, naturellement, l'anglais. A la radio, la pop transporte ses sonorités aux quatre coins de la terre.

"L'anglais est devenu la deuxième langue de tout le monde », explique Mark Warschauer, professeur d'éducation et d'informatique à l'Université de Californie à Irvine. "On en est arrivés au point où, presque partout, avoir reçu une éducation signifie avoir des connaissances en anglais."

Selon lui, dans certaines régions, la langue anglaise a pénétré le lieu de travail en même temps que l'économie mondiale. Ainsi, plusieurs employés suédois communiquent en anglais au sein de leur propre entreprise car ils ont quotidiennement affaire à des clients étrangers, que ce soit par le biais d'Internet ou d'autres moyens de communication.

D'après les linguistes, tout en se répandant, l'anglais se fragmente, comme le latin, en une famille de dialectes – qui finiront peut-être par devenir des langues à part entière – connus comme "les anglais".

De nouveaux dialectes sont ainsi apparus à Singapour, au Nigeria et dans les Caraïbes. Il est cependant fort à parier que l'éducation et la communication de masse ralentissent ce processus naturel de diversification.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée a déjà sa propre littérature et ses traductions de Shakespeare en pidgin. Un spécialiste entreprenant a traduit Don Quichotte en "Spanglish", le mélange d'anglais et d'espagnol parlé le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
Mais, d'après les spécialistes, contrairement au latin et à d'autres langues jadis communes, l'anglais semble trop répandu et profondément ancré pour s'éteindre un jour. Il est plus probable qu'il survive sous une forme internationale simplifiée – appelée parfois "Globish" ou "World Standard Spoken English" – aux côtés de sa forme d'origine.

"Il y a trop de mots en anglais", explique Jean-Paul Nerrière, ancien vice-président d'IBM USA, qui a proposé sa propre version du "Globish" – seulement 15 000 mots simples à l'usage des locuteurs non anglophones.

"Nous sommes une majorité, ajoute Nerrière, c'est pour cela que notre façon de parler anglais devrait devenir la façon officielle de parler anglais."


Seth Mydans
International Herald Tribune
Paingrillé
 
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Message par Paingrillé » 05 Sep 2007, 22:21

a écrit :Défendre les langues, ce n'est pas défendre leur survie.


euh peux tu développer?
Paingrillé
 
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Message par jeug » 05 Sep 2007, 23:04

Oui, je peux :
Défendre la culture et les langues en général, ce n'est pas vouloir à toute force qu'elles continuent d'être utilisées comme outil de communication si elles ont fait leur temps.
En revanche, elles conservent leur intérêt comme sujet d'étude dans la place qu'elles ont occupées dans l'histoire de l'homme et de ses cultures successives.
jeug
 
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Message par Thersite » 05 Sep 2007, 23:28

(artza @ mercredi 5 septembre 2007 à 11:09 a écrit :
(Thersite @ mercredi 5 septembre 2007 à 11:01 a écrit :
Si la culture et l'éducation étaient réellement au service des prolos, tout le monde pourrait maîtriser deux ou trois langues couramment (cf. Islandais, Suisses, Polonais,Hispano-étatsuniens par la force des choses), et je ne pense pas que ça soit inutile et vain...

Ben, oui il me semble.

C'est l'occasion pour moi de souhaiter une bonne année scolaire à une petite fille de 11 ans qui entre en cinquième et va s'attaquer à l'Allemand, l'Anglais et le latin.
=D> ...Ca me replonge quelques années dans mon passé, snif...
Je ne pensais pas seulement au collège unique (en passe d'être "rénové" & "réformé" par Saint-Sarkozy), mais aussi à toutes les personnes incapables de maîtriser correctement une seule langue, et a fortiori plusieurs, qu'ils soient jeunes, vieux non solvables, pauvres, "immigrés" (de n-ème génération)... Dans ce cas, je pense qu'il n'y a pas que l'école qui soit en cause.

