(Combat Ouvrier 30 06 2007 a écrit :Commentaires sur les réactions après les résultats en France
Le succès de la droite aux présidentielles laissait prévoir bien sûr un même succès aux législatives qui ont suivi. Lors de la victoire de Sarkozy, on a entendu M-G Buffet s’écrier: «c’est une catastrophe» et le journal l’Humanité reprenait le même thème dans un article ; et M-G Buffet, secrétaire générale et candidate du PCF s’écriait:
«L’élection du président de l’UMP et le grave échec de la gauche constituent une véritable catastrophe politique ; Pour la première fois depuis la libération (1945!) se trouve porté aux plus hautes responsabilités de l’Etat un homme qui repris à son compte la plupart des thèmes politiques de l’extrême-droite et qui porte ouvertement le programme économique et social ultra-libéral du Medef »!
Comme si les précédents présidents n’étaient pas les porte-parole du patronat et les défenseurs de leurs intérêts! Comme s’il y avait eu de «bons gouvernements» pour les travailleurs! Et quand à la manoeuvre politique par laquelle N. Sarkozy a raflé les voix de l’extrême droite, bien des ministres et hommes politique avant lui avaient déjà tenu des propos allant dans ce sens, sans avoir eu le culot ou l’opportunité de les mettre systématiquement en avant comme il l’a fait! Cela juge le personnage, mais n’en fait pas pour autant un représentant exceptionnel de la bourgeoisie ; car dans les rangs de celle-ci il y a nombre de personnages capables de telles prouesses!
Quant à l’appareil d’état, il y a longtemps qu’il est gangrené, de haut en bas, de gens capables de tous les coups tordus, de toutes les orientations, comportements, paroles et gestes racistes voire criminels vis-à-vis des «immigrés» ; on n’a qu’à voir les répressions depuis 50 ans, de niveau divers, en France même contre les travailleurs, contre ceux qui n’ont pas le bon teint français, bien blanc, auxquelles il faut ajouter les répressions coloniales aux quatre coins du monde, menées aussi bien par des politiciens de droite que de gauche!
Alors trembler d’indigna-tion ou de crainte pour l’arrivée au pouvoir d’un Sarkozy, politicien manoeuvrier et arriviste, non, il y a mieux à faire!
Plus ou moins, toute la gauche et l’extrême gauche (notre courant excepté) étaient dans cet état d’esprit. Aujourd’hui encore, beaucoup des militants de ces organisations, en France et ici même, se persuadent que l’arrivée de Sarkozy au pouvoir a quelque chose de particulièrement mauvais et dangereux. Certaines personnes de gauche et des militants ont même parlé de «résister»!
Nous ne partageons pas cet excès de catastrophisme et de vision diabolisante!
D’abord parce que les mesures que Sarkozy a proposées à ses électeurs de droite et d’extrême droite sont la continuation de ce que lui, Fillon et compagnie ont fait pendant cinq ans dans le gouvernement Chirac-Raffarin-Villepin: attaques contre les retraites, contre les services publics, diminution des remboursements à la sécurité sociale, attaque contre les droits des chômeurs, politique d’écrémage des listes à l’ANPE, le CNE et la mésaventure du CPE. Vis-à-vis des émigrés durcissement des contrôles, difficulté d’entrée, d’obtention des visas, expulsion des enfants d’immigrés (enlevés de force dans certaines écoles) etc.
Tout cela Sarkozy le faisait déjà, De Robien avait déjà décrété l’obligation pour les enseignants de faire des heures supplémentaires et d’enseigner une deuxième matière sur simple demande des chefs d’établissements, etc.
Pour plaire à l’extrême droite et rafler ses électeurs, Sarkozy a tenu un langage susceptible d’attirer leurs votes. C’est un homme de droite, menteur vis-à-vis de toute la population et tout à fait capable de se vanter d’avoir des muscles auprès des gens d’extrême droite pour leur dire qu’il est prêt à cogner contre les couches populaires. Il n’y a là rien de nouveau, rien de surprenant.
De même qu’il n’est pas surprenant que Sarkozy, maître et dominateur dans son propre camp, soit capable de leur imposer ce que toute la presse a appelé «l’ouverture» c’est-à-dire l’arrivée dans son gouvernement de gens issus de la gauche, naïfs ou impatients d’avoir des postes.
Il est suffisamment maître de la situation pour imposer ça à son entourage, où les appétits de postes sont grands. Cela relève de la manœuvre politique, des magouilles habituelles dans ces milieux.
Mais là aussi ce n’est pas nouveau, Mitterrand avait fait une ouverture vers la droite en 1988, De Gaulle en son temps avait gouverné avec des communistes, des socialistes et toute sorte de gens.
Sarkozy: catastrophe ou pas catastrophe?
Quand nous refusons de crier à la catastrophe ou à la nécessité de résister, etc. nous ne voulons en aucune manière dire que Sarkozy et son gouvernement ne représentent ni danger ni nuisance pour les couches populaires. C’est le gouvernement d’un président, chef d’une majorité réactionnaire qui a fait des «promesses» (qu’il cherchera à tenir) aux gens les plus réactionnaires et les plus conservateurs de la société française, des gens anti-syndicats, anti- grève, anti-services publics, anti-loi sur l’avortement, etc.
Leurs déclarations, celles de Sarkozy, de Fillon, les fameuses réformes ont l’avantage d’être claires, elles visent:
• Le droit de grève (service minimum, vote sur la grève par les non grévistes;
• La facilité de licenciements pour les patrons, (code du travail rénové);
• Les retraites des cheminots et autres;
• Des avantages nouveaux pour les patrons (impôts, suppression des charges sociales, subventions en tout genre, etc.);
• Durcissement vis-à-vis des sans papiers, politique d’immigration en fonction des besoin des patrons, etc;
• Allongement de l’âge de la retraite;
• Il en résulte des décisions d’exonérations et de baisse d’impôts et avantages divers pour les riches, défiscalisation des heures supplémentaires etc.