Sinon, à Sterd : par l'expression "par le bas", je ne disais pas que l'anglais était supérieur au breton, ou au mandarin, ou au belge (Poelvoorde power !), simplement que ça me paraît pas rendre service au populo que de dire : "n'apprenez que l'anglais, de not' temps, y a plus qu'ça qui va servir". Je pense que plus on est conscient de ce qu'on fait dans la société, et plus on est cultivé, mieux c'est.
Je veux bien aussi soutenir la langue universelle de l'avenir qui abolira les frontières, je remarque juste que :
1 - ça n'est pas fait, même si l'anglais semble s'imposer depuis 1 ou 2 siècles, ça n'est pas un choix de l'humanité ou de la société pensée comme personne, mais ça a été porté par l'hégémonie des capitalistes anglo-saxons dans le monde (de même que le français s'est substitué aux langues locales dans son ancienne chasse gardée africaine et nord-américaine)... Si donc tu fais de la disparition des langues "mineures" (en nombre de locuteurs) une nécessité historique, c'est alors une nécessité liée à l'ordre capitaliste, non ?
2 - langues et cultures ne vont pas de pair avec la défense des frontières nationales (au contraire, même) et ne pas abandonner sa langue maternelle n'empêche pas d'accepter des évolutions ou ou d'accéder à d'autres langues. Je crois aussi qu'objectivement, la classe détermine la position dans la société, mais même sans l'obstacle de la langue, un prolétaire new-yorkais ne sera pas spontanément si proche que ça du prolétaire nippon, le monde "globalisé" (anglicisme !) n'est pas uniformisé, de nombreux autres facteurs le divisent, et un prolétaire français n'est pas un prolétaire ivoirien, même s'ils ont les mêmes ennemis en dernière analyse.
Thersite
 
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Message par Sterd » 05 Sep 2007, 23:57

(Thersite @ jeudi 6 septembre 2007 à 00:28 a écrit : Je pense que plus on est conscient de ce qu'on fait dans la société, et plus on est cultivé, mieux c'est.

Evidemment.

a écrit :
1 - ça n'est pas fait, même si l'anglais semble s'imposer depuis 1 ou 2 siècles, ça n'est pas un choix de l'humanité ou de la société pensée comme personne, mais ça a été porté par l'hégémonie des capitalistes anglo-saxons dans le monde (de même que le français s'est substitué aux langues locales dans son ancienne chasse gardée africaine et nord-américaine)... Si donc tu fais de la disparition des langues "mineures" (en nombre de locuteurs) une nécessité historique, c'est alors une nécessité liée à l'ordre capitaliste, non ?


Non, l'anglais s'impose moins bien et moins vite que n'a pu s'imposer le latin, ce n'est pas fatalement du au capitalisme.
Le latin au départ ce n'est que la langue d'un peuple de pécores installés sur un petit territoire au milieu de la péninsule italique. En 500 ans il s'est imposé sur tout le pourtour méditerranéen en faisant disparaître les langues qui y étaient jusque là utilisée. Qu'elles soient Indo-Européennes ou non. Et cette langue d'agriculteurs sans culture, vivant au milieu des raffinés grecs et étrusques a été la langue de la science et de la culture pendant pratiquement 2000 ans dans sa version figée et morte et elle a donné naissances à 3 des 6 principales langues parlées dans le monde. Le tout sans l'aide du capitalisme.
Les langues mineures comparées au latin se sont éteintes par la simple nécessité pour la population de pouvoir communiquer.

Plus tard, quand les envahisseurs germains Ostrogoths, Francs, Wisigoths, Burgondes se sont installés sur les ruines de l'empire romain. Ce sont les envahisseurs qui ont du se mettre à la rustica romana lingua. Même si l'aristocratie Franque a mis presque 500 ans a abandonner pour elle même la teudesca lingua.

Dans le cas du latin c'est l'envahisseur qui impose sa langue, dans le cas du tudesque c'est l'envahi qui l'emporte. On ne peut pas établir de lois générales. Sauf que la langue est d'abord et avant tout un outil pour communiquer, un outil qui évolue sans cesse, qui vit et qui meure sans beaucoup de logique.

L'anglais peut très bien prendre le chemin du latin, il a pour lui le fait qu'il en existe une version simplifiée qu'on appelle anglais international ou anglais des affaires. Ce n'est pas la langue de Shakespeare mais ça permet facilement de faire communiquer des ingénieurs français et coréens sans interprètes. L'anglais est ensuite la langue des deux dernières grandes puissances dominantes de la planete. Et dans sa version internationale, la grammaire en est très simple, ne contenant ni déclinaisons, ni conjugaisons. Il a tous les atouts pour avoir du succès. Mais la réussite d'une langue sur une autre n'obéit pas forcément toujours à la logique. J'ai entendu dire que le turc était assez simple a apprendre. Le chinois, l'hindi , l'espagnol ou l'arabe ont l'avantage d'avoir plus de locuteurs natifs que l'anglais, qui est généralement une seconde langue.

Il est probable que si une langue devait comme je le crois devenir la langue unique de l'humanité elle serait issue d'une de ces cinq là. Une autre solution serait surprenante.
Sterd
 
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Message par Thersite » 06 Sep 2007, 00:23

(Sterd @ jeudi 6 septembre 2007 à 00:57 a écrit :
Il est probable que si une langue devait comme je le crois devenir la langue unique de l'humanité elle serait issue d'une de ces cinq là. Une autre solution serait surprenante.
L'avenir le dira : wait and see ! :hinhin:
Evidemment, il n'y a pas de règle systématique, mais je crois quand même que l'importance de langues comme l'anglais, français et espagnol est liée au développement capitaliste, aux grandes découvertes et aux phénomènes de colonisation, et que les langues amérindiennes ou bantoues ont perdu en importance du fait d'une logique de diffusion de la langue des "élites" politiques et économiques vers les indigènes des couches dirigeantes, intellectuelles ("évolués") puis populaires, et non du fait d'une perte d'utilité dans la communication. (C'est très différent dans le cas du chinois (quoique le mandarin n'est qu'un dialecte) ou de l'hindi...)
Thersite
 
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Message par Sterd » 06 Sep 2007, 08:05

(Thersite @ jeudi 6 septembre 2007 à 01:23 a écrit : Evidemment, il n'y a pas de règle systématique, mais je crois quand même que l'importance de langues comme l'anglais, français et espagnol est liée au développement capitaliste, aux grandes découvertes et aux phénomènes de colonisation, et que les langues amérindiennes ou bantoues ont perdu en importance du fait d'une logique de diffusion de la langue des "élites" politiques et économiques vers les indigènes des couches dirigeantes, intellectuelles ("évolués") puis populaires, et non du fait d'une perte d'utilité dans la communication. (C'est très différent dans le cas du chinois (quoique le mandarin n'est qu'un dialecte) ou de l'hindi...)
Pas forcément d'accord avec ça. Il est évident que le colonialisme a joué un grand role, mais ces trois langues on connu des mécanismes de propagation très divers et des résultats contrastés.

L'anglais c'est imposé comme première langue en Amérique du nord, Australie, Nouvelle Zelande et pour partie en Afrique australe et de l'est, mais pas en Inde.
Les mécanismes ont été dans chaque cas différents. En Amérique, Afrique du sud et Océanie, ça c'est fait par l'implantation brutale de colons et massacre des populations préexistantes. Mais en Inde la colonisation n'a pas suffit pour que les populations n'utilisent plus leurs langues de communication.

L'espagnol en Amerique du Sud et aux Philippines c'est aussi imposé avec des méthodes brutales, comme le Français en Amérique du Nord. Ce sont des colons natifs qui ont imposé leur langues.
Le français d'afrique de l'ouest a été en revanche adopté par les populations, d'une façon brutale mais sans commune mesure avec l'amérique du nord.

Donc là aussi pas de règles absolue. On peut avoir éradication brutale des population et remplacement par des locuteurs natifs de la puissance colonisatrice, on peut avoir une langue adoptée par les élites mais pas par la masse de la population, et on a des langues adoptées par la masse des populations existantes.

Ces trois cas on les retrouve peut ou prou 1500 ans avant dans les mécanismes de diffusion du latin et des langues germaniques en Europe sur le vieux fond celtique et pré indo européen. Rien donc qui ne soit particulièrement spécifique au capitalisme.
Sterd
 
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Message par yannalan » 06 Sep 2007, 08:57

(Sterd @ mercredi 5 septembre 2007 à 23:57 a écrit : [. J'ai entendu dire que le turc était assez simple a apprendre.


languessOuais..... Moi j'essaie et ca n'a rien d'évident.C'est vrai que la prnonciation ne p)os epas de gros problèmes, que la grammaire est relativement logique et sans exceptions notables. Mais c'est extrêmemet dépaysant pour un francophone e tplus largement pour qqun habitué aux langues indo-européennes


Pour le reste, il y a quand même des raisons politiques au déclin ou à la survie des
, en particulier le fait qu'elles soient enseignées ou non e t l'emploi qu'en fait l'état. Si tu prends des zones linguistique spartagées entre plusieurs états, c'est assez flagrant. Il n'y a pas si longtemps(1 siècle), on parlait flamand des deux côtés de la frontière franco-belge (Hazebrouck Bailleul Dunkerque pour le côté français) Aujourd'hui, on ne le parle presque plus d'un côté, c'est la langue de tous de l'autre.
Tu peux aussi regarder l'exemple slovène : ils sont répartis sur la Slovénie, L'Italie et l'Autriche, on peut voir concrètement sur le terrain les résultats de trois politiques linguistiques différentes : en Slovénie, tout le monde le parle, en Italie déjà moins et en Autriche, faut y croire pour le faire parce que les nationalistes germenophones sont assez actifs, voire violents.
Il y a des langues qui renaissent, ça arrive aussi. Le hongrois était très mal en point il y a 2 siècles, c'était devenu une masse da patois de paysans pauvres, c'est redevenu une langue "normale"

.
yannalan
 
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